What is love ?

Les paroles du sango firent fermer les yeux du maknae. Il éprouvait une sensation étrange, qu'il n'avait jamais ressenti avant, lorsque les amants se querellaient. Bago avait l'affreuse impression qu'après la nuit tombée, il n'y aurait pas de lendemain. Il trembla comme une feuille rien qu'à cette pensée tandis que Percy venait de le rassurer une énième fois. Oh, le blondinet n'avait aucuns doutes dans les sentiments et les paroles de son ami, mais il n'en était pas la même certitude pour ce qui était de le trahir. Car en effet, la question qui trottait dans la tête du petit était la suivante : est-ce que ces preuves d'amour suffisaient à ne pas le faire aller voir ailleurs ? Ça il n'en était pas certain. Cependant, pour Bago c'était clair, il n'y avait que lui, que le mannequin, que le tatoueur, que l'artiste, que l'ancien Don Juan qui comptait à ses yeux, il ne se retournait même plus dans la rue pour observer les autres passants, car il était tombé amoureux d'un homme de cinq ans son aîné.

Le maknae se perdait dans ses yeux et dans ses mots. Il ne savait plus où donner de la tête. Certes il se sentait en sécurité en dessous de ce corps, mais la peur lui tiraillait le ventre. Le garçon caressa la joue de Percy, déposant un premier baiser chaste sur ses lèvres fines avant de recommencer avec un peu plus de vigueur, entre ouvrant sa bouche pour y laisser filer sa petite langue, se coller sur son palais. Il ferma alors les yeux et rompit le geste.

"You're mine and I'm yours."

Bago se plaisait à dire des phrases graves, sincères, tendres et sérieuses en anglais. Il affirmait qu'elles prenaient tous leurs sens sous cette forme. Il se redressa alors et vint se blottir dans les bras de son amant. Il caressa son dos quelques secondes.

"J'ai peur ... J'ai l'impression qu'on va essayer de nous séparer. Ça m'effraie."

Oui car certes, peu de gens au courant mais tout le monde ne s'accordait pas à cette relation qui liait les deux protagonistes. L'enfant leva la tête vers le sango, il se détacha soudain de son emprise et tenta de se dresser sur ses deux jambes. Il y a parvint avec difficulté. Il soupira et retourna dans la salle d'eau pour rincer son visage gonflé. Il ne savait plus quoi faire. Il était bloqué.

They can't understand.

Bago regarda son reflet sale dans l'eau du lavabo alors qu'il écoutait attentivement les mots de son homme. Il savait pertinemment que d'un côté il n'avait pas tort, du moment qu'ils s'aimaient ils pourraient affronter toutes les critiques. Malheureusement pour le maknae, cette relation amoureuse était tombée sur ses épaules et il n'avait rien vu venir. Jamais il n'avait parlé de Percy aux autres Wonsungis avant et il savait très bien que c'était encore un sujet sensible. Et ne parlons pas du président Shûji, dieu seul sait qu'il n'allait pas prendre la chose du bon côté, souhaitant que son bébé reste fragile et enfantin comme il l'a toujours été. Pourtant ce temps était presque révolu. Bago savait qu'il lui fallait grandir mais il ne voulait en rien perdre toutes les relations qu'il avait construit en arrivant chez les singes -sa nouvelle famille- et même à l'université. Le sango était à présent une partie de sa vie, et même de son être, cela allait bien faire deux semaines qu'ils étaient ensemble et il s'était accroché à lui comme une moule sur son rocher. Le petit se redressa alors et ne souhaitant pas croiser son regard, il observa son compagnon par le reflet du miroir.

"Écoute c'est pas facile ... Je suis faible, je suis fragile, je sais pas si j'y arriverai ..."

Il aurait voulu dire qu'il ferait tout pour y arriver mais il ne pouvait pas se mentir, il savait pourtant que partir sur de mauvais augures n'arrangeaient en rien la situation actuelle. Bago ferma les yeux, vint s'asseoir sur le bord de la baignoire et se laissa toucher par la personne qu'il aimait. Chaque contact avec cette dernière était vraiment intense. Il lui faisait sentir un bien être rassurant. Il entremêla ses doigts aux siens une fois apaisé et baissa les yeux, s'accrochant à ses lèvres avec hargne, contrastant avec la situation actuelle. Le maknae soupira et reprit son souffle avant de venir se positionner sur ses genoux pour caresser doucement ses cheveux, lui offrant un maigre sourire, aussi osseux que ses bras qui commençaient à faiblir de plus en plus. Il se comparait souvent à une carcasse ou à un cadavre ces derniers temps et il avait prévenu Percy de son risque de devenir malade s'il continuait à ne rien avaler. Ses joues seules ne s'étaient pas creusées.

"Je te crois alors. Occupe toi bien de moi."

C'était presque un ordre. Bago posa sa tête contre la poitrine du tatoueur et frissonna en écoutant son cœur.

"Ce qu'il bat vite ..."

Il étouffa sa gorge, serrant les dents pour se forcer à ne pas pleurer une nouvelle fois se trouvant plus pathétique que jamais. Il releva alors le visage vers son amant et vint poser ses lèvres bleuies sur les siennes, murmurant un "Je t'aime" contre ces dernières.

Le garçon avait été trouvé refuge chez cet individu qui était déjà un homme alors que lui n'était encore qu'un enfant. Il avait frappé à sa porte, mangé dans sa cuisine et dormi dans son lit. Ils s'étaient rencontrés, avaient couché ensemble, s'étaient disputés, avaient avoué leurs sentiments et au final, c'était ici que Bago se sentait à la fois en sécurité et en danger. Un danger tiré de son inconscient, qui voulait pousser la porte de sa conscience mais qui, s'il n'arrive pas à passer, allait se transformer en névrose. Ce danger qui pouvait les séparer, ce danger qui s'était démultiplié à travers plusieurs effets. Ce danger, l'étudiant ne voulait pas y penser, il était pour l'instant, la tête reposée sur l'épaule du sango, buvant ses paroles, le regard avide d'affection et pourtant perdu sur le mur blanc et sur le miroir. Il y voyait un spectre mais il se sentait revivre petit à petit. Cependant, pour confirmer les paroles de Percy, le garçon se contenta de lever le menton vers lui et d'embrasser ce dernier en signe d'accord.

Puis le petit se laissa porter, enroulant machinalement ses bras autour de son cou pour le tenir, il se sentait si faible et si minuscule entre ses membres qu'il souhaitait ne jamais s'échapper de son touché. Pourtant, il se laissa glisser sur le canapé, déglutissant à l'entente de ses paroles, les larmes lui montant presque aux yeux. Il les ravala bien rapidement, tirant sur le haut du sango pour le faire tomber à ses côtés. Une fois qu'il eut parvenu à ses fins, il s'assit à califourchon sur lui, mitraillant son visage de rapides baisers, le sourire avait ravi ses lèvres. Il glissa ses deux mains sur son cou pour l'entourer sans serrer ni quoique ce soit qui aurait pu s'interpréter d'une manière déroutante. Non, Bago avait retrouvé son air taquin et joueur, se frottant contre les cuisses de son aîné pour lui montrer son désir nouveau de conclure cette preuve d'amour par un acte important pour lui. Le sango et l'étudiant ne couchaient pas ensemble pour satisfaire leurs libidos respectives, certes c'était de l'ordre du Ça et du désir mais c'était principalement un acte d'amour propre et véritable. Leurs deux corps fusionnaient, Bago se sentait puissant, il savait que Percy lui appartenait et que lui appartenait à quelqu'un également. Faire l'amour se disait le garçon, c'est comme embrasser quelqu'un, c'est même bien plus fort que ça. Le jeune homme approcha son visage de l'oreille du sango pour venir lui murmurer des je t'aime doucement un sourire joueur ancré dans son bas du visage. Il recula enfin son visage pour observer chaque parcelle de son corps.

"Tu es beau ..."

Ses lèvres se pincèrent timidement et il laissa ses cils battre doucement avant de glisser ses doigts sous son haut lentement mais insistant.

On dit souvent que la tempête suit le calme. Hors là ça n'était pas le cas. Soit, le quotidien du couple n'était qu'une tempête dans le bon sens comme dans le mauvais côté, soit c'était le calme qui suivait la tempête. Bago aimait les imprévus lorsqu'ils se terminaient bien, peu importe qu'ils soient désastreux, il n'était attaché qu'à la fin de l'histoire. Percy l'aimait, il l'aimait comme il n'en avait jamais aimé d'autres et ça le garçon en était admiratif. Lui qui s'était fait jeter de chez lui, lui qui avait quitté les Wonsungis à cause de sa maladie, lui qui avait toujours été habitué à n'être que le "petit, adepte des crises", lui qu'on ne prenait jamais au sérieux, avec Percy il se sentait différent bien qu'il lui en faisait voir des vertes et des pas mûres. Percy le prenait au sérieux, il écoutait tout ce qu'il disait, il était touché et se sentait concerné par son quotidien. C'était de ça aussi dont le petit était tombé amoureux. Certes il était bien plus mature que lui, de 7 ans son cadet cela faisait beaucoup de marge, mais il était toujours là, l'étudiant savait où et quand le trouvait. C'était un ami en même temps d'être un amant. La seule famille que Bago avait vraiment aujourd'hui était Phil Hyuk de par son sang et Percy de par son lien. Dire que ça ne pourrait presque pas lui suffire. Pourtant le garçon était pleinement comblé. C'était certain que son ancienne famille lui manquait mais il ne vivait pas en ermite non plus.

Deux doigts passés sur son dos, cela suffit au blond décoloré pour se reculer et lever les bras en l'air, attendant que le sango le mette à nu. Le calme était revenu entre les deux protagonistes pourtant une tornade d'un nouveau genre se présentait sous leurs yeux. Bago ferma les paupières battant des cils lentement, happant doucement et longuement les lèvres fines de son partenaire, posant ses mains sur son torse grattant contre sa peau, lui dévoilant son cou d'un mouvement de tête comme s'il s'agissait d'une offrande. Le garçon s'arracha un grognement en sentant des dents pointues se planter dans sa chaire sèche. Il recula enfin le visage, souriant discrètement à ses paroles, et accorda un peu plus de fougue dans le second baiser qu'il lui offrit. Sa langue chaude glissa sur le palais de l'homme en face de lui, puis il dévia la tête soulevant son tshirt pour qu'il l'enlève à son tour, approchant son visage de ses clavicules arquant ainsi son dos. Il embrassa chaque parcelle de sa peau soufflant contre cette dernière. Bago décida alors de se saisir des mains de Percy, collant son buste contre le sien pour enlever tout écart entre leurs bassins. Il joignit les deux bras et vint s'occuper de déposer ses lèvres sur les tatouages du mannequin, caressant ses derniers de ses lippes endolories. Il aimait les œuvres sur son corps, il pouvait passer des heures à les toucher du bout des doigts, à observer chaque détail longuement.

Bago ne détacha pas son regard un instant de son homme, il aimait l'idée d'être frêle et minuscule à côté de lui. Et, même s'il devait quelques fois avoir peur de se faire briser, il s'était attaché à cette image qu'il dégageait. Devant les autres il n'aimait pas vraiment jouer l'enfant même si on pouvait facilement le qualifier d'immature. Face à Percy c'était différent, il était vraiment lui-même tout en changeant de quelques traits son comportement. C'était déconcertant mais en même temps si incontrôlable. Et, alors que le petit se laissait glisser sous le corps de son cadet, une envie de se soumettre à lui le prit. Il voulait qu'il sache qu'il lui appartenait et ce, pour toujours ; du moins, il l'espérait. Le sango avait souvent demandé à l'étudiant de rester discret sur leurs relations sans pour autant respecter ce vœu de lui-même. Bago n'avait pas vraiment compris la raison de cette prudence jusqu'à ce qu'il lui explique ce qu'il encourait d'être en couple avec un mineur. L'enfant regrettait d'être si jeune mais jamais il n'avait accepté de se cacher avec Percy, ça lui était tout simplement idiot et impossible. Déjà qu'il ne le voyait pas pendant les cours et quand il travaillait, si en plus lorsqu'ils sortaient tous les deux, ils devaient mettre une barrière de sécurité : ça n'allait pas aller. Il avait besoin de le sentir près de lui, de tenir sa main dans la rue, de lui voler deux ou trois baisers au passage ou même de s'assoir sur ses genoux dans les transports en commun.

Le garçon se mordit la lèvre, regardant tendrement la personne qu'il chérissait plus que tout au monde. Il creusa son ventre en sentant ses doigts anguleux parcourir son buste. Il avait envie de plus, envie de le sentir en lui, de s'enchaîner à lui pour l'éternité, non pas pour le plaisir charnelle que cela pouvait lui offrir mais simplement pour lui prouvait qu'il l'aimait vraiment. Sa part d'ombre, se tenant en domination au dessus de lui, comme pour l'entraîner au fond du gouffre avec lui. Bago acceptait, il accepterait tout de lui. L'étudiant glissa habilement ses doigts sur ses côtes, attrapant sa ceinture, et la débouclant lentement tant l'envie était grande. Il abaissa ainsi le pantalon de son petit-copain, ne lui laissant que son boxer, chatouillant son entre-jambes de ses doigts. Les yeux déviant sur son visage pour revenir chercher ses lippes rosées, les gobant de ses lèvres pulpeuses. Le garçon glissa alors sa joue contre la sienne pour venir lui chuchoter dans l'oreille :

"Montre moi que tu m'aimes."

Le message était assez clair pour faire comprendre au mannequin ce qu'il voulait de lui. Mais il n'avait pas utilisé de mots crus, seulement des paroles simples et profondes à la fois. Il aurait pu le prier sèchement de le prendre là maintenant sur ce canapé mais il n'avait pas envie de paraître vulgaire. Bago recula alors sa tête, fixant les yeux charbons de son comparse le regardant avec un air de pitié, mêlant à tout ça un sourire.