Logan & Seoji
you're like the worst when you're drunk
L'alcool était un élément destructeur de la vie sociale de quelqu'un. Il était plus qu'aisé de comprendre que quelqu'un ne va pas bien lorsqu'il commence à boire encore et encore, tous les jours, sans s'arrêter. Et puis, après cela, il n'y a plus aucun moyen d'arrêter, c'est déjà trop tard. Si les autres essaient de les empêcher, ils boivent en cachette, et ainsi de suite. C'est un cercle vicieux, qui à la fin revient toujours au même point : boire. Sôji pouvait comprendre, car lui aussi buvait. Enfin, à quelques détails près, tout de même : comme il supportait bien l'alcool, il n'était pas souvent ivre, et gardait toujours son esprit sain et purifié des effets secondaires de l'alcool. Mais bien sûr, tout le monde n'a pas un organisme construit pour se défendre contre l'alcool. Le plus misérable pour Sôji, c'est certainement ceux qui boivent alors qu'ils savent mieux que quiconque qu'ils ne supportent pas l'alcool. Cela montre l'étendue du désespoir de la personne en question. Mais personne ne cherchait à comprendre ce qui se cachait derrière. On parle d’alcooliques, et on s'en débarrasse en les envoyant faire des désintox dieu seul sait ou. Et ceux qui essaient de comprendre, ils se contentent de fouiner dans la vie des autres, en croyant comprendre alors que ce n'est pas le cas. En même temps, comment quelqu'un qui n'a pas vécu quelque chose peut la comprendre? Mais Sôji était là. Il n'était certes pas le mieux placé pour donner des conseils, car il avait lui-même commis des erreurs qu'il regrettait aujourd'hui. Mais quoi qu'il en soit, il savait qu'il pourrait encore trouver sa rédemption aujourd'hui. Et Logan constituait une partie de cette rédemption, en quelque sorte. Le japonais ne posa pas de questions sur ses colocataires, dont il savait déjà certaines choses, mais très peu tout de même. Et puis, ce n'était pas ses affaires après tout, il était tellement loin du courant impétueux que représentait les guerres entres les sponsors de chaque dortoirs. Il suivit Logan en essayant de se faire le plus petit possible malgré sa carrure. Ils arrivèrent à la chambre que partageait Logan avec d'autres Wonsugis sains et saufs.

Se sentant un peu hors de contexte dans cette chambre de jeunes, le yakuza sentait l'âge courber son dos, lentement mais surement. C'est étrange de le dire comme ça, mais il avait vraiment l'impression d'être horriblement vieux contrairement à ces garçons. Eux qui semblaient avoir encore tant d'énergie et de choix à faire, des erreurs à faire. Alors que lui, il avait l'impression d'être arrivé au bout du chemin, d'avoir déjà faits toutes les routes et les erreurs du monde. Suivant les mouvements de l'anglais, Sôji ôta ses chaussures, en écoutant ce que Logan lui disait. Lorsque ce dernier commença à lui parler d'amour, il ne put se retenir de grogner de mécontentement dans sa gorge. « Il y a longtemps, oui. Quand j'étais dans les environs de la Chine. » chuchota-t-il d'un ton bas, autant pour ne pas réveiller le garçon qui dormait non loin d'eux, mais aussi parce que les souvenirs qui assaillaient de nouveau son esprit étaient douloureux, et qu'il aurait préféré ne jamais les réveiller. Les souvenirs de Sôji étaient toujours aussi insupportables. En voyant Logan s'effondrer sur son lit comme une masse, le japonais s'installa du bout des fesses sur un bout du lit, en veillant à ne pas s'asseoir sur Logan dans le noir. Il chercha dans le noir les pieds de Logan, sans aucunes arrières-pensées quelle qu'elle soit, et lui retira ses chaussettes avant de faire de même avec les siennes. Les mots de Logan lui étaient incroyablement familiers. C'est donc ça, songea-t-il en silence, ses yeux dessinant difficilement dans l'obscurité le dos de Logan. C'est ça le problème qui te ronge ces derniers temps. « C'est normal que ça fasse mal, dongsaeng. Plus c'est douloureux et plus cet amour a de la valeur. Le tout est de savoir si il a de la valeur non pas pour toi...mais pour l'autre personne. » Lui n'avait jamais su. Il n'avait jamais su, en fin de compte, si ses sentiments et celui de sa belle avaient été les mêmes, mélangés et complétés. D'une main maladroite et pataude, il tapota la tête de Logan, comme pour essayer de le rassurer. Parce qu'il savait qu'il n'était pas malin, dans le choix de ses mots ou dans ses cations. Mais il essayait quand même, parce que ça lui crevait le cœur de voir Logan dans une telle situation, sans rien pouvoir faire de plus pour l'aider.

BY .SOULMATES