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yuan & logan

Ce n’était pas inhabituel pour lui d’être en ces lieux et pourtant, cette pièce se révélait souvent être son pire cauchemar. Ce n’était pas qu’il avait peur de mettre le feu au bâtiment, il n’était pas si mauvais en cuisine pour être honnête, mais ses constantes diètes et ses peurs démesurées de prendre du poids lui rendaient parfois la tâche un peu difficile lorsqu’il devait ouvrir le réfrigérateur pour déjeuner ou dîner quand les autres étaient présents, histoire de ne pas trop se faire remarquer. Il n’avait pas vraiment de problème avec la nourriture, il l’appréciait et aimait les différentes saveurs, mais il ne pouvait pas toujours se permettre de se laisser aller. Ce n’était pas ce que son entourage disait, mais il savait très bien que ses proches n’allaient quand même pas être des critiques neutres de l’apparence qu’il avait. Pire qu’une fille. lui avait-on dit si souvent. Mais il s’en fichait, ce n’était pas eux qui étaient mal dans leur peau, ils ne pouvaient pas comprendre. Et malgré cette bonne pensée, pourquoi était-il là, en pleine nuit, à ouvrir et fermer la porte dudit réfrigérateur comme un idiot ? Parce qu’il avait faim, tout simplement, mais tentait désespérément de se convaincre qu’il n’en avait ni envie, ni besoin. La lumière éblouissante éclairait son visage de manière désagréable mais il n’en avait cure. Une moue boudeuse sur les lèvres, il n’arrivait pas à lâcher la porte, ni pour se prendre un fruit quelconque, ni pour s’éloigner et retourner dormir avant que quelqu’un ne se rende compte de sa petite sortie nocturne. Ce serait terrible si quelqu’un le prendrait sur le fait et ferait courir le bruit sur sa gourmandise de nuit. Manquerait plus que ça pour donner un coup dur à son estime personnelle. Le problème était toujours là, par contre. Il avait sauté le dîner -sans le faire exprès, bien sûr- pour s’entraîner une heure de plus au gym, puis avait filé au boulot pour se servir quelques expressos bien corsés pour se remettre d’aplomb avant de revenir s’écraser dans son lit pour dormir comme une marmotte en hibernation jusqu’au lendemain. Malheureusement, ce n’était visiblement pas le plan de son corps qui refusait tout bonnement de s’accorder avec sa tête, ce qui n’était pas la première fois. Sur cette pensée irritante, il referma la porte d’un bon coup en relâchant la poignée, sursautant alors que le bruit de verre s’entrechoquant tinta dans l’air comme un boulet de canon, le faisant perdre pied et s’étaler sur le carelage froid de la cuisine, manquant de se briser le crâne sur le comptoir mais s’en sortant en un seul morceau. Vidé et un peu endolori par la chute, il resta un moment sans bouger, fixant le plafond fixement, calmant sa respiration et les battements affolés de son coeur, secouant la tête légèrement. S’asseoir lui semblait un bon départ, mais étrangement, le contact entre le sol froid et sa peau chaude était agréable et- non. Ouvrant grand les yeux, il se poussa sur le sol pour se cacher derrière l’îlot, ramenant ses jambes contre son torse alors qu’il entendait nettement des bruits se pas se rapprochant de la cuisine. Il était cuit !

Il n’avait pas vraiment l’habitude de sortir. Enfin, de sortir de sa chambre. Logan était pratiquement ce que l’on pouvait qualifier de rat de bibliothèque, le seul fait était qu’il ne passait jamais de temps à la bibliothèque. Sa chambre était, en quelque sorte, un petit havre de paix, un petit cocon de chaleur et d’amour qu’il aimait bien fréquenter et il se sentait parfois mal de devoir le quitter. Surtout que la chambre n’était pleine de vie, si on la comparait à celles des autres élèves. Il se devait bien de l’habiter pour que celle-ci retrouve un peu gaité. Mais pas ce soir. Du moins ce n’était pas son plan original. Il avait eu l’idée de découcher, de filer dans un bar et de partir avec la première personne qui se proposerait, mais l’idée de perdre la carte une nouvelle fois dans la même semaine lui avait coupé l’envie. C’était probablement plus sage, surtout, et beaucoup moins cher. C’est donc vêtu d’un slim blanc et d’un long haut noir qu’il avait passé sa soirée à vadrouiller le parc du coin. Il avait d’ailleurs apporté son appareil photo, prenant quelques clichés ici et là. Admirer un paysage de nuit en étant intoxiqué était totalement différent de la vision que nous pouvions en avoir en étant sobre. Et c’était peut-être bizarre à dire, mais de pouvoir faire la différence le réjouissait. Mais ça, c’était peut-être dû au simple fait que le sommeil commençait à embrumer son esprit et qu’il était signe qu’il devait reprendre la route de son dortoir. La première chose qu’il remarqua fut cette paire de basket dans l’entrée. Il avait tout rangé avant de quitter, ce qui signifiait que l’un de ses colocataires était rentré. Un miracle, probablement. Le seul moment où ils se croisaient vraiment restait la nuit, et normalement, n’importe quel être civilisé passait ce temps à dormir. L’anglais lança le plus silencieusement possible sa veste sur son lit, remarquant d’ailleurs que le lit au haut du sien était défait. Yuan. Où était-il, si ce n’était sous sa couette? Sans importance. C’est armé de son portable qu’il sortit de la chambre, filant vers la cuisine, sa main libre posée contre son ventre. Changer de plan en cours de route l’avait forcé à sauter son repas et son estomac lui dictait que s’il n’ingérait pas quoi que ce soit d’ici les dix prochaines minutes, sa nuit serait infernale. Guidé par la lumière de son écran, il poussa la porte de la cuisine, figeant toutefois en entendant un glissement au sol. Le jeune Wonsungi tourna l’écran de son portable vers la pièce encore plongée dans l’obscurité, scrutant les environs pour remarquer, au sol, deux bouts de pieds qui dépassaient encore de l’ilot. S’avancer. C’est ce qu’il fit. À être dans un film d’horreur, il serait probablement le premier à mourir. Sa découverte, toutefois, fut beaucoup plus agréable.
« H-Hyung..? Je. Peux savoir ce que tu fais derrière l’ilot? » Murmura-t-il. Certains Wonsungis n’étaient pas très nets. Venant de la part de son colocataire, faire quelque chose de déplacé l’aurait franchement, mais il ne voulait plus trop prendre de chance. Le brun s’accroupit légèrement devant son aîné, bougeant son portable pour que la lumière de son écran réfléchisse contre le visage du jeune homme. « Tout va bien…? »

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Il voyait bien le petit faisceau de lumière blanche, dont la source étant sans aucun doute le flash d’un cellulaire qui éclairait les pas de celui qui s’approchait dangereusement. Il se savait déjà coincé mais sa panique ne fit que grimper jusqu’à ce que la lumière se tourne brutalement vers lui en assaillant douloureusement ses pupilles qui s’étaient habituées à l’obscurité. Lâchant un juron qu’il étouffa entre ses dents, il porta la main à son visage, la panique s’amenuisant pour laisser place à un état d’irritabilité extrême pour cause d’excès de luminosité. Il détourna le regard et son mal s’apaisa juste assez pour que ses neurones puissent fonctionner correctement, et sa panique coula hors de lui comme l’eau d’un ruisseau quand son ouïe et sa mémoire lièrent le son de la voix à un nom et un visage qui lui était plus familier. Avec un soupir de soulagement, il leva une main encore un peu tremblante pour baisser le téléphone, éclairant le sol devant lui plutôt que sa propre tête, avant de lever les yeux vers le visage qui étaient pour le moment caché par les flashs de blanc et de noir couvrant partiellement sa vue. « Ça va, me fout pas la lumière dans les yeux tu vas me rendre aveugle...» Son grognement n’avait rien de bien amical mais bon, c’était un peu agaçant de se faire ainsi agresser en pleine noirceur par la lumière la plus blanche qu’il pouvait y avoir dans les environs. Il secoua la tête et se redressa un peu, croisant ses jambes devant lui en s’étirant, son corps lui faisant comprendre qu’il n’avait quand même pas apprécié la chute qu’il avait subit quelques minutes plus tôt. Le plus jeune n’avait rien fait de mal, par contre, et il était de son devoir de lui faire comprendre que ce n’était pas à cause de lui qu’il était de mauvaise humeur, il ne voulait quand même pas l’inquiéter, du moins encore plus qu’il ne l’était, puisqu’il pouvait d’or et déjà lire la préoccupation sur son visage. « Je... j’ai glissé et je suis tombé... » Son explication était plus que vague et légèrement lâche, mais il n’avait pas vraiment le coeur à lui raconter comment tout était arrivé. En plus, il serait forcé d’admettre qu’il était d’abord venu pour satisfaire son estomac, et maintenant qu’il n’y pensait plus trop après son moment d’angoisse, il préférait pouvoir s’éclipser incognito et profiter du calme de son ventre pour retourner dormir. D’un autre côté il se demandait aussi ce qu’il faisait à traîner là, à cette heure. Il l’avait cru partit pour la nuit, quand il s’était rendu compte en se levant qu’aucun de ses colocataires n’étaient revenus. Ce n’était pas particulièrement étrange, après tout, mais généralement quand ils n’étaient pas là à cette heure, c’était ainsi jusqu’au lendemain matin, au moins. « Je croyais que t’avais filé pour la nuit ? Tu fais quoi à rentrer à cette heure ? »

Certes, il n’avait pas agit de façon très intelligente. Sa curiosité avait été piquée plus rapidement qu’il ne l’avait cru et, poussé par ses instincts, lui avait balancé la lumière en plein dans les pupilles. Dès que son aîné posa sa main contre son portable, il s’empressa d’ouvrir l’écran afin d’éteindre son flash, laissant la noirceur reprendre le contrôle de la pièce. Ses yeux, qui n’étaient préalablement pas préparés à un affluent aussi concentré de manque lumière, eurent du mal à s’adapter, si bien qu’il ne vit qu’une masse ombragée devant lui pendant un bon moment. Au moins, il savait que le jeune homme se trouvant devant lui n’était pas un parfait inconnu. Il prit finalement place au sol devant son colocataire, tendant une main pour la poser sur ce qu’il pensait et ce qui lui semblait être le genou de son homologue, sa tête se penchant sur le côté en signe d’inquiétude. « T’as rien de cassé? On peut aller à l’infirmerie si tu veux. » Il ne posa pas plus de questions, même en ayant remarqué la légère hésitation du jaune. Manquer de sommeil n’avait jamais déranger Logan. Manquer de sommeil pour quelqu’un qui comptait pour lui encore moins. Pour quelqu’un envers qui il pouvait se faire un sang d’encre, c’était encore pire. Il préférait s’inquiéter pour quelque chose, que ce soit grave ou non, plutôt que de ne rien faire et avoir des remords. Sa main changea finalement de direction, se posant sur l’ilot pour pouvoir se relever un peu plus fluidement, contournant ce dernier pour ouvrir la porte du frigo attrapant quelques ingrédients qu’il déposa sur le plan de travail. « J’avais eu l’intention de sortir. Finalement, j’ai passé la soirée au parc. Fichtrement palpitant, si tu veux mon avis… » Comment être convaincant façon Logan. Il se retourna lentement pour faire face à l’endroit où se tenait Yuan, posant une main sur sa hanche. Il aurait probablement été plus sage d’allumer les lumières. Il aurait pu s’assurer que son colocataire était vraiment en un seul morceau, aussi. C’est en attrapant l’un des couteaux qui trônaient dans le bloc de moi qu’il demanda, faiblement. « Tu as faim..? Je n’ai pas mangé, du coup, si tu veux, je cuisine pour deux… » Il ne savait pas trop pourquoi cette idée lui était venu en tête. Intuition, probablement. À force de côtoyer Yuan, il avait compris que la cuisine n’était pas son endroit préféré, encore moins lorsqu’une autre personne s’y trouvait.

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Ses yeux étaient fixés vers Logan comme si le plus jeune allait vraiment lui sauter à la gorge ou se moquer de lui, mais ce n’était pas vraiment le cas, et puis de toute façon, comment il pourrait savoir ce qu’il faisait réellement là, donc au fond il n’avait pas vraiment de quoi craindre les représailles. Même si c’était peu probable venant de la part du jeune homme qui n’avait jusqu’à lors jamais vraiment évoquer de sentiment d’inquiétude ou d’angoisse chez lui. Ce qui était relativement rare, en réalité, parce que les gens lui inspirait naturellement un certain degré d’inconfort, que ce soit par leurs regards ou leurs paroles. Ça se passait relativement mieux maintenant qu’il savait qu’un regard ne voulait pas toujours dire quelque chose et que non, l’opinion des gens ne comptait pas toujours puisque leurs goûts étaient et sont toujours frivoles et volatiles, mais c’était encore difficile quand même. Observant sa gestuelle et son maintient un moment, il se résolut finalement à se relever, doucement pour vérifier que son corps n’avait pas subit de coup trop dur qu’il ne sentait pas encore, ronchonnant silencieusement contre son manque naturel d’équilibre et de chance. S’appuyant contre l’îlot, il n’osa pas répondre tout de suite, se rendant compte de la rudesse qu’aurait pu laisser paraître un refus sec, et ne sachant trop comment expliquer sa présence en ces lieux s’il n’avait pas l’intention de prendre quelque chose à manger. Se balançant d’un pied à l’autre pendant un court instant, il finit par soupirer, posant une main sur son ventre plat, mais pas assez à son goût, et sentit le tiraillement qui caractérisait la faim. Son estomac se réveillait après la dose d’adrénaline qui l’avait momentanément court-circuité, et s’il ne se décidait pas maintenant à accepter de grignoter un truc -qui s’annonçait être plus un repas qu’une collation-, il devait fuir et se réfugier sous ses draps pour ne pas que le plus jeune ne puisse s’apercevoir qu’au fond, il était affamé. Il secoua la tête, bien décidé à refuser mais son estomac, comme s’il avait pressentit que sa chance s’effritait, protesta contre sa décision et gronda, assez clairement pour que le plus jeune l’ait entendu, et ça c’était certain. Il sentit ses joues chauffer et baissa la tête d’un air résigné, grommelant son consentement « Si... si ça te dérange pas. Te sens pas forcé... » Les mots lui arrachaient la langue et il devait se forcer à les prononcer, mais il n’avait pas trop le choix, s’il ne voulait pas inquiéter l’autre garçon. Surtout que ce dernier devait probablement déjà se douter que quelque chose clochait avec lui, et il ne voulait surtout pas transformer ce doute en certitude. Les répercussions seraient désastreuses, il en était sûr. « T’as fait quoi au parc ? Chasser les papillons ? » Sa tentative d’humour n’était pas très réussite, il en convenait, mais il n’arrivait pas à laisser le silence prendre la place des paroles, sans quoi il s’embourberait sans doute dans ses pensées sombres et il finirait par foutre le camps pour digérer une crise d’angoisse plutôt qu’un repas. « À cette heure surtout, c’est louche traîner dans un parc... »

S’il avait des doutes? Il lui était facile de douter pour à peu près n’importe quoi, si vous voulez mon avis. Avoir une confiance absolue en ce monde merdique lui était une chose totalement impossible, proscrite. Tellement que ça ne faisait plus vraiment partie de son vocabulaire. Il aimait se dire qu’il pouvait croire tout ce que les gens pouvaient lui demander, mais à force de se faire tourner en bourrique, ou de se faire passer des trucs un peu moins nets sous le nez, ça avait fini par l’ébranler. Et même si Yuan partageait sa chambre depuis maintenant un bon moment, il ne pouvait dire qu’il lui vouait une confiance inébranlable. Il lui faisait confiance, oui, mais jusqu’à un certain degré. Assez confiance pour l’aider lorsque Yuan venait le voir, lui demandait de l’aide pour ses « problèmes », mais de là à croire aux raisons qu’il lui donnait… Logan étudiait en pharmacie. Il savait très bien reconnaître un symptôme quand il en voyait et savait également déceler une once de mensonge lorsqu’on lui demandait conseil pour un médicament qui, semblerait, n’était que pour aider. « Je ne me sens pas forcé du tout, tu sais. Ça me fait plaisir. Et puis, t’es mon colocataire, n’ai-je pas le droit de te gâter une fois de temps à autres…? » Murmura-t-il de nouveau, un fin sourire se logeant sur son faciès dont les traits étaient légèrement tirés par la fatigue. Il fallait dire que cette marche l’avait vidé du trop plein d’énergie qu’il avait pu emmagasiner avant de quitter les dortoirs. Mais sourire pris un peu pus d’expansion lorsque son ami lui demanda ce qu’il avait fait. Lui dire la vérité? Non. Il n’avait pas à savoir que ses déboires de jeune adolescent avaient mal tourné. « Oh. J’ai agressé trois ou quatre petits marmots. Rien de bien méchant… C’était plaisant. » C’est en plantant son couteau dans la pomme de salade qu’il avait murmuré ces derniers mots, les yeux fixés sur son aîné. Et il se mit, le plus simplement du monde, à couper cette dernière en fine lanière, rapidement suivit du reste des légumes. Son regard se reposa ensuite sur le jaune, sa tête se penchant légèrement sur le côté alors qu’il posait ses outils dans l’évier, se disant qu’il nettoierait le tout le lendemain matin. « Je n’avais juste pas envie de rester ici seul à me morfondre dans la chambre. Le temps est long, quand vous êtes absents, Haejin et toi… » Finit-il par murmurer sur une note un peu plus sérieuse. Il venait de trouver son aîné caché derrière l’ilot, au bord de la crise de nerfs, et voilà qu’il lui faisait croire à des trucs aussi graves. Très bonne idée pour calmer l’anxiété de qui que ce soit. Il ne su d’ailleurs pas vraiment pourquoi ses pieds le menèrent aux côtés de son aîné. Aîné qu’il enlaça lentement sans prévenir, nichant sa tête contre son torse en fermant les yeux. La douceur qu’il dégageait présentement était bien différente de l’image qu’il venait de lui montrer, avec le couteau. « Tu peux aller manger dans la chambre, si tu veux. Et tu en prends autant que tu veux. Il y en a assez pour quatre, alors ne te gêne pas, mh…? » Y avait-il une caméra, dans cette pièce? Si oui, les auditeurs auraient du matériel à se mettre sous la dent.

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Ses joues devaient être rouges, songea-t-il dans un moment de perplexité alors qu’il sentait son visage chauffer, honteux, embarrassé, alors que le plus jeune l’entourait de ses bras, comme s’il était un enfant qui venait de faire un cauchemar. Le contact était en quelque sorte rassurant, il devait l’admettre, la chaleur corporel et l’enlacement pas trop envahissant ne pesait pas trop sur son stress. Il n’osa pas le repousser pendant un moment, l’écoutant, calmant son niveau d’anxiété qui s’était effilé légèrement lors de la démonstration menaçante du gamin. Il n’avait quand même pas penser être en danger, et il doutait fortement que Logan ait véritablement malmené quelques gamins dans le parc, mais ça, il ne pouvait que douter, pas affirmer. Cela ne le rendait pas plus nerveux, du moins pas habituellement, mais son niveau d’angoisse actuel était assez anormal, et il tentait toujours vainement de calmer ses nerfs. L’odeur de la nourriture avait encore une fois réveiller son appétit et il se maudissait d’avoir même penser à mettre le pied en dehors du lit. Avec un effort qui lui paru inhumain, il posa ses mains sur les épaules du plus jeune pour le repousser légèrement, tentant de ne pas être trop brusque pour ne pas l’alerter. « Ça serait vraiment malpoli de ma part... » Il soupira entre ses dents, se relevant aussi gracieusement que possible en maugréant, époussetant ses pantalons sans même vérifier s’ils étaient réellement poussiéreux. Ayant finalement les yeux à une hauteur respectable par rapport au comptoir, il put jeter un oeil à ce qu’il avait cuisiné, et bien évidemment, pour l’aider, cela semblait parfaitement mangeable. Voir même appétissant. Et ce n’était pas que cela le surprenait, bien au contraire Logan préparait inmanquablement de bon repas. Du moins, ils l’avaient toujours été jusqu’à présent et il ne voyait pas de raison à ce que ça change, mais cela restait un problème pour lui qui cherchait des raisons pour éviter de devoir toucher au repas. Passant une main dans ses cheveux, il lança un sourire un peu faible vers le plus jeune, haussant une épaule et prit deux plats pour se servir, laissant l’autre sur le comptoir, incertain de savoir s’il allait en prendre peu ou beaucoup. « Je suis désolé de partir aussi souvent... ça doit être ennuyant être seul dans le dortoir. » Il se balança d’un pied à l’autre, un peu mal à l’aise, avant de prendre place à table, attrapant une paire de baguette au passage. Ils n’avaient toujours pas allumer la lumière, mais à ce point, sa vue était habituée à l’obscurité et savoir que la caméra qui était dans la cuisine filmait toujours, il était plus à l’aise d’être dans le noir. « T’es pas vraiment allé agresser des gamins, je me trompe ? » Son sourcil relevé appuyait son ton dubitatif, et il secoua la tête en roulant des yeux. « Est-ce que je devrais te faire la morale ? »

Ça ne lui avait pas pris de temps. Pour le repousser. Logan avait l’habitude d’être câlin avec ses amis, mais avec Yuan. Ça n’arrivait pas souvent, en fait. Et s’il avait fait ce geste, c’était principalement dans le but de le réconforter, mais également parce qu’il en avait eu envie. Peut-être que la fatigue jouait avec ses nerfs et le faisait faire un peu n’importe quoi, il ne pouvait dire. Il suivit toutefois son aîné du regard, penchant légèrement la tête en le voyant sortir deux plats. C’était vrai qu’à la base, il avait cuisiné ce repas pour lui ainsi que pour son aîné, mais sa faim semblait avoir passée. Comme quoi se concentrer sur autre chose lui avait donné cette magnifique capacité qu’était d’effacer la faim. Si seulement cela pouvait se produire plus souvent… « Ce n’est pas si mal… C’est extrêmement calme et je peux me reposer. Mais je ne dis jamais à de la bonne compagnie… » Le brun s’approcha lentement de son plat, attrapant l’assiette soigneusement sortie par son colocataire afin de poser quelques feuilles sur le couvert, juste pour dire qu’il avait prit une portion, et fila s’asseoir devant son aîné. La question qui suivit lui arracha un sourire franc. Pourquoi démentir. « Tu ne te trompes pas. Je ne toucherais jamais à un enfant. » L’air qu’affichait son ami le fit sourire. Le croyait-il vraiment? Logan avait-il l’air d’un pervers ou même d’un pédophile? Peut-être que sa petite scène, avec le couteau et la pomme de salade, avait fini par donner des idées au plus vieux. Pauvre lui. Ils devaient partager une chambre et le lit de Logan se trouvait directement sous celui de Yuan. Comment lui donner une raison de ne pas fermer l’œil de la nuit. Le jeune Anglais trifouilla sa salade du bout des baguettes, attrapant un bout de concombre qu’il glissa presque pensivement entre ses lèvres, se pinçant ensuite les lèvres. « J’avais envie de sortir, en fait. Mais je me suis retenu. Je me suis dit que me défoncer une troisième fois cette semaine n’était peut-être pas la meilleure idée de ma vie… » Un sourire presque gêné se glissa sur les lèvres du cadet, comme si ce fait était un scoop et qu’il s’en voulait de l’avoir laissé glisser. Du coup, Yuan n’aurait pas besoin de lui faire la morale. Il avait eu l’intelligence de se stopper lui-même avant de faire une bêtise et c’est probablement ce qui lui importait le plus. « Au fait, Hyung… » Ses sourcils se froncèrent légèrement alors que son regard, juste assez inquiet, se posait sur le visage du jaune, déviant ensuite sur la caméra qui se trouvait derrière sa propre tête. Ce que c’était agaçant, ce système, au final. L’anglais se releva rapidement, tirant le fil de la caméra en posant ses mains sur ses hanches, reposant son regard sur Yuan un peu plus sérieusement. « Tu as encore besoin d’aide…? » Il ne l’avait pas trouvé ici sans raison. Et il voulait en avoir le cœur net, sans que des oreilles externes aient vent de ce qui se passait ici.

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Ses baguettes étaient mi-chemin entre son assiette et sa bouche lorsqu’il se figea. Il avait sagement hoché la tête en souriant légèrement, plutôt heureux que le plus jeune ait pris une bonne décision pour une fois. Il n’avait jamais été le grand frère du dortoir mais il ne pouvait s’empêcher de regarder d’un mauvais oeil les comportements excessifs de certains de ses compagnons de frat’. Pas qu’il n’en ait pas, après tout, il avait ses propres saletés et il ne pouvait pas vraiment juger celles des autres, mais au moins il se cachait un minimum. Il se cachait à tout le monde, en réalité, et bien qu’il sache que Logan avait un doute général, le fait qu’il lui en parle là, maintenant, alors qu’il avait une assiette sous le nez et de la nourriture dans l’estomac, lui faisait tourner la tête légèrement. Il redéposa lentement ses baguettes, déglutissant un peu et détournant le regard vers l’obscurité du reste de la pièce. Ses doigts s’entortillèrent autour du bas de son débardeur et il se mit l’intérieur de la joue anxieusement, réfléchissant sur la manière correcte de répondre à cette question qu’il n’attendait pas du tout. Devait-il confirmer son doute ou nier tout de nouveau, comme il avait l’habitude de le faire ? Il n’était pas en crise sévère de toute façon, alors il n’avait pas réellement besoin d’aide, du moins pas de ce sens. Il devait juste peut-être essayer de perdre quelques kilos, rien qui ne soit assez difficile pour qu’il prenne un quelconque produit pour l’aider. Son estomac se tordait, et il avait l’appétit complètement coupé, maintenant. Positif en un sens, mais il ne pouvait quand même pas laisser son assiette à peine touchée là, ce serait sérieusement impoli et ingrat. Après un moment de réflexion peut-être un peu trop intense pour être passé inaperçu, il releva les yeux vers lui, haussant une épaule un peu lâche. « Je ne vois pas pourquoi j’aurais besoin d’aide... » Son ton aurait pu être un peu plus assuré, mais au moins il n’avait pas balbutier, et pour lui, c’était déjà très bien. Il reposa les yeux sur son assiette, envisageant un instant de prendre une autre bouchée pour confirmer sa déclaration, mais le tremblement incessant de ses mains l’aurait trahit de toute façon. Sa gestion du stress laissait terriblement à désirer, il devait l’admettre. « Tu penses que j’ai besoin de quelque chose ? » Son ton était presque accusatoire, mais c’était plutôt de la panique. Il ne savait trop de quoi il parlait, et il avait peur de se tromper complètement et de passer pour un pauvre imbécile, ce qui était plutôt usuel pour lui. Et si Logan avait véritablement des doutes, tomber dans le panneau était une parfaite manière de lui confirmer tout ce à quoi il pensait, et ce n’était pas quelque chose qu’il désirait faire. Ni dans l’immédiat, ni dans le futur. « Tout va bien. »

Il se demandait soudainement s’il avait eu une bonne idée. De lui parler de ça, maintenant, alors qu’ils auraient pu le faire encore plus en privé dans la chambre. Peut-être parce qu’il avait l’impression que la cuisine était un peu comme un champ de bataille pour Yuan. Il ne le voyait jamais vraiment dans cet endroit, et lorsque c’était le cas, le peu de nourriture qu’il ingérait était assez déstabilisant. Surtout lorsqu’on savait à quel point les autres jaunes étaient gloutons. Les dents du jeune Anglais s’attaquèrent lentement à sa lèvre inférieure alors que sa tête se penchait doucement sur le gauche, écoutant son ami parler. Pourquoi manquait-il autant d’assurance alors que, normalement, face à Logan, il s’affirmait totalement? Les épaules du jeune Wonsungi se redressèrent lentement alors que ses doigts venaient jouer dans la salade qui trônait encore dans sa propre assiette. Il porta doucement l’une des feuilles à sa bouche, ses yeux sombres restant toutefois posés sur le visage de son aîné. « Calmes-toi, je ne vais pas te manger… » Ce ton accusatoire qu’il utilisait. À croire qu’il avait peur que Logan fourre son nez dans ses affaires. Ce qui était normal. Mais lorsque que quelqu’un avait des doutes sur la santé d’un de ses amis, ce n’était pas à prendre à la légère. Encore moins lorsque cette personne était votre colocataire et un très bon ami. La main du jeune Anglais se tendit lentement pour atterrir contre celle de Yuan, doucement, sans trop s’imposer. Et même si elle ne s’imposait pas, il sentit très clairement le tremblement des mains de son colocataire. Ce n’était pas un interrogatoire qu’il lui faisait passer. Et franchement, même si Yuan lui disait qu’il n’avait besoin de rien, Logan était persuadé du contraire. Le bout de son pouce caressa lentement le revers de sa main alors que sa tête versait vers l’avant, ses yeux se fermant. « Hyung, tu sais que je t’aime…? » Murmura-t-il entre ses dents, presque silencieusement. Il n’avait pas l’habitude de lui démontrer autant d’affection, ou du moins pas verbalement. Se coller, l’enlacer, ça lui arrivait souvent. Mais lui dire explicitement qu’il l’aimait, ça, ça n’arrivait que très rarement. « Je tiens énormément à toi… » Sa tête se releva doucement, son regard se glissant une nouvelle fois dans celui du Wonsungi. « Et je n’aurais pas envie de te perdre. Je suis là pour toi, je t’ai aidé dans le passé.. Et je serai toujours là pour toi. » Il avait surtout envie que Yuan lui face totalement confiance. Assez confiance pour lui dire franchement si ça allait ou non, parce qu’à lui répondre ainsi, ses doutes ne faisaient que s’accroitre.