De secondes ou peut-être de longues minutes étaient passées sans que je ne m’en rende réellement compte. Mes lèvres se délectaient avec délice du goût fruité de celles de la jolie blonde. Mon esprit ne répondait plus, mon corps faisait ce que bon lui semblait, ce dont il avait envie. Et ma main calée dans sa nuque descendit doucement jusque sa hanche, la maintenant toujours contre lui, cherchant toujours plus de contact. Comme si mon corps réclamait le sien, comme si mon corps avait besoin de le toucher, de le sentir contre lui. Et alors que nous nous séparions de ce contact d’une douceur indescriptible, un fin sourire se fendit aux coins de mes lèvres sans que je ne puisse le contrôler. Nous reprenions notre souffle et la remarque de Jina me fit sourire davantage. Je ne répondis pourtant pas, devinant ces yeux remplis de malice qui me faisaient face.

Je ne voyais plus Jina, je la devinais sous mes doigts, sous le contact de nos corps mais la nuit tombée si rapidement ne me permettait plus de clairement la distinguer. Mon nom soufflé de sa bouche me fit de nouveau sourire alors que mes yeux étaient clos. L’étreinte soudaine qu’elle m’offrit me surprit légèrement mais, automatiquement, je passai mes bras autour d’elle pour la serrer tout contre moi. Ce simple contact me noyait de satisfaction et de joie. Je ne l’avais pas faite fuir. Et je posais mon menton contre le haut de sa tête, profitant de cet instant qui nous séparait de cet environnement des moins banals. En effet, il aurait pu nous effrayer, ce n’était plus vraiment comme dans cette maison hantée où les seules bêtes que nous aurions pu trouver étaient des rats ou des araignées. Nous ne savions pas ce que nous pouvions trouver dans cette forêt. Cette forêt immergée par la nuit noire de l’hiver. Et je sentis le visage de Jina se relever vers moi lorsque j’entendis un bruit derrière nous. Sa question me laissa perplexe et je songeais à quelle bestiole il pouvait se trouver dans forêt. Je n’étais pas tant rassurée et je laissai un soupir passer mes lèvres. « J’en sais rien… »

Je ne pris pas le temps de réfléchir à une quelconque solution pour nous sortir de là, je pris simplement la main de Jina avant de tenter de m’aventurer là où je croyais qu’était notre chemin de retour. Je la tirais à ma suite, essayant de faire attention à ce qui se trouvait sur le sol, histoire que l’on ne se rétame pas par terre à cause d’une branche ou je ne savais quel truc qui pouvait traîner par-là. Je m’arrêtai un instant pour sortir mon téléphone de ma poche pour allumer le flash, nous éclairant de la meilleure façon que j’avais pu trouver, en espérant de tout cœur ne pas croiser de mauvaises surprises.

Il paraissait que dans certaines situations, l'homme réagissait de façon instinctive. Qu'il faisait ce dont il avait envie. Et sans le savoir, ils venaient de le vivre. Elle sentait sa main qui descendait jusqu'à sa hanche, leurs corps se rapprocher. C'était quelque chose d'inattendu mais aussi de prenant. Comme de une empreinte d'adrénaline. Quelque chose qui lui donnait envie de sourire bêtement, et de recommencer. Comme une gamine. Elle n'avait pas envie de rompre ce contact. Jamais. Tout n'était plus que frissons, énergie et adrénaline dans le noir. Les papillons dans son ventre dansaient la polka et elle ne bougeait même plus. Dans ses bras, tout était différent. Elle sentit son menton se poser sur sa tête. Elle avait fermé les yeux, comme si elle voulait mémoriser la moindre des sensations, ces frissons, ces papillons, les battements de son cœur,... Ils étaient dans un autre monde, une autre dimension ou le lieu hostile ou ils se trouvaient n'a aucune importance .
Quand elle relevait le visage vers lui pour lui parler du bruit, et sa réponse ne la rassurait pas plus. Un j'en sais rien qui ne lui donnait pas envie de s'éterniser ici. Et visiblement, il n'était pas mieux inspiré puisqu'il prit sa main et l'entraînait dans une direction, dans le noir, ce qui lui attirait un vague sourire niais. Elle le suivait a la manière d'un petit poucet rêveur... Un pied derrière l'autre, ils avançaient comme un seul. Ou c'était son imagination qui lui jouait des tours ?  Ils avançaient dans la pénombre, elle le suivant bêtement et se fiant a ses indications. C'était tellement irréel, et peu elle. Elle n'aurait jamais suivi un mec comme ça dans le noir normalement. Mais une partie d'elle lui disait aussi que c'était justement parce que c'était lui. Une voix qu'elle s'empressait de faire taire et de cacher. Cette forêt avait un effet bizarre sur elle. Et pendant qu'elle y réfléchissait, elle n'avait pas remarqué qu'il s'était arrêté et qu'elle l'avait suivi par mimétisme. Il allumait son téléphone pour mettre la torche. Et Jina tenait toujours sa main, et pour elle, c'était comme une ancre dans la réalité, quelque chose qui lui prouvait qu'elle n'avait pas rêvé.
Ils avançaient suivant la lampe qu'Aidan avait allumé, quand Jina s'arrêtait. Il y avait eu un grand bruit derrière eux. Elle se rapprochait d'Aidan. Elle parlait d'une voix basse et hésitante, comme si elle craignait que la chose derrière eux ne leur fonce dessus.
« Il y a eu du... bruit derrière. Je sais pas ce que c'est... mais.... »
Et au fur et a mesure que le bruit se rapprochait, elle même se rapprochait d'Aidan, jusqu'à se retrouver collée a lui. Elle avait fermé les yeux, comme si elle redoutait de voir ce qui arrivait.  Et quand le bruit se précisait, elle agrippait son bras, a la manière des enfants quand ils avaient peur, de la main valide, pendant qu'elle tenait toujours sa main de l'autre. Non, elle n'avait pas peur. Ou du moins c'est ce qu'elle essayait de se dire quand elle s'était collée a son bras. Pitié faîtes que ce n'était pas un sanglier. Pas un sanglier. Elle n'aimait pas ça, et au fur et a mesure que le bruit se rapprochait, elle tremblait. Comme si les bruits provoquaient en elle des secousses de peur, qui peu à peu la rendaient comme une feuille. Cette forêt ne lui disait vraiment rien qui vaille. Mais elle gardait le silence. Elle ne voulait pas s'avouer vaincue par une bestiole ou quoi que ce soit. Mais imaginez que c'était un tueur en série. Résultat, elle était agrippée au bras d'Aidan, en tentant de se cacher dans son dos. La tête posée derrière son épaule, elle tentait de ne pas paniquer.
« J'aime pas ça. J'aime vraiment pas ça. »
Elle ne savait plus ou mettre. Elle savait qu'il risquait de le lui en reparler de cette tentative de se cacher. Mais au point ou ils en étaient, ce n'était plus à ca près.

Je m’arrêtai soudain à la remarque de Jina, si hésitante. Je regardais autour, m’aidant de la lumière de mon téléphone, mes doigts resserrant doucement leur emprise sur ceux de la blonde. Je la tenais fermement près de moi, essayant tant bien que mal de trouver un chemin qui me donnerait assez confiance pour le suivre. Je n’étais pas tant effrayé mais ce qui ne me rassurait pas était la présence de Jina à mes côtés. Il faisait froid, il faisait nuit, elle n’était pas le moins rassurée et moi, je ne savais pas où nous devions aller. Je tendis pourtant l’oreille, n’ayant rien entendu auparavant, peut-être trop concentré à vouloir trouver la route. J’entendis les feuilles craquer, une Jina se serrant près de moi et je me tentai à éclairer la source de ce bruit avant d’apercevoir… un écureuil. Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire en voyant cette petite bête partir à toute vitesse éblouie par la lumière. « Je ne vais rien dire, d’accord? » La seule chose que je fis fut rire de plus belle en me remémorant le visage de Jina, si apeurée pour si peu.

Plus serein, je repris la main de la demoiselle avant de venir embrasser le coin de ses lèvres, un sourire rempli de malice peint sur le visage qu’elle n’aurait pu voir par l’obscurité. Je la tirai ensuite doucement pour que nous reprenions le chemin, pas pour autant assuré que ce soit le bon. « Essayons de trouver cette fichue route avant que tu me fasses une crise cardiaque. » Je me moquais, je riais de bon cœur, la taquinant pour tenter de détendre l’atmosphère qui n’était pas des meilleures à cause de l’angoisse des lieux. Les pulsions de mon cœur restaient anormales, je les sentais battre contre mes os. C’était une sensation plaisante et déstabilisante à la fois. Un corps rempli d’adrénaline et de milliers de délices. Je savourais l’instant comme je le redoutais. Je ne voulais pas quitter la main de Jina, je ne voulais pas la laisser, quitte à rester dans cette forêt peu rassurante. Pourtant, je ne savais si c’était mon imagination ou mes yeux qui déraillaient mais j’étais presque certain d’avoir vu quelques points, quelques mouvements au loin qui ressemblaient vaguement à des lumières. « Est-ce que tu vois ce que je vois…? » Dis-je alors sans grande conviction, dans le simple espoir que je ne sois pas totalement fou.

Un écureuil. Voilà ce qui venait de lui faire peur. Elle se sentait vraiment conne sur le moment, et ce sentiment s'amplifia quand il lâcha qu'il n'allait rien dire se contentant de pouffer de rire. Elle ne bougeait même pas, le milieu hostile la rendait mal à l'aise. Et pourtant, il le savait déjà, il avait vu dans la maison hantée qu'elle pouvait flipper pour rien, et pour tout à la fois. Mais a l'heure actuelle, malgré l'obscurité, elle le fixait d'un air faussement énervé. Elle ne savait pas ce qui se passait, elle aurait, avec certains déjà crié en disant de ne pas se foutre d'elle. Mais là, elle n'y arrivait même pas. La situation étant si déstabilisante, mais si agréable qu'elle ne savait pas ou se mettre.
Et la voilà qui ne savait plus ou se placer, quand soudain, sans signe avant coureur il posa ses lèvres sur le coin des siennes. La sensation du baiser précédent se faisait encore trop présente, et elle avait presque envie de ne jamais partir de cette forêt. Une part d'elle attribuait la situation a cette forêt, sisi, genre le songe de la nuit d'été parce que c'était... presque surnaturel. Et quelques instants après il la traînait doucement sur le chemin. Elle le suivait comme son ombre, leur mains toujours l'une dans l'autre. Mais même sans, elle se demandait si elle ne l'aurait pas suivit tout de même.Et ca la perturbait. Elle l'entendit dire qu'il préférait avancer avant qu'elle ne lui colle une attaque, ce lui attira un rire nerveux. De sa main valide, alors qu'elle le suivait, elle touchait ses lèvres d'un air distrait. Que c'était il passé ? La peur de s'être perdue était mélangée a quelque chose d'autre. Avant qu'il ne s'arrête brusquement. Elle manqua de le percuter, perdue dans ses pensées, quand il demandait simplement s'il voyait bien ce qu'il voyait. Elle leva la tête avant de voir des lumiéres elle aussi ; Un sourire éclaira son visage. Des lumières et des silhouettes semblaient se dessiner au loin. Et la voilà qui lâchait d'un ton malicieux.
« On dirait bien.. »
Et les voilà qui avançaient vers les points de lumière. Le bruit en se rapprochant ne pouvait signifier qu'une chose, ils étaient de retour au bus. Dans un sens, elle se sentait rassurée, mais de l'autre ? C'était aussi la fin du songe de la nuit d'été. C'était sur. Elle soupirait, alors qu'ils avançaient vers ce qu'ils identifiaient désormais comme le bus. Et sans savoir pourquoi, un mètre avant d'être de retour au camp, sans lâcher sa main, elle se posait devant lui.
« Merci de nous avoir ramené... »
Et sans même réfléchir, elle lui volait un baiser avant de lâcher sa main, et de partir. La tête pleine de questions. Elle n'arrivait pas à mettre de l'ordre de ses pensées, ni a savoir ce qui venait de se passer. La seule chose qu'elle savait était qu'elle ne s'était que rarement sentie aussi bien, mais aussi, aussi perplexe.