Longtemps ? Haussant un sourcil, un peu surpris par ses dires, j'avais trouvé personnellement que je n'avais pas mis du temps pour lui avouer. J'avais eu du mal à le croire et puis bon, cette découverte m'avait choqué. Il était normal que je me laisse le temps de réfléchir. D'ailleurs, je n'avais rien dit à Nao Ji, n'étant pas très proche de ce dernier. Je préférais en fait en parler à Nao Mi que je connaissais beaucoup mieux. Je devais d'abord réfléchir aux conséquences de mon silence ou non. Peser le pour et le contre. Je ne voulais pas prendre de risque et pourtant, j'avais décidé de tout lui avouer. J'espérais juste que j'avais pris la meilleure décision. De toute manière, je ne m'imaginais pas lui mentir. M'approchant d'elle, j'essuyais les larmes qui roulaient sur ses joues légèrement rouges tout comme son nez. Je me doutais bien que la jeune femme allait mal le vivre. Après tout, sa vie avait toujours été compliqué. Ainsi, savoir un tel secret n'allait pas arranger son cas. « J'ai fait de mon mieux. » soulignai-je inutilement. Je vis la pyobeom se calmer un peu. Je me contentais de la regarder tandis qu'elle commençait à se confier. Malheureusement, je n'étais pas doué pour m'exprimer, ni pour la rassurer. De plus, je ne connais pas les raisons de mes parents. Je ne pouvais pas parler pour eux.. J'aurais dû les appeler, j'aurais dû... Pourtant, je n'étais pas réellement impliqué dans cette histoire. Enfin si. J'avais une nouvelle cousine mais je ne pouvais rien changer. Je ne pouvais pas justifier leurs comportements et savoir que ma famille était désormais plus grande ne modifiait rien à ma vie. C'est vrai quoi... J'avais toujours eu de l'argent et la possibilité de faire ce que je voulais, même si mon enfance avait toujours été compliquée. Mais elle ? Ce n'était pas du tout pareil. De ce fait, je n'arrivais pas à trouver les mots car ce n'était pas à moi de les trouver, tout simplement. « Je sais... » murmurai-je. Je posais mes mains sur les lettres. « Je devrais les récupérer, le temps que tu digères la nouvelle au moins. » Ouais tu parles...

Silencieux, je regardais la jeune femme avec une légère pointe de compassion. Je ne voulais pas la prendre en pitié mais ses larmes me faisaient terriblement mal au cœur. Personnellement, cette histoire ne m'avait pas remis en question. Après tout, j'étais du bon côté. Ma famille s'était occupée de moi même si au fond leur préférence pour l'aîné n'était même plus un secret. Pour personne d'ailleurs. J'avais toujours eu la vie belle. J'avais pu faire des voyages, les sports que je voulais ou plus précisément le sport que je voulais même si je n'étais pas la star de la famille. Finalement, ma vie s'était avérée paisible même si elle avait eu quelques lots de complication à certains moments. Mais, c'était bien la définition de la vie, non ? Je connaissais Naomi depuis quelques années. Je savais qu'elle s'était toujours démenée pour y arriver et d'ailleurs, elle réussissait. Néanmoins, peut-être qu'elle n'aurait pas eu besoin de faire des efforts si la famille Jung avait décidé de les recueillir. Mais après ? Je ne connaissais pas la relation entre les deux familles et elle non plus. C'était facile de parler... On ne pouvait pas nier que certains rancœurs étaient tout à fait possibles. Je ne disais pas que je tolérais la réaction de mes parents mais je détestais parler sans savoir. Enfin bref... Je baissais le regard alors qu'elle cherchait à garder ces lettres. « Tu vas te faire du mal.. » Je n'aurais pas aimé les garder personnellement. Voir ma mère si faible, si misérable, je n'oserais pas. Je jetais un coup d'oeil sur l'ensemble de la salle. On n'aurait pas dû discuter ici mais je pensais vraiment que la pyobeom allait réussir à gérer ses émotions. Mais apparemment, je m'étais mis le doigt dans l'oeil. « Tu ne sais pas ce qu'il s'est passé, Nao Mi. Je ne dis pas ça pour les défendre mais je crois qu'on ne sait pas toute la vérité. Peut-être qu'ils ont mal agi et qu'ils ne voulaient pas supporter une nouvelle responsabilité. C'est difficile de savoir si ta vie aurait été meilleure s'ils avaient dit oui. » Ils auraient pu la mépriser, la prendre pour une véritable corvée. Je n'en savais rien. J'échappais un bref soupir. « Viens, on va prendre l'air. » Je déposais quelques billets sur la table avant de tendre ma main vers la jeune femme.

Qu'est ce que j'aurais fait à sa place ? Pas grand chose de plus. A vrai dire, plus je l'entendais parler, moins j'avais envie de réfléchir. Je n'avais pas envie de lui faire plus de mal en lui dictant une bonne réaction même si je ne pus m'empêcher de recadrer les choses quand elle évoquait mes parents. Tout gamin aurait réagit de la même manière, même s'il y avait toujours des histoires de famille. Mais, peu importe. Je crois que j'avais fait le bon choix en lui dévoilant ce secret. D'un autre côté, j'espérais qu'elle n'allait pas ébruiter ce petit secret. Je savais qu'elle avait Nao Ji mais est-ce que je devrais aller le trouver ? Techniquement, il n'était pas concerné.. Ah, c'était angoissant car j'avais peur que tout retombe sur ma famille. J'avais suffisamment de problèmes ainsi et je n'étais pas prêt à entendre des bruits de couloir. Certes, généralement, je m'en foutais complètement. Je jouais souvent avec mais cette fois-ci, cette histoire ne concernait pas que moi. Je voulais protéger Nao Mi car même si elle était devenue ma cousine, dans ma tête, c'était seulement mon amie. J'avais peut-être appris que la jeune femme faisait partie de ma famille mais les choses ne changeaient pas aussi rapidement. Et puis, pourquoi ça changerait au juste ? Je continuais de la fixer, sans un mot. Du moins, c'était avant de lui proposer d'aller prendre l'air. Je devais lui changer les idées mais comment j'allais m'y prendre ? On venait de manger et de boire alors... Et puis, si on se promenait, on allait en parler non ? Je réfléchissais tout en marchant auprès de la jeune femme pour quitter le café. J'aimerais trouver une idée pour la divertir mais il y avait quoi d'ouvert à cette heure-ci... Pitié, pas de karaoké déjà. Je jetais un coup d'oeil sur les diverses boutiques de la rue. D'ailleurs, au fin fond de la rue, je vis un attroupement de personnes. « On va voir ce qui se passe ? » demandai-je à la pyobeom avec un sourire espiègle. Je l'attrapais par le poignet, l'obligeant à l'avancer. Heureusement que je lui avais demandé son avis.. Oh, c'était juste un mec qui faisait des dessins caricaturaux. « Hum, je me demande à quoi tu ressemblerais avec un gros pif. »

Des oreilles de Dumbo ? Moi ? Apparemment, la demoiselle avait des problèmes de vue car mes oreilles étaient toutes sauf gigantesques. J'aurais compris si la pyobeom m'avait parlé d'un tout autre trait physique.. Par exemple, ma taille. J'étais très grand tout en ayant un corps longiligne. Finalement, le caricaturiste aurait très bien pu jouer sur ce point. Néanmoins, ce n'était pas très important puisqu'on se contentait de regarder le travail du dessinateur comme beaucoup de monde autour de nous. Je n'étais pas forcément un accroc à l'art mais disons que j'aimais bien voir le résultat. Cependant, il avait encore pas mal de boulot et je ne comptais pas rester planté ici pour le restant de la journée. Finalement, je devais sûrement trouver une toute autre occupation. Baissant la tête pour croiser le regard de Naomi, je lui adressais un sourire amusé suite à sa remarque. Ah, elle disait vraiment n'importe quoi... En tout cas, la pyobeom venait de s'éloigner un peu de moi.. Arquant un sourcil, je me demandais ce qu'il se passait. J'avais l'impression que la demoiselle avait la poisse ces derniers temps.. D'ailleurs, ma confession datant d'une vingtaine de minutes voire plus en fait n'avait sûrement pas aidé. Fixant de nouveau la toile blanche du professionnel, la jeune femme me retrouva pour m'apporter des précisions quant à cet appel. Je pinçais mes lèvres alors que ma nouvelle cousine allait devoir m'abandonner. « Je vois. » Je poussais un léger soupir avant de la prendre dans mes bras rapidement. « Il devrait arrêter de te surmener comme ça... Mais soit bon courage. » Mon visage s'éclaircit légèrement. La pyobeom en profita pour me rendre mon sourire avant de déserter d'un pas pressé vers son travail... Et moi, je décidais finalement de marcher pour rentrer chez moi. L'après midi fut chargée et bizarrement, ça m'angoissait de la laisser partir ainsi.. De toute manière, je n'avais pas vraiment eu le choix.