Bago passa la porte si rapidement qu'il manqua de s'étaler sur la première table de la bibliothèque. Il se rattrapa de justesse sur l'épaule de son professeur et s'inclina vivement pour s'excuser de son possible retard et surtout d'avoir osé agripper le bras d'un adulte tout à fait respectable. Il était vrai qu'en ne voyant que Phil il avait un peu oublié les règles de savoir vivre avec ses cadets. Comment vouliez-vous bien vous comporter si vous ne fréquentez que le vendeur de chicos au tabac à l'entrée du bahut ? L'étudiant regarda sa montre, il n'était pas à la bourre. Il soupira de soulagement avant de s'enfoncer dans la pièce pleine de livres, trouvant des tables de quatre juste devant un écran. Le garçon se dit alors que ça puait le diaporama. Il tourna la tête cherchant quelqu'un qu'il pouvait connaître, et se gratta le front de désespoir avant d'apercevoir au fond Logan sagement assis ne trafiquant on ne sait quoi. Bago adorait Logan, ils avaient été très proches lorsqu'il était encore chez les jaunes. Il avait été un soutien et bien plus qu'un simple ami. L'ex Wonsungi fit claquer sa langue, et vint s'assoir à côté de son ami, posant alors une main sur sa cuisse avant de ricaner.

"Coucou chaton ! Qu'est ce que tu fais là ?"

Un sourire ornait son visage, laissant apparaître ses dents blanches, il était vraiment content de le voir, il se disait que pour deux heures de cours d'affilés il ne pouvait certainement pas rêver de mieux. Le petit retira alors sa main de la jambe du garçon pour sortir ses affaires, se munissant d'un crayon mastiqué au bout, et d'une feuille déchirée qu'il posa sur la table inoccupée ou seulement par les deux protagonistes. Bago tourna la tête après avoir rapidement gribouillé le titre du diapo sur le haut de sa copie, reportant son intention toute entière à Logan. Il arqua alors un sourcil.

"Comment tu vas ?"

Il passa sa langue sur les lèvres en le fixant. Ben oui, il fallait bien prendre des nouvelles, même si le sujet du départ du groupe était encore assez sensible, et qu'il n'avait dit à personne le pourquoi il était parti. L'étudiant se sentait vraiment incapable de parler de sa maladie à qui que ce soit. Pour l'instant seules deux personnes devaient être au courant, et c'était déjà bien trop. De plus, le garçon croyait avoir conscience à quel point son voisin pouvait tenir à lui.

Logan avait eu beaucoup de mal à se tirer du lit, ce matin-là. Pas qu’il avait mal où que ce soit, non. Pour une fois, son corps avait décidé d’être clément et de lui laisser une chance, comme si ses médicaments fonctionnaient finalement alors qu’il savait parfaitement que ce n’était qu’une ou deux journées de répit. C’était habituel. Un cycle qui revenait environ aux deux semaines et qui le faisait franchement douter sur la fonctionnalité des pilules qu’il devait ingurgiter à tous les jours. C’est traînant des pieds qu’il s’était habillé, avant attrapé ses livres pour les fourrer dans son sac et était parti en cours. Sincèrement, cette journée promettait d’être longue et ennuyante. Encore plus parce qu’il n’avait pas pris le temps de manger avant de quitter le dortoir. Oui, ça allait être pénible. Le jeune Anglais entra dans sa salle de classe, faisant exprès d’aller vers le fond, sa place de prédilection. Au moins, comme ça, s’il s’endormait ou s’il passait le cours à surfer sur le web, c’était beaucoup plus subtile. C’est d’ailleurs ce qu’il se mit à faire dès que ses livres furent étalés sur la table dont il prit possession, marquant son territoire. Osez seulement presque place à côté de lui qu’il vous chasserait à coup de regard noir. Il sursauta doucement en sentant une main se poser sur sa cuisse. Il s’apprêtait à monumentalement gifler la personne qui avait osé le toucher, mais se ravisa lorsqu’il reconnu la voix du malfaiteur. « Bago, mon ange, je t’en prie… Avant de me violer, la prochaine fois, avertis-moi… »

Les lèvres du jeune homme se pincèrent doucement alors qu’il tirait une moue, reposant son téléphone sur la table avant de légèrement bouger sa chaise afin que celle-ci soit directement collée contre celle de son cadet. Il porta son attention à ses gestes, penchant doucement sa tête sur le côté. C’était quand, la dernière fois qu’il l’avait vu, en vrai? Probablement avant qu’il ne quitte les Wonsungis.. Ce qui, en vrai, ne remontait pas à longtemps, mais pour Logan, ça lui semblait une éternité. Il esquissa un grand sourire, attrapant le crayon du plus jeune pour griffonner, juste à côté du titre du diaporama, un « avec Logan ♥ ». « Je vais beaucoup mieux depuis que tu es là.. Et toi? Comment vas-tu..? » Ses prunelles se fichèrent à celles de son ami alors qu’il gardait son sourire. Sa main se glissa contre l’une de ses cuisses, comme il l’avait à son arrivée, sauf que Logan la laissa en place, se tournant légèrement pour nicher le bout de son nez au creux du coup de Bago. C’est qu’il n’avait vraiment plus envie de suivre le cours, maintenant qu’il avait de la compagnie. « Tu me manques affreusement, tu sais…? À nous tous… » Généraliser ce manque pour ne pas passer pour un dépendant affectif. Ce n’était pas comme si Bago n’avait pas remarqué que Logan s’ennuyait facilement des gens. Depuis le temps qu’il le connaissait, il avait probablement vu à quel point il pouvait devenir collant. Comme en ce moment même.

Un rictus se forma sur les lèvres du garçon alors qu'il voyait clairement que le Wonsungi rentrait sans peine dans son petit jeu, qui était en fait, leur petit jeu puisqu'ils s'étaient toujours comportés ainsi l'un envers l'autre. Bago ne pût s'empêcher de rire doucement à la remarque de son ami. Le violer ? Non, ce ne serait pas assez fort pour désigner ce qui passa dans l'esprit du petit lorsque Logan posa sa main sur sa jambe. Ce geste lui arracha d'ailleurs un frisson. Le garçon approcha dangereusement son visage de celui de son Hyung dont il effleura les lèvres du bout de son nez avant de chuchoter doucement contre ces dernières.

"Te violer moi ? Non. Non je sais que tu serais de la partie avec plaisir."

Bago recula ensuite sa tête après avoir envoyé à l'anglais un redoutable clin d'œil. Il remarqua ensuite ce que son voisin avait marqué furtivement sur sa feuille puisqu'il n'y avait pas pris garde avant, et ne fit que sourire de plus bel avant de passer son fin doigt sur l'écriture du jeune homme comme pour s'imprégner de chaque chose de sa personne. Il hocha ensuite la tête pour affirmer qu'il allait plutôt bien en ce moment. Cependant, Bago se remit droit sur sa chaise, levant légèrement le menton pour voir ce qui était en train de se passer pendant le cours avant de sursauter doucement en sentant la tête de Logan se glissait lentement sur son cou. Sa main droite se balada un instant sur sa nuque, qu'il caressa du bout des ongles tandis que les phalanges de sa main gauche se posèrent sur celles installées sur sa cuisse. Puis le blondinet baissa les yeux. Le dortoir aussi était un sujet sensible. Il avait eu l'impression de déguerpir comme un voleur en abandonnant les personnes qu'il chérissait et qu'il voulait continuer de chérir. Mais il voulait en quelque sorte les protéger car la pro-anorexie ne lui laissait aucun moment de répit. Bago soupira, caressant maintenant les cheveux de Logan.

"Vous me manquez aussi. Tous. Affreusement. C'est vraiment pas facile de passer d'un dortoir joviale à un appartement avec deux personnes. Mais c'est mieux comme ça."

Ses paroles lui déchiraient le cœur. Il n'aurait voulu ne jamais les prononcer, comme il aurait voulu ne jamais avoir à quitter le dortoir. Le petit se pinça les lèvres et tourna la tête pour embrasser le front de son camarade. Il se força ensuite un petit sourire et glissa les doigts, jadis posées tranquillement sur la main de son aîné, sous son haut pour gentiment gratouiller son ventre histoire d'oublier qu'il se trouvait lâche de les avoir abandonné, Logan plus qu'aucun autre à part Naoji peut-être, alors qu'ils avaient tous les deux toujours été là pour lui. Mais c'était un fait, et la vie devait poursuivre son cours normal.

Logan pouvait comprendre à quel point il était difficile de quitter ceux que l’on considérait comme sa famille. Pour avoir été délaissé par sa propre famille dès sa plus tendre enfance, il pouvait comprendre ce que cela faisait. Il comprenait la douleur que cela causait lorsqu’un membre de leur fratrie quittait le dortoir pour l’avoir vécu une seconde fois il y a un moment. Haejin avait également décidé de quitter le dortoir des Wonsungis. Dans son cas, Logan s’en attendait. Il avait déjà déserté la chambre et s’il venait dormir une fois par mois, c’était miraculeux. Mais dans le cas de Bago, ça avait été comme une claque en plein visage. Inattendu et surprenant. « De toute, je n’ai qu’à crier au viol et interrompre le cours, on viendra rapidement à mon secours ~ » Murmura-t-il au creux de son cou, poussant un léger rire par la suite. C’était vrai. Il était franchement facile d’interrompre un cours, surtout si la raison de cette interruption était un viol. Mais Bago avait un peu raison. Probablement qu’il se laisserait faire tout simplement parce qu’il était son ami et que ça faisait partie de leur petit jeu.

Les yeux de l’Anglais se fermèrent lentement en sentant la main de son cadet glisser contre sa nuque. S’il avait pu, il aurait ronronné, mais rester discret était primordial. « Tu sais, tu peux passer au dortoir quand tu veux. La porte t’es toujours ouverte. Si ce n’est pas assez jovial dans ton appartement, au moins, tu pourras revenir nous voir… On te remontera le moral… » Il disait surtout ceci parce que sans lui, le dortoir avait perdu de sa jovialité. Bago avait souvent été celui qui mettait l’ambiance dans les chambres, que ce soit en faisant des conneries ou en lâchant des blagues à tout va et cet aspect de sa personnalité manquait énormément au Wonsungi. Le ventre de Logan se crispa rapidement en sentant la main de son ami s’y poser, se mordillant lentement la lèvre. Il tendit une main pour attraper son crayon en vue de noter ce que l’instructeur mentionnait, ce dernier tombant toutefois au sol, sous la table, entre les cuisses de son compagnon. « Oh. Merde… » Murmura-t-il, se laissant glisser en bas de sa chaise pour se retrouver sous la dite table, se retrouvant par la même occasion entre les cuisses de l’ancien Wonsungi. Il attrapa le crayon, tendant une main pour la poser contre la cuisse de Bago, lui sommant ainsi de prendre ce qu’il lui tendait. « Le professeur m’a vu disparaître? »

La porte chez les jaunes est toujours ouverte de toute manière. C’était comme ça que l’ancien président Shûji avait retrouvé Bago allongé sur un banc toutes ses valises. Il venait de se faire virer de chez lui quand son père avait appris sa sexualité et surtout son bulletin de notes. C’était un peu comme ça que tout avait commencé, l’aventure chez les singes, la rencontre avec Naoji et Logan surtout. Puis Percy dans le camp adverse. Enfin. Maintenant le garçon vivait seul dans l’ancien appartement du sango. Depuis que ce dernier est parti, le petit se demande bien si venir quelques jours chez les jaunes n’était pas une si mauvaise idée que ça. Lui qui détestait la solitude peut-être que c’était une solution pour ne pas tomber dans une dépression certaine. Bago tourna la tête vers son ami en lui souriant « Je vais réfléchir, peut-être que passer une semaine ou deux dans ta chambre si tu veux bien de moi est possible. » Il n’eut à peine le temps de ricaner que l’anglais glissa entre ses jambes pour récupérer un crayon qu’il avait maladroitement fait tomber. Le petit se mit à rougir et baissa les yeux en agitant la tête « Non … Tu peux rester ici si tu veux … » L’ancien wonsungi attrapa sa lèvre inférieur entre ses dents et leva les yeux vers le professeur qui les dévisageait. Il donna une tape sur l’épaule de Logan et le fit remonter. Une fois qu’ils furent hors de danger, le garçon fronça les sourcils et posa la main sur l’intérieur de ses cuisses « Grrrr, à quoi tu joues mpf. »

Le cours se poursuivait donc, et il fallait que Bago commençait à piquer du nez. Il se réveilla et regarda Logan avec envie. Il se redressa et glissa deux de ses doigts les baladant doucement sur sa jambe, les yeux rivés sur le bas de son ventre où il posa timidement la paume de sa main « Détend toi. » Oui il fallait qu’il se détende sinon il ne pourra pas profiter. Mais de quoi ? Le petit ne savait pas lui-même. A vrai dire, il hésitait beaucoup, jusqu’où pourra continuer leur petit jeu ? L’enfant s’allongea à moitié sur son siège et enleva sa chaussure, plaçant son pied à l’intérieur des cuisses de son ami, massant doucement avec la plante de ses pieds. Innocemment, Bago continuait de noter son cours comme si de rien n’était, n’adressant qu’un regard malicieux de temps en temps au jeune homme près de lui.