Si dans un premier temps le but de cet appel fut de t’accompagner sur le chemin, à l’heure actuelle, je ne comprenais la raison qui nous poussait à poursuivre cette conversation. Tu ne semblais vouloir raccrocher, je ne le voulais ; tous deux focalisés sur l’écran affichant le visage de l’autre, nous semblions parti pour discuter encore un long moment. Combien de temps cela faisait-il déjà ? Je ne savais… La notion du temps j’avais totalement perdue il y a bien longtemps, la seule chose que je savais c’était que plus d’une heure était certainement passée… Conception bien loin de la réalité certainement mais je m’en fichais. J’aimais discuter avec toi, te voir rire, t’exprimer, me confier des histoires que jamais je n’aurais cru entendre, te voir faire des choses que jamais je n’aurais pensé voir.  Cette nuit, tout aussi éloignés que nous étions, nous aussi innocentes qu’elle put être, était unique en son genre ; particulière à mes yeux. Face à ce sujet amené soudainement, un sujet qui ne provoquait que peine et, peut-être même, nostalgie, comment pouvais-je rester muet ? Comment pouvais-je ne pas essayer de te changer les idées ? Tant les tiennes que les miennes, car indéniablement, je n’aimais t’entendre parler de ton ex-fiancé. Devrais-je dire que cela m’énervait ? Peut-être un peu…

Ma proposition de jouer tu acceptas alors, très rapidement et de façon plus enthousiaste que je ne l’aurais cru. Plutôt qu’un sujet de conversation, je réfléchissais alors à un jeu à faire. Quelque chose de possible malgré la distance, d’assez simple, de drôle… Tout en étant désireux de te connaître un peu plus. « D’accord. » lançais-je lorsque tu me signalais ton départ et je me concentrais alors sur mes recherches pendant ce temps. Un jeu de carte ? J’avais la possibilité d’aller les chercher… mais cela serait-il intéressant ? Boire pour boire… Pas le meilleur moyen de se changer les idées. A ton retour, je sortais de mes pensées pour me concentrer sur toi. « ooooh ! » Fut bien là ma première réaction face à ce pack que tu brandissais avec toi. « Bois pas tout, tu vas vraiment mal finir demain sinon. » Sur le lit je me redressais, portable à la main pour m’installer, non pas sur le ventre, mais en tailleur. Sur la tête de lit je calais le portable afin d’avoir les mains libre et ma bouteille je te montrais également, pratiquement pleine. « J’ai pensé à « Je n’ai jamais », ou le basique action ou vérité, mais je ne pense pas être assez ivre pour y jouer… Hm… Si j’étais avec toi on aurait pu faire un caps amélioré… » Pour les kilomètres nous séparaient donc ce soir ? « J’ai plus le nom du jeu mais il y en a un qui se fait avec des cartes, on peut le modifié aussi pour ne pas juste boire bêtement. Pareil avec un dé… Sinon on peut chanter et celui qui a faux boit… » Je passais ma main dans mes cheveux, me creusant les méninges à la recherche de quelque chose qui pourrait t’intéresser. J’étais plus de type binge drinking en matière de jeu d’alcool, alors trouver quelque chose de soft…

Boire et m’enivrer ne correspondaient vraiment pas à mes activités préférées mais ce soir, je m’y adonnerais bien volontiers. Parce que dans ma chambre, c’était danger. Que quand bien même je tenais l’alcool bien plus mal que toi, tu avais une certaine longueur d’avance. De cet appel, que te souviendrais-tu de toute façon ? Des fragments obscurs, imprécis. De tout ce que nous avions dit, que resterait-il dans ta mémoire au réveil ? Je pariais sur peu. Alors pourquoi pas tenter d’effacer la mienne aussi ? J’ignorais si cela marchait ainsi. N’oublierais-je que mes propos sous l’emprise d’un excès d’alcool ou une part de ceux prononcés précédemment aussi ? Seul l’avenir nous le dira. Et quand bien même je ne me munissais que de bière, je ne sous-estimais ma vulnérabilité à l’alcool, même sans toutes les ingérer. « Je ne pourrais jamais boire tout ça, mais au moins, je n’aurais pas à retourner en chercher, » te rassurais-je avec assurance. Si t’en était que tu t’inquiétais véritablement ? Ou était-ce parce que j’étais une fille que tu me supposais incapable de toutes les boire et en supporter les conséquences demain ? Néanmoins, pour le coup, je ne m’emportais pas à vouloir te prouver le contraire car j’étais encore parfaite que consciente que sur ce point, tu avais raison. Plus que ma tête, ce serait mon estomac et mon foi qui accuseraient le contre-coup d’une telle quantité de bière. Non pas seulement pour l’alcool mais rien que pour les apports nutritifs dans des proportions que mon organisme n’avait l’habitude d’assimiler.


Tu suggérais, tu suggérais, mais tu ne choisissais tandis que de mon côté déjà, je m’impatientais. « Yah décide toi ! » te brusquai-je dans un éclat de voix. Si j’avais eu les mains libres j’aurais croisé les bras devant moi pour appuyer mon mécontentent capricieux. « C’est toi qui a proposé un jeu, et je n’en connais aucun avec de l’alcool. » Autrement dit, je ne t’aiderais guère à trancher, ou si je finissais par m’y résoudre faute de patience, je le ferais de manière totalement hasardeuse.

A tes mots se voulant rassurant, je ne pouvais qu’esquisser un sourire. De tes limites tu avais conscience, voilà bien un tracas que j’avais en moins en tête ; bien qu’il resterait toujours présent dans un coin de mon esprit de surveiller que tu ne boives de trop. Mon but n’était de te rendre malade, mais bien de te divertir, t’amuser, de rendre ta soirée aussi agréable qu’elle l’était pour moi en ta compagnie. Car malgré certains sujets fâcheux que nous avions eus, j’étais heureux avec toi cette nuit. Bêtement heureux sans doute puisque de peu je savais me contenter pour me satisfaire. De ton côté, cela semblait être une épreuve dès lors qu’il s’agissait de choisir un jeu pour nous occuper. Si dans des propositions je m’aventurais, c’était bien là pour que tu m’indiques tes préférences. Ne pouvais-tu imaginer que ma jeunesse et mes jeux d’alcool s’étaient, pour la plupart, résumer à un dé lancé sur une table pour décider du nombre de shooter à boire suivi d’un shifumi pour désigner le perdant ? Mon groupe d’amis n’était adepte des jeux longs et lents dans ce genre de situation et c’était ainsi que j’étais devenu également à les fréquenter. Pauvre petit lycéen innocent qui n’avait jamais bu d’alcool auparavant… Mes premières soirées furent les pires, mais aussi les meilleures. Notre complicité n’était sans raison, celle-ci devait en être une évidente.

« D’accord, d’accord. Alors… Partons sur le « je n’ai jamais. ». » Je n’avais à t’abandonner quelques instants pour aller chercher dés ou cartes, nous n’allions boire bêtement ; n’était-ce le mieux ? Bien que, naturellement, certains sujets comme tes ex j’éviterais avec attention. Tant pour toi que pour moi, égoïstement. « Tu connais ? » demandais-je avant de me saisir de ma bouteille pour l’ouvrir devant la caméra et débuter les explications. « Chacun notre tour on va dire une phrase commençant par « je n’ai jamais » ; par exemple… « Je n’ai jamais imité le chat pour attirer l’attention d’un garçon. ». Si tu l’as déjà fait, tu dois boire une gorgée, si tu l’as jamais fait, tu ne bois pas. Ça te va ? » Je te savais intelligente, bien assez pour comprendre des règles aussi simples et stupides que celles-ci mais ayant bu et le connaissant parfaitement, je ne savais si le rendu était aussi limpide qu’il l’était dans mon esprit.

Le choix te revenait, mais si tu tardais trop sans doute trancherais-je pour ta première suggestion. Ce que tu fis finalement par toi-même. Satisfaite, je te le témoignais d’un léger hochement de tête, te prêtant une oreille attentive. Jusqu’à ce que tes dires me braquent ! « Yah ! Ne le présente pas comme ça ! » m’exclamais-je soudainement en réaction à faire le chat pour attirer l’attention d’un garçon. De mon courroux, mes joues rosirent dans la transition vers la confusion. « On dirait que je l’ai fait pour… Enfin, pas besoin de te faire un dessin ! » Une confusion de courte durée puisqu’aussitôt, je concluais ma réplique sur dans une plainte vive et défensive. Tes mots étaient exacts et pourtant hors contexte, leur interprétation s’altérait légèrement. Je m’étais visualisée telle une lycéenne dans la cour de l’école qui fait la mignonne avec son groupe d’amies dès lors qu’elle se savait dans le champ de vision du garçon qui lui plaisait pour capter son attention. Certes j’avais tenté de rappeler la tienne, mais ce ne fut que parce que je te sentais l’esprit vagabond et le coeur lourd.

Inutile cependant de s’appesantir sur le sujet.  Je n’avais pas envie de t’ouvrir une porte où tu t’engouffrerais allègrement afin de m’embêter comme tu te plaisais tant. « Mais oui, ça me va ! » acquiesçais-je. Ce jeu n’avait rien de bien compliqué, en tout cas dans les règles à appliquer et il pouvait être amusant, autant à se piéger qu’à apprendre des faits parfois peut-être surprenant. « L’exemple compte ? » Dans le doute, je pus une gorgée de ma bière dont le gout était tout de même bien plus doux que la vodka précédente. « À moi ! » m’enthousiasmais-je si tôt après. « Je n’ai jamais… »  Le menton redressé, les yeux levés en direction du plafond, je cherchais une idée. Puis, progressivement, sur mes lèvres un sourire se dessina. Je reportais mon attention sur toi à travers l’écran. « Je n’ai jamais joué à Overwatch ! » Elle était facile, mais n’était-ce pas le but du jeu de piéger l’autre ? Connaitre un peu son vis à vis s’avérait être un avantage, réciproque.

Je n’avais véritablement réfléchi pour t’offrir cet exemple, c’était avec le plus grand naturel qu’il m’était venu. Tu m’avais tant surpris à te comporter ainsi, tu avais été tellement adorable ; comment pouvais-je l’oublier ? C’était impossible… Mais l’évocation de ce souvenir qui me rendait si heureux semblait te rendre si timide, si adorable. C’était un crime d’être aussi mignonne en rougissant, j’avais envie d’attraper tes joues pour les pincer, les embrasser, les mordre. A croquer ! C’était le terme sans doute le plus approprié pour te qualifier. Véritablement à croquer… Mais à défaut de pouvoir le faire sur toi, c’était ma lèvre inférieure qui subissait délicatement l’assaut de mes dents ; masquant un sourire tandis que mes yeux scintillaient d’intérêt. Tu n’étais seulement adorable, tu te trouvais également être un drogue douce à laquelle j’étais devenu accroc et, comme toute drogue que l’on consommait consciemment ou non, c’était bien trop que je prenais conscience de ma dépendance…

« Non il… compte pas. » Je n’avais le temps de finir ma phrase que, déjà, le verre se trouvait contre tes lèvres. Un soupir passait les miennes alors que mon tour venait visiblement d’être compté comme passé, alors j’attendais ta phrase… avant de réaliser que tu venais de boire. Avais-tu véritablement quémandé après mon attention de la sorte ? Devrais-je faire mine de t’ignorer par moment pour y ravoir le droit ? Je ne parvenais à me passer de cette vision, alors rajouter tes petites oreilles de chats, des moustaches mignonnes et une petite queue avec un ruban… Mon esprit s’égarait et ce fut ta voix qui me sauvait des méandres de mon imaginaire. D’abord pensive, rapidement, tu venais avec une déclaration qui me laissait muet quelques secondes. Comment pouvais-tu attaquer avec les jeux vidéo ? Je n’étais sûr d’avoir assez de ma bouteille pour tous les jeux auxquels j’avais pu jouer dans mon existence… Comptais-tu véritablement partir sur ça ?! « Un jour je te ferais jouer à Overwatch. » déclarais-je en portant la bouteille à mes lèvres pour en boire une gorgée… piquante. Il fallait dire que ça s’était réchauffé à le tenir entre mes mains, quel idiot. « Hm… je n’ai jamais voulu faire médecine. » Tu étais en médecine, n’était-ce par choix et envie ? J’étais sûr de moi avant la redescente… Mon assurance je perdais et mes yeux s’égaraient. « Attends. Non. Merde… » Contre ma cuisse je posais mon coude, ma main cachant mon visage. Enfant… j’eus envie de faire médecin un temps… Alors la bouteille je levais à nouveau, l’air dépité de m’être piéger tout seul à ce jeu…

Il ne comptait pas ? Trop tard, la gorgée glissait déjà le long de ma trachée. Mais le goût de la bière n’était pas le plus désagréable d’autant plus que celle-ci s’avérait fraîche. Après l’avoir avalé, il me fallait bien une petite vengeance assurée. Pour entamer la partie, je ne pouvais frappé au hasard et ce fut bien rapidement que l’idée me vint. Les jeux vidéos étaient bien le terrain le plus sûr pour l’emporter. Et si tous les jeux qui rythmaient tes soirées n’étaient restés inscrits dans ma mémoire, pour sûr, il y en avait un que je connaissais : Overwatch. Parce que le hasard avait voulu que, pour te plaire malgré moi, je choisisse justement un costume du Witch Mercy pour Halloween dernier. Bien qu’en effet, je n’y avais jamais joué pour ma part. Un fait que tu semblais vouloir corriger. Un sourire se dessinait sur mes lèvres. « Tu n’as pas peur que je te mette une dérouillée ? » te taquinais-je. Je savais que je perdrais, néanmoins, l’idée d’essayer un jour ne me déplaisait.

À cette victoire facile, tu renvoyas la balle avec une autre. Tu m’avais eu, je le reconnaissais. Tu n’avais pas eu à chercher bien loin non plus. Ainsi, le goulot de la bouteille de bière j’approchais de mes lèvres lorsque tu me dis t’attendre. M’interrompant dans mon geste, je dirigeais l’écran un regard légèrement étonné. Puis, je compris que tu avais commis une erreur. « Yah, tu le fais exprès ou tu es un idiot ? » Voulais-tu boire ou fut-ce vraiment involontaire de ta part ? Après ces paroles quelque peu vindicative, je bus la gorgée qui m’incombait. Une fois fait, j’ajoutais avec plus de douceur : « Mon idiot ? » Un regard malicieux je t’adressais en référence à nos sms passés. Indéniablement, moi aussi, j’aimais t’embêter. « Bon alors, je n’ai jamais… sécher un cours de sport ? » Pour le coup, je n’étais pas certaine à cent pour cent de faire mouche, néanmoins, j’estimais la probabilité suffisante pour tenter l’essai. Et puis, j’éprouvais une once de curiosité quant à savoir si tu étais si réfractaire aux activités physiques et sportives.

Des jeux représentatifs de la Corée, il y avait par excellence Starcraft ou encore League Of Legend, mais Overwatch n’était à négliger pour autant. Bien qu’encore récent puisque datant de mai 2016, l’attraction des jeunes et la culture des jeux vidéo l’avait rapidement propulsé sur le devant de la scène, y compris à l’international. Si bien que, même toi qui ne connaissait Overwatch, ce fut en Mercy que tu t’étais déguisée il y a quelques mois, me troublant alors dès qu’un joueur la choisissait et pire encore s’il avait le skin de Witch sur lui… « Tu pourrais y arriver. » Entre nous, n’avais-tu pas parfois gagné lors de notre sortie en décembre ? Pendant cette sortie surprise que tu avais organisé à l’occasion de mon anniversaire… Alors, à mes yeux, tu avais toutes tes chances de gagner en 1 vs 1.

Face à ma bêtise, je ne pus que me résigner alors que, de ton côté, tu interrogeais mon quotient Intellectuel. Pire tu le remettais en doute ! Comment répondre autrement que par un léger rire à cette question. Je n’avais prévu cette chute à la mienne, je ne voulais boire en sachant que, probablement, tu allais réussir à le faire très souvent… Alors j’étais certainement idiot. Ton idiot, comme tu le disais. Mon index je pointais vers toi, le pouce relevé à l’instar d’un pistolet tandis qu’un air complice s’affichait sur mon visage. « Ton babooong ! » Je l’acceptais sans peine, en toute insouciance. N’était-ce ainsi que tu m’appelais depuis longtemps déjà ? L’admettre était si facile. A peu près tout autant que d’admettre que jamais je n’avais sécher un cours de sport. Me prenais-tu pour ce genre d’étudiant ou de lycéen ? Je pourrais presque m’en indigné ! … C’était d’ailleurs mon expression à l’instant : de l’indignation. « Mon père m’aurait terrassé en rentrant s’il apprenait que j’avais séché… » Il n’était souvent là, mais lorsqu’il l’était, cela se ressentait ; tant en bien qu’en mal pour ma part. « Je n’ai jamais... acheté un collier à quelqu’un. » En y repensant ce fait était étonnant d’ailleurs, comment j’avais fini par ne jamais offrir de collier à personne dans ma vie ? Jungah ne comptait bien entendu car non humaine.

Un battement de coeur, d’un semblant de coup de revolver, tu me troublais. Brièvement. Furtivement néanmoins à tes charmes indéniables je n’étais insensible quand bien même, je ne le montrais. J’essayais. Avec plus ou moins de professionnalisme pour une égérie accoutumée à feindre les expressions et émotions. La suivante qui prit d’ailleurs possession de mes traits fut vaguement la déception. D’une part, tu ne buvais pas. D’autre part, la raison ne me satisfaisait. « Alors tu ne l’as pas fait juste parce que tu n’avais pas le choix. » Mais des cours tu te serais probablement bien passée. Je pourrais raillais peut-être de ta soumission à ton père, moi qui avait été bien moins sage que tu ne le pensais probablement. Cependant, je comprenais parfaitement le profond respect qui pouvait animer un enfant envers son père. Chaque fois que je désobéissais, ce n’était à lui. Même lors de mon exil, à son jugement je ne m’étais farouchement opposé. Pas jusqu’aux actes.

Si la première fois tu avais failli, à la seconde, tu ne te trompais. Je ne relevais le fait que tu n’aies jamais offert de collier et me concentrais surtout sur ma personne. Ma défaite. Les sourcils légèrement froncés, j’acceptais mon gage et levais la bouteille dans ta direction. « Je bois. » Le verre rencontrait ensuite mes lèvres. J’avais obtempéré sans y réfléchir plus précisément mais un tel présent me paraissait évident. Que ce fut pour ma mère ou pour mes soeurs. Mais aussi, je me rappelais alors t’en avoir acheté un. Ce que je m’empressais de t’annoncer. « J’ai reçu les vôtres d’ailleurs ! » Le tien avec ceux de Jethro et Mìngyùn comme je te l’avais annoncé dans l’un de nos nombreux sms échangés au cours des deux dernières semaines. « Je n’ai jamais… Jamais eu de véritables amis au lycée ! » Puisque nous avions évoqué cette période avec les cours et que je savais que tes amis de tout à l’heure était de longue date alors par association d’idées, j’avais abouti à celle-ci. Et ce fut détachée, comme si de rien n’était que je formulais ces mots. L’indifférence envers tous ces hypocrites qui ne méritaient pas mieux.

Ma phrase je n’avais eu à longuement réfléchir pour la formuler, c’était avec quasi-certitude que les mots avaient passés la barrière de mes lèvres. Une femme n’avait-elle plus d’occasion qu’un homme d’acheter ce type de présent ? Pour ses amies, sa mère ou même ses sœurs, à ton instar qui en avait deux ; les goûts et les tendances tu devais connaitre bien mieux que moi. Alors que tu bois ne m’étonnais, ce qui le fut par contre c’était ta déclaration suivante. « Vraiment ? » Je n’avais douté entièrement que tu tiendrais parole, seulement… Sans savoir pourquoi, je me trouvais là, étonné de te savoir sincère quant à ce présent un peu étrange. Dans mes mains je tapais doucement, sourire aux lèvres et bouillant d’impatience. « J’ai hâte de le voir ! » Mon enthousiasme n’était feint, mes demandes les avais-tu respectées ? Ou étais-tu parti sur tes préférences à la place car mon goût en la matière semblait douteux ou disharmonieux ?

« Je n’ai jamais jamais eu de véritables amis au lycée ? » répétais-je en réfléchissant, avais-je traversé ce type de période ? J’étais arrivé en milieu d’année, alors certainement, qu’au début de ma scolarité dans le secondaire, je devais avoir traversé une telle période… Je ne me souvenais avoir eu de véritables amis avant d’arriver dans mon dernier lycée de toute façon. « Je bois ! » déclarais-je en levant ma bouteille l’instant suivant pour la guider vers mes lèvres. Que tu aies véritablement voulu dire cette phrase ou que le mot « jamais » tu aies répété en double, dans les deux cas, j’aurais dû boire de toute façon…

Alors que je pensais te voir boire sitôt mes mots lancés, ce fut ta voix qui me fit écho. Une répétition me faisant prendre conscience de la mienne, involontaire. Du moins qui n’avait particulièrement sa place dans le sens de ma phrase. J’essayais alors de la comprendre comme tu avais pu le faire mais mes pensées s’interrompirent lorsque je te vis ingérer une gorgée. « Yah, attends… » soufflais-je. Je fronçais les sourcils, perplexe et concentrée. « Je ne voulais pas répéter le jamais… » t’expliquais-je tout d’abord l’erreur que tu semblais avoir commise. Cependant, je n’en demeurais pas moins braquée sur l’incompréhension de mon côté. À tel point que je ressentis le besoin d’énoncer ma réflexion afin de te la partager : « Enfin, je ne te comprends pas. Tu as mal compris ma phrase, okay, mais alors, tu ne devrais pas boire. Je veux dire, tu as eu des amis au lycée, ceux avec qui tu es ce soir. Tu aurais dû boire oui, mais pas en comprenant ma phrase de travers ?! » De ma main libre, j’avais glissé mes doigts dans mes cheveux sur le dessus de ma tête, ceux-ci se crispant sous l’effet de méli-mélo que mon cerveau fatigué, un soupçon embrouillé ne parvenait à démêler. « Aish ! Tu vas me filer la migraine avant d’avoir fini ma première bière à ce rythme ! » Quelle heure était-il d’ailleurs ? Depuis combien de temps parlions-nous ?