A ta proposition je réfléchissais sérieusement. Feunard ? N’était-ce un animal, certes majestueux, mais à la fourrure dorée ? Alors mes narines se retroussaient et ma tête je secouais. « Je préfères que tu sois Poissirène. J’aime pas les fourrures trop claires et tu serais belle en sirène en plus ! » Dans mon rêve en tout cas, tu l’avais été, il y a plusieurs mois de cela… Mais hors de question de m’en souvenir ou même de l’évoquer ! Mon jardin secret resterait secret ! Néanmoins, celui de Swag un peu moins et, c’était bien pour cette raison que la photo de ce petit animal je désirais avoir plus que tout. « Heraaa ma princeeesse » lâchais-je d’une voix exagérément mignonne, un brin nasale également. Savais-tu combien j’avais d’années d’aegyo derrière moi ? En plus d’avoir les yeux brillants par l’alcool sans le savoir et les joues rougies. « Qu’est-ce que je dois faire pour l’avoiiir ? Ma bijouuu » Si pour certain je n’étais prêt à offrir ce genre de spectacle, devant toi, je pouvais me tourner en ridicule n’est-ce pas ? Je ne craignais plus grand-chose de toute façon au point où nous en étions…

Une sirène, je déglutis à cette pensée. Ce souvenir factice forgé à travers un rêve. Si tu savais. L’espace de quelques instants, mon regard déviait. Je préférais éviter de croiser le tien le temps d’évincer ce léger embarras et prétendis observer les alentours. Je sursautais ensuite discrètement à t’entendre… geindre ? Minauder ? Je ne savais exactement qualifier ton attitude me rappelant un enfant capricieux, mais mignon. Ce que tu devais faire ? Je commençais à y réfléchir, brièvement, puisque tu fus finalement celui qui me donna l’idée. « Sois mon professeur d’aegyo, » annonçais-je d’une voix joyeuse mais néanmoins sérieuse. « Tu as l’air expert en la matière, et… »  Je montais la main libre pour en placer la paume sous mon menton, doigts tendues et bordant le contour de mon visage.   « J’en aurais bien besoin pour devenir une égérie chérie de tous, non ? » De mes doigts dirigés vers l’écran à présent, je t’adressais un petit mignon accompagné d’un sourire assorti. Chez moi, je n’avais jamais eu pour habitude d’en user, alors encore moins d’en abuser comme il pouvait être coutume en Corée. Néanmoins, n’était-ce pas un indispensable de la société désormais ? Et je n’ignorais le pouvoir que cela avait sur nombres d’hommes. En faisais-tu partie ? Pourrais-je en jouer pour t’embêter et te torturer ? « Et pour séduire les garçons aussi ! » ajoutais-je en feignant la pure innocence.

Alors que je faisais en sorte de t’attendrir, le sérieux de tes propos me désarçonnât. Professeur d’aegyo ? Je battais des paupières, gardais les lèvres closes alors que tu continuais à m’expliquer le pourquoi de ce choix.. Jusqu’à cette dernière raison qui me faisait claquer la langue contre le palet. Draguer des garçons… Allais-tu devenir ce genre de femmes maintenant que tu étais libre ? Ma bonne humeur disparaissait en un instant et me voilà qui retroussait le nez en signe mécontentement. Pourquoi cela m’ennuyait ? Pourquoi je ne voulais te voir minauder autour d’autres hommes ? Comme cet éventuel sunbae avec tu étais sortie ce soir… « T’es déjà mignonne, pourquoi tu veux apprendre à faire des aegyo ? » Tu l’étais déjà à mes yeux… Si je le pensais, m’entendre, encore une fois, le dire m’agaçait. L’alcool…. « Pour séduire les hommes en plus… » Mais si je t’apprenais, n’allais-je avoir l’exclusivité de te voir les faire en premier ? Changement de situation, changement d’état d’esprit, je semblais brusquement bien intéressé. « Mais je t’apprendrais. Ça t’aidera dans ton métier… » Oui, c’était bien la seule raison pour laquelle je voulais bien le faire. Bien entendu…

Il semblerait, que je te testais. Rien qu’un peu. Entre l’idée de te torturer au gré d’aegyo et peut-être susciter ta jalousie. Vérifier son existence. « Je ne suis pas mi… » commençais-je à rétorquer en tempête avant de m’arrêter pour baisser les yeux. Sur mes traits, j’installais une mine boudeuse. « Je ne suis pas assez mignonne selon les critères de la société sud-coréenne… » prononçais-je d’une voix morne, presque triste. Comme si cela m’affectait vraiment. Mais ce soir, j’avais pour priorité de jouer. Jouer avec toi et peut-être abuser encore un peu de ton état de faiblesse dû à l’ivresse. Et mes lèvres discrètement je pinçais, avec une infime délectation alors que tu relevais mes derniers mots. N’apprécierais-tu de me savoir draguer ? Pourtant, désormais, j’étais célibataire, ne serait-ce pas naturel ? N’était-ce pas dans les critères de la société ? Bien évidemment, je n’en avais nulle intention, mais je me plaisais à te le faire croire. « Merciiiiiii Oppa ! » exagérais-je ma joie quand finalement, tu acceptas. Je te démontrais par la même occasion mes bases d’aegyo entre mes mimiques et les mouvements de ma main libre. « Comment commencera-t-on, Oppa ? Devrais-je suivre les leçons dans ta chambre ? » Une nouvelle question prétendument en toute innocence alors qu’en vérité, j’aimais tellement déréglé ton cerveau.

Mes yeux se levaient au ciel en entendant ta défense quand à ton potentiel « mignon » dans une société hyper stéréotypée. Mais bien entendu, je n’étais la raison de ta demande, savoir que je te trouvais mignonne ne devait être suffisant. Pas pour toi qui semblait déjà vouloir trouver le prochain partenaire de ta vie… Ou juste flirter ? Je ne savais ce que tu cherchais exactement, je m’en fichais. Je n’avais à m’en préoccuper, ta vie ne me regardait bien même si elle m’intéressait. Les yeux rivés sur l’écran, je te regardais t’enthousiasmer et m’offrir une démonstration de tes talents en avant-première. Tellement mignonne… Mes yeux te couvaient tendrement avant que tu n’émettes une idée bien moins innocente. « Hein ? Ma chambre ? » Pourquoi ma chambre ? « Pourquoi tu veux venir dans ma chambre ? » Je battais des yeux un instant, visiblement troublé par ton souhait. « Tu comptes faire mine d’être fatiguée après les cours et t’endormir dans mon lit pour qu’on dorme ensemble ? Je connais déjà cette technique, trouves en une autre... Mais ça doit être adorable à voir quand même. Tu peux la faire. Je ferais comme si je me doutais de rien. »

N’étais-je pas mignonne à jouer les parfaites petites coréennes ? Étonnement, pour fois, cela ne m’horripilait pas. Pas avec toi. C’était un jeu. Un jeu de plus. Un piège tendu pour fertilisé ton imagination déplacé et tu y tombais. Ta réaction fut amusante, jusqu’à ce que tu n’en dises trop. Que tu me compares et me rappelles qu’avec des femmes, différentes, tu avais déjà tout fait. Tout vu. « Qu’est-ce que tu vas t’imaginer là ? Je suis déjà venue plein de fois dans ta chambre, et… » Et certes, une fois il m’était arrivé de m’endormir dans ton lit mais les circonstances étaient exceptionnelles ! D’une part, j’étais ivre. D’autre part, nous avions un chaton à sauver dont nous étions tous les deux aussi inquiets. La fatigue avait fini par l’emporter et je m’étais endormie dans ton lit. Je n’avais rien prémédité, moi ! « Navrée de briser tes illusions, mais je ne suis pas comme tes partenaires de bon temps, » prononçais-je avec une amertume non voilée. En plus de ne guère tolérer pareille légèreté dans les relations entre individu, je ne supportais que tu me compares à l’une d’entre elle. « Je te taquinais juste, idiot, » ajoutais-je d’une voix plus sincèrement boudeuse cette fois. « C’est une fierté chez toi de rappeler chaque fois que nombre de filles sont passées dans ton lit ? » ne puis-je m’empêcher de formuler cette question, un peu sèche.

Mon intention n’avait été de te rappeler combien de femmes j’avais pu mettre dans mon lit, de toute façon, elles n’en faisaient parties ! Un soupir passait mes lèvres alors que je t’écoutais dans tes propos, me traitant d’idiot, me demandait si je tirais une quelconque fierté à cela. Pourtant… « Je parlais pas d’elles. Pourquoi elles s’endormiraient dans mon lit quand on doit s’amuser ? Ça n’a pas de sens… » Voyais-tu où était le problème de ta réflexion ? Si elles s’endormaient, il n’y avait aucun moyen pour que nous passions du bon temps ensemble excepté si nous avions une relation platonique qui signifiait qu’on n’avait fait que parler. Et de toute évidence, tu ne parlais pas de celles-ci. «  Je parlais des autres… » De mon ex… Mais est-ce que je voulais lancer le sujet ? Certainement pas. Alors je me noyais tout seul pour finalement abandonner le combat du silence. « Comme d’éventuelles copines que j’ai pu avoir à l’époque… » A une époque aussi lointaine que la préhistoire et dont personne ne se préoccupait, n’est-ce pas ? Alors tu n’allais pas lancer le sujet et juste passer outre, pas vrai ?

Pourquoi ? Pourquoi en revenait-on encore à ce sujet là ? En plus de l’image de ta personne roulant dans tes draps avec des filles, je me sentais si mal à l’idée de la sexualité. Au rappel de cette barrière qui nous rendait si différents. Incompatibles. « Aiiish ! »   Je sifflais entre mes dents en secouant légèrement la tête, l’épiderme frémissant dans un sentiment de mal être et de rejet. « Je ne veux pas savoir ! Franchement, je n’ai pas envie de savoir ce que tu peux faire dans ton lit ! » m’agaçais-je pour te faire comprendre de taire. C’était plus que de la jalousie. Ou bien c’était totalement autre chose, le seul fait de raviver ce qui me complexait le plus. Ce qui m’avait amené à me détester quand je me regardais dans le miroir. « Et comment peux-tu avoir eu d’éventuelles copines ? » te soumis-je à l’interrogatoire suite à cette formulation qui n’avais de sens à mes yeux. « On sort avec quelqu’un ou on… S’amuse, comme tu dis ? Bref, on ne sort pas avec. On n’est pas éventuellement avec quelqu’un. » Quel genre d’entre deux concevais-tu dans ton esprit pour laisser dormir une fille dans ton lit sans lui réclamer de vous « amusez ». Faisais-tu référence à celles qui te voulaient sans que tu le rendes la réciproque ? M’envisageais-tu donc dans cette catégorie ? J’aurais aimé être en colère, mais à ce sujet, ma fierté n’avait déjà été que trop entamée. Elle abandonnait toute bataille. Résignée comme mes yeux le reflétaient. Je ne suis pas désirable.

« Je parlais pas de ça… » Soufflais-je pour moi-même en voyant que tu me demandais de me taire une nouvelle fois pour un sujet que je n’avais amené. Tu étais celle qui l’avait abordé en premier, suite à une mauvaise compréhension de mes mots. Et, encore une fois, tu ne comprenais le sens de mes propos. Étais-je celui qui s’exprimait mal ? Ou ne parvenais-tu à comprendre le sens de ce que je te disais ? Un soupir passait mes lèvres, mon visage tombait dans les draps avant de le relever pour te faire « face » une fois de plus. « Yah… J’ai dit d’éventuelles copines car je veux pas aborder le sujet ! Mais je voulais que tu comprennes que je parlais pas … de « ces »  gens-là ! » Pourquoi je devais me justifier face à toi ? Tu faisais ce que tu voulais, je faisais ce que je voulais. N’était-ce aussi simple que cela ? Qu’importait notre passé, pourtant, le mien t’énervais plus que raison. « Pourquoi tu t’énerves… J’aime pas ça… » Ma moue boudeuse se cachait dans les draps bien que mon regard t’étais encore visible, inquiet et triste à la fois. Mon index venait taper doucement la caméra comme pour se poser sur ta joue et ne plus te voir ainsi. « T’énerves paaas… » Soufflais-je comme un chiot en demande d’attention, un petit chaton qui s’excusait pour avoir griffé son maître.

Etais-je énervée ? Oui et non, je ne brûlais pas de colère, mais j’étais néanmoins mécontente. Tout ceci me dérangeait. Me déplaisait en plus de me mettre à l’aise. S’y rajoutait mon incompréhension de surcroit. « Yah… C’est quoi ça ? » soufflais-je, incrédule. En rien agressive, ni froide, ni sèche, sincèrement déconcertée tandis que j’ignorais tes suppliques quémandant de ne pas m’énerver. « Alors, il y a fierté à tirer d’avoir couché à tout va sans lendemain, mais honte des relations sérieuses ? » Mon ton interrogateur témoignait à la fois de mon incompréhension et ma désapprobation. « Tu fais partie de ce qui pensent ainsi ? Toi aussi, tu juges les couples qui ont échoué ? » Une blessure encore trop fraiche qui me fit irrémédiablement penser à mon cas personnel. « Pourquoi faut-il avoir honte, être coupable d’avoir espéré et de s’être trompé ? » Mon coeur me faisait mal et certainement, ma voix le trahissait. Je luttais comme je pouvais pour rester forte à ce sujet. C’était déjà bien assez difficile pour que les regards et jugements extérieurs n’en rajoutent. « Lorsqu’on tombe, il faut toujours se relever. C’est idiot de se lamenter et renoncer. » Renoncer à l’amour, aussi douloureux puisse-t-il avoir un jour été. « Je ne considère une rupture comme un échec. Chaque relation nous apporte des leçons à tirer. Bien plus lorsqu’elles sont un minimum sérieuse que le temps d’une soirée. » Et encore, sans doute il y avait-il à apprendre. Des erreurs à ne pas réitérer, de l’expérience à… prendre ? Mon regard s’égarait vaguement. À présent devrais-je m’y essayer moi aussi ?