Mon index se retirait, espérant que tu trouverais de la tendresse dans ce geste si enfantin. Malheureusement, ce ne fut le cas et tu réattaquais directement sur ce sujet épineux à mon sens des relations à long termes. Alors j’écoutais tes hypothèses me concernant, tes aprioris d’après ce que j’avais dit, ce que tu avais compris. Je ne savais comment on était arrivé à cette conversation, mais je ne l’appréciais. Peut-être que je devrais aller chercher un verre pour mieux la digérer puisque tu semblais prendre un certain plaisir à en discuter ? « Je juge pas les couples qui ont échoués. C’est triste, quand deux personnes qui s’aiment se séparent, quand deux personnes qui avaient confiance l’une en l’autre se trahissent ou se font du mal au point de devoir s’éloigner pour vivre plus heureux. A l’inverse, les couples qui réussissent sont quelque chose qu’il faut protéger, qu’il faut pousser l’un vers l’autre pour qu’ils soient encore plus heureux si cette relation leur convient… Si deux personnes trouvent du plaisir et sont heureuses ensemble, alors je pense qu’elles devraient rester ensemble… Qu’est-ce que je disais…»  Mes sourcils se fronçaient sur le moment, mes yeux s’aventuraient dans la pièce, pensif. Je m’étais perdu, emporté par des propos pourtant bien sincères de ma part. « Ah oui. Je juge pas les couples qui ont échoués. C’est pas une honte non plus, on a tous des relations qui se sont stoppées plus ou moins brutalement, qu’on a stoppé ou que d’autre ont stoppés… Seulement… J’ai pas envie de m’en souvenir ou d’en parler. Je suis plus heureux comme ça. Hmmm… Tu peux le comparer à l’ignorance. Moins on en sait, mieux… on se porte... Parfois… » Aurais-je préféré ne pas savoir à cette époque ? Me bercer dans l’illusion d’un amour parfait alors qu’il était voué à l’échec depuis le début ? N’était-ce pas pire… ? Mon regard se détournait de l’écran alors que je replongeais dans des souvenirs que j’étais pourtant certain d’avoir scellés.

Sans comprendre comment nous avions dérivé à discuter si sérieusement, je t’écoutais attentivement. Surprise par ton discours, je ne t’imaginais pareilles pensées. Fervent admirateur de l’amour des gens, pourtant, tu ne voulais pas de ce bonheur, semblerait-il. En aurais-tu peur ? Il se pourrait à t’entendre prononcer progressivement les mots suivants. Mes traits retombés, peut-être exprimaient-ils la compassion, voire même la tendresse ou du moins l’affection que je ressentais. Je comprenais qu’un jour, au moins une fois, tu avais été sérieux. Une blessure t’aurait-elle changer ? « L’ignorance ne fait que reporter l’échéance, nier le problème… En tout cas, elle ne résout jamais rien, » te dis-je calmement, en douceur, te conseillant très sincèrement selon ma conception personnelle des évènements de la vie. Parce que tu peinais à ouvrir ton coeur, bien que je n’attendais que tu le fasses, comme pour te rassurer, peut-être te consoler, je t’ouvrais une lucarne du mien. D’une voix douce et sereine, je te narrais. « Je suis plus en paix depuis que j’ai pu pardonner à mon premier amour. » Etait-ce vraiment Iwan le premier ? Lui et Hyeon avaient toujours été en chassé-croisé, mais mon premier véritable petit ami ce fut bien lui. Une lueur de mélancolie perla dans mon regard, discrètement et tendrement je souris. « Ainsi, il a pu me rendre mes souvenirs. » Et nos souvenirs liés correspondaient à plus de la moitié de mon passé. Mes yeux sur l’écran, je remarquais que les tiens de perdaient, alors du bout de mon doigt je vins en tapoter la surface, imitant un mon tour un chaton rappelant ton attention. Je poussais même jusqu’à émettre un doux miaulement.

Tes paroles je les entendais bien que j’étais incapable d’y répondre. A mes yeux, l’ignorance avait été le remède, la solution à un problème qui n’en avait. Car je ne pouvais avoir d’explications sur ce qu’il s’était passé à cette époque et, par extension, je ne pouvais le lui pardonner comme tu avais pu le faire avec cet homme. J’avais cherché à comprendre longuement et très sérieusement où était le problème, d’où cela pouvait venir, depuis quand, pourquoi, comment tout s’était enchaîné de cette façon. La question, je l’avais retourné dans tous les sens mais mes réponses n’étaient qu’hypothèses face à un silence de ce qui avait été mon partenaire fut un temps. Peu à peu, plus qu’un simple égarement, c’était de la tristesse qui s’emparait de mes traits mais avant que je ne sombre… un bruit et du mouvement attirait mon attention. Tu l’attirais, une fois encore. Le regard brillant, plus seulement à cause de l’alcool cette fois, tourné vers toi, rapidement tu faisais naître un sourire. « Qu’est-ce que tu fais.. ? Tu te transforme en chaton ? » Ma main se levait dans l’envie de te féliciter d’une caresse sur la tête malgré la distance et les pays qui nous séparaient. « C’était mignon. Et surprenant. Tu sais faire beaucoup de bruits d’animaux ou uniquement le chaton ?» Je posais le portable dans les draps, faisant en sorte qu’il tienne sans penser une seconde que : si je te voyais, tu me voyais aussi. J’attrapais alors le bas de mon sweat pour le soulever et le retirer, entraînant mon t-shirt dans la foulée que je remettais en place après avoir jeté mon vêtement plus loin dans la pièce. Bien plus à l’aise à présent, et bien plus frais aussi, je reprenais le portable et revenais dans le lit, prêt à t’entendre faire tous les bruits d’animaux que tu voulais, des plus extravagants ou plus adorables, sans oublier les plus étranges. Qui étais-je pour juger après tout ?

Pourquoi me mis-je à rougir autant soudainement ? Ma joue en feu je tentais d’apaiser du touché de mes doigts froids, très froids à force de trainer dehors aussi longtemps. Afin de prolonger le trajet, j’avais ralenti le pas. Fut-ce ta demande quant à savoir quels animaux je savais imité, me rappelant le geste tendre auquel je m’étais adonnée avant qui m’intimidait et m’embrassait autant ? Ou bien fut-ce de te voir te déshabiller soudainement sous mes yeux écarquillés, me demandant bien ce que tu faisais… Juste tu ôtais une couche mais je vis au passage un morceau de peau de ton abdomen. Je secouais brièvement la tête pour tenter de me ressaisir tandis que tu avais repris place face à l’écran. Tu semblais attendre. « Des… Des bruits d’animaux… » balbutiais-je quelque peu, le regard fuyant sous le coup de la gêne. « Je n’ai pas l’habitude de faire ça… » Pas du tout même. Mais tu m’avais paru si triste, alors si cela pouvait te consoler je le ferais. Avec toutes ces attentions que tu m’accordais n’était-ce pas la moindre des choses ? Ton visage n’était pas fait pour afficher la tristesse. Tu étais Woo Haneul, celui qui souriait tout le temps, bêtement. Mon Idiot Oppa. « Alors euh… le chien ? » Je tentais quelques aboiements mignons. « Ensuite… mes piliers sont : le buffle ? » Je renâclais ne sachant pas vraiment comment faire autrement. « Le tigre ? Roaaaar ! » émis-je en mimant un mouvement de griffes. « Le serpent… » Je sifflais entre mes dents. « Le dragon ? » Là je séchais sur comment imiter le dragon. Alors, les joues écarlates tant je me sentais honteusement ridicule, je changeais soudainement de sujet. « Mais, c’est que tu t’es vraiment mis à la musculation au fait ! » Bon peut-être que ce n’était pas le meilleur sujet pour apaiser mon embarras. « Oh ! Bijou n’a pas fait le hamster pour Hantaro ! » me rappelais-je aussitôt. Je gonflais les joues et en pressait légèrement une du bout de mes doigts joints avec coquetterie à l’instar du personnage de dessin animé.

Allongé sur le côté, joue sur le drap alors que mon bras gauche tenait un peu plus loin mon portable ; j’attendais réponse à une question que tu avais fait naître dans mon esprit. Avais-tu un don caché ? Une particularité qui s’avérait à la fois terriblement craquante et énormément divertissante ? Alors que les secondes défilaient, tu semblais réfléchir à ce que tu pourrais faire. Alors je décidais de remettre un semblant mes cheveux en place en attendant puis venais le spectacle. Une scène bien plus adorable que je ne l’avais imaginé et qui faisait naître un sourire béat sur mes lèvres… jusqu’à ce que tu décidais d’arrêter. Alors je laissais ce rire difficilement contenu exploser dans la pièce, le visage caché contre les draps pendant de longues secondes. Comment pouvais-tu être aussi adorable, c’était un crime à ce stade ! T’en rendais-tu compte ?! D’ailleurs je ne parvenais à stopper mon rire ni même les battements de mon cœur exacerbés mais je devais te voir faire le hamster à présent, c’était obligé, je ne pouvais y réchapper. Pour mon plus grand… malheur ? Bonheur ? « Aaargh ! C’est frustrant ! J’ai tellement envie de te prendre dans mes bras ! » A nouveau ma main tapotait le vide pour te féliciter, créature dangereusement mignonne qui s’immisçait peu à peu dans mon cœur. « Tu devras le refaire quand on se verra ! Promis ? » Je tendais mon petit doigt vers la caméra, attendant plus que tu acceptes cette promesse. « Et pourquoi t’as évoqué la musculation soudainement ? Qu’est-ce qui te fais dire ça ? » Si je n’avais réagi sur le moment car trop occupé à mourir dans les draps face à tes aegyos, ce n’était pas pour autant que je ne l’avais pas entendu.

Comme si je ne me sentais déjà pas assez confuse, il fallut que tu en rajoutes. Tout d’abord, tu exprimas ton envie de me prendre dans tes bras. Je rougis de plus belle. Une pivoine éclos en hiver. Mes lèvres j’en pinçais, le coeur flottant à la représentation de ton étreinte. Puis, tu me réclamas une promesse. « Re-recommencer ? » balbutiais-je. En face à toi, en chair et en os. Ne pensais-tu qu’une fois ne suffisait pas amplement. « D’a-d’accord… » t’accordais-je pourtant en tentant mon petit doigt vers le tien par écran interposé. « Si ça fait partie de l’apprentissage… » prétendis-je pour justifier mon consentement. « Et j’espère surtout que demain tu ne t’en souviendras pas… » murmurais-je à moi-même, tandis que de ton côté, tu bifurquais de sujet. « Yah ! » émis-je d’une voix plaintive, comme si je venais d’être accusée à tort. « C’est toi qui vient de te déshabiller devant moi ! » Certes, tu avais finalement gardé ton t-shirt mais : « Alors j’ai vu ton ventre et je peux apercevoir tes bras un peu aussi. Tu sembles plus robuste. » Je détournais la tête, boudeuse. « Et c’est frustrant de te voir si peu habillé quand j’ai si froid dehors. » Si nous n’étions pas au téléphone, je serais certainement déjà dans ma chambre, ou au moins au dortoir en vérité.

Mon cœur tu ravissais en acceptant de recommencer à notre prochaine rencontre. J’étais certain de m’en souvenir, en partie au moins… Dans le pire des cas, je me souviendrais que nous nous étions promis quelque chose même si les détails pourraient m’échapper. Mais tu me les rappelais, n’est-ce pas ? J’osais l’espérer si jamais je venais à oublier quelques parties de notre discussion. Au cours de celle-ci, voilà que nous arrivions à un sujet que je ne pensais évoquer avec toi : la musculation. Comme promis, je m’y étais mis pour pouvoir garder mon travail auprès de Jethro, bien qu’avec quelques mois de retard… Mais l’important était de m’y être mis ! « Je.. » Je voulais me défendre de cette accusation de ta part, je ne m’étais déshabiller devant toi ! Mais c’était le cas en fait. Je le réalisais brusquement et mes joues se teintaient d’un rose un peu plus prononcés sous la gêne. « Même si je retire mon sweat, t’es pas obligée de regarder ! Ça t’intéresse ? T’as aimé ? » Je n’arrivais à t’imaginer assez intéressée par les hommes pour les regarder lorsqu’ils se changeaient ou même ôtaient une simple couche de vêtement. Semblerait-il que je m’étais trompé. « Je peux encore retirer une couche si ça peut te donner chaud, tu sais ? Vu que tu sembles aimer particulièrement mater les mecs quand ils se changent… » Malgré la voix remplie de reproches, je ne pouvais retenir le sourire qui étirait mes lèvres de s’offrir à tes yeux. J’aimais tant t’embêter, surtout si cela pouvait te gêner et éventuellement te faire rougir. Bien que… dans le noir qui t’entourait, j’avais peu de chance de le voir.

Tu n’avais pas besoin de mettre à exécution que ta seule proposition d’enlever ton t-shirt me donna un coup de chaud. Rougir, je ne le pouvais davantage depuis les échanges précédents, mais la température de la confusion avait encore possibilité de grimper. Au comble de l’embarras, je me défendis farouchement : « Yah ! C’est toi qui l’a fait soudainement sans prévenir ! Si j’avais été prévenu, je n’aurais pas regardé ! » N’est-ce pas que je ne l’aurais pas fait ? Peut-être, la curiosité m’aurait tenté… « Si vraiment tu ne voulais pas être vu, il ne fallait pas le faire devant l’objectif ! » râlais-je en bougonnant. Cependant, je détestais ce genre d’intrusion dans l’intimité de soi. « Je suis pas personne à attenter à la pudeur d’autrui ! » Là, ma voix se cassa légèrement. « Je ne vois pas d’intérêt à regarder les hommes se changer, du moins… Ceux dont je ne suis pas proche. » Etais-je en train de te dire que tu ne l’étais pas ? L’étais-tu ? Et si oui, alors ne te disais-je pas que j’aurais plaisir et curiosité à te regarder peu vêtu ? « Enfin, bref… tu m’as compris ! » Ou pas. « Et reste habillé, si je prends froid à cause de toi, tu auras intérêt à être au petit soin pour te faire pardonner, mais si tu es malade aussi, tu ne pourras pas. »

Ta plaidoirie j’écoutais avec attention bien que je n’arrivais à voir le désordre de celle-ci due à ta gêne. A mes yeux, à mon esprit enivré, tu paraissais seulement tellement adorable  à trouver arguments sur arguments pour justifier et excuser tes yeux baladeurs. Mais il y avait bien deux choses que je retenais et sur lesquelles, je rebondissais immédiatement pour l’une, la première ce fut ton reproche de le faire devant l’objectif. « J’avais oublié qu’on était visio.. Enfin, j’avais oublié que tu me voyais aussi si l’écran était tourné vers moi… » Oubli fatal qui t’avait valu un spectacle dont tu semblais vouloir te passer. Le deuxième, ce fut notre proximité et, cette fois-ci, c’était après quelques secondes de battements que je répondais.  « J’ai tendance à oublier qu’on est pas proche. Je m’amuse tellement avec toi… » Soufflais-je tout bas, pas sûr que tu m’entendes mais ces mots m’avaient échappés de toute manière. Que tu les entendes ou pas ne changeraient certainement rien. « Pourquoi tu prendrais froid à cause de moi ? De plus je ne suis jamais tomber malade en 21 ans de vie, je vais pas commencer maintenant… Enfin je crois. » Mes sourcils se fronçaient alors que je réfléchissais à une question inutile : étais-je déjà tombé malade ?  Je n’en avais pas le souvenir, mais peut-être que c’était déjà arrivé ? Je ne savais pas, je ne savais plus. Mes pensées devenaient de plus en plus difficiles à réunir étrangement.

Sur ton interrogation, je butais. Pourquoi tomberais-je malade ? Je venais de me trahir accidentellement. « Parce que… » commençais-je à vouloir me défendre aussitôt avant d’hésiter. Je ne pouvais pas te révéler que je faisais tout mon possible pour tarder à atteindre la fraternité juste pour prolonger notre appel. « Parce que je n’arrête pas de ralentir en te parlant, alors je mets deux fois plus de temps à rentrer au dortoir. » Bâtiments qui se dessinaient de plus en plus devant moi lorsque je levais les yeux. Néanmoins, il était un point sur lequel je voulais revenir avant que tout cela ne se termine éventuellement. Tes mots murmurés, j’avais peiné à les entendre, à les comprendre. Je ne pouvais être certaine d’avoir déchiffré avec exactitude, néanmoins il me semblait en avoir décelé le sens, et ce soir peut-être était-ce ton alcoolémie qui te rendait si mignon, quoi qu’il en fut, je ne souhaitais que tu te sentes blessé. Tenu à une distance que moi-même, je ne semblais plus qu’aspirer à réduire. Ces barrières que je dressais, je ne voulais que tu les prennes tant au sérieux. « Et ce que je voulais dire c’est que… Il ne me vient pas à l’esprit de regarder un homme autre que celui avec lequel je suis, que j’aime… » Tu fus presque la seule exception venue parfois troubler la pureté de mes pensées, de mes songes.  « Et maintenant, je ne sais pas, je ne pense pas à ça… » Même si j’aspirais à en profiter pour m’amuser, pour plus de liberté, je n’étais de celles qui parvenaient à changer de tout au tout du jour au lendemain. « Alors oui, peut-être que je ne suis pas normale, que je suis trop coincée, mais tant pis, je suis ainsi. » Penses en ce que tu voulais, j’en avais assez de me battre avec cette étiquette.