La nippone ne devait aucunement se douter de l’impact que ses paroles pouvaient avoir sur le garde du corps. Son attitude ne laissait comme à son habitude rien paraitre et pourtant elle touchait un point sensible. Toujours être masqué par l’ombre d’un autre fut une notion difficile à intégrer pourtant elle lui semblait dorénavant inné. Malgré tout Kazuya restait un être humain comme un autre et tout Homme nécessite une reconnaissance pour ce qu’il est, autrement non équilibre psychologique est en jeu. Dans l’idéal il ne devrait rien demander à personne, il devrait s’effacer jusqu’à en oublier sa vie privée au profit de la protection de sa belle. Leur immigration lui aura au moins permis de profiter un peu plus de la vie et d’apprendre à penser un peu plus à lui-même. Ses yeux se perdirent un instant dans ceux de la jeune femme, trop pensif et reconnaissant pour dire quoi que ce soit. C’est finalement un « Merci. » qui se glissa entre ses lèvres sans qu’il ne réalise réellement l’impact de ce qu’il venait d’articuler, faisant passer le tout d’une chaude gorgée d’alcool. Plus que d’habitude sa petite amie lui revenait sans cesse en tête, comme un fantôme planant au-dessus de lui pour lui rappeler que quoi qu’il arrive il était rattaché à elle. C’était à la fois pesant et inquiétant que d’éprouver un agacement à cela lorsqu’au contraire il était censé être ravi de la situation. Ce genre de break arrosé à l’éthanol était censé lui offrir le vide dont il avait besoin pour faire fonctionner s vie correctement. Moeko jouait là plus un rôle dévastateur que salvateur pourtant sa compagnie était agréable. Ses pensées commençaient sérieusement à s’embrouiller, à tel point que ses prunelles restaient plantées dans celles de la brune en ne se lassant pas de ce non-dit planant entre eux. Le regard de la nippone était aussi sensuel et désirable qu’elle, un dangereux piège dans lequel il se laissait tomber doucement totalement désarmé par l’alcool et le bordel assaillant sa tête. Ses mains vinrent une nouvelle fois au contact de ses cheveux, contact maitrisé qu’il aurait aimé un peu moins vague. Un rire filtra ses lèvres avant que la déclaration ne tombe comme un cheveu sur la soupe mais dans une évidence toute trouvée. Il se contenta de se focaliser sur son visage sans piper mot, glissant finalement sa main dans l’une de ses poches. Le geste d’après il poussait son téléphone qu’il venait de poser sur le comptoir vers la jeune femme. « Entre ton numéro. » C’était une façon implicite de lui exprimer son envie de la revoir aussi. L’idée qu’il puisse faire une grosse connerie ne lui traversa même pas l’esprit en cet instant tant il s’en foutait. Royalement. « Ce sera plus pratique pour un prochain verre. » Il n’avait pas envie d’avoir à passer par Takuya ou quoi ce soit, il savait d’ailleurs pertinemment que s’il n’obtenait pas son contact maintenant il ne la recontacterait jamais sauf si un jour elle se décidait à venir l’aborder au travers d’un couloir.

Quand le barman s'avança pour remplir le verre de la japonaise, celle-ci refusa en glissant ses doigts au dessus de son verre, trop préoccupée par le regard charbon de son compagnon de soirée. Elle cru entendre un merci sortir de ses lèvres avant qu'il ne le noie dans son verre. La japonaise se contenta de sourire en coin et de jouer avec le verre de Kazuya une fois que celui-ci l'ai reposé sur le comptoir. Sa main (qu'elle devinait douce) touchait à nouveau ses cheveux, et Moeko poussa légèrement sa tête contre celle-ci, entrant en contact avec lui, un léger sourire glissé sur le visage. Elle releva néanmoins très rapidement la tête quand celui ci fit glisser son téléphone sur le comptoir. Elle le regarda avant de relever les yeux pour les planter dans ceux du japonais lorsqu’il prit la parole. Son sourire s'élargit et elle accepta de lâcher le verre pour prendre en main le cellulaire, entra son numéro, s'enregistra simplement sous son prénom, encore assez lucide pour savoir qu'il ne fallait pas jouer avec les émoticônes ou les petits prénoms pour ne pas attirer les ennuis. «  tu me fait sonner ? » dit-elle en le faisant à nouveau glisser vers lui avec un sourire en coin. Moeko jouait avec le feu et elle adorait ce danger là. Elle releva néanmoins les yeux pour observer son propre téléphone, vérifiant l'heure. Heure qui avait tourner à une vitesse folle, et elle devait partir. « mh, je vais devoir te laisser. » glissa t-elle avec une légère moue déçue. Elle finit par se lever, fouilla dans son sac pour sortir son porte feuille, en sortir un peu plus que la somme qu'elle devait au barman et le glissa sous son verre. Elle récupéra également son téléphone qu'elle rangea dans son sac, pris sa veste sur le même bras et fit l'unique pas qui la séparait du tabouret de Kazuya, relevant les yeux vers lui, elle s'approcha de son oreille, y glissa quelques mots « à la prochaine alors. » recula un peu la tête, juste pour pouvoir venir embrasser sa joue. Assez pour qu'une légère trace de rouge à lèvres y reste. Elle sourit de sa bêtises, laissant un léger rire s'échapper de sa gorge, et finis par dépasser le tabouret, effleurant la cuisse du japonais au passage. Elle ne jouait pas souvent avec les hommes, mais Kazuya était comme un fruit défendu, qu'elle adorerait pouvoir toucher. Son aura était tel qu'elle ne pouvait simplement pas rester loin, juste regarder, sans jamais y toucher. L'alcool jouant à merveille son rôle dévastateur, elle avait tout autant que lui a tête concentrée sur une seule chose : l’alchimie sensuel qui se dégageait de leur échange. Moeko disparu dans l'encadrement de la porte et fila dans la nuit, en laissant derrière elle un numéro, une soirée plus que bizarre et une odeur de parfum.