Au départ, Ren avait essayé d'être le plus humain possible lors de leur première rencontre. Manque de bol, son attitude avenante (et peu habituelle de sa part) avait sans doute plu à Raï puisqu'il s'était mis à lui raconter sa vie d'adolescent de quatorze ans, alors que Ren n'avait absolument rien demandé. Pour une fois qu'il avait essayé d'être gentil, il était tombé dans la merde. Très rapidement, Ren imposa des limites à Raï : celui-ci n'avait le droit de lui poser que trois questions par jour, au risque de se faire écraser la tête contre la table basse. Ren n'était pas gratuitement méchant, il était seulement agacé par le morveux qu'on lui avait présenté comme étant son demi-frère. Mais imprudent comme l'était le frangin, et surtout pas le moins du monde effrayé par le nord-coréen, Raï n'en faisait qu'à sa tête malgré les limites. Dans le fond, cet agacement avait quelque chose d'éphémère puisque Ren se prenait au plaisir, et intérieurement, malgré le côté chieur du frangin, il commençait à l'apprécier. Après tout, Ren a le sens de la famille, de façon très poussée, il n'a jamais rejeté quiconque, pas même la belle-mère ou le demi-frère. En grandissant, Ren prit son rôle de grand-frère très à cœur. Sa première clope ? Merci hyung. Sa première cuite ? Merci hyung. Qui lui a parlé pour la première fois de masturbation ? Merci hyung. En cas de pépin, Raï a l'habitude d'en parler à son frère en premier, sachant que celui-ci serait capable de lâcher toute affaire en cours pour l'aider dans n'importe quelle galère. Même s'il est froid et peu loquace, Ren tient tout de même à lui, malgré toutes les insultes diverses et variées qu'il peut lui balancer chaque jour – c'est une marque d'attention, en vérité.

dès qu'il l'a vue, avec ses valises et ses cheveux multicolores, raï est tombé sous le charme. cette fille allait devenir sa soeur, et ça lui faisait d'avance mal au coeur : lui, il aurait clairement voulu autre chose. puis est arrivée reeva, avec ses mots durs et son air sombre... nouveau coup de foudre de la journée. tomber amoureux de deux femmes en même temps, ça met du piquant dans votre vie. tomber amoureux de deux soeurs, c'est pire. tomber amoureux des filles qui vont devenir vos soeurs... c'est n'importe quoi, bizarre, compliqué, totalement tordu. et allez savoir pourquoi, raï est allé se confier à rivael. elle semble l'avoir bien pris, leur lien s'est renforcé, et pourtant ils en sont toujours au même point : dans l'incompréhension la plus totale.

inutile de préciser qu'entre eux, c'est plutôt compliqué. leur père violent ne les a pas tellement rapprochés ; même si raï cherchait régulièrement à aider sa grande soeur, cette dernière a développé un énorme complexe face à lui : pourquoi était-elle la seule à devoir subir tout ça ? pourquoi devait-il toujours être meilleur en tout ? l'amertume c'est accentuée au fil des années, et même s'ils s'aiment toujours énormément, leur relation est globalement difficile et torturée.

reeva, c'est la dure. bien sur, elle adore raï, et elle l'a très vite accepté en tant que frangin... mais c'est également elle qui a pris son entrainement à coeur. un entrainement plutôt dur, d'ailleurs, à l'image de la jeune italien. un jour, le petit s'est retrouvé ligoté à une chaise, et la blonde l'y a abandonné tout seul comme un con, en lui disant "détache toi le plus vite possible, bonne chance !". c'était la première épreuve, première d'une très longue série... plutôt glaciale, comme approche. mais ils savent tous les deux que si reeva agit de telle manière, c'est parce qu'elle veut protéger son nouveau petit frère : hors de question de le jeter dans l'arène sans lui fournir des armes solides au préalable. et puis... raï ne parvient qu'à l'aimer, définitivement. et pour cause : il ne le dit pas, de peur de se faire égorger par renzo, mais il est amoureux d'elle. tout comme de rivael, d'ailleurs. gros bordel en perspective... et intérieurement, il se plait à en rire, parce qu'un carré amoureux lui parait carrément catastrophique.