La wonsungi retenait ses larmes. Elle avait une furieuse envie de pleurer mais elle se retenait, encore et encore, dans ce couloir. Elle voulait se montrer forte, même si la mort de sa mère la touchait énormément et qu’elle aurait du mal à s’en remettre, elle en avait bel et bien conscience. Elle n’avait jamais eu réellement besoin de cacher ses faiblesses. Après tout, la vie l’avait assez gâté et elle n’avait jamais eu à se plaindre, ni à vivre une vie effroyable. Jusqu’à aujourd’hui où tout s’écroulait. Malgré qu’elle se soit rapprochée tardivement de sa mère, elle l’aimait énormément. Et elle se rendait compte seulement aujourd’hui qu’elle regrettait de ne pas avoir passé plus de temps avec elle, de ne pas lui avoir dit plus souvent je t’aime. Elle s’en voulait énormément et la wonsungi allait devoir vivre avec ce regret toute sa vie. Regret qui allait, peut-être, s’apaiser petit à petit que le temps passait. Parce qu’après tout, il n’y avait que le temps qui pouvait guérir les blessures. Ha Ra avançait, main dans la main avec Liang, vers une direction qui lui était totalement inconnue. Elle ne savait pas où elle avait envie d’aller. Tout ce qu’elle pouvait dire, c’était qu’elle voulait éviter son père, éviter de retourner au dortoir et qu’elle désirait plus que tout de rester auprès du jeune homme. De ça aussi, elle ne s’en rendait compte que maintenant. Elle avait des sentiments pour lui, des sentiments qui s’étaient installé doucement, malgré qu’elle soit plus que réticente. Non, pour elle, entre eux, ce n’était que physique. Ça n’aurait dû être que physique. Mais voilà maintenant que des sentiments avaient pris place, sentiments qu’elle avait enfoui au plus profond d’elle-même inconsciemment. Après tout, c’était d’une évidence que Liang ne ressentirait pas les mêmes choses. C’était une évidence pour elle, que les femmes étaient plus faibles sentimentalement. Et elle avait craqué. Comme un bon nombre de femmes qui avaient dû passer dans son lit. Elle se sentait idiote. Que pouvait-il bien lui trouver, à elle, son élève ? La wonsungi sortit rapidement de ses pensées quand il tira sur sa main. Elle leva les yeux vers lui, des yeux totalement embrumés par les larmes. Elle n’avait pas réalisé qu’elle pleurait. Elle n’avait pas senti les larmes sur ses joues, pourtant, elles étaient bel et bien là. Ha Ra sécha ses larmes de sa main libre et le suivit sans dire un mot. Jamais il ne se douterait qu’elle pleurait aussi pour lui. La jeune femme s’installa en silence dans la voiture, s’attacha avant de baisser la tête, son regard rivé sur ses mains entrelacées. Elle releva doucement la tête, curieuse de ce qu’il allait lui proposer. Où l’emmenait-il ? Un faible sourire se dessina sur son visage, signe qu’elle approuvait. « D’accord. » Ajouta-t-elle quand même pour lui préciser sa pensée. Elle observa pendant un moment la route, avant de finir par poser sa tête contre la vitre de la voiture. Elle ne se retenait plus pour pleurer, son visage caché par ses longs cheveux. La voiture s’arrêta enfin et la wonsungi ne le réalisa que quand il coupa le moteur. Sa vue était tellement embué par ses larmes, qu’elle n’avait même pas remarqué que la ville ne défilait plus devant ses yeux. L’étudiante sécha de nouveau ses larmes et se redressa pour se détacher et sortit du véhicule, rejoignant le trottoir. Il s’était garé devant un immense immeuble et la jeune femme leva la tête pour en voir le sommet. A la place, des petits points blancs apparurent et elle crut un instant qu’elle avait un problème de vue. Mais quand elle sentit les flocons de neige sur son visage, un sourire se dessina sur ses lèvres. Elle enfouit ses mains dans ses poches et ferma les yeux, respirant l’air frais, restant immobile.

Il avait hésité l’espace d’une petite seconde, pour la première fois, il n’était pas sûr de lui et de ces choix. Il refoulait sa peur, mais elle était bien présente, peut être n’était ce pas une bonne idée d’amener Hara chez lui, dans son intimité. Aucune femme n’avait eu le droit d’y poser les pieds, en dehors de Moeko, mais à ses yeux le statut de Moeko était à part. Liang s’était toujours débrouillé pour se rendez chez ses conquêtes ou dan un hôtel, jamais chez lui. Son appartement c’était son petit jardin secret, l’endroit ou personne en dehors de ses proches n’avait accès. Hara était la source de nombreuses première fois chez Liang et cela lui faisait un peu peur, plus il avançait dans la vie et plus Hara se trouvait à côté de lui. A 28 ans, c’était la première fois ce que cela lui arrivait d’imaginer un avenir à deux, pourtant, il ne cessait de refouler cette idée, se butant lui-même, que ce n’était pas possible. Seulement, il était bien là, assis dans sa voiture entrain de rouler jusqu’à chez lui, Hara n’avait même pas semblé être étonné par la proposition de Liang, comme désintéressé. Il en fut presque vexé sur le moment, il lui avait quand même proposé quelque chose qu’il ne faisait pas en temps normal, prit son courage à deux mains après une certaine hésitation. Mais dans un sens, la situation de Hara était assez difficile et il comprenait qu’elle soit dans une sorte d’état seconde. Même si cela ne lui plaisait pas, tout ce qu’il ouvait faire était d’être à ses côtés pour le moment. La Hara dynamique, taquine, avec du répondant et une certaine attitude rebelle très sexy à ses yeux lui manquait, même ses défauts lui manquait. Hara était vide et le seul sentiment qui transparaissait de son corps était la tristesse. Ils roulèrent une quinzaine de minute, dans le silence, seul les pleurs d’Hara rythmais leur trajet, il ne pouvait pas voir son visage, caché par ses longs cheveux, alors il se concentrait sur la route. Lorsqu’ils arrivèrent enfin, Liang gara la voiture devant l’immeuble avant d’en sortir récupérant ses affaires. Il sortit dehors et fit le tour de la voiture avant de poser ses yeux sur Hara qui était sortit. La neige le surprit à son tour et leva les yeux vers le ciel avec un léger sourire, il aimait particulièrement la neige quand elle tombait doucement comme maintenant, c’était agréable, le temps semblait suspendu. Il s’approcha d’Hara, posant sa main sur sa tête, caressant ses cheveux, derrière elle, il ne voyait pas son visage. Liang enroula ses bras autours de Hara pour la serre contre lui, déposant sa tête sur son épaule, fixant le ciel, avant de tourner le yeux vers elle. Liang frotta son nez froid contre la joue d’Hara en souriant avant de la lâcher, il passa son bras par-dessous le siens et il l’entraina à l’intérieur du hall, jusqu’à l’ascenseur. En silence, ils montèrent dedans jusqu’au 15ème étage, Liang n’eut pas vraiment le temps de réaliser, qu’il se trouvaient déjà devant la porte de son appartement et c’est avec une certaine appréhension qu’il sortit ses clés, à nouveau effrayé et remplis de question, n’étant pas si sûr de lui au final, peut être qu’il n’aurat pas du l’amener jusqu’ici. Un rapide coup d’œil vers elle et les yeux rouges et gonflés de la jeune femme sonnèrent comme une piqûre de rappel, ce n’était pas le moment de divaguer. Il tourna les clés dans la serrure, avant d’ouvrir la porte et de se pousser afin de laisser la jeune femme rentrer en première. Il rentra à son tour en allumant la lumière, voilà, plus aucun retour en arrière possible, Hara venait d’entrée dans son intimité et au fond de lui, Liang savait qu’elle n’en sortirait pas de si tôt. « Voilà, c'est chez moi » dit-il avec un certain manque d'assurance.

La wonsungi était totalement ailleurs. Malgré les larmes et la tristesse qui émanaient d’elle, elle n’arrivait pas à réaliser qu’elle ne reverrait plus jamais sa mère. Son absence allait créer un vide dans sa vie, et elle allait devoir le combler. Ses soirées au téléphone avec sa mère, elle n’allait plus pouvoir les faire. Les quelques sorties qui lui avaient été autorisés, plus jamais non plus. Son visage aimant et son sourire rassurant, plus jamais elle ne pourrait les contempler. Seuls ses souvenirs, les photos, lui permettraient de la revoir. Mais il n’y aurait plus son odeur, sa chaleur, sa voix. Plus rien de tout ça. L’étudiante ne pouvait pas y croire. Elle ne voulait pas y croire. Ce n’était pas possible. Pourquoi la vie, plutôt la mort, lui arrachait sa mère alors qu’elle avait encore besoin d’elle ? Besoin de son amour, de son réconfort, de ses conseils, de ses réprimandes. Ses doigts glissèrent lentement sur la vitre de la voiture. Tellement froid. Elle sécha ses larmes avant de quitter la vitre sur laquelle elle avait posé sa tête. Ha Ra jeta un regard à Liang, un maigre sourire faisant son apparition. Il était à ses côtés. Et il n’imaginait pas à quel point ça lui faisait du bien de le voir là, à côté d’elle. S’il n’était pas venu… Elle ne savait pas trop où elle serait actuellement. Elle aurait quitté l’hôpital à coup sûr, pour éviter de croiser son père et après… Sûrement entrain de vagabonder dans la ville à la recherche de quelque chose à faire pour penser à autre chose, pour oublier tout simplement. Mais à la place, elle était assise dans la voiture de Liang, garée devant l’immeuble de celui-ci. Elle ne s’attarda pas plus longtemps à le regarder et sortit du véhicule. L’immeuble était immense et il semblait ne pas avoir de fin. La wonsungi leva la tête pour voir l’extrémité de l’immeuble, mais à la place, c’est la neige qu’elle vit. De petits flocons tombaient doucement, lentement, et venaient fondre sur son visage. Elle ferma les yeux, restant immobile au milieu du trottoir. Elle n’aimait pas le froid, mais la neige, oui. Elle trouvait ça doux et agréable, tant à regarder qu’à toucher. La wonsungi frissonna légèrement, mais son frisson s’arrêta bien rapidement quand elle sentit Liang contre son dos. Elle ouvrit les yeux, étonnée par son geste. Elle ne s’attendait pas à autant d’affection, mais la wonsungi voyait tout en noir. Ce n’était sûrement que parce qu’elle venait de perdre sa mère qu’il se comportait ainsi avec elle. Elle n’arrivait pas à voir une autre raison que celle-ci mais la jeune femme profita tout de même de ce moment. Elle posa ses mains sur les bras de Liang, exerçant une légère pression dessus. Son visage était toujours levée vers le ciel jusqu’à ce qu’elle sente son nez froid contre sa joue. Elle baissa la tête vers lui,  répondant à son sourire par un autre. Mais la wonsungi ne le regarda pas longtemps. Ses yeux rouges et bouffis par les larmes ne devaient pas être très beau, ni même appréciable, à regarder. Elle le suivit sans dire un mot, s’accrochant à son bras comme si sa vie en dépendait. Son regard balayait le hall. Grand, majestueux, lumineux. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas vu autant de luxe. Elle y était pourtant habituée mais depuis la faillite de l’entreprise paternelle, elle ne roulait plus sur l’or. Elle n’était pas non plus à plaindre, elle avait largement de quoi vivre mais quand on avait l’habitude depuis toujours de vivre dans le luxe, c’était assez difficile de passer à autre chose. Mais elle s’y faisait. Plutôt bien, même. Ça ne lui manquait pas tellement ça, ça lui rappelait surtout la solitude immense qu’elle avait ressentie lors de son enfance. Elle se serra un peu plus à Liang, comme s’il pouvait la lâcher et l’abandonner là. C’est dans un des plus grands silences qu’ils traversèrent le hall et qu’ils montèrent jusqu’à l’appartement de Liang. Ce n’est seulement devant la porte de l’appartement qu’Ha Ra réalisa que c’était la première fois qu’il l’emmenait chez lui. Elle allait découvrir son chez lui, son petit jardin secret et ça la ravissait grandement, même si son visage ne l’exprimait absolument pas. On n’y lisait que la tristesse et la souffrance, rien de plus. Elle rentra la première dans l’appartement, retirant ses chaussures, et se redressant en même temps que la lumière s’allumait. L’appartement du jeune homme était gigantesque et Ha Ra s’avança à l’intérieur, son regard balayant chaque recoin. « Il est gigantesque… » Souffla-t-elle avant de se tourner vers Liang. « Tu me fais visiter ? » Demanda-t-elle, soudainement curieuse.

Liang était très affectueux avec Hara, lui-même ne savait pas pourquoi, son corps réagissait instinctivement. Lui qui avait toujours pensé ne pas être doué pour les gestes d’affection était entrain d’apprendre que son corps savait parfaitement comment être tendre et affectueux. Le tout auprès de la même personne qui avait chamboulé sa vie et ses habitudes, à croire qu’Hara était une femme spéciale dans tout les sens du terme pour lui. Les femmes, ça n’était bien que le temps d’un soir, l’excitation de la nouvelle conquête, la domination, c’est ça qu’il aimait dans ses nombreuses relations, pas de lendemain, pas d’après, pas de prise de tête. S’il avait autant changé de compagne, c’est parce que Liang fuyait les disputes qu’engendrait la vie à deux, pourtant avec Hara, il était comme sans cesse attiré par elle, devenu incapable d’aller voir ailleurs ou de passer à une autre femme. Liang c’était fait prendre à son propre jeu et cet inconnu était à la fois effrayant et excitant. Sa curiosité nouvelle, l’empêchait de fuir et d’aller voir ailleurs. Il avait repoussé de nombreuses femmes après avoir connu Hara, il n’avait même plus couché avec quelqu’un d’autre qu’elle. Hara lui suffisait largement et il en redemandait à chaque fois. Pour l’esprit de Liang, cela ne s’apparentait pas à de la fidélité, pour lui, c’était juste qu’il n’était pas encore lassé et curieux, une bonne excuse pour se voiler la face devant la vérité si évidente et pourtant si difficile à avouer quand on a autant de fierté. Liang ne pouvait plus faire marche arrière, il était désormais trop tard pour penser à un quelconque échappatoire était tout bonnement impossible. Là devant cette porte, Hara allait découvrir son petit chez lui ou personne en dehors de sa famille et de ses amis n’avaient mit les pieds, aucune de ses conquêtes n’était passé par là. C’était sa règle numéro une, ne donner aucun lieu de notre vie privée qui pouvait amener l’autre à venir nous harceler une fois qu’on l’aurait laissé. Pourtant, Hara se tenait devant cette porte et elle n’était pas stupide au point d’en oublier le chemin. Liang ne chercha plus à comprendre, comme pour se débarrasser de ce poids qui l’oppressait, il ouvrit la porte en allumant la lumière pour la faire enfin rentrer. Cette espèce de suspens qu’il s’était auto créée devenait insupportable. « C’est un peu grand… » Avoua-t-il. Surtout que Liang vivait seul et la solitude était parfois pesante, mais ça n’avait jamais été au point de ramener une femme ici. Liang tourna les yeux vers elle, son visage était toujours triste, il ne savait pas trop quoi faire, il était mal à l’aise devant elle, incapable de faire quoi que ce soit. Sans vraiment trop comprendre ce qu’il faisait, il attrapa la main d’Hara pour le tirer dans l’appartement et la faire visiter. Le hall donnait directement lieu à la cuisine américaine avec vue sur le salon « Là c’est la cuisine et le salon » dit-il. C’était la pièce la plus grande de l’appartement et la plus impressionnante, dans un style loft avec de grande fenêtre qui rendait la pièce lumineuse. Un petit escalier sur le côté accédait à l’étage où se situait la salle de bain, ainsi que lachambre. Liang fit visiter le tout à Hara, lui laissant le temps d’observer, légèrement sur la réserve, ne sachant pas du tout comment se comporter. Il l’observait silencieusement, détaillant ses traits, comme chaque fois qu’il perdait son regard sur elle. Avant de reprendre ses espits, dans sa chambre, se disant que ce n’était peut être pas une bonne idée de lui faire visiter la chambre en dernier, ça pouvait sembler un peu vicieux, mais la salle de bain était la première pièce qu’on voyait en montant les escaliers et Liang eu peur que Hara ne se méprenne. Il ne manquerait plus qu’elle ne le prenne pour un pervers accro au sexe en toute circonstance aux arrières pensés plus que douteuse, il avait un minium de dignité. Dans le fond, Hara ne pensait même pas à tout ça et il était le seul à se faire des scénarios pas possible prouvant une fois de plus à quel point la présence de Hara chez lui le perturbait. Il se risqua à avancer vers elle « Tu veux manger quelque chose ? » demanda-t-il. Ce n’était pas vraiment ce qu’il voulait lui demander à l’origine, mais c’est la première chose qui sortit de sa bouche et Liang se frappa mentalement de s’être transformer en espèce de mollusque maladroit et incapable. Hara ne se rendait pas compte de l’effet qu’elle avait sur lui.

Les yeux d’Ha Ra étaient émerveillés par ce qu’elle voyait. L’appartement était si grand, et tellement bien décoré. « J’avais remarqué. » Lança-t-elle avec un demi-sourire. Elle n’arrivait pas à pleinement sourire et ce n’était sûrement pas dans les jours à venir qu’elle allait réussir. Elle devait cependant surmonter cette épreuve, passée à autre chose mais c’était encore trop… récent. Malgré son sourire, on lisait parfaitement la tristesse dans ses yeux. Elle tentait de le cacher mais ça ne trompait personne. La wonsungi avança de quelques mètres dans le hall, hésitante, et n’osant pas trop s’aventurer dans l’appartement qui n’était pas le sien. Elle n’était pas chez elle, et même si elle était plutôt sans gêne, elle restait une jeune femme polie et civilisée. Alors, elle restait sagement là, à attendre que Liang lui donne l’autorisation de visiter. Sans prévenir, il prit sa main dans la sienne et Ha Ra fut surprise par son geste. Elle sursauta presque en sentant la chaleur de sa main contre la sienne et leva son regard vers lui. Elle le suivit en silence, son regard faisant le tour, s’attardant sur chaque recoin. Elle ne disait pas un seul mot, observant simplement. L’appartement était spacieux et distingué. La wonsungi se demandait bien comment il faisait pour vivre dans un si grand appartement, tout seul. Depuis son enfance, Ha Ra ne supportait plus les lieux trop grands, qui lui rappelaient sa solitude passée. C’est pour cela qu’elle détestait parfois le dortoir des wonsungis, quand elle s’y retrouvait seule. « C’est un bel appartement. » Dit-elle après que la visite soit terminée. Mais elle avait encore la tête ailleurs. Cependant, il la ramena rapidement sur terre. Elle n’avait même pas réalisé à quel point elle mourrait de faim. Ce n’est seulement quand il lui proposa de manger quelque chose, que la faim apparut. « Un peu. » Dit-elle cependant. Elle se sentait mal d’avoir faim, alors qu’elle venait de perdre sa mère. Comment pouvait-elle ? Elle baissa la tête, se mordillant la lèvre inférieure, tout en remettant quelques mèches derrière son oreille. Ils redescendirent et tandis que Liang s’était dirigé vers la cuisine, la wonsungi, elle, s’approchait des nombreux cadres qui se trouvaient sur le mur du fond du salon. Elle les examina un par un, passant ses doigts sur le verre. Elle ne connaissait pas les personnes sur les photos, sauf parfois, où elle arrivait à reconnaître Liang.

Hara était peut être à ses côtés, mais son esprit était ailleurs et Liang savait très bien où. Il savait que son esprit se trouvait encore à l’hôpital, près de sa mère. Les tentatives de Liang pour lui remonter le moral lui paraissait être veine, mais ça ne le décourageait pas. La visite se faisait à demi silencieuse, Liang était le seul à parler et là tout de suite, il avait la vague impression de ressembler à un agent immobilier, mais qu’importe. Elle ne semblait pas non plus remarquer le malaise du jeune homme ainsi que toutes les questions qui lui traversait l’esprit et ça n’était pas plus mal en soit. Liang se sentait déjà assez profondément stupide comme ça, depuis quand était-il devenu aussi soucieux ? Ca ne lui ressemblait pas du tout, lui qui d’ordinaire avait pris habitude d’agir de la façon dont il en a envie, voilà que maintenant, il se retrouvait à réfléchir à ses moindres mot ainsi que ses faits et gestes. « Oui, mais un peu grand pour une seule personne. » avoua-t-il lorsqu’il eut finit de lui faire visiter. Non pas que Liang se sentait seul, mais il était vrai que même si son appartement était très beau, pour une seule personne c’était très grand. Mais lorsqu’il avait vue ce séjour/cuisine illuminé par les énormes fenêtres, il avait craqué et avait acheté cet appartement sur un coup de tête. Un caprice qu’il ne regrettait pas au final, juste que c’était un peu grand pour lui tout seul. Prit dans ses pensées plus stupide que les autres, Liang demanda alors à Hara si elle avait faim. Il ne savait même d’où sortait ses propres mots, ni pourquoi il lui avait proposé de manger, mais c’était sortit tout seul de sa bouche. Liang se dirigea vers la cuisine après avoir eu l’approbation orale d’Hara, il ne savait pas du tout ce qu’il allait pouvoir lui faire, ce n’est pas comme si le frigo était vide, loin de là, juste qu’il ne savait pas ce qu’elle aimait. Dans un sens faire la cuisine le rendit soudainement de bonne humeur, il adorait cuisiner, ça contrastait totalement avec sa personnalité, pourtant c’était une activité qu’il appréciait particulièrement et il était même devenu plutôt doué avec le temps. Liang se pencha ver son frigo, devenu très sérieux « Il y a quelque chose que tu veux manger ? » demanda-t-il avnat de tourner la tête vers elle avant de la voir près de ses cadres photos. Un sourire se dessina sur ses lèvres et Liang ferma le frigo pour venir la voir. Il se mit derrière elle avant de montrer sur doigts des visages sur la photo « Ici c’est ma mère et mon père. » dit-il en lui indiquant ou regarder. « La vieille photo abimé là, c’est une de moi et ma sœur biologique quand j’étais tout petit » dit-il .

La wonsungi était totalement à l’ouest. Elle était bien présente physiquement, mais absolument pas mentalement. Elle écoutait à moitié ce que lui racontait Liang, le suivant sans dire un seul mot. Elle regardait autour d’elle, sans vraiment observer. Elle n’arrivait pas à ôter de sa tête l’image de sa mère sur ce lit d’hôpital. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle était partie au ciel. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle n’allait plus jamais la revoir. Mais, dès que Liang lui parlait, elle sortait de ses pensées et retournait à la dure réalité qu’était la vie. Elle ne voulait pas y croire. Non, sa mère était encore en vie. Ce n’était pas possible autrement. Et pourtant… Encore une fois, le jeune homme la ramena sur terre. « Tu devrais peut-être adopter un animal. » Lança-t-elle tout naturellement. Ça ne prenait peut être pas autant d’espace qu’un être humain, ça ne comblerait pas le vide de l’appartement, mais au moins, ça lui ferait de la compagnie. Elle esquissa un faible sourire, et le suivit au rez-de-chaussée de l’appartement. Aussitôt descendu, tandis que Liang se dirigeait vers la cuisine, elle, se dirigeait vers le fond du salon où se trouvaient d’innombrables photos sur le mur. Encore une fois, elle se perdit dans ses pensées. il n’y avait pas de tels photos chez elle. Pas une seule photo de famille. Pas une seule photo d’elle enfant. Pas une seule photo de ses parents. Vide. C’était totalement vide et Ha Ra ne le réalisait qu’aujourd’hui. Pour elle qui avait vécu dans cette immense maison depuis toujours, c’était normal. Mais maintenant qu’elle voyait les photos accrochés au mur… ça ne l’était plus. De nouveau, Liang la tira de ses pensées. « N’importe. » Dit-elle en tournant son visage un court instant vers lui pour lui sourire. Elle n’était pas bien difficile alors qu’importe ce qu’il faisait, elle allait le manger. La wonsungi reporta son attention sur les photos, passant ses doigts sur le verre. Elle sursauta en entendant la voix de Liang juste derrière elle. Elle ne s’était vraiment pas attendue à ce qu’il soit là. Elle tourna la tête vers lui, un demi-sourire sur le visage. Elle reposa son regard sur les photos. « Ils sont beaux… » Murmura-t-elle doucement avant de poser son regard sur l’autre photo qu’il lui montrait. Elle tiqua au mot biologique et fronça les sourcils. Pourquoi le précisait-il ? Avait-il été adopté ? La jeune femme se rendait compte, qu’au final, elle ne connaissait rien de lui. « Tu as été adopté ? » Demanda-t-elle soudainement, les yeux toujours rivés sur la photo. C’était une question plutôt indiscrète, mais il avait éveillé la curiosité d’Ha Ra. « Pardon. Ça ne me regarde pas… » Dit-elle aussitôt, se rendant compte de sa question déplacée.

Le nez dans le frigo, Liang observait ce qu’il y avait à l’intérieur, cherchant une idée de plat simple et rapide à faire. Il n’avait pas envie de faire des ramyuns, c’était peut être rapide, mais il voulait quand même un peu essayer d’impressionner Hara avec ses talents en cuisine. Il ne savait même pas pourquoi il avait ce besoin d’être aussi tendre et de l’impressionner sans arrêt lorsqu’elle était avec lui. Il ne comprenait pas, mais le faisait sans réfléchir. Cette douceur nouvelle n’était pourtant pas quelque chose qui le caractérisait, sa tendresse se réveillait le plus souvent quand il était avec Moeko, mais là encore c’était différent. Avec Hara, il changeait ou non, il devenait peu à peu ce qu’il a toujours été au fond de lui-même, mais que sa fierté cachait jusque là. Cette douceur était comme un automatisme lorsqu’Hara était dans les parages et elle se mêlait à sa fourberie et son côté taquin. Les deux se mariait plutôt bien, mais cela avait tendance à surprendre, lui le premier, Hara était peut être la seule à voir ce côté de lui en dehors de sa sœur. Il devait l’avouer, lorsqu’il s’agissait de Mei Li, le chinois se transformait littéralement en grand frère gâteau et béat devant ce qu’il appelle sa princesse. « Hm j’y pense, mais je ne sais pas encore. » dit-il lorsqu’elle évoqua l’idée de prendre un animal de compagnie. Liang y pensait depuis un petit moment, mais il n’était pas sûr de ce qu’il voulait et de s’il serait capable de s’en occuper. Pourtant, un animal tel qu’un chien ou un chat ne serait pas malheureux de l’espace dont dispose Liang dans son appartement. Il fronça les sourcils plongé dans sa réflexion, avant de tourner les yeux vers le frigo suite à la réponse d’Hara. Au final, le riz frit au Kimchi lui parut être la solution la plus simple, il avait déjà du riz cuit de la veille dans une boite et il l’a sortit, ainsi que le kimchi et tout les ingrédients nécessaires à la préparation sans oublier les ustensiles. Une fois fait, il fut piqué par la curiosité en voyant Hara près de ses photos et il s’approcha doucement d’elle pour la surprendre, un sourire sur les lèvres. Elle découvrait encore de nouvelles choses sur lui au travers de toutes ses photos et cela l’intriguait de voir sa réaction. Il était beaucoup moins inquiet que lorsqu’il l’avait ramené chez lui, peut être parce que maintenant qu’elle était rentrée dans sa maison, son inquiétude était retombé et il se sentait plus rassuré, comme si maintenant qu’elle était rentré chez lui, quelque chose entre eux c’était solidifié. Liang sentit qu’Hara tiqua lorsqu’il prononça le mot biologique, cela le fit sourire, il n’en parlait jamais à vrai dire, seulement pour les recherches de sa sœur. C’était quelque chose que peu de gens savaient ou finissait pas oublier tant ses parents adoptifs étaient devenu ses vrais parents à ses yeux. « Oui, j’étais très jeune, je ne m’en souviens pas très bien. » Mensonge, il se souvenait parfaitement de ce jour, mais plus du visage de ces parents biologiques, il ne se souvenait que des moments passés avec Xiao Li. « Elle s’appelle Chen Xiao Li, je ne sais pas où elle est aujourd’hui. » dit-il en posant sa tête sur l’épaule de Hara, il ne cherchait pas à cacher la tristesse dans sa voix. Il passa ses bras autours de la taille d’Hara et il resta ainsi pendant quelques secondes, il se sentait bien comme cela près d’elle, sa présence l’apaisait. Puis Liang la libéra de son emprise en lui souriant de nouveau avant de retourner à la cuisine commencer à préparer le repas.

Son regard ne quittait pas une seule seconde le visage de la mère de Liang. La wonsungi pensait à la sienne, qui était maintenant partit vers le ciel. Trop tôt. Elle était partit trop tôt. Fichu cancer. Ses yeux dévièrent vers la photo que lui indiquait le jeune professeur, observant les deux enfants. Elle avait reconnu Liang sans aucun souci. Il avait toujours la même bouille, et ses magnifiques yeux qu’elle ne se lassait pas de regarder. Encore une fois, la jeune femme se perdit dans ses pensées jusqu’à ce que Liang la fasse tiquer sur le mot biologique. Elle ne connaissait vraiment rien de lui, et elle en avait presque honte. Alors, sans même vraiment réfléchir à si ça pouvait être indiscret ou non, elle lui demanda aussitôt s’il avait été adopté. Mais, une seconde à peine passa, que la wonsungi s’excusait déjà. Ça n’arrêta pas pour autant Liang. Elle l’écouta attentivement, ses yeux toujours rivés sur le visage de la petite fille. « Oh je vois… » Chuchota-t-elle doucement, en se mordillant la lèvre inférieure. Elle se sentait gênée et elle détestait cette sensation. Et il n’arrangeait rien. La wonsungi resta figer un court instant, surprise par ce rapprochement. Elle sentait son cœur battre la chamade dans sa poitrine. Elle déglutit, retenant une fois encore ses larmes de couler. Cette ambiance la pesait. Elle passa lentement ses mains sur les bras de Liang, comme pour le réconforter même si, ce simple geste ne suffisait pas. Elle voulait quand même qu’il sente qu’elle était navrée pour lui, et qu’elle était là, pour lui. Quand il se détacha d’elle, la jeune femme aurait bien voulu le retenir mais elle s’abstenu, joignant ses mains l’une à l’autre pour les triturer dans tous les sens. Elle resta encore un peu devant les photos, les examinant chacune leur tour avant de s’approcher du long plan de travail blanc. Elle laissa ses doigts glisser dessus avant de redresser la tête vers Liang. « Est-ce que tu veux de l’aide ? » Demanda-t-elle soudainement, gardant sa position, tout en le fixant.

Liang était resté un petit moment contre Hara, le tenant dans ses bras, son visage posé sur son épaule, niché dans son cou. Leur relation était à la fois sauvage et tendre, avec eux, on ne savait pas jamais à quoi s’attendre. Si leur égo étaient toujours bel et bien présent, provoque bon nombre de pique, de crise, de dispute, dévoilant alors leur côté sauvage et séducteur. Leur tendresse, même caché au plus profond d’eux a toujours été présent à diverse dose, Hara n’était pas un nounours ambulant et pourtant, elle savait se montrer douce avec lui, et elle faisait ressortir le meilleur de Liang. Il se surprenait à être affectueux et chercher sa présence contre lui au travers de câlins et de gestes tendres. Toute des choses qu’il ne faisait pas avant qu’il avait oublié, la découverte de sa sœur, avait permit le réveil de ce côté plus protecteur en lui et Hara l’intensifiait. Quand elle se sentait mal, il ressentait ce besoin extrême de lui changer les idées, d’être doux et prendre soin d’elle pour qu’elle aille mieux. Hara lui faisait faire d’innombrable chose qu’il n’aurait jamais imaginé faire avant de la rencontrer et la belle ne semblait même pas s’en rendre compte.  Le nez sur sa cuisinière, Liang cessa de penser autant et il se concentra sur son plat. Son riz sortit de sa boite et le kimchi frais de sa mère était prêt et il sortit sa poêle pour la mettre sur le feu avec un peu d’huile, une fois chaude, il mit le riz et le kimchi avec des assaisonnements pour les faire chauffer.  Baguette en main, il cuisinait tranquillement tout en étant très concentré, la cuisine le rendait heureux, dans une autre vie il aurait aimé être un célèbre chef cuisinier. Il ne tourna pas la tête au son de la voix d’Hara « Oh tu peux mettre la table si tu veux, j’ai juste à faire chauffer ça pour la cuisine ! » dit-il avant de lever une main vers le placard du haut «  Les assiettes sont là et les baguettes dans le tiroir d’en dessous, les verres sont dans le placard là bas. » dit-il en pointant chaque endroit avec ses baguettes pour cuisiner. Il laissa Hara faire, continuant de cuire son plat qui n’allait pas mettre bien longtemps à être prêt. Liang avait faim et il n’était pas du genre patient dans ces moments là. Une fois chaud, il coupa le gaz, la poêle en main et il contourna le plan de travail pour venir vers la petite table ronde remplir leur deux assiettes avant de reposer la poêle sur le plan de travail derrière lui et de s’asseoir « Bon appétit » dit-il en plongeant son regard intense dans le sien.