Ça fait atrocement mal, un mal de chien. D'après l'agresseur, Luz l'a bien cherché. C'était trop au départ, cette excitation qui pointait dans son palpitant, cette adrénaline qui la prenait de la tête aux pieds. Mais comme bien souvent depuis quelques temps, la brune a mal géré la situation. C'est dire qu'elle n'a plus l'habitude. La maison de correction, l'école militaire l'avaient bien recadrée. Mais ici, dans ce pays totalement inconnu, elle est en perdition et ce rejet constant auquel elle se confronte, ce non vouloir d'elle venant de Tara rend son sang bien trop chaud pour qu'elle puisse le contenir sereinement. Il lui faut du poing, des bleus, des dents qui tombent. Mais là, c'est elle qui est couverte d'hématomes, elle en est encore bien remontée. Elle l'a laissé partir mais se souvient très bien de son visage. Vengeance sera faite, comme à son habitude, elle ne sait raisonner plus loin.

Soupire las, la voilà résignée à se rendre chez son infirmière attitrée, à le déranger une nouvelle fois. Oui, le. Lui, c'est son infirmière. L'espagnole lui a envoyé un sms il y a quelques minutes et la voici bientôt arrivée chez lui, ou plutôt chez son petit ami. Elle les trouve mignon, ces deux là et parfois, elle se demande comment ça ferait si elle se trouvait en couple, en couple par amour. Au bas de la porte, elle toque et prend une grande inspiration. Sourire préparé, même si c'est douloureux à cause de sa joue violacée, la voilà prête à se faire accueillir par son infirmière chérie. La porte s'ouvre et taquine, en tendant un paquet de chips à son hôte, elle s'exclama: «J’espère que t’as prévu la tenue, réalisme oblige ! » Tout cela dans un coréen très espagnol et dans un sourire jovial. Elle s'avance dans la demeure et s'en va, comme à son habitude - même si cela ne fait pas si longtemps qu'ils se connaissent - s'asseoir sur le canapé avant un peu de peine. « Qu’est-ce que tu ferais sans moi ? J’t’aide à la pratique ! » Tout prendre à la légère, c'est mieux pour le moral.

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clothes + À peine sortit de la douche, son téléphone se mit à vibrer contre la surface du lavabo de la salle de bain. Haejin passa une serviette à sa taille et s'empressa d'aller voir ce qui se passait. Plus ou moins à sa grande surprise, Luz allait avoir besoin de soins infirmiers pour un peu les mêmes raisons qu'à l'habitude. Encore heureux que l'étudiant était fils de chirurgiens et savaient s'occuper de blessures sinon elle se serait retrouvée avec un abonnement pour l'hôpital. Devant son téléphone portable, il hocha la tête comme une mère déçue et posa l'objet contre la surface plane. S'empressant de se sécher les cheveux au maximum, il passa ensuite à la chambre d'amis où la garde-robe entière lui appartenait et il s'habilla vite-fait, couvrant sa crinière bleutée d'une casquette. Avant qu'il puisse aller mettre la main sur la trousse de premiers soins, on toqua à la porte et ses pas se dirigèrent plutôt dans cette direction. L'ouvrant, l'étudiant tomba sans surprise sur son amie encore amochée. « La tenue est au lavage, désolé. Peut-être que si tu ne me faisais pas cette scène aussi souvent je pourrais l'enfiler à chaque fois. » Il fit mine d'être vexé, claquant la langue contre son palet en roulant des yeux avant de rire. De toute, Haejin ne possédait aucunement de tenue d'infirmière sexy, mais plutôt une magnifique collection de sarrau/blouse blanche. L'invitant ensuite à entrer, Haejin referma la porte et la laissa se rendre au salon. Il fit un détour rapide par la salle de bain pour récupérer la trousse et la rejoignit pour l'entendre prétendre qu'elle lui servait de pratique. « Je vais finir par croire que tu oublies que je vais être pharmacien et non médecin. C'est des calmants que je vais finir par te donner. » Cette fois-ci, Haejin fit le hochement de tête de gauche à droite digne d'une mère directement à Luz. « T'as fais quoi cette fois ? » En attendant l'histoire, il déposa la trousse et resta debout devant elle, puis se pencha en sa direction pour débuter son examen sommaire.

Elle voit bien qu'il n'est pas content, mais elle n'éprouve aucun remords à se battre à chaque fois. Néanmoins, elle regrette de devoir toujours déranger celui qu'elle considère comme son ami. Elle n'est pas là depuis longtemps, pourtant sans même la connaître, il l'a soignée la première fois qu'il l'a vu. Elle n'a pas souvent croisé ce genre de personne dans sa vie. Ca lui a fait peur au début, elle ne comprenait pas pourquoi il venait l'aider comme ça. Elle a grogné, et pourtant il est resté. Et encore maintenant il ne prend pas peur alors qu'il la voit souvent amochée et qu'il sait que c'est parce qu'elle se met rapidement en colère. Elle ne comprends pas pourquoi, de toutes, elle ne comprends jamais grand chose mais ça, elle ne le sait pas. Loin d'être vexée par les paroles de son amie, ni de se rendre compte de son reproche, elle émet un petit rire amusé et déclare: « J't'en paierai une dizaine alors!» Alors qu'il cherche la trousse de soin, elle se dévêt de sa veste et de son pull, son torse et son dos étant bien amochés. Interpellée par la remarque de Hae Jin, la demoiselle lève un regard curieux vers lui, de gros yeux sincèrement intéressés par ses propos. « Tu crois que ça pourrait marcher? 'Fin, j'veux dire, que ça peut vraiment m'calmer?» Et l'empêcher de céder à ses pulsions? Mais ça, elle a dû mal à le demander, ça atteint sa fierté. Il commence à l'examiner. Le regard perdu alors sur sa casquette, sa main commence à triturer un coussin posé par là, à le serrer un peu trop fermement. Ça l'énerve. « J’voulais pas l’accompagner dans sa piaule. Et il insistait. J’ai oublié mes formules de politesses et il a utilisé ça comme prétexte pour m’énerver alors c’est parti en couille. Mais…. » Elle soupira, blasée. « J’pas géré cette fois. »

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Si elle pouvait apprendre à se contrôler davantage, Haejin n'aurait pas besoin de considérer remplir sa trousse bientôt. À la longue, Luz finirait par lui coûter cher, mais il n'irait pas s'en plaindre à son amie. Personne au monde n'était parfait, chaque individu venait avec son bagage de défauts et Haejin avait accepté celui de Luz dès leur première rencontre. Ça lui semblerait illogique de refuser de continuer d'en prendre soin maintenant. « Je crois qu'on aura besoin de plus qu'une dizaine, si tu veux mon avis. » Une belle exagération puisque ce n'était tout de même pas si terrible, mais il faudrait bien un jour que son amie comprenne qu'elle ferait mieux de lever le pied sur les bagarres avant que son derrière ne termine en prison. Il la laissa prendre ses aises, revenant avec ce dont il avait besoin pour débuter son inspection et son interrogatoire de jeune mère poule. « Je sais pas, peut-être bien. Il faudrait essayer. » Loin de lui l'idée de la forcer à être une personne qu'elle n'était pas avec des médicaments, mais si Luz se prêtait à l'expérience, Haejin pourrait toujours la tenter avec elle. Haejin commença son inspection, débutant d'abord par son visage et ouvrit la trousse pour en prendre un ice pack qu'il craqua pour le faire devenir froid. Il l'enveloppa dans une serviette pour éviter le contact du froid directement avec la peau et le lui tendit en écoutant son histoire. Sans même avoir à y penser, sa mâchoire se crispa et il serra les dents. « On a voulu te trainer dans une maison contre ton gré ? » Les sourcils froncés et le regard un peu noir, Haejin regarda Luz, n'était dorénavant plus "fâché" après elle, mais bien envers le responsable.

Elle hausse les épaules, faisant mine de bouder à la réflexion concernant les tenues de son amie. A vrai dire, discuter avec lui commence finalement à la calmer peu à peu. Luz, comprendra-t-elle un jour qu'il faut s'arrêter? Comprendra-t-elle que ce qu'elle fait n'est pas normal? Que la maison de correction était au départ, censée être une punition et non une délivrance? Il fait un peu frais mais cette fraîcheur lui fait un bien fou, elle se sent un peu moite, malpropre, laide. Elle n'a aucune honte à se mettre de telle tenue devant son amie, elle le sait digne de confiance et éperdument amoureux de Noah. D'un côté, elle le jalouse, ça doit être amusant de ressentir ce genre de sentiments. Le fait que ces calmants puissent être testés la stressent légèrement. C'est qu'elle n'a jamais pris de médecine longue, elle a peur de tout ce qui rend dépendant. Sa dépendance à la bagarre la ronge déjà bien assez, elle ne souhaite pas d'autres vices de ce genre. « Hae Jin, ça rend dépendant ces trucs ? » On sent une pointe de frayeur dans sa voix, elle ne s'en cache pas, du moins avec le pharmacien, elle se sent plus libre qu'à l'habitude. Elle ferme les yeux un instant, laissant un sourire serein s'afficher sur son visage bleuté. Puis elle les rouvre, prend volontiers ce que lui tend le jeune homme pour le poser non sans mal sur sa joue gonflée. Un long frisson parcours son corps, dieu qu'elle déteste ça. « Oui. » Elle penche la tête, montrant alors qu'elle réfléchit. « C'est partout comme ça, ça change pas d'un pays à un autre. Juste parce qu'on porte un regard sur eux, certains pensent qu'on est intéressée. Puis c'est quoi ces manières de draguer. C'est pas parce que j'aime me battre que j'en suis moins féminine. » Elle s'arrêta et fit un bisou mignon sur la joue de son ami et tout sourire déclara: « T'as vu? Pour une fois c'est pas ma faute! » Il n'y a sûrement pas de quoi être fière, mais pour elle c'est rare, c'est digne de célébration.

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Il essaya de juger vite-fait mentalement les risques que pourrait avoir les calmants. Les dépendances devenaient vite et aisément des problèmes dans le domaine pharmaceutique, mais ce n'était pas un point sur lequel les firmes allaient travailler : c'était des compagnies, elles œuvraient dans le but unique de faire de l'argent. « Pour être franc, un peu tous les médicaments comportent des risques de dépendance à la longue. Il faudrait que je travaille là-dessus un peu pour pas courir de risque, si ça t'intéresse. » Si Luz désirait tenter le coup, l'étudiant ne lui balancerait pas un sachet de comprimés en la laissant se débrouiller par ses propres moyens. Bien au contraire : le tout viendrait pratiquement avec un mode d'emploi. Haejin n'offrirait pas de faire une telle chose à tout le monde : se lancer dans les recherches et les calculs avait un côté un peu chiant qui le privait de temps libre, même s'il adorait bosser. Qu'est-ce qu'il ne ferait pas pour ses proches ? Lui donnant la glace pour sa joue vivement colorée, il continua son examen en venant presser les doigts à quelques endroits suspects pour vérifier le niveau de douleur et tâter légèrement si un truc lui paraissait différent. Heureusement que sa fidélité n'était pas à prouver sinon ç'aurait pu paraître un peu bizarre comme situation, mais son esprit n'eut même pas le temps d'en faire la réflexion avant qu'il ne lève un regard noircit vers son amie. Tout ce qui se rapprochait de près ou de loin d'un abus physique ou sexuel venait pincer une corde sensible chez le jeune homme. « C'est partout pareil, mais ça n'est pas une raison pour agir comme ça. Tu comptes porter plainte ? » Malgré le bisou et le fait que Luz semblait parfaitement normale, pour lui, c'était inacceptable. « Si on t’agresse, ce n'est pas de ta faute. »

L'idée que de la médecine puisse l'aider à calmer ses pulsions, Luz la ressent à double tranchant. D'un côté, elle le sait, elle s'en sentirait soulagée, comme si, de ce fait, on lui enlevait un grand fardeau. D'un autre côté, elle n'a connu que ça, pourrait-elle survivre si elle devait changer tout ce qui fait ce qu'elle est? Et sachons le bien, sa violence est sa plus grosse caractéristique. Luz sans bleus, est-elle réellement Luz? C'est pour cela que mi-hésitante, mi-effrayée, elle répond ceci à son ami: « T’embête pas pour moi. T’es déjà assez occupé comme ça et je te dérange bien assez. D’ailleurs… Désolée pour ça. » Elle lui offre un petit sourire, sincère, timide. Si ce sourire est d'habitude mensonge, elle ne peut se résoudre à l'utiliser de la sorte avec celui qui prend toujours soin d'elle. Elle tient la poche de glace contre sa joue tout en comptant les événements passés il y a peu, tout en grimaçant à certains des appuis que faisaient Hae Jin contre sa peau. Porter plainte? Voilà une idée bien saugrenue dans la tête de l'espagnole. Pas que l'idée soit stupide, loin de là, c'est même le plus logique et normal à faire, mais ce genre de chose ne passe jamais dans l'esprit de la brune. « Non, j’y avais même pas pensé… » Décidément, les propos de Hae Jin on tendance à perturber Luz aujourd'hui. Ça n'est pas sa faute? Pourtant elle se sent agressée par tellement de choses qu'elle doit forcément le mériter, non? Elle le regarde, ne semblant pas le comprendre puis elle hausse les épaules, semblant hermétiquement fermée à accepter le fait qu'elle n'était pas fautive. « Possible. » Mais cela ne la ronge pas plus que cela, elle vit et a toujours vécu avec. Elle se rend coupable de tout et d'après elle, c'est à cause de ses parents. C'est ainsi.

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Hochant la tête négativement, Haejin sourit finement pour nier le fait qu'elle le dérangeait. Un ami ne pouvait pas venir se mettre entre ses pattes, par définition. N'étais-ce pas le fondement d'une amitié ? Il y avait des moments qui tombaient moins bien, oui, mais de là à l'embêter dans son planning de la journée, peut-être pas. « Ça va, ne t'excuse pas. Et si jamais tu changes d'avis, tu peux me contacter à tout moment : ma proposition tiendra toujours. » Au moins, sur ce point on pouvait compter sur sa parole. Il n'aurait pas choisi d'étudier en pharmacie si son intérêt n'était pas d'aider les autres puisque la question financière ne se posait même pas dans sa vie. C'était purement par passion qu'il jouait les intervenants médicaux auprès de tant d'individus de son cercle d'amis. Il appuya les doigts contre sa peau pour suivre la courbe de ses côtes, voulant être bien certain qu'il n'y avait aucun problème à ce niveau : une côte cassée pouvait jouer bien des tours, mais tout semblait normal. Quelques hématomes ici et là, mais Luz devrait s'en remettre comme un charme. Comme toujours. Parfois, l'étudiant en venait à se demander pendant combien de temps encore la chance de son amie la protégerait à chercher les problèmes si régulièrement. « Tu devrais, » marmonna-t-il, les dents serrés bien que le sujet n'avait pas le même effet sur lui que sur elle. Peut-être n'aurait-il pas réagi de la sorte un an auparavant. Néanmoins, la situation restait outrageusement la même. « Un endroit fait plus mal qu'un autre ? » Son verdict était positif pour l'instant, mais la meilleure personne pour juger si un truc avait l'air de clocher restait Luz : c'était son corps, elle savait largement plus où elle avait mal que lui.

Elle lui sourit, le remercie du regard. Peu de gens sont comme lui. Peu connaissent la patience – Luz fait partie de ce peu d’ailleurs, peu sont si aimables et altruistes. L’espagnole doit beaucoup au coréen. Surement que s’en lui elle serait en très mauvais état, plus capable de marcher ou bien même, de respirer. « Merci ». Un simple mot, unique, mais qui représente tellement. C’est qu’elle le pense. Elle n’est peut-être pas à même d’accepter, de comprendre qu’elle doit stopper toutes ses conneries, mais elle se rend bien compte qu’elle prend du temps aux autres, qu’elle le leur vole pour son intérêt personnel. Egoïste, sûrement qu’elle l’est mais elle fera tout pour se rendre utile à Hae Jin en retour. « Si un jour, ou même plusieurs, t’as b’soin d’moi, appelle-moi. » Elle grimace de temps en temps, faudrait qu’elle se calme quelques jours parce qu’une bagarre dans quelques jours pour la casser pour de bon. Hae Jin semble soudainement amer, la curiosité piquée à vif, Luz se retient pourtant de le questionner. Elle réfléchit un instant par la suite avant de hocher doucement la tête de gauche à droite. « Nop docteur ». Elle reprend son pull, ayant un peu froid et puis par simple bienséance, pour l’enfiler avec un peu de peine. Elle craque sa nuque, se sentant ainsi soulagée. Finalement, sa curiosité prend le dessus. « Ca va pas, jin ? J’veux dire, ce sujet là, il s’est passé quelque chose ? » Elle lui prend la main tendrement, inquiète même si elle tente de garder un visage impassible.

Spoiler:

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Il ne releva pas quand elle le remercia, trouvant simplement qu'il était normal d'aider ses amis et ayant aussi étrangement l'habitude qu'on lui glisse ce simple petit mot. Un sourire gagna néanmoins ses lèvres lorsque Luz lui offrit un coup de pouce si un jour il en avait besoin, même si pour ça il avait déjà un éventail de gens parmi lesquels il pouvait choisir allègrement. « Je ne crois pas vraiment avoir besoin de ton aide en particulier un jour, mais j'en prends quand même note. » Bien que légèrement adoucit, l'étudiant ne demeurait pas moins tendu par les derniers propos tenu par son amie, et ce pour des raisons personnelles. Haejin évita de glisser un mot de trop sur le sujet, lui demandant plutôt si elle ressentait une douleur plus vive à un endroit précis et lorsque l'étudiante lui affirma que non, il la laissa se rhabiller. Prenant place à ses côtés sur le divan, il se raidit en entendant sa question. Peut-être aurait-il dû être un brin plus subtile sur le sujet. Ignorant le fait que Luz lui prit la main, il hocha simplement la tête. « Ça va. C'est juste une longue histoire, rien de grave, ça ne me touche pas directement. » Rien ne servait de la stresser inutilement : cela faisait partie du passé d'une autre personne.