J'en aurais presque ri. Mains enfournées dans les poches de mon jean's délavé, crinière en bataille et lunettes de soleil fièrement posées sur le nez, un reste de sang séché au coin des lèvres, c'est avec l'allure digne, et la démarche nonchalante que je dirige mes pas vers l'animalerie la plus renommée et chère de Séoul, mon frère sur les talons. Je veux un animal de compagnie très spécial et mon jeune jumeau, dans dans sa bonté, aussi délicieuse que rare, voulait se faire pardonner de m'avoir malmené ces derniers jours, notamment lors de notre prise de poings, quelques minutes plus tôt. Un coup d’œil en sa direction m'arrache un sourire narquois que je ne cache pas "Pourquoi tu boudes, mon doudou ? C'est parce qu'en fin de compte, tu ne peux pas me résister ?" Dans un geste lent et calculé, je tends le bras, attrapant tendrement sa main, enroulant ses doigts entre les miens avant de continuer, le regard plus sombre, caché derrière le verre couleur terre de sienne de mes lunettes hors de prix "Et t'as pas intérêt à te défiler, tu as promis de m'offrir un animal de compagnie pour te faire pardonner. Tu n'aimerais pas décevoir ton cher Hyung, non ?"

ô oui, j'en aurais presque ri.
J'aurais pu en rire devant son regard mi-condescendant, mi-fulminant mais je n'ajoute rien, profitant seulement du contact de nos mains entrelacées, marchant à l'unisson vers l'endroit que Jae finira par maudire, si je parviens à le convaincre de m'offrir un animal plutôt étrange pour compagnie.

Quelques minutes nous suffirent pour atteindre le lieu de ses futurs tourments. Et, c'est tout en relookant sans vergogne les belles vendeuses qui viennent à notre rencontre afin de nous souhaiter la bienvenue que je traine davantage mon frère derrière ma personne "Viens, Kwanny-Hyung, c'est par là !" Tout en passant un bras autour de ses hanches, haussant la voix pour ne pas passer inaperçus mais, sans laisser le temps à cette populace de nous observer dans le seul et unique objectif de noter nos différences.

D'accord, il est vrai que faire tourner en bourrique mon frère est, pour moi, une activité des plus divertissantes, autant je pense qu'un compagnon mammifère ne me ferait pas de mal, bien loin de là. Flânant entre les rayons, je me désintéressais rapidement des baques contenant chiots, lapins et chatons, sentant quelques fois le regard curieux de Jae, c'est tout naturellement que je me poste devant un cage à poules. Tandis qu'un sourire éclatant que l'on pourrait caractériser d'enfantin, je pince son nez entre mon pouce et mon index sous l'attention perplexe des autres clients  "J'ai trouvé mon cadeau, je veux une poule de compagnie"

J'en aurai presque pleure. Mains enfournées dans les poches de mon pantalon de costume, mes cheveux plaqués en arrière et lunettes de soleil fièrement posées sur le nez. Aucunes traces de sang sur mon visage, c'est l'allure d'une personne venant de se faire avoir que j'avance, tête vouté, épaulé rentrer. Tout ça pourquoi? Car mon frère a réussit à m'avoir avec l'une de ses promesses. Monsieur veut un animal de compagnie. Chose que je n'ai pas pu lui refuser, vu qu'aujourd'hui, je me sens d'humeur généreuse ou bien est-ce le fait que je me sens coupable de la manière que je me suis comporté avec lui, ces derniers jours et surtout ce qu'il vient de se passer il y a une demi heure d'ici entre nous. En tout cas, je marche hésitant à ses côtés.

Relavant ma tête en entendant sa voix remplit de saracasme, je jette le mégot que mes doigts serraient encore, il y a un instant. C'est ça même pas en rêve. Je ne daigne même pas lui lancer un regard. Sauf que Kwang Ho a décidé de ne pas me lâcher, trouvant certainement que je ne vais pas assez vite à son gout. Sa main attrape ma main, ses doigts s'enroulent entre les miens et je sens son regard sur moi. Si tu le veux vraiment, lâche moi. Ma voix est froide et sans appelle.

Enfin arrivé au magasin, rien ne me présageait que mon supplice ne ferait que commencer. Kwang Ho me tire à l'intérieur, et mon regard se pose sur les vendeuses dont l'une d'elle eu la chance il y a peu de tirer le bon numéro pour passer une agréable nuit avec moi. Sa voix résonne dans le commerce, ce qui me fait grimacer. Il est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Le besoin de sentir tout les regards sur lui, d'être la star adulé de tous dès que nous rentrons quelques parts, et d'une certaine façon, je le comprends. Mais est-il obligé de poser sa main autour de ma taille, franchement. Pendant qu'il me tire vers l'animal qu'il veut, je lui enlève sa main, non délicatement.

Surpris, c'est sur. Devant nous, les chiots, les chatons, les lapins, les poissons et les oiseaux sont passés. C'est quand il s'arrête devant une cage où se trouve des poules et des poussins que je comprends ma connerie. Ma bouche s'ouvre en grand, alors qu'il me pince le nez. Il me faut un instant pour comprendre ce qu'il vient de dire. Je refuse! Mes talons se tournent pour se diriger vers les chiots. Il oublie que nous avons un rang à respecter, c'est pas possible. Tu es quoi? Un fermier? Je tourne ma tête vers lui en rigolant. Y en a un qui va être content d'apprendre qu'il a élevé un paysan dans son foyer.