Let the love tear us apart

Tenue

C'est peu après le déjeuner que Bo Won avait quitté la capitale pour se rendre dans un village voisin afin de rendre visite à une vieille connaissance. Heureusement, elle avait eu le réflexe de prévenir son père avant de prendre la voiture et de s'exiler de son propre gré. Sauf qu'elle lui avait promis d'être rentrée vers 16h, de quoi le faire s'inquiéter facilement, ce papa poule.

Car s'il s'agissait d'une visite avant tout, Bo Won prenait volontiers cette sortie comme prétexte pour se changer les idées et faire le vide dans sa tête. Malheureusement, le temps était passé bien trop vite. La nuit tombait déjà dehors et Bowon devait rentrer, retrouver sa fraternité et sa vie d'étudiante. Sans même voir que son téléphone était à 5% de batterie, la brunette des Pyobeom grimpa dans sa voiture et démarra après avoir adressé un dernier au revoir à son amie. Et la voilà maintenant lancée sur la nationale qui reliait Seoul à la petite ville où elle avait passé l'après-midi.

Elle conduisait tranquillement lorsque sa voiture se mit à brouter sur plusieurs mètres. Surprise et inquiète, la jeune femme sentit par la suite la voiture lui lâcher entre les mains. Le moteur s'était coupé tout seul. Elle eut le réflexe de se ranger sur le bas côté, dans l'herbe, alors qu'elle avait du mal à comprendre ce qui se passait. Mais avant tout, elle prenait déjà deux minutes pour souffler et calmer son coeur qui battait la chamade. Plus de peur que de mal au final, et heureusement qu'elle ne roulait pas vite à ce moment-là. Ce n'est qu'une fois détendue qu'elle sortit de la voiture avec son téléphone et activa la lumière pour s'éclairer et essayer de voir ce qui clochait. Il faisait nuit, elle était seule sur une route peu fréquentée et sa voiture venait de la lâcher. « Oh c'est pas vrai, ça r'commence... » se dit-elle avant de se mordre la lèvre. Elle ne connaissait rien en voiture et c'est dans ces moments-là qu'elle se disait toujours: "ma vieille, faut t'y mettre un jour." Ce jour-là était plus qu'arrivé.

Bowon retourna dans la voiture avec dans l'idée d'appeler Su Jin, le mécano garagiste qui réparait toujours sa voiture quand elle avait un problème. Elle prit donc son téléphone mais quand elle vit qu'il ne restait que 2% de batterie, elle se mit à paniquer, mais tenta quand même le tout pour le tout en allant dans son répertoire. Sauf que Dieu n'était pas avec elle ce soir-là, et son téléphone s'éteignit entre ses mains. Et quelle haine elle avait en voyant ce fichu téléphone afficher un "A bientôt" alors que l'écran devenait noir. « Non, me lâche pas toi aussi!!! » s'écria-t-elle en regardant son téléphone 30 secondes, ébahie.

« C'est un cauchemar... C'est pas possible... » c'était ce qu'elle se répétait tout bas alors que ses doigts étaient posés sur ses lèvres. Pourtant, c'était bien la réalité. Elle était en panne à mi-chemin entre Séoul et ce village inconnu de tous, et sans moyen quelconque de prévenir ses proches pour qu'on la sorte de là. Elle appuya ses mains sur le haut du volant, où elle vint poser son menton, pensive. Il fallait qu'elle sorte, et attende la première voiture pour demander de l'aide. Ce qu'elle fit sans trop perdre de temps, et pendant 20 minutes, elle était restée sur le bord de la route, à trembler de froid à chaque brise qui venait frapper son corps. Fort heureusement, elle aperçut au loin des phares de voiture et elle n'hésita pas à se mettre au milieu de la route pour faire de grands signes.

Pour continuer dans la malchance, la voiture s'arrêta, oui, mais Bowon constata qu'il s'agissait d'une voiture remplie d'hommes. Qui n'avaient pas l'air très net. « Besoin d'aide? » Bowon baissa lentement les bras, le regard hésitant, avant de se tourner vers sa voiture. Est-ce que ces types allaient pouvoir l'aider au moins? « Par contre, on est mauvais en mécanique. Mais on peut te ramener si tu veux. » La brune fit volte-face vers eux. « Non, c'est bon en fait. Je vais me débrouiller. Merci quand même. » Elle leur sourit, un peu nerveuse, alors qu'elle vit les phares d'une voiture arriver au loin. Pourvu que cette fois, il ne s'agisse pas d'une bande de mecs.

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tenue ▬ Le clair parsemé de lumière engouffrait déjà la ville dans une atmosphère sereine et idéale. Un hiver déjà bien rude s’annonçait et Aidan n’avait pas trouvé mieux comme idée que de se changer les idées et de faire un tour en voiture. Un simple tour citadin, ne quittant pas les rives de Yonsei, admirant et profitant simplement du crépuscule qui offrait de magnifiques couleurs au ciel. Une scène pouvant paraître des plus romantiques avec un gaillard tel que l’australien, au corps tatoué et musclé. Telle la scène du dernier film de Noël que nous pouvions regarder à cette époque de l’année. Pourtant, le véhicule du jeune homme n’entrait pas dans les critères de cette image idéaliste et sentimentale. Le brun se demandait souvent si sa voiture n’allait pas le lâcher en pleine route mais rien de ça, c’était une battante celle-là. C’était une carcasse qu’il se traînait contrastant avec la palette de couleurs pastels que l’air arborait. Il ne manquait plus qu’il neige pour que le tableau soit parfaitement digne du conte qu’il s’imaginait.

La main sur le volant, le coude sur le bord de la fenêtre, le regard perdu sur la route, Aidan aimait sortir sans réel but. Sortir pour s’aérer, sortir pour se libérer. Il n’allait pourtant pas si loin, le paysage rural peint de la fraîcheur de l’hiver, les gens emmitouflés dans leur manteau, le bonnet cachant leurs oreilles rougis, lui suffisaient pleinement. Il appréciait les simples plaisirs que lui offrait cette vision quotidienne. Il pensait alors qu’on ne s’attardait pas assez sur ces détails qui menaient notre vie. C’est d’ailleurs pourquoi il prenait fréquemment sa boîte de conserve, soit sa voiture, afin de découvrir les nouvelles rues, les nouveaux bâtiments qu’il ne connaissait pas encore de la ville. Il se plaisait à rentrer un peu plus tard le soir, inquiétant Tara alors qu’elle en avait l’habitude. Il savait que bientôt, il recevrait un message, le nom de la jeune femme qui partageait sa chambre s’inscrivant à l’écran pour lui demander où il était et quand est-ce qu’il allait rentrer. A moins qu’elle aussi soit de sortie de jour-là. Ce qui ne l’aurait pas étonné.

Aidan n’avait jamais partagé ce moment qu’il affectionnait, gardant égoïstement le plaisir d’être seul pendant quelques heures. La musique l’accompagnant sagement. Elle se propageait dans le véhicule, un peu trop fort. Un peu trop fort pour que certains passants se retournent sur lui lorsqu’il passait. Ou peut-être était-ce simplement la dégaine de la voiture qui tapait à l’œil, qui sait. Cependant, le sango n’en portait pas grande attention, il se fichait pas mal de savoir si sa voiture était belle ou si sa musique, un peu trop forte, plaisait. Dans ces moments, il était dans son monde, un monde parallèle où tous les scénarios possibles et inimaginables se tournaient et se passaient dans son esprit. Comme si tout ce qu’il n’arrivait à admettre pouvait afin prendre leur réelle place à ce moment-même. Il pouvait enfin réfléchir sur ses tourments et sur ce qu’il prenait à la légère en temps normal. Mais dès lors qu’il serait rentré, tout se passerait comme si, en fermant la portière, tout se serait effacé pour tout recommencer la prochaine fois. C’était son monde à lui quoi.

C’est alors avec le téléphone branché sur les enceintes improvisées qu’Aidan avait réussi à fabriquer que ce dernier parcourait les méandres d’une ville se plongeant peu à peu dans la noirceur de la nuit. Les lampadaires allumés, ces lucioles dorées habillaient les rues pour mieux les éclairer. Ce changement total confondait la ville et traduisait les mille visages qu’elle pouvait porter. Il était bientôt l’heure de rentrer. Et c’est avec un large sourire que le brun prit son téléphone, sonnant déjà. Pensant qu’à l’autre bout du fil, il y entendrait la voix de sa douce colocataire. Pourtant, rien de tout cela, c’était une voix masculine qu’il reconnut très vite. Le père de Bowon s’inquiétait de ne pas la savoir rentrée après son escapade hors de la ville. Se connaissant maintenant depuis plusieurs années, il n’était pas étonnant qu’il l’appelle pour ce genre de choses. Et rapidement, Aidan s’inquiéta alors qu’il essayait de relativiser - en effet, la réalité était telle qu’elle ne ressemblait souvent pas aux films de Noël. Bien que la jeune femme soit injoignable, il pensait qu’en demandant à Xiao Chen si elle en savait plus aurait pu l’aider mais en vain, sinon ce n’est pas drôle. La rose serait partie sans prévenir de ses plans.

Pendant un long moment, Aidan arpenta les alentours de la ville, pensant qu’elle ne devait pas être bien loin. Son cœur battait rapidement alors qu’il commençait réellement à s’inquiéter. Le père de la brune avait mentionné qu’elle devait rendre visite à une amie. En se remémorant tous ses souvenirs un à un, une personne lui vint en tête et c’est avec l’espoir d’un miracle qu’il prit la route assombrie par la nuit.
Après bien quelques heures de recherches et d’anxiété arrivée à son paroxysme, l’australien vit au loin deux voitures à l’arrêt et une personne à l’extérieur, barrant le passage de la route. Le jeune homme s’arrêta sur le bas-côté reconnaissant vaguement la jeune femme. A ce moment précis, il priait chaque Dieu qu’il pouvait exister pour qu’il s’agisse de Bowon. Sortant de sa voiture, son cœur rata un battement lorsqu’il vit le miracle se réaliser devant ses yeux. Pourtant, il ne prit pas le temps de s’attarder bien longtemps sur son soulagement qu’il vint s’appuyer à la fenêtre baissée de la troisième voiture présente. « C’est gentil les gars mais on a pas besoin de votre aide. Vous pouvez circuler. » En toute circonstance, Aidan n’oubliait pas son savoir vivre et sans aucune violence ni agression, il remercia ces malfrats avant d’arborer un large sourire.

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« Mais tu vas pas rester seule sur cette route alors qu'il fait nuit, quand même? » avait lancé celui qui était au volant, un sourire un peu trop aguicheur au goût de la brune qui fit un pas en arrière. Néanmoins, elle se reprit et acquiesça plusieurs fois. « Si, c'est bon. Partez. » Elle avait manqué d'un peu de tact sur la fin de sa phrase, et le jeune homme situé au volant se tourna vers ses amis, ricanant. « Haha. Elle a peur de nous j'crois. » Bo Won fronça les sourcils, alors que la voiture qu'elle avait vu au loin finit par se garer sur le bas côté. Eblouie par les phares, la Pyobeom porta une main devant ses yeux pour se protéger de la puissance de la lumière, mais heureusement pour elle, la personne coupa le contact et descendit de sa voiture.

Quand cette personne approcha de la voiture des mecs, Bo Won la reconnut immédiatement. Et le son de sa voix ne permit qu'une confirmation. Aussitôt, le coeur de la brune fit un bond et son regard se transforma. Ses sourcils se défroncèrent, sa bouche s'entrouvrit et ses yeux s'agrandirent, tandis que l'homme en question demandait aux jeunes hommes de partir. C'était Aidan, et de toute façon, la vie faisait en sorte de le faire apparaître à chaque fois que Bo Won avait un sérieux problème. Si c'était pas l'ironie du sort, ça.

« D'accord, mais attention, elle est un peu peureuse sur les bords. » répondit le chauffeur alors que Bo Won baissa la tête au sol, vexée. Maintenant, elle ne voulait qu'une chose: qu'ils se cassent. Et par chance, sa prière fut exaucée rapidement. Elle entendit la voiture partir, signifiant ainsi qu'il était temps qu'elle relève la tête et pose ses yeux sur Aidan. Ne vous avais-je pas dit déjà ce que ça lui faisait? Non? Je vais vous expliquer.

Ca faisait mal.
Ca lui faisait toujours mal de le regarder, un peu comme une chute, ou encore mieux, une pince qui attrapait son coeur et le serrait de toutes ses forces. A tel point que parfois, elle se surprenait à poser la main sur sa poitrine, comme si ce simple geste pouvait la soulager, alors que non. Rien ne peut soulager une douleur au coeur. Rien. Parce qu'elle était encore amoureuse et parce qu'elle était incapable de le regarder avec les yeux d'une ex petite amie qui avait définitivement tourné la page sur l'histoire passée, alors le simple fait d'être avec lui était à la fois un bonheur indescriptible, mais aussi une épreuve insurmontable. Mais pour le coup, elle était heureuse.

« Comment t'as su que...  Il approcha, et à la lumière des phares de sa voiture, elle put voir son regard. Leurs yeux se croisèrent et comme à chaque fois, il y eut cet électrochoc qui l'empêcha de poursuivre sa question. ... Que j'avais un problème? » elle lui sourit faiblement mais avec sincérité, alors qu'elle se tourna vers sa voiture. La peur retombait, ça faisait du bien de se sentir soulagée. Alors ses mains vinrent relever ses cheveux et elle soupira, avant de se tourner vers l'australien. « J'ai vraiment cru que j'allais passer la nuit là. » elle souffla un bon coup avant de lui sourire à nouveau, un peu plus que la fois précédente.

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tenue ▬ Accoudé au bord de la vitre baissée, Aidan laissa un sourire se peindre au coin de ses lèvres. La situation était bien loin d’être amusante, encore moins après la frayeur que la brune lui avait causée mais il ne put s’empêcher d’échapper un léger rire, trouvant la situation quelque peu… ridicule après tous ces sentiments qui se sont mélangés au creux de son estomac. Que serait-il arrivé s’il n’avait pas débarqué? Que serait-il arrivé isi le père de Bo Won ne l’avait pas appelé? S’il ne l’avait pas trouvée? L’inquiétude retombait tout de même peu à peu, se lisant sur les traits de son visage fatigué, bien que la méfiance ne daignât partir. « Vous en faites pas pour ça. » dit-il d’un air faussement amusé au conducteur après avoir haussé les sourcils. Il se redressa enfin, enfouissant les mains dans les poches de son jeans et attendit que la voiture parte au loin pour soupirer et se retourner vers son ex petite amie, les traits légèrement tirés. Il ne savait pas s’il devait se réjouir ou être énervé en ce moment-même, il ne savait plus tant les émotions lui brouillaient l’esprit. Il voulait crier et serrer les poings mais aussi la prendre dans ses bras et ne plus la lâcher. Ses prunelles sombres posées sur ses jumelles, ses épaules se relâchèrent et il n’aurait su décrire ce qu’il ressentait. La voir face à lui était une épreuve à chaque fois. Entendre sa voix, poser ses yeux sur elle, la toucher, c’était un déchirement un peu plus profond à chaque fois. Comme si la plaie qui se refermait doucement au fil des jours se rouvrait soudainement pour faire encore plus mal que la dernière fois. Une douleur lancinante et pourtant si agréable. Aidan était perdu entre deux eaux. Bo Won le rendait fou.

Posté devant elle, il serrait la mâchoire, laissant un silence entre eux pendant quelques secondes, ne la quittant pas du regard. Il se foutait de savoir s’il pouvait passer pour un fou, il se foutait de savoir si elle attendait une réponse, il essayait simplement de se remettre les idées en place et de lui répondre le plus calmement possible. Cependant, rien ne se passa comme il l’aurait voulu et son impulsivité prit le dessus. Sans réellement le vouloir, il lâcha naturellement et d’un ton plus agressif et froid qu’il ne l’avait souhaité « Es-tu seulement consciente? Qu’est-ce que tu fous dehors à cette heure-là aussi loin de la ville? Et sans ton téléphone en plus? Est-ce que tu sais au moins à quel point tu m’as fait peur? » Sa voix masculine s’éleva davantage à ses dernières phrases avant qu’un énième soupire se laisse entendre. Il passa ses mains sur son visage, il pensait devenir fou. Il se retourna, faisant quelques pas, les mains derrière la tête et respira profondément pendant un petit instant avant de se remettre face à elle, de souffler un « Excuse-moi… » et de la prendre entre ses bras musclés. « Ton père m’a appelé pour me prévenir et… je me suis inquiété. » Il n’avait pas voulu crier, il n’avait pas voulu lui faire peur à son tour alors que la crainte et l’angoisse lui avaient fait perdre tout moyen de réfléchir correctement. Davantage en voyant ces mecs l’accoster. Il revoyait encore leurs visages, leurs expressions. Il avait cru pendant un moment que la rage allait avoir raison de lui. Il détestait tellement être dans cet état. Il se détestait tellement de réagir de la sorte.

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A quoi pouvait-elle s'attendre, après tout? A ce qu'il lui saute aux bras en lui disant "Dieu soit loué tu n'as rien"? Oui, ça, après. Mais avant, il fallait bien passer par la case "pétage de plombs". Après tout, elle le connaissait bien Aidan. Elle le connaissait même trop bien mais elle avait espéré qu'il ne craque pas et passe ses nerfs sur elle. Elle l'avait peut-être cherché au fond... En tout cas, c'était fait. Au moment même où il leva la voix pour l'engueuler, Bo Won ne semblait pas surprise, juste un peu désolée de lui avoir fait peur. Parce que oui, elle savait qu'il réagissait de la sorte à cause du stress qu'il avait dû ressentir au moment même où la voix du père Bae avait résonné, à l'autre bout du fil.

Néanmoins, son regard se riva vers ses pieds. Elle baissa la tête et se mordit la lèvre, ça lui faisait si mal de voir qu'ils étaient encore attachés l'un à l'autre au point de perdre les pédales quand il se passait quelque chose comme ça. Qu'aurait-elle fait à la place de l'australien? La même chose, c'était certain. Elle aurait passé des nuits blanches s'il le fallait pour le retrouver. Quelque part, savoir qu'il allait bien lui permettait elle aussi d'aller bien. Alors c'était réciproque, elle en avait la preuve à l'instant même où il avait posé ses mains sur sa tête. Ne te mets pas dans ces états-là, Aidan, j'ten prie... pensait-elle. Bo Won se détestait tellement. Elle avait envie de le serrer si fort contre elle et lui caresser la nuque, comme elle avait pris l'habitude de le faire quand quelque chose le chagrinait. Sauf qu'en fait, c'est lui qui prit l'initiative de le faire.

Elle sentit ses bras l'attirer contre son torse. Et ces mêmes bras se refermèrent sur son corps amaigri. La chaleur ne tarda pas à se faire sentir, et comme un réflexe, elle ferma les yeux, alors que ses bras glissèrent sur le dos de l'étudiant, pour le garder contre elle. Oui, le geste l'avait un peu bousculé sur le moment parce qu'elle ne l'avait pas vu venir mais rien d'important. Si c'était pour être dans ses bras, elle l'acceptait. Un soupir passa ses lèvres, tandis qu'elle l'écoutait s'excuser et s'expliquer. Evidemment, son père s'était fait du souci comme le papa poule qu'il était, ce qui la fit sourire tristement. Je suis désolée... Oui, elle s'excusait d'avoir causé souci aux deux hommes qui comptaient le plus dans sa vie. Elle retira sa tête, jusqu'alors appuyée contre son torse, pour voir enfin son visage de plus près et ses yeux. Et comme une vieille habitude, elle passa sa main dans ses cheveux en souriant, rassurante. L'important c'est que j'aille bien, hm? sa main quitta ensuite ses cheveux bruns alors que leurs corps se séparèrent.

En fait, mon téléphone n'avait plus de batterie, donc pas moyen de prévenir quelqu'un. Un rictus crispa ses lèvres et elle se tourna pour regarder sa voiture. Et bien sûr, ma voiture m'a lâché. Elle soupira. J'en ai marre, ça fait trois fois que je la mène au garage. Elle regarda un moment Aidan avant de reprendre. Tu crois que tu peux jeter un oeil? Quoiqu'il commençait à faire froid, et il n'avait sûrement pas que ça à faire.

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tenue ▬ Il la serrait doucement, chaleureusement. Il aurait voulu ne pas la lâcher, ne jamais avoir à le faire. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas été inquiété de la sorte et se réjouissait finalement que la brune entre ses bras s’en sorte indemne. Plus de peur que de mal, comme on dit. Les yeux fermés, il l’écoutait s’excuser à son tour et un fin sourire vint se peindre sur ses lèvres. Il n’aimait pas lever la voix et encore moins sur elle. Il n’aimait pas ne plus contrôler, ne plus arriver à réfléchir jusqu’à se réduire à son état de nature qui était ce qu’il détestait le plus. Il dénigrait son impulsivité tout comme sa colère enfouie. Il faisait toujours des efforts et prenait sur lui autant qu’il le pouvait. Cependant, parfois, comme dans ces moments-là, il arrivait qu’il n’y parvienne pas, qu’il n’y parvienne plus et que ses nerfs se jouent de lui jusqu’à le faire craquer sans qu’il ne puisse rien y faire. Cela pouvait bien durer que quelques secondes, quelques minutes, mais il détestait ça. Et lorsque les perles sombres de la jeune femme se posèrent dans les siennes, il oublia rapidement l’incident, il oublia tout. Et il sourit. Un léger sourire aux coins des lèvres et son regard s’adoucit. Il ne la lâcha plus, la fixant, la contemplant. C’était mal, ça faisait mal. Mais il était heureux de l’avoir contre lui, il était heureux de constater que rien ne lui était arrivé. Mais ça faisait sacrément mal.

Une étrangeté savourée, un lac d’incertitudes, un brouhaha de n’importe quoi. Il ne pensait plus à elle, il avait tourné la page, il avait tiré un trait sur tout ça. Il avait oublié, effacé, déchiré. Et même que son cœur arrivait à doucement battre pour une autre. Il avait réussi à sortir la tête de l’eau, à ne pas se noyer, à avoir repris son souffle. Ouais, c’est ce qu’il croyait. Et l’australien croisait son regard, ses yeux se posèrent dans les siens. Il était perdu. Perdu dans un vide savoureux. Ça lui faisait un mal de chien comme ça lui faisait du bien. Ses iris naïfs, cet air enfantin. Il se rendait compte un peu plus à chaque regard qu’il n’arrivait pas à oublier autant qu’il le souhaitait. Et c’était mal. Il le savait. Mais il ne pouvait faire autrement. Alors il la regardait, silencieusement, se persuadant qu’un jour, ses plaies se refermeraient, que cette blonde décolorée arriverait enfin à lui permettre d’oublier.

« Oui, c’est le plus important. » souffla-t-il. Il la laissa ensuite s’écarter de lui, passant sa main dans ses cheveux dans cette éternelle foutue habitude avant de les ranger dans les poches de son jeans. Aidan l’écoutait puis hocha la tête, à présent calmé. « Je suis pas un as mais j’vais voir ce que je peux faire. » Il passa alors à côté d’elle, posant sa main sur son épaule. Un geste simple et anodin pour des personnes simples et anodines. Pourtant, aux yeux du brun, ce n’était pas que ça et il se maudissait intérieurement. Grimpé côté conducteur, il ouvrit le capo de la voiture avant de venir l’ouvrir entièrement et de regarder à l’intérieur, la lumière de son téléphone lui faisant office d’assistante. Il n’était pas porté sur la mécanique mais avec une voiture comme celle qu’il se trimbalait, il ne pouvait qu’avoir quelques tuyaux et connaissances.

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Seigneur que c'était rude de sentir sa main dans ses cheveux ou encore se poser sur son épaule. Pourquoi est-ce qu'elle l'aimait comme ça, ce mec? A chaque fois qu'il la touchait, son coeur s'arrêtait de battre un instant, avant de repartir au galop. Ca l'exaspérait. Elle savait qu'elle devait passer à autre chose, au moins pour sa santé mentale, mais elle n'y arrivait pas. Ce qu'ils avaient vécu tous les deux était proche de la perfection, avant que n'arrive cette période d'orages qui ne fit qu'effriter leur couple jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien hormis des doutes et de la colère. Alors oui, c'était difficile d'oublier une relation de deux ans durant laquelle elle avait trouvé tous ses repères, habitudes et une joie de vivre qu'elle n'avait pas connu depuis son enfance, avant que sa mère ne se suicide.

Il lui avait rendu pas mal de choses que la vie lui avait volé. Voilà pourquoi c'était dur aussi de le laisser partir. Et sans parler du fait qu'il y avait, depuis leur rupture, un paquet de filles à l'affût. Ca, ça lui faisait un trou au coeur, mais elle préférait rester loin de tout ça, batailler de son côté pour remonter la pente ardue qui s'offrait à elle depuis. Sa main sur son épaule, ce n'était qu'un geste anodin. Mais quand elle leva les yeux pour croiser son regard, elle comprit qu'entre eux, il n'y avait rien d'anodin. Ca lui prenait les tripes, ça la brûlait de l'intérieur.

L'australien accepta alors de jeter un oeil à tout ça. Il ouvrit le capot avant et Bo Won croisa les bras, frileuse, le regardant ainsi chercher désespérément la faille. Il était vrai qu'avec une voiture comme il avait, Aidan ne pouvait qu'avoir des connaissances sur le sujet. D'ailleurs, la jeune femme tourna la tête vers l'engin, avant de sourire, nostalgique. Elle connaissait bien cette voiture, elle ne comptait même plus les fois où elle était montée dedans. Quand ils partaient loin, rien que tous les deux, ou quand ils sortaient simplement en ville pour promener. Ou encore les soirs où il venait devant le dortoir des Pyobeom et où ils passaient une heure à parler de tout, à leurs débuts. C'était les prémices de leur amour naissant.

Quelques minutes après, un flash attira l'attention de la demoiselle. Aussitôt, elle leva la tête vers le ciel et se rendit compte qu'elle ne voyait plus la lune. Et seulement quelques secondes après, le tonnerre gronda. Sans perdre de temps, Bo Won attrapa doucement le bras d'Aidan. Laisse tomber, rentrons à Séoul. Je vais prévenir mon garagiste une fois chez moi. Et il y avait toujours cette électricité, pas seulement dans le ciel, mais aussi entre eux, quand ils se touchaient. En temps normal, avec l'orage approchant, elle aurait joué un peu sur ses pulsions d'homme et l'aurait attiré dans la voiture pour qu'il lui fasse l'amour alors que la pluie tombant sur le pare-brise leur servirait du bruit de fond.

L'orage était encore loin mais n'allait sûrement pas tarder à arriver jusqu'ici. L'australien ferma alors le capot, tandis que Bowon appuya sur le bouton de ses clés pour fermer la voiture. Certes, laisser sa voiture ici lui causait souci mais elle n'avait pas vraiment le choix. Alors les deux étudiants retournèrent à la voiture du jeune homme. Une fois à l'intérieur, la Pyobeom retira sa veste et son écharpe, regardant alors l'intérieur de la voiture. Ca faisait une plombe que j'étais pas remontée là-dedans. Un sourire nostalgique se dessina sur ses lèvres. Comment ne pas être envahie de souvenirs à cet instant-là? Ca rappelle des souvenirs! Elle posa enfin les yeux sur son ex, un petit sourire aux lèvres, avant qu'elle ne repense à son père. Oh, il fallait qu'elle lui téléphone pour le rassurer. Le pauvre devait être mort d'inquiétude. Ah au fait, est-ce que je peux utiliser ton téléphone pour appeler mon père?

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tenue ▬ En effet, Aidan n’était pas garagiste et ne savait réellement d’où venait cette panne soudaine et pourtant récurrente. Peut-être fallait-il que la jeune femme songe à changer de voiture? L’australien poussa un soupir, n’étant pas certain de pouvoir faire quelque chose à sa voiture, la lumière lui faisant défaut, en plus de cela. La lumière de son téléphone n’était pas franchement l’idéal et soudain, son regard se porta sur le ciel qui venait d’être éclairé par un voile lumineux, éblouissant leurs yeux. Bo Won vint s’accrocher à lui et il la regarda, un sourire amusé déformant ses lèvres. « D’accord, comme tu veux. » Et il ferma le capot de la voiture, tout de même déçu de ne rien avoir pu faire de plus pour qu’elle fonctionne. A cette pensée, il se dit alors qu’il devrait peut-être se mettre à la mécanique un jour ou l’autre. Ce n’était pas comme si quelques compétences en cette matière pouvaient lui être totalement inutiles vu le taudis qu’il se traînait. Ce même taudis qui avait déjà plusieurs fois baladé la jeune femme à son bord. Il se rappelait ce jour d’été, alors qu’ils étaient encore ensemble, la musique élevée, la voix de Bo Won la couvrant, les cheveux dans le vent. Il riait, les fenêtres grandes ouvertes. Une insouciance, une naïveté perdue. Ils vivaient d’amour et d’eau fraîche, de cette première relation si fusionnelle. La seule et unique qu’il n’avait jamais vécue. Bien entendu, il avait déjà partagé des instants avec plusieurs femmes, loin d’être si nombreuses, mais le fait était qu’il n’avait jamais ressenti cette osmose, cette pureté, cette légèreté, cet amour. Aussi niais avait-il pu être il n’en regrettait aucun aspect ne serait-ce que la chute.

Grimpés dans le véhicule du brun, ce dernier n’avait pas ressenti ce malaise en lui depuis bien longtemps. Il n’était pas gêné, il n’était pas mal à l’aise en la présence de son ex petite-amie. C’était un sentiment tout autre qui lui prenait de l’intérieur. Il n’osait même plus la regarder, il n’osait plus tenter de frôler son regard au risque qu’il perde les pédales. Depuis leur rupture, c’était peut-être bien l’une des premières fois qu’ils se retrouvaient tous les deux, seuls, aussi longtemps. Sa respiration était lourde et pourtant silencieuse, il s’efforçait à bien paraître, ne voulant pas que Bo Won se doute de quoi que ce soit. Puis, elle prit la parole, ses mots lui projetant toute sorte d’images à l’esprit. Il baissa alors les yeux, soupirant discrètement avant qu’elle ne le sauve de ce sentiment incontrôlable. « Oui, bien sûr! » Il sortit alors son téléphone rangé un peu plus tôt dans sa poche pour lui tendre après avoir composé le code de sécurité. Elle savait s’en servir, elle savait où trouver le numéro qu’elle avait besoin et pendant ce temps, Aidan ouvrit de quelques centimètres sa vitre pour respirer l’air frais de l’extérieur. Il avait commencé à pleuvoir, il devait reprendre ses esprits, il devait se ressaisir, il devait se raisonner. Il voulait se gifler ou même rire. Il se moquait de lui-même à toutes ces pensées qui le tourmentaient, se trouvant abominablement ridicule. Il ne savait pas ce qu’il se passait, il n’avait pas envie de comprendre et pourtant, il s’efforçait de prendre du recul et de contrôler vainement ce retournement.

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Let the love tear us apart

Il lui manquait tellement dans sa vie. Le simple fait d'entendre sa voix et de voir qu'il était toujours aussi généreux avec elle lui faisait mal comme ça lui faisait plaisir. Elle était certaine d'une chose, la fille qui allait passer ses jours auprès d'Aidan serait heureuse, il la rendrait heureuse sans difficulté, comme il l'avait rendu heureuse malgré ses défauts. Un soupir presque inaudible passa les lèvres de la demoiselle alors qu'elle saisit le portable du jeune homme, les yeux rivés vers le bas. Pensive, elle se disait qu'elle ne devait pas rester plus longtemps comme ça, sinon, Aidan allait se douter que quelque chose ne tournait pas rond. S'il ne l'avait pas déjà remarqué, en fait.

Merci. Elle leva les yeux, lui sourit, et alla dans le répertoire pour appeler son père, ignorant entre temps les nombreux noms de filles qu'elle avait vu défiler sous ses yeux. Bo Won posa le téléphone contre son oreille et quand la voix de son père retentit, un sourire se dessina sur ses lèvres. Le pauvre homme s'était fait un sang d'encre, et à l'écouter, Bo Won se demandait s'il avait dit à Aidan les épreuves qu'elle traversait ces derniers jours, ce pourquoi il avait pensé à une fugue, ou même un suicide. Elle ferma les yeux et plaqua la paume de sa main contre son front. Papa! Je t'avais dit que j'étais chez une copine... Pourquoi pensait-il une chose pareille? Il devait vraiment s'inquiéter pour elle après tout. La conversation dura 5 bonnes minutes, mais Bo Won avait levé les yeux vers son ex petit-ami qui semblait attendre, sans rien dire. Même s'il ne se plaignait pas, ça devait être quand même chiant pour lui, alors elle mit fin à la conversation rapidement, expliquant quand même à son géniteur qu'elle avait laissé sa voiture à cause de l'orage qui approchait.

Elle raccrocha et rendit le téléphone à l'australien. Quel papa poule... soupira-t-elle avant de sourire, un peu amusée. Plus de peur que de mal au final, c'était souvent comme ça que finissaient les histoires avec Bo. Maintenant, ils pouvaient rentrer à Séoul. Elle attacha sa ceinture alors que la pluie commençait à tomber, petite goutte par petite goutte sur le pare brise. Aidan avait, d'ailleurs, ouvert la fenêtre, un geste qui avait interpellé la jeune femme qui arqua un sourcil, inquiète. Tout va bien? Il semblait manquer d'air ou avoir trop chaud, mais après quelques secondes de réflexion, elle se disait qu'il ressentait sûrement la même chose qu'elle. C'est pourquoi elle se remit au fond de son siège, et se mordit la lèvre, ne sachant pas quoi dire, si ce n'est... Rentrons, ça ira mieux quand je ne serai... plus là. Parce que oui, c'étai la vérité. S'ils s'évitaient au final, c'était pour éviter ce genre de sentiment entre eux. Le désir, puis la culpabilité, le désarrois. Ces sentiments destructeurs qui les perdaient facilement. C'était comme ça malheureusement, tant que les plaies n'étaient pas fermées entièrement, ils allaient devoir rester loin l'un de l'autre. Mais comment faire quand le coeur d'une personne reste votre maison? Il n'y avait qu'avec lui qu'elle pouvait se sentir bien dans ses bask. C'était une torture. Une véritable torture, il n'y avait pas d'autres mots.  

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Let the love tear us apart

tenue ▬ Aidan resta silencieux le temps que Bo Won passa son appel. L’air frais se faufilant sur son visage lui faisait le plus grand bien en attendant patiemment. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il écoutait distraitement la conversation. Il était évident que son père s’inquiète pour elle et l’australien n’imaginait pas son état, vu la tonalité de sa voix lorsqu’il l’avait eu lui-même au téléphone quelques heures auparavant. Il tourna alors le regard vers elle pendant qu’elle discutait, la trouvant si jolie malgré la nuit qui ne lui permettait pas d’en voir les détails. Il les devinait juste, il s’en souvenait simplement. Peut-être aurait-il pu redessiner son visage à l’aveugle tant il l’avait connu par cœur. A cette pensée, Aidan échappa un sourire inaudible avant que la demoiselle ne le fasse sortir de ses songes. Il lui sourit alors, reprenant son téléphone pour le ranger. « Il s’inquiétait pour toi… c’est normal. » le défendit-il alors que lui-même connaissait ce sentiment. Il savait très bien ce qu’avait pu ressentir son père puisqu’il avait traversé la ville et ses alentours pour la retrouver sous l’anxiété qui le rongeait. Il ne savait pas si Bo Won se rendait compte de la peur qu’elle leur avait foutu mais c’était indéniable, plus jamais il ne voulait revivre un truc pareil.

Il fut alors quelque peu surpris par sa question. Merde, elle avait remarqué que quelque chose se tramait dans son esprit mais, en même temps, ça ne l’étonnant pas tant que ça. Deux ans de relation et elle le connaissait sûrement plus qu’il ne se connaissait lui-même et inversement. Pourtant, il la regarda avec un sourire rassurant ornant son visage pour lui répondre « Oui oui, ça va, et toi? » de la façon la plus innocente qu’il soit. Peut-être pouvaient-ils ouvrir enfin le dialogue entre eux depuis… longtemps. C’était peut-être l’occasion pour eux de se retrouver et de parler, de dire les choses telles qu’elles sont, d’arrêter de s’éviter, de faire les lâches parce que c’était trop dur de se regarder droit dans les yeux. Il y avait toujours cette sorte de malaise entre eux et Aidan ne comprenait pas. C’était pourtant si facile avant. Tout semblait si facile. Ils pouvaient tout se dire ou vivre les pires situations sans qu’il y ait de gêne, juste des rires étouffés. Parce que c’était comme ça, si innocent et si… facile. Mais ce n’était plus comme ça. Depuis leur rupture tout était devenu un peu plus compliqué chaque jour. Ils n’arrivaient plus à se croiser, à se regarder, à se parler. Ils n’y arrivaient plus car la souffrance et la rancœur avaient pris leur facilité à communiquer. Et maintenant, il se retrouvait à lui demander si elle allait bien. Ce n’était pas tant une question anodine. Il voulait réellement savoir si elle allait, pas seulement au moment-même où il posait cette question mais si elle allait bien, si elle allait mieux.

Sa dernière remarque fit soupirer un peu plus bruyamment le brun car elle aussi, elle sentait cette atmosphère oppressante qui les privait de faire quoi que ce soit, qui les privait de penser normalement parce qu’ils avaient peur de briser un peu plus l’autre en prenant la parole, en faisant un geste. Elle aussi, elle le sentait. « Ca ne me dérange pas que tu sois là, tu sais. » C’était sincère, il aimait être avec elle. Au fond, il aimait égoïstement savoir qu’il avait toujours cette emprise sur elle, que leurs sentiments toujours présents étaient indéniables. Pourtant, ils se forçaient à les enfouir, à les oublier parce que c’était mieux comme ça, c’était mieux pour eux. Car plus rien ne pouvait être comme avant. Et il savait qu’il l’avait faite souffrir, il ne voulait pas recommencer. « Tu veux que je te ramène au dortoir? » s’était-il finalement résolu à dire. Elle avait peut-être raison, il aurait peut-être été préférable qu’ils ne soient rapidement plus ensemble. Mais, bizarrement, au fond, il n’en avait aucune envie. Maintenant qu’elle était avec lui, il ne voulait plus la lâcher. « Il faudrait que tu me dises demain à quelle heure tu veux que je vienne te chercher pour récupérer ta voiture aussi. » Et d’un doux sourire, il posa une énième fois les yeux sur elle, n’arrivant à se résigner de tourner cette foutue clé pour allumer le contact et la ramener.

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