Café Frappé ?

Ft. Kwon Hyelin

En plein milieu des vacances scolaires, c'était le moment idéal pour aller faire un saut à la librairie du centre commercial. Aujourd'hui, la flemme m'avait quitté, et dès le début de l'après midi j'avais enfilé ma veste et un pull bien chaud ; il ne me restait plus qu'a me déplacer du dortoir au centre commercial. Durant mon trajet, je m'étais arrêté brièvement à un stand afin de me commander un café décaféiné. La caféine et les médoc', ça faisait pas un bon mélange, alors je prenais mes précautions. J'arpentais les lieux avant de finalement tomber sur la devanture du magasin recherché. J'étais euphorique et excité comme un garçon de huit ans qui se trouvait devant un magasin de jouets. Peu habitué à l'endroit, il me fallut du temps avant de trouver la bonne étagère. Désormais, après avoir repéré la bonne, il ne me restait plus qu'a trouver le livre convoité parmi tant d'autres.

« L....L.....M.....N.....N.... » Mon index défilait sur couvertures des livres à la recherche d'un auteur en particulier. Mis à part ce saut à la librairie, je n'avais pas profité de mes vacances. J'avais de la paperasse à faire et, une masse de livres à lire. Des ouvrages de médecines plus barbants les uns que les autres. Cependant, je ne cherchais pas un quelconque outil pédagogique ; la raison de ma venue ici était différente. En effet, j'étais à la recherche de livres des plus banals pour m'occuper et passer mon temps. Bien loin des enseignements du tronc commun, je cherchais un auteur particulier ;  Nietzsche. Une amie m'avait déconseillé de lire de la philosophie quand on est dépressif, néanmoins un ouvrage de cet écrivain m'avait fortement intéressé. Après quelque minutes de recherche devant l'étagère contenant les auteurs ayant un nom de famille commençant par N, je trouvais mon bonheur. Visiblement un peu haut malgré ma taille relativement grande, il me fallut simplement me mettre sur la point des pieds pour atteindre mon objectif. Un fois en main, j'ouvrai d'excitation le livre. J'étais tellement curieux et tellement content pour si peu ! Armé d'une boisson dans ma main gauche, je feuilletais de l'autre le livre que je venais d'obtenir. Je m'avançais rapidement vers la caisse en zigzagant entre les étagères sans vraiment prêter attention aux alentours. Soudainement, un bruit me fit lever les yeux. A peine avais-je changé de direction mon regard que je sentis une pression s'exercer sur mon corps. Quelque chose m'avait poussé en arrière, me faisant perdre l'équilibre et lâcher ce que je tenais en main. -Yah ! Avais-je crié sous l'effet de surprise et le choc thermique produit par le café chaud. A peine avais-je eu le temps de relever légèrement mon dos que je pouvais déjà faire le constat des dégâts. Ma veste était recouverte de café ainsi que le pull en dessous, heureusement le livre n'avait rien pris. Ce n'était donc pas si grave que ça, ça allait juste passer plus tôt que prévu à la machine à laver. Et de toute façon, je n'allais pas me prendre là tête avec la personne qui m'était tombé dessus. Oh non ! Ce que je détestais par dessus tout étaient les conflits et les contacts avec des inconnus.

Café Frappé ?

Ft. Lee Min Hyung

« Etre une bonne chanteuse, ce n'est pas simplement pousser la chansonnette, mais avoir une culture très dense sur tous les mouvements de cet art »

Ces mots résonnaient encore dans ma tête, même 4 ans plus tard. Au début, lors de mon arrivée au conservatoire, je pensais que je devais juste travailler ma voix, faire des vocalises et tout, mais je mettais retrouver avec des montagnes de livres, des dissertations, des exposés et j'avoue que j'en ai appris pas mal pour voir cet art d'un autre œil. Un plus poussé, plus sensé. Je ne dis pas que j'avais apprécie de bourrage de crâne, mais si je devais mourir aujourd'hui, au moins je sais que j'aurai appris pas mal de chose. Et c'est dans cette optique que je décida d'aller à la librairie du centre commercial. A mon arrivée, il y a deux semaines, j'avais fait un repérage des lieux qui me seront utiles dans ma nouvelle vie. Les cafés, les bars, les magasins de vêtements, les disquaires et les librairies. En temps normal je ne suis pas une fana de lecture, mais j'avoue que ça aide pas mal d'avoir un support manuel, contrairement à internet, qui certes regorge énormément d'informations mais le rendu n'est pas pareil.

L'hiver battait son plein et les températures, qui en général auraient pu me décourager de sortir, ne m'empêcha pas de viser mon bonnet et d'enrouler mon écharpe et d'aller prendre le bus pour rejoindre le centre commercial. Ma mère me demandait sans arrêt pourquoi je ne prenais pas la voiture que mon père m'offrait car ça pourrait m'avantager, mais je n'avais pas spécialement envie d'accepter quelque chose de sa part, prenant donc mon temps pour financer mon achat quand j'en ressentirais le besoin.

J'arrive doc dans le centre commercial, où l'affluence semble plutôt bonne en ces jours de fêtes. Certaines se promenant en amoureux, d'autres en famille en quête des derniers cadeaux et préparatifs et je ne peux m'empêcher de sourire en les regardant, me disant aussi qu'il faudrait peut être que je commence mes achats également. Je finis par rentrer dans la librairie et l'odeur des livres  enivre tous mes sens. L'endroit est calme, paisible, comme si en franchissant cette porte j'étais entrée dans un autre monde, loin de l'agitation de l'extérieur. Mon choix se porta sur l'un des livres de Garcia, le traité complet de l'art du chant et un autre livre, d'un style complètement différent, puisqu'il s'agit de thriller. Quitte à rester dans ma chambre, autant avoir de quoi faire.

Le premier livre, je l'atteins plutôt facilement, mais l'affaire se corse quand au deuxième, mon mètre soixante quatre ne me permettant pas de l'atteindre, même les bras levés et les employés étant occupé, je décide de grimper, prenant soin de ne pas toucher aux livres avec mes pieds pour tenter de récupérer mon Saint Graal, contente également de porter un jean et non une jupe. Mes gènes de casse-cou n'ayant pas disparu, j'arrive à attraper le livre et redescend, sauf qu'un mauvais calcul de trajectoire fait que je perds l'équilibre en posant le pied et au lieu de m'écrouler comme je l'imaginais, je percute quelqu'un, sentant quelque chose de chaud me tomber sur le bras, me faisant pousser une petite plainte . Mais il venait de se passer quoi ? J'avais percuté qui bon sang ? Je relève la tête et mon regard se pose sur quelque chose qui pourrait être qualifié d'angélique. Attends une minute ? Je suis morte ? Le Bon Dieu m'a accepté dans son humble demeure ? La réalité me frappe tout de suite quand j'essaie de me redresser et que ma cheville me fait mal et là j'ouvre grand les yeux, constatant que ce n'était  pas un ange, mais un inconnu que je venais de grossièrement bousculé et renverser son café.

« Oh my god, je suis désolée, je vais vous aider. »

Mais comment ? J'ai bien des mouchoirs dans mon  sac mais dans le cas présent, il me faudrait des lingettes. Je réfléchis quelques secondes, avant de trouver une idée.

« Suivez moi, je vais vous arranger tout ça »

Je pose l'objet de mon accident sur la pile de livres se trouvant à côté et récupère le sien pour le poser au même endroit. J'attrape le jeune homme par l'avant-bras et l'entraîne à l'extérieur de la librairie, direction les toilettes les plus proches, m'excusant sans arrêt pour ma maladresse. Des toilettes mixtes ? Non, rentrer dans les toilettes des hommes ? Ce n'était pas vraiment un problème me concernant, mais cela semblait gêner les autres hommes qui me laissaient des regards choqués. J'incline légèrement la tête, m'excusant également avant de reporter mon attention sur la victime.

« Retirez votre pull je vais le rincer...Si on ne le fait pas maintenant, la tâche aura du mal à partir plus tard, vous pouvez me croire je sais de quoi je parle »

Est-ce que je viens de demander à un inconnu de se déshabiller ? Oui. Est-ce que j'ai conscience que ma requête pourrait être prise de façon tordue et déplacée ? Non pas vraiment ; A l'heure actuelle je veux juste limiter les dégâts. Et puis me concernant ma maladresse n'est pas seulement physique, parfois il m'arrive aussi de manquer de tact et de bon sens...comme aujourd'hui.

Café Frappé ?

Ft. Kwon Hyelin

La pression que je ressentais précédemment, s'avérait être celui d'une femme, plutôt jeune. Elle aussi, sonnée par le choc ne se rendit pas tout de suite compte de ce qu'il s'était passé. En un spasme, elle se redressa puis le regarda droit dans les yeux pendant quelque secondes. Celle-ci furent terriblement embarrassante pour moi, puisque celle-ci restait silencieuse. Puis vint le moment de lucidité, à peine avait-elle réalisé ce qu'elle avait commis qu'elle s'excusa hâtivement. Moi, je pensais que ça allait simplement s'arrêter à là, mais pourquoi faire facile quand on peut faire compliqué hein ? Elle se releva, posa son livre et le mien sur une pile de livre. Alors que j'allais lui demander ce qu'elle faisait, je sentais des frissons provenir de mon bras, presque choqué par le manque de pudeur de la jeune femme, je restais perplexe. Elle m'avait saisit par le bras, et m’entraînait d'un pas rapide avec elle à l'extérieur du magasin.

Entre confusion et gêne, celle-ci avait réagi rapidement en voyant ce qu'il s'était passé. Mais elle faisait quoi là ? Oui, elle avait en tête « d'arranger ça » oui mais comment ? Et.... Mon livre dans l'histoire ? J'avais perdu ma trouvaille, mais pas que ça. J'avais perdu le fil des événements, on venait juste de briser la bulle dans laquelle je m'étais enfermé. Alors, là je ne comprenais pas grand chose, je suivais nonchalamment la jeune fille, qui sur le chemin ne cessait de s'excuser. Je pensais que ça allais s’arrêter à de simples excuses... Mais non, elle en avait décidé autrement. Elle s'arrêta devant les toilettes. Puis, elle osa rentrer dans ceux de la gente masculine. Mes yeux s'écarquillèrent suite à sa requête, moi me déshabiller ? Devant une inconnue ?! Je rougissais à ses mots, et je ne savais pas comment réagir. Comment pouvait le prendre les autres personnes ? Un homme qui se déshabille dans les toilettes avec une femme à coté.... Non, il fallait que j'évite cette situation, elle était folle celle-là. Alors, je la reluquais en reprenant tant bien que mal mon air faussement blasé. - Ce n'est pas la peine, ce n'est rien de bien grave. Lui disais-je calmement tout en retirant sa main qui était toujours attaché à mon bras. Elle, il avait déjà marqué deux mauvais points : elle m'avait demandé sans aucune pudeur de retirer mes vêtements et, en plus elle m'avait touché sans mon consentement. Je détestais par dessus tout les contacts physiques, ça avait pour don de me surprendre et, de me mettre totalement mal à l'aise. De plus c'était une parfaite inconnue qui, vraisemblablement manquait de tact. - C'est juste du café, je pense que ça partira facilement. Ou pas, c'était ma seule excuse pour éviter de devoir enlever mon pull devant la jeune femme. Quel était le problème, si j'avais quelque chose en dessous de ce pull ? Ce que ne savait pas la demoiselle, c'est que sous mon pull, il ne me restait qu'un débardeur. En plus d'être pudique émotionnellement, je le suis aussi physiquement ; personne n'a le droit de voir ne serait-ce qu'une parcelle de ma peau immaculée. Jamais.

- C'est aussi un peu de ma faute, j'étais tellement absorbé par mon livre que je ne regardais pas devant moi. Je me sentais un peu coupable que la jeune femme culpabilisait pour quelque chose d'aussi insignifiant, certes c'était handicapant pour moi, mais je n'allais pas en faire un drame. Serais-je trop mou ou trop gentil ? J'avais toujours été ainsi par le passé, j'avais toujours ma part de responsabilité dans les incidents, je détestais rendre les personnes tristes ou coupables de leurs actions. J'étais peut-être trop naïf par le passé, mais c'était ma nature, quelque chose que je ne pensais jamais changer. Alors, au lieu de répondre agressivement ou de cracher quelque chose de fortement désagréable face aux incidents, je jouais toujours la carte de la gentillesse ou même de l'innocence. Même si, aujourd'hui ce n'était plus pareil, ce n'était pas vraiment honnête ce que je ressentais, j'étais désormais tout sauf ce que j'avais put être par le passé. Craintif, méfiant, faux, superficiel, c'était le masque qu'aujourd'hui je portais par dessus ma gentillesse et ma naïveté.

Alors que j'allais tourner le dos à la demoiselle, je me rappelais de sa cheville, oui, de mémoire elle boitait légèrement lorsqu'elle avait accouru avec moi aux toilettes. Alors, dans un dernier élan d'attention, je lui demandais. - Mais vous allez bien ? Vous ne vous-êtes pas blessée lorsque vous êtes tombée ? Je n'avais même pas souris à mes propos, ou fait l'effort d'adopter un regard rassurant. Le masque que je portais n'avait pas le droit d'être retiré.

Café Frappé ?

Ft. Lee Min Hyung

Atteinte mentalement ? Oui on pouvait dire que je le suis un peu mais je me soigne. Disons que j’ai tendance à beaucoup agir avant de penser, ce qui me conduit très souvent dans des situations très spéciales comme maintenant. Je peux être perverse quand je le veux, mais là je faisais preuve d’une pure innocence. Je veux dire, je n’ai pas renversé de café, me blesser...juste pour le draguer. Ca aurait pu être une bonne technique mais bon je pense pouvoir plaire à un homme..Enfin je l’espère parce que sinon je serai profondemment vexée.

Bref, me voilà donc dans les toilettes avec un homme qui a juste envie de me balancer de l’eau bénite dessus et de partir en courant tellement je dois lui faire peur. Mais j’avoue que son manque de réaction me surprend, je m’attendais à un "mais vous êtes folle" ou autre, et j’avoue que je suis un peu perdue. Mais il finit par se dégager de mon emprise et je recule un peu, consciente que j’aurai dû resté chez moi à regarder Esprits Criminels, rien de tout cela ne serait arriver.

"P...pardon"

Je bredouille doucement, mal à l’aise, le regard au sol avant de le regarder quand il me demande si je ne suis pas blessée. Ah oui c’est vrai, j’avais complètement zappé cette dernière tellement j’étais plus préoccupé par lui. Je bouge légèrement ma cheville et me mord l’intérieur de la joue sous la douleur, bien qu’elle n’était pas intense, elle se faisait quand même ressentir. Mais après tout le bordel que j’ai causé autant jouer profil bas

"Ca va aller merci...Je m’excuse encore pour mon agissement.. je suis un peu tête en l’air et manque un peu de tact par moment."

J’incline légèrement la tête et m’avance vers la sortie en boitant un peu, me maudissan intérieurement d’être aussi stupide. Dans un élan d’accélération pour fuir, je finis par me faire plus mal et perd l’équilibre, Dieu merci, le mur est à proximité et j’arrive à m’appuyer dessus avant de tomber.

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Ft. Kwon Hyelin

Après ma remarque, celle-ci bougea lentement sa cheville avant de se retenir face à la douleur. Précédemment bredouillante, celle-ci décida de feinter et de s'excuser suite à mes gestes qui avaient du lui faire comprendre que je n'avais pas apprécié son comportement. Elle inclina la tête avant de sortir en boitant. Peut-être trop fière pour avouée s'être blessée ou peut être trop honteuse, dans tout les cas ce n'était plus mon problème. Par politesse je lui ai demandé si elle allait bien, vu ce qu'il s'était déroulé précédemment, je voulais en rester là, continuer mon propre chemin. Je pensais déjà au livre qui allait m'attendre au chaud, sur l'étagère, prévoyais déjà ce que j'allais faire du reste de ma journée. Pourtant aujourd'hui j'allais encore avoir un imprévu. Malchance vraisemblablement issue de la poisse d'une autre.

La blessée déjà hésitante dans ses pas, décida d'accélérer pour éventuellement fuir la honte qui avait déjà recouvert son visage. Alors qu'elle prenait de la vitesse, celle-ci fini par perdre l'équilibre avant s’appuyer contre un mur puis finalement tombe et perds, fatalement le reste de fierté qu'elle aurait désiré conserver. Je m'avançais vers elle sans trop accélérer, puis je m'accroupissais afin de voir son visage. - "Ça va" tu dis ? Si tu tiens tant que ça à garder la tête haute, joue ton rôle jusqu'au bout hein. J'étais un peu méchant et, avait peut-être jugé son attitude trop hâtivement. Mais c'était ma façon de m'exprimer. Même pour ce genre de choses insignifiantes, je n'aimais pas qu'on me cache des choses, ou qu'on me mente. Incohérent ? Oui je le suis. Je mens à longueur de journée, pourtant la moindre cachotterie me vexe. Je regardais à nouveau la jeune fille qui se morfondait sur son sort et sa poisse.

- Tu peux marcher non ? Je la regardais avec dédain, avant de m'apprêter à lui tourner le dos. Je me relevais, commençais à faire trois pas avant de m'arrêter. Puis je ressentais une boule au ventre, je pensais que j'avais probablement ceci à cause du stress de tout à l'heure, mais il semblait que la raison était différente. Je ressentais de l'empathie. Je me mordis les lèvres, refit face à la demoiselle avant de me rapprocher d'elle. Je soupirais puis de me baissais et tapotais mon dos avec ma main afin de lui faire comprendre le message. - Monte. Disais-je en essayant de cacher mon embarras. Pourquoi avais-je commencé à l'aider ? Pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ça.... ?