cat's eyes

song▬ Une fois que j'eus finis les cours et mon détour au supermarché, je me mis en marche jusqu'à chez Na Yung. Ma journée n'avait pas été si mauvaise comparée à mon humeur du moment. Effectivement, j'étais plutôt sur les nerfs en ce moment. Je faisais d'ailleurs attention à ce que ça ne se remarque pas en faisant de mon mieux pour avoir l'air souriante, comme à mon habitude. Le sourire m'était naturel, mais en ce moment un rien m'ennuyait. Dans mon moi profond, il y avait ce désir d'envoyer paître la moindre personne qui m'adressait la parole, même la plus adorable qu'il soit. Il y avait juste une autre Iseul dans mon corps et ça, il fallait déjà que moi je le supporte comme à chaque fois que ça arrive. Je ne vais pas faire supporter ça aux autres.
Enfin si, Na Yung en aura le privilè
ge dans peu de temps. Dewei a déjà eu à supporter mon pétage de plomb il y a quelques jours, et je ne sais pas pourquoi, mais je sens que la scène risque de se répéter dans peu de temps. Et puis c'est pas comme si avec Na Yung les oiseaux faisaient cuicui tout le temps, que le soleil chantait et j'en passe. La bonne blague. Les oiseaux font peut-être cui cui des fois, mais après le soleil c'est du heavy metal qu'il chante heun.

Passons. En arrivant chez mon amie, je tapai le code de la porte d'entrée et poussai la porte en passant une main libre dans ma queue de cheval. Je m'imaginais déjà déguster une cigarette avec elle, m'affaler sur le sofa. Je n'avais envie que de ça pour le moment, avec personne d'autre.
Les marches furent montées quatre à quatre, trop empressée d'arriver à l'étage. Mais une fois que je fus devant son appartement, je plissai les yeux : la porte laissait entrevoir un mince filet de lumière. Autrement dit c'était ouvert. Du bout des doigts je la poussai alors avant de la refermer derrière moi.
« Il y a quelqu'un ? C'est Iseul. » Je savais qu'il y avait un habitant ici, lequel après je ne sais pas. Que ca soit Na Yung ou un de ses colocataires, j'aimerais qu'il se manifeste pour me montrer que je n'ai effectivement pas de raisons de ne pas m'inquiéter. Parce que je n'avais même pas l'énergie pour m'inquiéter oui, vous y croyez vous ?

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a solitude à l'état pur. Personne pour venir lui dire d'aider à faire la vaisselle ou le ménage. Personne pour râler que l'épicerie n'avait pas été faite depuis deux semaines et que le réfrigérateur devenait anorexique. Il n'y avait que sa petite personne et ses deux adorables bébés, joliment lovés dans un canapé devant la télé à tenter d'écouter un reportage sur la reproduction des otaries. Bon okay, il n'y avait franchement rien à la télévision, mais Nayu ne pouvait faire un seul mouvement par crainte de réveiller ces saletés de grosses bêtes poilus qui lui servaient de chiens. « Tu prends toute la place avec ton gros derrière, Peanut. » La jeune femme soupira longuement, tentant de tendre le bras vers la table basse ou était posée la télécommande, sauf qu'il lui manquait encore un bon mètre. « Urf. Je vous déteste tous les deux. Surtout toi avec tes petits yeux de chiot. » Elle désigna Jelly d'un index fraichement manucuré lorsqu'une voix retentie derrière elle, la faisant sursauter. Son mouvement soudain réveilla Peanut qui se décida à jouer les chiens de garde et aboyer contre l'intruse. Nayung râla, posant le Jelly le chiot par terre pour ensuite attraper le plus gros chien par le collier, passant une main dans ses cheveux pour les renvoyer vers l'arrière. « Chut, tais-toi ! Tu connais Iseul, bon sang. » La boule de poils s'énerva de bonheur à la vue familière, forçant sa propriétaire à le relâcher et elle roula des yeux. « Tu ne pourras pas dire qu'on ne te fait pas un accueil chaleureux quand tu viens ici. » Son cerveau aligna ensuite un plus un et désigna la porte d'entrée d'un air confus, les sourcils légèrement froncés. « Ce n'était pas verrouillé ? Cette abrutie a dû oublier en sortant, urg. » Abrutie était employé de manière purement amicale afin de désigner Masaï, évidemment.

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song▬ J'entendis finalement des aboiements, qui m'indiquèrent au moins une présence animale. Mais c'est quand j'entendis la voix de mon amie que mes lèvres s'étendirent en un sourire fatigué. Les petites boules de poils se ruent sur moi et je me penche pour glisser mes mains dans leur poils tout doux. «  Eh bien alors, qu'est ce que c'est cette attitude ? » dis-je à la petite bête d'un air amusé alors qu'elle me montait sur les genoux. Je me relevai doucement et aperçu ma jolie Na Yung au regard désespéré, rivé sur ses deux toutous. «  Ah ça, on célèbre mon arrivée comme il se doit ! »
Je suivais son regard vers la porte d'entrée et haussai doucement les épaules en enlevant avec délicatesse mon manteau. Je ris à sa réflexion puis vient embrasser tendrement sa joue. «  Abrutie, abrutie... sois plus gentille avec lui. Tu sais que je te donne raison quand c'est justifié pourtant. » Je la regardai avec un regard malicieux. Elle était belle ma Na Yung, et même son air un peu figé des fois ne lui enlevait pas le charisme que je lui trouvais. Ni même nos disputes, des fois incessantes.
Je lui tendis le sac de courses pour lui montrer ce que j'avais pris. « Je t'ai pris des cigarettes et une bonne bouteille de vin, je ne crois pas que tu m'es demandé de prendre à manger c'est pour ça. Ca te va ? » Je la regardai d'un air interrogateur alors qu'une autre des petites bêtes tentait de sautiller sur mon genoux.

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aleté de chiens. Nayung ronchonna principalement après le plus gros par le fait qu'il aurait pu renverser son amie dans son moment d'excitation, ce qui laissa le chemin libre à Jelly pour faire le beau. « J'aurais dû prendre des chats. Ç'aurait plus collé avec ma vie de vieille fille. » Elle réussit à calmer Peanut, le forçant et s'asseoir, passant ensuite une main rapide dans ses cheveux pour les écarter de son visage. « T'enfles pas trop les chevilles : ils s'excitent même pour les livreurs. » La jeune femme esquissa un sourire suite à la pointe dirigée contre Iseul, puis remarqua que la porte avait été laissée digne d'être ouverte par n'importe quel type louche qui passait dans le coin. Personne ne craignait donc pour son corps frêle dans cet appartement ? Nayu souffla, irritée malgré le bisou de son amie contre sa joue, retournant l'affection par un bref câlin. « C'est très justifié. Ç'aurait été de sa faute si on était entré en douce pour m'étrangler pendant mon documentaire sur des orgies d'otaries. » Soupirant d'un air découragé, Nayung alla tourner le verrou de la porte, tournant sèchement la tête vers Iseul lorsque le 'click' retentit et haussa les sourcils à répétition avec un sourire malicieux. « Tu vas y goûter, ma princesse. » Elle passa la langue sur ses lèvres d'un air suggestif avant de revenir vers Iseul en échappant un rire, n'ayant aucune intention d'aller plus loin que des paroles en l'air. Lui prenant le sac des mains, Nayung le posa sur le comptoir de la cuisine et l'ouvrit pour en sortir son contenu. « Ça roule, ma poule. J'ai plein de bouffe dans le frigo. Maz et Hani passent leur temps à me laisser toute seule cette semaine, du coup j'accumule la nourriture comme un putain d'écureuil. » S'emparant du paquet de cigarettes, la jeune femme alla s'installer près du four et alluma la ventilation avant d'ouvrir le paquet. Nayung en extirpa une clope qu'elle porta à ses lèvres, tirant un tiroir pour en sortir un briquet et l'alluma pour en prendre une première bouffée. « Quoi de neuf, sinon ? » demanda-t-elle en déplaçant son cendrier vers le centre de la surface du four.

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song▬ Je le regarde et l'écoute se plaindre avec un sourcil arqué avant de rire. Toujours en train de marmonner dans sa barbe, une vraie petite vieille. Ca avait sa part de comique, surtout quand vous la voyez à moitié habillé avec ses cheveux dans tout les sens devant son reportage tout à fait passionnant. On aurait dit une petite chose sortie de nul part et je ne pouvais m'empêcher d'éclater de rire intérieurement parce que je savais pertinemment que si je me fichais d'elle de façon ouverte elle allait me sauter dessus comme la sauvageonne qu'elle est.

A sa petite pique je lui tire la langue les sourcils haussés en continuant mes caresses sur le canidé qui ne demandait qu'un débordement d'amour. Je me demandais si elle leur donnait toute l'affection que méritaient ces petites bêtes. Je leur cachais les yeux et secouer le museau ce qui avait le don de les exciter. Un énorme aboiement se fit entendre et je grimaçai en mettant un doigt devant ma bouche pour qu'il se taise. Il ne fallait pas trop réveiller la bête.

D'ailleurs en parlant d'elle j'entendis sa voix langoureuse s'adresser à moi depuis la porte et en me retournant je pus voir sa langue glisser contre ses lèvres. « C'est bien pour ça que je suis venue, alors arrêtes de me faire mariner... » lui répondis-je sur le même ton avant de rire avec elle. Un autre aboiement retentit dans l'appartement et je sursautai en me retournant vers les boules de poils. «  Oh mais dis donc, vous vous donnez en spectacle ? » Je fronçai les sourcils pour me donner une mine en colère puis rejoins Na Yung dans la cuisine.


« Je t'aide volontiers à finir, je t'avoue que j'ai l'impression de ne pas avoir mangé depuis des jours. Et puis je vais pas te laisser te transformer en gros hamster dégoûtant toute seule. » Hamster, écureuil... ils ont tout les deux des dents fourbes, qu'importe. J'imitai à présent mon amie en attrapant une cigarette dans mon sac. Sac que je déposai sur le comptoir avant de m'assoir à côté du four, jambes croisés. La fumée me brûla la gorge et ce fut tout simplement exquis. Je fumais quelques longues lattes avant de répondre. « Rien de très neuf... je me suis disputé avec Tae Won, ca ne va plus du tout. Il faut que je me sauve de ce bazar. » Je soupire en mordillant ma lèvre, un sourcil arqué. Na Yung était une exception : elle connaissait absolument tout de ma vie. Je ne pouvais pas dire ça à quelqu'un d'autre, il n'y avait qu'elle pour comprendre de quoi je parlais.

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ue ceux qui pensaient que les pornstars étaient des chaudasses même derrière les caméras revoient leurs croyances puisqu'ils avaient tout faux. Ou du moins, dans le cas de Nayung qui s'amusait davantage à faire des sous-entendus et blagues sur le sujet. Certes, il lui arrivait parfois de chauffer autrui pour ensuite se tirer comme une garce, mais ça c'était une histoire bien différente. « Oh, j'aime les femmes impatientes. Elles sont de vraies tigresses au lit. » Nayu imita la gestuelle féline d'une main avant de glousser et revenir vers sa meilleure amie, lui accordant une claque sur les fesses au passage sans se soucier de ses bébés qui réclamaient de l'attention. Ils en avaient déjà à la tonne, ils survivraient. La jeune femme tapota ensuite son propre petit ventre à la mention de devenir un énorme hamster et gonfla les joues. « Si seulement je pouvais me rouler dans la bouffe jusqu'à exploser. » C'était la dure réalité de quand notre corps représente notre gagne-pain : il fallait le maintenir agréable à regarder. Soupirant longuement, Nayu s'attaqua au sac qu'avait ramené Iseul pour repêcher le paquet de cigarette et alla s'en allumer une sous la ventilation afin d'éviter d'empester l'appartement tout entier. Tout en expirant son premier petit nuage de fumée, Nayu lança la conversation de routine en premier lieu et hocha la tête en l'écoutant. Elle tapota le bout de sa cigarette dans le cendrier après en avoir tiré une seconde pof. « C'est qu'un con, on s'en fiche. Tous des abrutis inutiles ces hommes, faut les ignorer. » Aucun étonnement sur le fait que son opinion sur les individus de sexe masculin était plutôt fermée et négative, ce qu'elle témoigna encore plus avec évidence en venant croiser son bras inoccupé sous sa poitrine. « Mais allez... Raconte-moi tout, petite femme. »

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song▬ J'ai toujours eu du mal avec les femmes. Je veux dire par là qu'il est un tout petit peu plus difficile d'engager la conversation avec elle qu'avec ceux du sexe opposé. Allez savoir pourquoi je ne leur vois pas une bonne aura. J'en suis peut-être la preuve même. Pourtant il ne m'a pas fallut très longtemps pour accorder ma confiance à Na Yung. Je crois que c'était à cette soirée mondaine, nous nous ennuyions toute les deux, un cocktail à la main. Nos regards vides se sont croisés, et à partir de là nous avons finis la soirée ensemble. Qu'importe qui venait vers moi ou qui venait vers elle, nous sommes restées collées l'une à l'autre. Elle a son petit caractère, j'ai le mien. Des fois ça explose mais ça ne fait rien. Je la porte dans mon cœur parce que Na Yung est quelqu'un de bien. J'ai toujours laissé dire les gens ce qu'ils voulaient, je parle du peu qui jusqu'ici m'ont parlés d'elle. Et quand ils ont faux à son sujet j'ai juste envie de monologuer et de leur dire ô combien ils se trompent. Mais je me tais. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent après tout. Moi je sais. Et j'ai à côté de moi une vraie petite étoile.


Je sens qu'elle m'engage à aller plus loin sur le sujet. Je soupire, je n'ai pas envie d'en parler. Ma petite scène avec Dewei l'autre nuit m'avait suffit. Sauf que c'était différent avec elle je ne sais pas pourquoi. Je me suis toujours dit qu'elle avait à être au courant de ce qui se passait dans ma vie. Après un petit silence, ponctué par les couinements des chiots je me contentai de dire. «  Ca va juste beaucoup trop loin. Cet hystérique doit me lâcher. L'autre nuit il a bien failli me tabasser. » J'étais très ferme dans mes propos, et mes yeux avaient cette sombre lumière qui n'était pas inconnue à mon amie lorsque j'évoquais mon tuteur. Je tirai une longue latte sur le cylindre de nicotine puis, sans transition aucune arquai un sourcil en sa direction. «  Tu ne m'avais pas dis que tu travaillais aujourd'hui toi au fait ? Tu te mets en congé maladie ces temps derniers ou quoi ? » Je souris un peu en haussant les sourcils, frappant la cigarette au dessus du cendrier. J'aimais bien la taquiner.

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