Je levai ma tête sur l'horloge murale de ma chambre. Fin de journée déjà. Depuis combien de temps étais-je en train de nettoyer ces foutus vivariums ? En tout cas, je gardais un oeil bien attentif sur mes deux reptiles. Tibérius m'avait déjà fait le coup en s'enfuyant par la fenêtre un jour. Il avait atterri dans le jardin du dortoir pyobeom, et heureusement que quelqu'un l'avait remarqué, ou je pouvais dire adieu à mon serpent. J'esquissai un sourire espiègle alors que je voyais ledit Tibérius pousser sa petite tête blanche sur la vitre du deuxième vivarium que je n'avais pas encore nettoyé. « N'y pense même pas. Je ne veux pas créer de troisième guerre mondiale dans le dortoir. » La présence de mes serpents dans le bâtiment ne plaisait pas à tout le monde, hélas, et je les comprenais parfaitement. Ils avaient peur qu'un tel incident se produise. Voir un serpent en liberté, aussi fins et aussi petits étaient-ils, ça stressait pas mal. Je poussai un soupir et plongeai mon bras dans le vivarium en plein nettoyage, pressant l'éponge contre la vitre. J'avais profité que mon colocataire soit absent pour le week-end afin d'entreprendre un tel nettoyage. Je me redressai en frottant mon front perlé de sueur, et je terminai ensuite de redisposer le décor du vivarium pour redonner l'habitat naturel de mes adorables serpents. Parce que oui, malgré ce qu'on pourrait croire, ils étaient vraiment adorables.

Je sortis de la salle de bains après m'être lavé les mains, puis je sortis Méphisto du vivarium de son comparse. Je profitai de quelques minutes de tendresse avec le reptile, le regarder s'enrouler doucement autour de mon bras pendant que je flattais sa tête noire du bout du doigt. Un léger sourire s'esquissa sur mes lèvres. Quand je m'occupais de mes animaux, je me sentais bien. Détendu. En confiance. C'était comme si eux parvenaient à sonder mon coeur. Je m'assis sur mon lit en prenant soin de ne pas déranger Berlioz, mon chaton roulé en boule dans son sommeil. J'étais en transe, attentif au moindre mouvement de mon serpent. Malgré qu'ils soient petits, ils étaient une potentielle menace, même si je prenais soin de les éduquer de façon innoffensive. Je venais de penser que j'avais laissé de côté mon après-midi de libre pour me consacrer à eux. S'occuper d'animaux était un réel engagement, et je veillais à leur bien-être peut-être plus qu'au mien. Et dire que j'aurais pu sortir, voir des amis, profiter de la jeunesse en somme. Je me dis qu'au fond, j'avais encore d'autres occasions pour m'amuser. Mes serpents avaient besoin d'un environnement propre et habitable, après tout.

Dans mes pensées, mes yeux rivés sur le corps fin et noir comme l'ébène de mon serpent, j'entendis les coups de porte. Quelqu'un réclamait ma présence. Je levai rapidement la tête avant de sortir du lit, en hâte. « Deux minutes, j'arrive ! » La priorité était de protéger l'inconnu au pas de la porte de mes serpents. Alors je déliai Méphisto de mon bras pour le remettre dans son vivarium propre. Puis, je pris les précautions nécessaires pour enfermer mes reptiles, et je marchai rapidement jusqu'à la porte que j'ouvris. Sun Joo Hee. Quelle bonne surprise ! Je souris automatiquement en voyant son visage, alors que la demoiselle s'appuya sur le pas de la porte en mettant en évidence son sac rempli de bières. Je haussai un sourcil à ses dires et je détroussai mes manches que j'avais relevé pour nettoyer les vivariums. Je croisai ensuite mes bras, taquin. « Entièrement ? Ca me va alors. » Elle tombait à pic, je devais l'avouer. Si elle ne s'était pas présentée, j'aurais encore passé une soirée tout seul. Pas d'invitation nulle part, je comptais finir devant un film. Je m'écartai un peu de l'entrée pour laisser Joo Hee passer, puis je passai ma tête par-dessus l'encadrement pour observer si quelqu'un était dans le couloir. Mais personne. Alors je fermai la porte et je revins auprès de mon amie. « Installe-toi, fais comme chez toi. Tu connais la chambre. » J'aperçus du coin de l'oeil une petite boule noire courir dans l'autre lit. Berlioz s'était enfui loin de nous pour terminer sa supposée sieste. Je pris rapidement le sac de la demoiselle pour la décharger de son fardeau, et je mis les bières dans le mini-frigo, vide pour ma part. « Je suis entièrement à toi si tu es entièrement à moi ce soir. » Je tournai ma tête vers Joo Hee en esquissant un nouveau sourire, provocateur. C'était toujours comme ça entre nous: on se cherchait, inlassablement, jusqu'à se trouver. Et après... Après, ça ne relevait que de notre jardin secret.

Joo Hee était fascinante, à sa manière. Elle n'avait pas peur de mes serpents, et c'était une chose que j'appréciais grandement dans son caractère. Elle avait le goût du danger. Le goût de la provocation. Je tournai légèrement ma tête vers la demoiselle qui tapotait son doigt fin contre la vitre propre du vivarium. Tibérius leva sa tête et glissa le long de sa branche pour atteindre la main tendue de la jeune brune. Mais la vitre le bloqua dans sa course, et je pensais donc que mon amie était rassurée que le verre la sépare du reptile. Et puis elle se désintéressa de ma "jungle" personnelle pour se concentrer sur moi. J'aimais être le centre de son attention. Joo Hee était une si précieuse amie à mes yeux. La meilleure, peut-être. Oh bien sûr, j'avais d'autres amis sur qui je comptais, et je n'avais aucune préférence ! Mais il y avait cette alchimie quasi-parfaite entre elle et moi. Sur tous les points. Nous nous connaissions par coeur. Dans nos âmes, dans nos corps même. Jamais ma confiance pour elle n'avait été ébranlée, et je comptais bien m'épanouir à ses côtés encore longtemps.

Je finis sur mon lit après que Joo Hee m'y ait tiré, et elle joua sagement avec mes doigts tandis que sa langue se déliait en de nombreuses interrogations. Quelle pipelette ! En même temps, ça faisait longtemps que nous ne nous étions pas vus. Elle m'avait expressément demandé de ne pas aller la déranger cette semaine, car des examens difficiles étaient à prévoir. Alors quelle surprise de l'avoir trouvée sur le palier de ma porte. Oui, j'avais préféré à ce qu'elle cherche ma présence plutôt que de la forcer à sacrifier des heures de révisions pour mes beaux yeux. Ah, je n'étais pas si égoïste que ça finalement. J'esquissai un nouveau sourire tout en appuyant ma tête contre la sienne qui se reposait sur mon épaule. « Oh, la routine, tu sais. Mais quel ennui sans toi ma puce. » Je remontai ma main sur son beau visage maquillé, et je caressai sa joue du bout des doigts. J'aimais bien jouer le petit-copain avec elle. Même si de tels sentiments n'étaient pas partagés entre nous, nous étions liés par bien d'autres moyens. Et la douceur était de mise. Du moins, c'était ma conception de l'attention. Je pouvais être un peu "brutal" parfois, quand la situation s'y apprêtait, mais le reste du temps j'étais très tendre avec les femmes. Elles étaient si fragiles... Comme de la porcelaine. Du cristal. Oui, elles m'étaient précieuses. Et Joo Hee était d'entre elles.

Je laissai la jeune femme quitter le lit pour allumer la chaîne hifi, mais je ne fis pas plus attention à la musique ambiance. Elle ne servait qu'à boucher le silence, trop pesant pour nos coeurs entrelacés. Puis, je tendis ma main pour attraper la bière qu'elle me tendit et la décapsulai sans difficulté pour trinquer à son examen, comme elle disait. Je ne pus réprimer un léger rire, et je portai l'embout à mes lèvres, me désaltérant de quelques gorgées. Puis je m'appuyai contre le mur, pensif, mon regard se perdant dans celui pétillant de mon amie. « Détends-toi ce soir. Ménage-toi pour tes examens. » Je ne le lui disais jamais assez, mais ce n'était pas en devenant un bourreau du travail qu'elle se récolterait de bonnes notes. Si elle ne prenait pas le temps de reposer son cerveau, ne serait-ce qu'une soirée, elle arriverait en cours très vite épuisée. Et ce ne serait que le début de la descente aux enfers. Alors, je souris à nouveau et bus de nouvelles gorgées avant de poser la bouteille sur la table de nuit, joueur. « Tu veux que je te fasse oublier tes révisions ? » Je me rapprochai soudain de la jeune femme, les yeux légèrement plissés, alors que ma main passait dans son dos, longeant son échine du bout des doigts. Puis, je glissai le plat de ma main sur sa nuque dégagée, sous ses cheveux, pour stimuler sa peau douce et chaude. Mon souffle, lui, s'échouait sur sa tempe. Mes lèvres à quelques centimètres de sa joue légèrement empourprée. Si elle voulait jouer, elle n'avait qu'à répondre à ma provocation. Jouer, encore jouer, nous nous complaisions dans un plaisir attisé par le jeu. Alors Joo Hee, on joue ce soir ?

Je ne savais même pas pourquoi elle posait ce genre de question alors qu'elle savait très bien de quoi je voulais parler. Après tout, ce n'était pas comme si nous étions étranger à ce genre d'activité. C'était même ce qui nous avait rapprochés le plus, avec le temps et les sensations que cela nous procurait. C'était même étonnant qu'après tant d'années de fréquentation libertine, nous soyons encore aussi attirés l'un par l'autre. Le mystère de notre amitié, pas vrai ? Dans tous les cas, j'étais plutôt satisfait que mes caresses insistantes pouvaient encore décontenancer Joo Hee. Je la sentais frissonner contre moi, les joues empourprées par le désir naissant. Et je la regardais, je la dévisageais. Mes pupilles étaient comme un livre ouvert: je lui communiquais ce dont j'avais envie de partager avec elle. Qui pourrait nous en empêcher, hein ? Il n'y avait que Joo Hee et moi dans cette chambre. Jusqu'à preuve du contraire, ce genre de chose était réservé qu'à ceux qui se découvraient et se partageaient. Et mon intention était pure. j'avais vraiment envie que Joo Hee se détende et qu'elle pense à autre chose qu'à ses examens, épreuve que nous, étudiants, redoutions à chaque fois. Les partiels, nous les voyions en horreur. Alors autant y penser le moins possible.

Joo Hee répondit à ma provocation, et pas qu'un peu. Elle délaissa sa bière entamée. Je suivis du regard son bras poser la boisson sur la table, et je me retrouvai ni une ni deux allongé contre le lit, mes yeux sombres scrutant le plafond. Je haussai les sourcils et me redressai un peu pour observer mon amie s'installer confortablement sur moi, à califourchon. « Je vois que tu sais ce que tu veux. » L'instant d'après, je sentis ses mains froides glisser le long de mon visage puis de mon torse, ce qui me réprima un premier soupir insistant. Son bassin, lui, entra vite dans un mouvement lascif, tout pour attiser notre désir respectif. Je m'appuyai sur les coudes, la tête sur le côté, alors que j'esquissais un petit sourire mielleux. Je la dévisageai du regard quelques secondes, alors que ses ongles parcouraient la peau de mon ventre sous mon haut qui devait certainement l'embarrasser. « Je parie que tu veux que je le retire. » lui confiai-je. Je ne me fis pas prier davantage, je voyais dans son regard qu'elle en voulait plus. Alors je pris soin de retirer mon tee-shirt, et je finis torse nu sous Joo Hee qui continuait inlassablement d'attiser mes sens. Pour ma part, je ne comptais pas simplement profiter du plaisir qu'elle m'offrait. Au départ, je devais la détendre, pas l'inverse. Je vins presser mon torse nu contre le buste encore habillée de la jeune femme, alors que mes lèvres se posèrent sur les siennes dans un baiser d'une douceur inégalée. Mes mains s'appliquèrent à lui remonter son haut en même temps, et je délaissai sa bouche pour lui retirer son tee-shirt avant de venir l'embrasser à nouveau. Puis, je glissai mes doigts agiles dans son dos pour savourer la douceur de sa peau de pêche. Je m'attardai sur ses omoplates et sur sa colonne vertébrale jusqu'à trouver l'agrafe de son soutien-gorge. J'esquissai un sourire contre ses lèvres pulpeuses et je mordillai l'inférieure alors que j'entreprenais de lui retirer son sous-vêtement. « J'espère que tu n'as pas trop faim ce soir, je ne voudrais pas finir dévoré tout cru. » Je ris ensuite légèrement contre son menton prononcé, les yeux plissés et mes ongles griffant légèrement les courbes enjôleuses de la demoiselle. Je n'étais pas bien sûr qui était le plus affamé de nous deux. Mais je n'allais pas tarder à le savoir, pas vrai ?