Liang se dirigeait tranquillement vers la bibliothèque avec une certaine curiosité, Mei Li l’avait convié là bas et il devait bien avouer qu’il se demandait pourquoi. Il connaissait la demoiselle depuis un petit moment maintenant, elle était très mignonne et adorable comme fille. Contrairement à ses habitudes, il n’avait jamais ressentis d’attirance particulière pour elle, à se yeux, elle était comme la sœur qu’il avait perdu et qu’il recherchait désespérément. Pourtant, Mei Li était très jolie, le genre de visage que n’importe quel photographe s’arracherait, elle pouvait porter n’importe quoi, tout lui allait bien.  Ca ne devrait pas l’étonner qu’elle lui donne rendez vous à la bibliothèque, après tout, dès qu’elle le voyait Mei Li se jeter sur lui afin de demander comment c’était passé sa journée, s’il allait bien et ce genre de chose. Elle était très envahissante, mais ça ne le dérangeait pas, il préférait presque ça à certaine de ses élèves lourdes qui ne voulaient pas comprendre que Liang ne s’intéressait pas à elle.  Mei Li le fait beaucoup rire, elle est très énergique comme fille et elle n’en rate pas une. Mais il devait bien avouer que depuis quelque temps, elle était étrange, elle semblait dans sa bulle, ne captant pas toujours quand Liang lui parlait, ce qui était très bizarre venant d’elle. Au fond de lui-même, il espérait secrètement qu’elle ne lui avoue pas ses sentiments, ça lui ferait mal au cœur de refuser. Contrairement à d’autre, il tenait beaucoup à Mei Li et il espérait vraiment qu’elle ne se soit pas fait d’idée, Liang ne savait pas s’il serait capable de gérer ce type de situation et il priait intérieurement pour que ça ne soit pas la raison de sa convocation. Une fois à la bibliothèque, il se rendit à la pièce que Mei Li lui avait indiquée et il l’a vit « Mei Li ! Je suis là » dit-il chaleureusement, mais avec une certaine réserve. « Tu voulais me voir ? » demanda-t-il en s’approchant d’elle.

Lorsqu’il ouvrit la porte de la salle et qu’il vit le visage de Mei Li, il resta assez surpris. Elle n’était pas comme d’habitude et il l’a sentait très nerveuse ce qui le fit stresser à son tour, il avait vraiment peur que Mei Li ne lui dévoile de possible sentiment. Il l’appréciait beaucoup et il n’avait vraiment pas envie de la repousser, mais il ne pouvait rien y faire, il avait beau essayer, il n’arrivait vraiment pas à voir Mei Li comme une vrai femme. Et quand bien même, il en serait capable, c’était une autre Wonsungi qui avait prit cette place dans son cœur, y faisant fondre la glace. « Est-ce que ça va ? » demanda-t-il, à la fois inquiet et suspicieux. Il ne voulait pas la brusquer, mais la tension palpable dans la pièce ne le rassurait pas et l’étouffait un peu. Mei Li était très maladroite tout d’un coup et il avait peur qu’elle ne se blesse encore une fois. « D’accord. » répondit-il. Liang suivit les ordres de Mei Li en allant s’asseoir sur la chaise en face d’elle, il était vraiment effrayé en pensant à ce qu’elle voulait lui dire. Il voyait bien qu’elle était très nerveuse, elle ne bégayait pas d’habitude et son attitude était très suspecte. Liang tendit sa main pour caresser tendrement la tête de Mei Li avec un sourire se voulant rassurer « Respire Mei Li ! » dit-il pour essayer de la calmer. Il ne pouvait pas s’empêcher de prendre soin d’elle et cela même s’il avait peur qu’elle ne commence à lui parler de sentiment. « De quoi voulais-tu parler ? » demanda-t-il avec calme. Il essayait de la rassurer comme il pouvait fin qu’elle puisse parler sans crainte et en toute tranquillité, mais ça ne semblait pas être une chose facile au vue de l’attitude de Mei Li.

Alors que jusqu’à maintenant, Liang avait été inquiet de ce que Mei Li pouvait lui annoncer, il se retrouvait désormais totalement désemparé par la situation. Il n’était même pas certains d’avoir bien entendu et il lui fallut quelques secondes pour comprendre que oui, Mei Li était vraiment entrain de lui parler de sa sœur biologique. Le regard de Liang changea rapidement, la surprise laissa place à la curiosité avec une pointe de suspicion. Comment pouvait-elle être au courant des recherches de Liang quand à sa sœur biologique ? Très peu de personne était au courant de cela, les seules qui l’étaient se résumait à sa famille adoptive et ses informateurs. Mei Li n’en faisait pas partis et il commençait à s’inquiéter que des rumeurs ait pu s’ébruiter « Comment es-tu au courant de cela ? » demanda-t-il. Le visage de Liang était sérieux, son regard intimidant plongé dans celui de Mei Li, il voulait entendre des réponses et vite. « Intéressante ? » demanda-t-il une nouvelle. Il n’aimait pas tout ce suspens, c’était un sujet sensible pour lui et même s’il s’agissait de Mei Li, il risquait de ne pas être tendre si elle ne répondait pas assez rapidement. « Répond moi » ordonna-t-il, le ton dur. « Comment peux-tu être au courant de cela et quels sont tes informations ? » demanda-t-il une nouvelle fois. L’évocation de sa sœur lui avait fait remonter tout un flot de souvenirs, parfois flou, de son passé, ainsi que toutes les émotions qui les accompagnaient.

Liang n’entendait plus rien, il n’y avait plus rien autours de lui, juste l’obscurité qui peu à peu prenait possession de lui. Il faisait sombre, son esprit devenait peu à peu imprégné de ses souvenirs qui lui revenaient en mémoire comme une claque en pleine figure. Il y voyait beaucoup de chose, parfois même des souvenirs si lointain qu’il pensait les avoir définitivement oublié, mais ça n’était pas le cas. Ni son corps, ni son esprit, ni son cœur n’avait oublié, la peine de ce jour là lui revenait peu à peu et son cœur lui faisait mal, terriblement mal. La même douleur qu’il avait ressentis lors de ce jour on où l’avait arrachée à ses parents, à sa sœur, sa Xiao Li. Il avait beaucoup pleuré, il avait refusé de manger pendant toute une journée, avant de céder, en cachette, au milieu de la nuit pour se servir dans le frigo. Si désormais, Liang était habitué au luxe et qu’il avait pleinement accepté ses parents adoptifs, les considérant comme ses seuls et unique parents, ça n’avait pas toujours été le cas. Au début, il était si exécrable que n’importe qui l’aurai renvoyé d’où il venait, mais sa mère adoptive était une femme aimante, gentille et très patiente. Elle avait compris dès le début qu’il ne serait pas facile de faire accepter cette situation à un enfant sans repère, sa gentillesse avait gagné le cœur froid de Liang pour le réchauffer tout doucement. Elle ne l’a même jamais empêché de reprendre contact avec sa famille biologique, mais il n’a jamais voulu au début et lorsqu’il s’était enfin décidé, uniquement pour retrouver sa sœur, sa famille biologique avait disparue sans laisser de trace. La seule raison pour laquelle il s’évertuait autant pour les retrouver était Xiao Li, il voulait la revoir, s’assurer qu’elle aille bien, lui parler, la prendre dans ses bras, comme autrefois. Ses parents adoptifs l’ont toujours aidé dans cette démarche en vain, en 28 ans d’existence il ne fut jamais capable de la retrouver, creusant  un peu plus ce sentiment de culpabilité qui le hante tout les jours. Il s’attendait à tout, sauf à ça. Il avait une autre sœur ? Ses parents l’avaient vendu contre de l’argent, mais ils avaient quand même eu le culot d’avoir un autre enfant derrière ? Liang ne voulait pas y croire et il n’écoutait plus vraiment ce que Mei Li lui disait. Il plongea son regard sur le visage de Mei Li, il n’avait jamais vue Xiao Li grandir, il ne pouvait pas savoir si elle se ressemblait, et il n’arrivait pas non  plus à déterminer de manière objective si elle lui ressemblait à lui. « Comment puis-je te croire ? » demanda-t-il. Ca n’avait rien d’une menace ou d’un accès de colère, Liang ne savait pas. Il ne savait pas s’il devait la croire ou non et il avait besoin de preuve, parce qu’actuellement, la situation l’avait chamboulé au point ou il était devenu incapable de réfléchir correctement.

Liang se sentait perdu, il ne savait plus ce qu’il devait croire ou non, il ne savait pas où était la vérité et si finalement, il avait toujours envie de l’entendre ou non. Mei Li était une fille adorable, toujours gentille avec lui, câline et parfois un brin collante. Face à ses révélations son comportement semblait si évident que Liang se sentait stupide, disait-elle donc la vérité ? Il n’avait aucune idée de ce à quoi ressemblait maintenant sa grande sœur et il n’avait jamais imaginé une seule seconde avoir une petite sœur, il était incapable de dénicher objectivement une quelconque ressemblance entre Mei Li et lui. Il la fixait, non pas par mépris, mais par curiosité, Liang détaillé ses traits comme s’il s’agissait de la première fois qu’il l’a voyait, il voulait avoir ce sentiment d’être sûr de lui comme dans les films, de sentir quelque chose qui le rapprocherait de Mei Li. Mais Liang était dans la réalité et il ne sentait rien, il se sentait désillusionner et vide. Elle sembla chercher quelque chose dans son téléphone, peut être cette fameuse preuve ? Il ne savait pas, il ne savait plus. Ses yeux se posèrent sur la photo, Liang y voyait Mei Li et une femme qui lui était inconnue, était ce Xiao Li ? Il ne savait pas, mais cette femme était si jolie et l’on pouvait voir la ressemblance avec Mei Li qui était frappante, il savait que c’était sa sœur, était-ce la sienne aussi ? La photo ne lui permettait pas d’être sûr, Liang avait cherché pendant si longtemps, il avait voulut abandonner de nombreuse fois, alors il voulait être sûr, il ne voulait pas se tromper. La photo changea finalement, d’abord presque désintéressé, les yeux de Liang s’arrondirent. Il l’a reconnaissait, il n’y avait plus aucun doute à avoir, c’était bien Xiao Li. Il revoyait ce visage enfantin et souriant pour la première fois après tan d’année, il n’avait jamais pu l’oublier. « Xiao Li » dit-il doucement en prenant le téléphone entre ses mains pour zoomer un peu plus l’image, caressant tendrement l’écran de son pouce. Il resta comme cela un moment, Liang savait au plus profond de lui que Mei Li disait la vérité et ses yeux finirent par se tourner vers elle. « Pourquoi ? » demanda-t-il en chinois, par réflexe. C’était les seuls mots qui pouvaient sortir de sa bouche actuellement. Liang se sentait comme un enfant perdu devant le fait accomplis et il avait besoin de réponses à ses nombreuses questions.