Certes il râlait, il gesticulait, il ne cessait de bouger ou de gémir. Mais il avait honte quoiqu'il en paraisse, sa main menottée au lit, une femme lui appliquant quelques produits de beauté sur le visage. Et lorsqu'elle retira l'élastique de ses cheveux, il leva son bras valide pour le poser sur son cuir chevelu et frotter comme un forcené, les larmes aux yeux. « MAIS T'ES FOLLE MAIS.. » conscient d'avoir haussé la voix sur elle, chose qui déplaisait au peuple coréen dont il n'était pas issu, il baissa les yeux et maugréa une excuse. Il lança un regard indifférent au miroir et réajusta simplement le serre-tête, affichant un air renfrogné. « Sois plus douce, tu m'fais mal ! » Après tout ça n'était pas tant sa faute à elle s'il était aussi douillet. Quand bien même il avait pour sale manie de se battre et se fourrer dans les ennuis les plus profonds, il finissait toujours par chouiner en remarquant un bleu sur sa peau pâle. « Et toi, en ce moment, niveau cœur ? »

Lorsqu'elle déposa un baiser sur sa joue, le syrien poussa un soupire à la limite du gazouillement tant le ravissement le prenait aux tripes. C'était comme ça : lui qui n'avait pas l'habitude d'être choyé l'était tous les jours avec elle, mais chacune des marques d'affection qu'elle lui offrait le rendait fou. Il rattrapa délicatement son menton de sa main libre et pencha la tête pour déposer un long mais tendre baiser, presque timide, sur sa peau satinée. « C'est pas grave, le baby pardonne toujours tout à sa noona. » Un sourire amusé accompagna son geste, et il se remit droit pour lever les yeux comme indiqué, soucieux de bien faire pour l'amuser et lui plaire. « quelqu'un ? Qui ? Je le connais ? Non parce que j'ai pas envie que ce soit quelqu'un de mauvais. » Il ne tiqua pas sous la fraîcheur du produit, restant sagement assis en tailleurs en s'étant même rapproché du bord du lit pour se tenir droit et lui offrir un angle confortable. « de toutes façons, s'il t'ennuie je lui tombe dessus. » Il n'était pas sûr qu'elle sache pour ses activités, mais cette menace qui paraissait moindre n'était que des plus redoutables.

Pour lui qui s'était accroché à la façon d'une grande sœur ou d'une mère malgré leur différence d'âge peu importante, il ferait tout. C'était sa façon de lui rendre la pareille, d'assurer son confort au détriment du sien, et c'était aussi pourquoi il voulait tout savoir sur l'identité de la fameuse personne. Bien qu'il avait l'impression que son visage pesait désormais des tonnes et que ses traits étaient crispés, il fit un effort pour soulever le coin de ses lèvres en un petit sourire. « Je connais pas mal de gens, balance un nom plutôt ! » Tasyr était impatient : qui pouvait faire tourner la tête à Sunjoo ? C'était une question qui avait de l'importance à ses yeux. Il se pencha sur les couleurs et grimaça, levant le regard sur elle. « Choisi ce que tu veux, de toutes façons elles sont toutes moches. » Il haussa les épaules et se redressa encore tant bien que mal, tentant d'adopter une posture qui ne faisait pas mal à son poignet. « Pourquoi vous êtes obligées de vous tartiner la figure.. » geignit-il à regret. Et pourtant, Tasyr appréciait les artifices qui pouvaient masquer la laideur, il craignait pour ses pauvres yeux si jamais les femmes décidaient de cesser de se maquiller. Superficiel.

Bon d'accord. Peut-être que, effectivement, il serait le premier à se plaindre si les femmes ne sortaient pas maquillées et exposaient leur laideur en plein jour. Mais de là à l'avouer et passer pour un homme qui ne juge qu'au physique -malgré la part de vérité ? Jamais. Plutôt mourir, surtout devant Sun Joo. « Tu parles, des filles que je connais, neuf sur dix portent limite un masque. C'est fou quand même, est-ce qu'on a besoin de ça nous.. » Il geignit, pour la énième fois soit-dit en passant, et glissa ses doigts dans ses cheveux avant de se heurter au serre-tête et grimacer. Il ferma les yeux sans mal, se taisant aussitôt et, bien que la situation fusse cocasse, apprécia ce moment où il fut bichonné comme jamais. Il se mordit la lèvre et rouvrit son œil maquillé pour la dévisager longuement, anxieux. « Dae Ho ? Le joueur de foot ? Ah mais quel crevard celui-là. Pff un vrai bouffon. » Il renifla et s'apprêta à cracher avant de sourire bêtement en se rappelant en quelle compagnie agréable il se trouvait. « T'as rien à tirer de lui, abandonne sérieux. » Désolé, il soutint son regard avec une pointe de tristesse : après tout elle était un peu comme lui, à s'enticher des pires personnes.

Les feux de warning s'allumèrent de chaque côté de la maman sango, prévenant Tasyr d'un danger imminent s'il poursuivait sur cette route glissante. Et pourtant, par fierté mais aussi par soucis de protection, il tenait à lui donner sa version des choses et le fond de sa pensée. Libre à elle d'en faire ce qu'elle désirait une fois qu'il aurait parlé. Puis, avouons-le clairement, il y avait aussi ce fameux soucis du « je déteste l'idée que tu apprécies les personnes que je ne supporte pas » des plus puériles. Pour détendre l'atmosphère à sa façon, il posa ses yeux sur son reflet et grimaça, touchant du bout de son petit doigt le coin de son œil droit. « Mon dieu je ressemble à un tapin.. ». Et malgré tout elle avait l'air continuellement fâchée malgré son effort. Résigné, il voûta ses épaules et s'affala en arrière, inconfortablement, seules ses épaules se collant contre le mur en créant un espace entre son dos et le lit. « Y'a clairement plus à tirer de Dewei que de Dae Ho. Au moins, il est pas aussi râleu... Bon d'accord je te l'accorde, les deux sont des cas désespérés. » vaine ( et véridique ) tentative pour clore le sujet, Tasyr lui sourit de façon la plus adorable qu'il sache faire. « J'me trouve moche comme ça, mais c'est parce que je suis un mec. Si on oublie ça, tu es vraiment douée avec les pinceaux. »