Vu le sport que je pratiquais, on pouvait facilement me qualifier de sado-masochiste. Si mon côté sadique m’a permis d’envoyer des tas de personnes à l’hôpital, je pense ne pas avoir encore exploité totalement le masochisme. C’est vrai. Si on ne parle plus de sport, et qu’on se concentre sur....la vie sentimentale, qui serait assez con pour demander des nouvelles de son ex ? Sincèrement, dites-moi qui ? Eh bien moi je le suis. Comme si je n’avais pas assez eu d’emmerdes avec ça, il fallait que moi-même je remue le couteau dans la plaie. Et vas-y que je demande à Suah comment va sa colocataire de chambre. Maintenant il ne restait plus que deux choix à la pyo : me mentir ou me dire la vérité. J’avais déjà expérimenté le mensonge avec Suah et ça s’était très mal terminé, il valait mieux pour nous deux qu’elle donne une véritable réponse à ma question. A savoir : que devenait Sunah? Question qui, je vous l’accorde, était très conne. Si je voulais vraiment des nouvelles d’elles, je n’avais qu’à lui envoyer un message sur les réseaux sociaux ou par texto -pour le côté plus intime-. Mais voilà. Sunah aurait pu me mentir. Et me dire que tout allait bien, alors que tout allait mal dans sa vie. Là au moins, auprès de ma meilleure amie, j’attendais une vraie réponse. Une réponse qui je l’espère pourrait tourner en ma faveur, mais ça c’était peine perdue. A en voir la tête de la demoiselle, j’aurai mieux fait de me taire. Si elle avait quelque chose à me dire, elle pouvait le faire ! Sunah était libre de faire ce qu’elle veut pas vrai ? Si elle s’était trouvé un autre mec, et que je n’étais définitivement plus rien pour elle, elle en avait tous les droits. D’accord, ça c’est ce que j’essayais de faire avaler à tous ceux qui me demandaient comment j’allais depuis notre séparation. Après tout si nous n’étions plus ensemble, c’était en grande partie ma faute. C’est moi le couillon qui lui ait annoncé de but en blanc que je ne voulais plus sortir avec elle. Tout ça parce que j’avais eu peur du futur. Quel con je fais. Baisser les bras et tout abandonner pour faute d’avoir su lui dire, ou d’avoir eu honte de lui dire que je l’aimais. Voilà la différence qu’il y avait entre Suah et moi. Suah avait un mec. Et moi j’étais encore célibataire. Je ne compte pas les sexfriends, et les plans cul. Sunah était loin d’être un plan cul. J’y avais cru au début mais je me suis vite rendu compte que ce qui se passait entre elle et moi avançait à grand pas. J’ai eu peur. J’ai été lâche, j’ai baissé les bras au dernier moment et maintenant je regrette. J’en paye le prix fort. Je suis seul, et elle, elle fait sa vie. Tout le monde s’en fout, parce que tout le monde pense que j’ai rompu car je ne l’aimais plus. Ouais. J’ai été la plus grosse tapette de tout l’univers, pour une histoire de cœur. Et maintenant je demande en catimini à ma meilleure amie comment va mon ex...Je suis pitoyable. « Tu veux savoir comment elle va ou tu veux savoir si elle pense à toi ? » Au moins sa réponse ou plutôt sa question est claire,net et précise. Elle a bien compris mon manège. Oui c'est vrai que j'aimerai savoir si elle pense à moi. Je suppose que oui. Mais pas comme je le voudrais. Après tout, comme je l'ai dit auparavant, tout est de ma faute, la personne qui a rompu, c'est moi, pas elle. Et s'il y a bien quelque chose que j'ai compris au fil du temps, c'est que l'on récolte ce que l'on sème.

Ma meilleure amie ajoute à sa question assez blessante, quelque chose qui ne me laisse pas de marbre. Elle a raison. Elle a même totalement raison, je ne devrais pas me morfondre par rapport à Sunah. Elle fait sa vie, je devrais faire la mienne et l'oublier une bonne fois pour toute. Si j'ai rompu c'est parce que je le devais...Ou du moins je pensais que je le devais à l'époque. «Je...Sun..Suah laisse tomber...Putain quelle idée d'avoir presque le même nom...bref...on...on devrait pas parler de ça t'as raison...Toute façon elle fait ce qu'elle veut pas vrai ?» je suggère à la pyo  avant de lui prendre la main  pour l'emmener jusqu'au buffet et me servir d'une coupe de champagne que je bois cul sec. J'ai besoin de penser à autre chose. Et j'espère pouvoir le faire ici. « Hae Yeol ! Alors comme ça on nous présente pas sa nouvelle copine ? » j'entends juste derrière-moi avant de sentir quelqu'un me taper le dos amicalement. J'ai juste le temps de me retourner que j'aperçois un visage familier. Bordel je me rappelle plus de son nom...Park Seon...Seong...Seong Hyun. Instinctivement je passe mon bras autour de la taille de Suah en regardant tour à tour le jeune homme puis elle. « Je...Non...Ce... » Je bégaie,me mordillant nerveusement les lèvres. Putain mais c'est pas dur HaeYeol. « Ce n'est pas ma copine. Elle est trop jolie pour l'être » dis-je en faisant un clin d'oeil au jeune homme se tenant devant nous. «Suah...Je te présente Park Seong Hyun ! Il vient de gagner le 400 mètres haies aux Jeux Olympiques asiatiques...Mais je suppose que tu le connais déjà puisque ça s'est passé à Incheon » ajoutais-je avant de présenter Suah à l'athlète. C'était dans ces moments là que je me maudissais de ne plus avoir de copine. Tout le monde prenait ma meilleure-amie pour ma copine et c'était quelque chose qui m'insupportait. D'une part parce que la demoiselle était déjà en couple et qu'elle pouvait être blessée. De deux, parce que je n'étais sûrement pas son style et qu'elle pourrait à nouveau le prendre mal. De trois, parce qu'à force je finissais par me demander si je n'avais pas fait une erreur en la friendzonant depuis notre tendre enfance. Peut-être qu'après tout c'est avec elle que je devrais être à l'heure actuelle.


Plusieurs serrages de mains plus tard, je trouve enfin un endroit calme au dehors pour pouvoir m'asseoir avec Suah. Si elle n'était pas là, j'aurai discuté avec pas mal de gens. Mais pour le coup je préfère rester avec elle. Ça nous fera toujours une soirée pour discuter de choses qui nous font du bien. Et même si je crève d'envie de savoir ce que devient Sunah,je ferai abstraction du sujet pour ce soir. Une fois assis, je sors mon paquet de cigarettes et m'allume une clope avant de tirer une taffe. Je sais que fumer en étant sportif de haut niveau c'est la loose. Mais comme je le dis souvent, je ne suis pas totalement accro. Juste un peu. Je me fais un paquet en cinq jours, c'est bien non ? Ça fait une moyenne de quatre cigarettes par jour seulement. «Au fait Suah avant que j'oublie ! Il fallait que je te demande... t'aime toujours Justin Timberlake et compagnie ? » je lui demande en avant de rejeter ma fumée par la bouche. Elle a intérêt à dire oui, sinon je la tue. «Je dis ça parce qu'il me semblait que tu l'aimais alors...j'espère juste que t'as pas changé de goûts musicaux » je continue en jetant cette fois la cendre de ma cigarette dans ma coupe de champagne vide, à défaut d'avoir un cendrier à disposition.