Une autre journée à vagabonder à travers les couloirs de l’hôpital. Un endroit qu’il connait par coeur, à force. A l’avoir traversé de son long, en tant que patient, puis en tant que futur médecin. Jonah a commencé sa garde quelques heures plus tôt, a commencé par vérifier les résultats d’examens qu’il attendait pour l’un de ses patient. Puis, comme à chaque fois, il a fait son tour de garde, pour se mettre à jour des dernières personnes admises dans son service. Il pensait pouvoir rester en neurologie aujourd’hui, suivre son médecin référent, assister à certaines des opérations prévues plus tard dans la journée. Mais c’était sans compter la chef du service maternité, appelant à l’aide, l’un de ses internes s’étant fait porter pâle. Et comme à chaque fois, Jonah s’est porté volontaire pour échanger sa place. Même s’il apprécie particulièrement la spécialité qu’il a choisi, il sait de toute façon, qu’il devra faire ses gardes dans les différents services s’il veut valider ses études. Alors autant le faire lorsqu’il en a l’occasion, avant que cela ne lui soit imposé. C’est ainsi qu’il se retrouve à traverser tout l’hôpital, ne manquant aucun mot du médecin qu’il va aider aujourd’hui. Sa première tâche sera de reprendre certains rendez-vous déjà prévus. Et il sait déjà, que la tâche ne sera pas facile pour lui. Que cette journée lui demandera plus de concentration que prévue. Qu’il faudra analyser chaque dossier rapidement pour pouvoir répondre au mieux aux questions des patients qui lui feront face. Lâchant un soupire, Jonah arrive à son nouveau poste, jette un coup d’oeil à la pile de dossiers qui l’attendent. L’une des infirmières lui fait rapidement un résumé des rendez-vous qu’il devra lui-même honorer, et le laisse gérer une première échographie. Une trentenaire qui entame son dernier trimestre de grossesse, venant pour un rendez-vous de contrôle. Il prend quelques minutes pour lire son dossier, l’accueil d’un sourire avant de commencer l’examen. Ce n’est peut-être pas le domaine dans lequel il excelle le plus, mais il fera toujours de son mieux, apprenant à aimer chaque aspect du métier qu’il a choisi. Un sourire qu’il offre à cette future maman, il conclue son premier rendez-vous, restant au bureau qui lui a été désigné, attrapant déjà le dossier pour son prochain rendez-vous. Sans qu’il n’ai le temps de relever le nom de la patiente, sa collègue lui fait part du retard de cette dernière, lui laissant quelques minutes supplémentaires pour lire les documents en face de lui. Il acquiesce d’un mouvement de tête, et fini par plonger son nez dans ces derniers. Ses sourcils se froncent finalement, à lire l’identité de celle qui le fait attendre, pourtant, il ne dit rien, se concentre uniquement sur son travail. Ses lèvres qu’il pince, Jonah expire un grand coup, au moment d’entrer dans la salle d’attente, son regard se posant sur la présidente de sa fraternité. « Sawan ? » lance-t-il presque fébrilement. La présence d’Il Kyang se fait remarquer à son tour, alors qu’il esquisse un léger sourire. Sa surprise peut se lire dans son regard, pourtant, il ne dit rien, montre simplement de sa main la salle d’échographie derrière lui. « Si vous êtes prêts, on peut y aller. » Il garde cette voix rassurante, qui le caractérise souvent lorsqu’il est ici. Il n’est pas là pour juger, mais simplement pour faire son travail. Et c’est bien ce qu’il compte faire.

Je ne voulais pas être en retard aujourd’hui. Mais je l’étais quand même, malgré moi. A peine arrivé, Sawan se jetait à mon cou. Instinctivement, je passais mes bras autour d’elle, lui soufflais que j’étais désolé encore une fois. Comment j’avais pu la faire attendre un jour pareil ? Je m’en voulais, mais l’absence de Seo Joon me frappait aux yeux. Au moins… j’étais là. Et j’avais du mal à cacher ce petit sourire presque fier. C’était mal placé de ma part, mais… je le déteste vraiment. Alors qu’il ne soit pas là, ça m’arrangeait presque. Je trouvais même ça normal d’être le seul présent. Au final, je m’étais fait à l’idée que le bébé serait surement le mien, pas le sien. C’est puéril comme remarque, et pourtant je n’en doute presque plus. Un regard à Sawan, qui se veut rassurant avant que j’embrasse rapidement ses cheveux. Une voix s’élève derrière nous et je suis surpris de voir Jonah… un garçon de la frat. Je ne le connais pas si bien, mais je le savais en étude de médecine. Est-ce que c’est lui qui allait s’occuper de nous ? Sérieusement ? Je grimace un peu, le laisse partir devant avant d’attraper subitement la main de Sawan « Euh… c’est pas bizarre ? Que ça soit lui ? » Je ne sais pas pourquoi ça me gêne tout à coup. Je sais qu’il saura surement faire la part des choses mais… c’est un étudiant. Et de notre frat en plus. Je ne suis pas certain que ça soit une bonne idée. Je ne voulais pas que tout le monde soit au courant à la fraternité. J’avais déjà bien assez de problèmes comme ça. Si en plus le bruit venait à courir partout... un peu inquiet, je déglutis en suivant le mouvement. Je n’ai pas d’autres choix de toute façon n’est-ce pas ? Pourtant, sa présence me dérange. Je me sens mal à l’aise. Entrant dans le bureau, j’observe rapidement l’endroit y voit toutes ces choses qui ne me parlent pas. Et ces images anatomiques de femmes enceintes. Je fronce les sourcils, soudainement un peu angoissé. Puis détournant mon attention sur Sawan et Jonah. Je m’empresse de dire « Je ne savais pas que tu faisais de la gynécologie. » Je n’ai pas envie que Sawan perçoive mon stresse. Et encore moins qu’elle se sente mal à l’aise à cause de moi, ou même de la situation. « Jonah… tu ne diras rien, n’est-ce pas ? » je le sais, parce-que ça fait partie du secret médical. Mais j’ai besoin de m’en assurer. D’être sûr qu’il ne jugera pas… et encore, le deuxième potentiel père n’est pas là… je ne veux pas qu’il se fasse un avis sur nous, surtout sur Sawan. Bien que je ne sache pas réellement ce qu’il pourra penser de tout ça. J’inspire doucement, ne sachant pas où m’installer, je préfère rester à l’écart tandis que Jonah explique les choses à Sawan. Incapable de savoir ce que je ressens, je crois être impatient quelque part, mais aussi nerveux. Je vais… voir ce bébé. Pour la première fois. Je vais même peut-être pouvoir l’entendre ? Et je sais, que les choses changeront à partir d’aujourd’hui. Je ne sais plus si je suis excité à l’idée, ou si ça me fait peur. Mais c’est normal d’avoir des craintes non ? Je n’avais pas cru qu’une telle chose arriverait… et si vite. Encore moins avec Sawan, mais… je ne regrette rien. Pas une seconde et j’espère qu’elle le sait. Que malgré tout ce qui nous arrive, elle sait à quel point elle compte pour moi. Quand je pose mon regard sur elle, j’ai cette lueur dans les yeux. Ce lien qu’on a, celui que personne ne comprend. Et même si ce bébé n’est pas de moi… rien ne pourra briser ça. Je le sais… alors je m’y accroche vraiment. Sawan est mon oxygène en ce moment. Sans elle, je crois que je m’écroulerais… c’est la seule qui me maintient encore en vie. Mais je ne veux pas lui dire, encore moins lui mette autant de pression sur ses épaules. C’est moi qui dois être là aujourd’hui pour elle. Et je veux tout faire pour. Alors je profite d’un instant où Jonah s’éloigne, pour venir vers elle. Attraper sa main doucement « Comment tu te sens ? » je caresse ses cheveux, reste à ses côtés sans me soucier finalement de ce que nous avons l’air. Je m’en fiche ! Peut-être donnerons-nous l’image d’un couple heureux. Puis approchant mon visage du sien, je lui souffle « Je suis content d’être là avec toi. » vraiment. Je veux dire, je n’ai jamais hésité. Pas une seule seconde. Et je n’aurais vu ma place nulle part ailleurs. J’espère qu’elle le sait. 

La douleur était lancinante, brûlante et déchirante à la fois. Elle me coupait le souffle à chaque fois que je me laissais aller à penser à toute cette histoire. Comment avais-je pu me mettre dans un tel merdier ? Bercé d'illusions et de fantasmes, je m'étais laisser insidieusement glisser dans le péché pour succomber à des émotions qui venaient de ravager mon être entier... et comme si ça n'avait pas été suffisant, je me retrouvais prit au piège. Il se refermait sur moi sans même que je ne puisse y faire quelque chose. Après tout... j'étais coupable... non ? L'esprit embrumé d'avoir trop longtemps réfléchi, je relevais finalement les yeux vers le bâtiment qui me semblait soudain bien étranger. La façade blanche de l'hôpital ne m'accueillait plus comme elle le faisait d'ordinaire, et paraissait au contraire hostile à ma visite impromptue. Le cœur battant, le souffle court, il me fallut un instant avant d'oser franchir les battants en verres qui se séparaient devant moi. Dans le large hall, les médecins, les infirmières et tout le personnel soignant que je côtoyais habituellement pressaient le pas, concentrés, et je décidais de ne pas leur imposer ma présence. Je connaissais suffisamment les lieux pour savoir m'orienter vers la salle où l'on m'attendait... peut être. Traînant des pieds, j'avais la sensation que mes veines prenaient feu à mesure que j'approchais du but, et je repensais. A ces mots qui avaient dépassés ma pensée, à la colère que je lui avais craché au visage... J'étais fautif, je le savais, et la culpabilité me rongeait. Elle me dévorait lentement jusqu'à ce que finalement je ne capitule pour voir de mes yeux ce que mon cœur ne voulait concéder. Les mots... cette annonce qui avait été si étrange que je refusais d'y croire. Mais mon esprit était devenu mon enfer et me faisait revivre le souvenir de ce moment, je revoyais ses yeux inondés de larmes, la difficulté avec laquelle elle avait avoué, les mains tremblantes qu'elle ne cessait de torturer... chaque petit détail me revenait en mémoire, et je me maudissais silencieusement d'avoir fait preuve de si peu d'humanité. La douleur avait parlé à ma place, et elle avait été si tranchante que j'étais devenu étranger à moi même. Alors à cet instant, désireux de me racheter, de lui prouver que j'étais toujours le même Seojoon, lui montrer qu'elle pouvait compter sur moi, j'avais laissé de côté la souffrance de la trahison pour endosser le costume de la rédemption et du pardon. Dans les couloir à l'odeur si familière, je me frayais un chemin jusqu'à apercevoir la brune, et lui. Mon cœur se pinça brutalement à sa simple vue, et je dû interrompre mon ascension afin de calmer le muscle qui protestait contre mes côtes. Tu peux y arriver... me répétais-je, comme pour me donner le courage qui me manquait. S'il n'y avait eu que lui, tout aurait été tellement plus simple, mais le destin semblait décidément prendre un malin plaisir à me tourmenter, et je ne pus m'empêcher de faire demi-tour dès lors que j'aperçu Jonah. Je me cachais, comme un enfant, comme un lâche. Et je fais quoi maintenant... Accoudé à la rambarde attenante, le visage coincé entre mes paumes moites, j'expirais brutalement tout l'oxygène que mes poumons pouvaient contenir avant de prendre une profonde inspiration. Je ne pouvais pas fuir, plus maintenant... J'attrapais cette dose infime de courage, je l'empoignais et m'en servait pour finalement pousser la porte de la pièce, arrachant des regards surpris à ceux qui avaient déjà pris place. « Désolé... pour le retard... » Les yeux rivés au sol, je n'osais pas croiser les perles sombres de celle que j'avais blessé, pas plus que celles de l'homme que je détestais et qui, j'en étais sûr, était loin de se réjouir de ma présence. Je lançais un timide «Salut. » à Jonah avant de m'installer à mon tour à côté de Sawan.

HRP:

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« Only Human »

But I'm only human, And I bleed when I fall down, I'm only human, And I crash and I break down, Your words in my head, knives in my heart, You build me up and then I fall apart, Cause i'm only human...

©️crackintime