Tous les volets étaient ouverts. On pouvait voir des restes de neige par ci, par là. Au moins, il y avait de la lumière, chose qui était devenue inhabituelle quand il s’agissait de la jeune japonaise. Elle se voyait dans les miroirs de sa demeure, et elle pouvait reconnaître sur ses lèvres, derrière ses cheveux noirs, un doux sourire. Perséphone avait oublié ce qu’était que se réveiller avec un sourire. C’était devenu étrange d’étirer ses muscles de cette manière. Attachant ses longs cheveux en un chignon grossier, après avoir envoyé le premier message à son meilleur ami, elle attrapa son yukata rouge pour couvrir son corps, jusque là habillé uniquement de ses sous vêtements blancs. La réponse fut rapide, ce qui la fit rire. Café dans la main, elle s’installa sur le canapé du salon, le yukata s’ouvrant alors qu’elle s’asseyait. Elle s’en fichait. Iwan arrivant et la voyant à moitié nue ne serait absolument pas une première. Elle n’avait pas à lui cacher les cicatrices sur son corps, non pas à lui, il n’y avait aucune nécessité à cela.

Cigarette entre les lèvres, elle profitait yeux clos de la chaleur presque excessive de son chez elle. Elle avait toujours détesté le froid, ça la rendait folle, ça lui rappelait de très mauvais souvenirs. Iwan ne devrait plus tarder là. Entendant une voiture arriver, elle se leva et se dirigea à la porte d’entrée. Le tambour qu’était devenue la porte la fit rire de vive voix, ouvrant la porte pour voir son meilleur ami affamé de nouvelles.

« T’es pas assez riche comme pour venir en bagnole, non, tu prends un taxi comme les petits pouilleux toi ? » Perséphone aimait lancer ce genre de réplique merdique et totalement hautaine, parce qu’elle savait qu’elle pouvait se permettre toute sorte d’humour avec lui. Fermant la porte pour ensuite se nicher dans ses bras pour un câlin, elle souriait encore. « Espèce de loup, dès qu’il y a de la viande fraîche, tu accours, ne ? »

« Je trouve également que je suis trop couverte, peut-être vais-je ôter encore une couche d’habits… » dit-elle d’un ton rieur, le laissant entrer. Elle tend sagement l’oreille à son histoire, et elle ne peut s’empêcher de rire, avant de lancer une pique de sa voix la plus ironique. « Mais dis moi, que faisais tu sur la route pour qu’elle tente de t’éviter ? » Encore, un rire. Perséphone rit bien en ce moment, d’une voix qui sonne sincère, d’une mélodie créée par ses cordes vocales qui est juste. Elle ne connaissait pas ça, ou du moins, ça faisait bien longtemps qu’elle avait oublié ce qu’était que rire de bon cœur. Maintenant, ça commençait à prendre sens. Mais pourquoi combien de temps ?

« Cependant, t’as pécho ou pas ? C’est la partie la plus importante tout de même… » La petite tête blonde penche de droite à gauche, affichant une moue qui pourrait être presque mignonne si elle ne s’était pas mise à tirer la langue. Tournant les talons, elle retourna s’installer sur le canapé, croisant les jambes tranquillement. « Si tu veux quelque chose, c’est comme d’habitude, sers-toi » Elle le faisait languir, volontairement. La jeune femme leva alors le bras, lui montrant un des fauteuils ou bien la place à côté d’elle. « Mais prenez place monsieur, prenez place ! » Elle prit alors un accent chinois, pour accentuer la mise en scène qu’elle imaginait.

Perséphone attendit patiemment que son Iwan préféré se soit assis pour prendre à nouveau la parole, enfin, après s’être au passage, allumé une cigarette. Tirant une longue latte, elle posa ses petits yeux tout pétillants sur son meilleur ami. « Comme tu sais déjà mon Iwiwi d’amour, il s’agit de ce cher Kazuya, qui, comme tu peux également le constater, n’est pas ici aujourd’hui, puisqu’il est de service à l’université. » Et dire que le japonais avait accepté le poste de surveillant à la faculté pour pouvoir justement avoir tout le temps un œil sur la jeune femme… Elle arrivait malgré tout à échapper à cette constate surveillance. Les caprices qui se formaient dans son petit esprit arrivaient toujours à aboutir. « L’autre jour je lui avais donné rendez vous pour prendre un café, après avoir fait les achats de Noël et… une bonne dispute a éclaté en plein milieu de l’établissement, au calme, genre, les shows qu’on fait tout le temps quoi. » Parce que oui, ils étaient connus pour être très souvent collés l’un à l’autre, mais, aussi, pour se disputer très souvent, arrivant parfois aux mains, mais bien entendu, cela était dans l’intimité. « Du coup… je résume un peu… mais, en somme, je lui ai encore dit que j’aimerais qu’il laisse le rôle de « garde » dans un tiroir de temps en temps… Que je voulais plus que ça de sa part… C’est bien la première fois que j’obtiens une réaction à lui rentrer dedans ! »