quelqu'un va crever.” Elle n’avait jamais aimé ce cours, et pourtant, voilà qu’elle s’y présentait malgré tout. pourquoi avait-elle choisi ce cours exactement ? pour les connaissances générales. C’était important, d’avoir un tantinet de connaissances dans la vie – du moins, c’était ce qu’elle ne cessait de se répéter, chaque fois que lui prenait l’envie de s’absenter du cours. Généralement, elle ne regrettait pas de s’y être présentée, et elle pouvait même dire qu’elle en était fière parce que même si elle n’était pas tellement motivée, elle s’en sortait avec de très bonnes notes… mais, aujourd’hui, c’était différent. Le genre de journée où on aurait préféré rester dans son lit à ne rien faire et où l’on réalise qu’au final, après réflexion, ça aurait été le meilleur choix à faire si on avait su. La jeune femme poussa la porte de la classe et tenta de repérer une gueule familière, mais la plupart des camarades qu’elle préférait côtoyer généralement semblaient avoir pensé la même chose qu’elle… en l’occurrence, ils ne s’étaient pas présentés, contrairement à elle. Elle prit place, tout au fond de la classe, comme à son habitude, et attendit que le professeur n’arrive. En attendant, elle se permettait d’envoyer des textos ici et là et de gribouiller des dessins sur des bouts de feuille, juste histoire de ne pas s’endormir. Qui avait l’idée de mettre un cours si tôt le matin, aussi ? C’était un peu cruel, quand on y pensait, pour ces pauvres demoiselles qui, comme elle, n’arrivaient pas à mettre le pied à l’extérieur de leur chambre avec un simple jogging sans même avoir le temps d’aller chercher un bon café, histoire de démarrer la journée du bon pied. Mais c’était impossible, pour elle, alors elle s’était bien levée au moins une heure en avance, et maintenant, sa seule envie était de s’effondrer sur son bureau et de profiter du cours le moins intéressant de son programme pour dormir. Enfin, ce n’était pas le cours, le pire… c’était plutôt le prof, qui était emmerdant, en fait.

Au bout d’un moment, le cours débuta enfin. Le professeur expliqua qu’ils allaient devoir faire un projet et que pour ça, ils allaient devoir être en équipe de deux. Génial, pensa-t-elle, redressant instantanément la tête histoire de voir avec qui elle pouvait bien se mettre en équipe… et aussitôt qu’elle le fit, le prof s’empressa d’ajouter qu’il avait fait les équipes la veille, et que le nom du coéquipier serait inscrit sur la première page du dossier qu’il allait distribuer. merde. Pourvu qu’elle ait un coéquipier intéressant, pensa-t-elle… elle attrapa le dossier et s’empressa de lire le prénom inscrit sur ce dernier. Chen Mei Li. non mais c’était une blague, oui ? Il n’y avait qu’une personne qu’elle ne pouvait pas saquer dans toute cette école, et il fallait qu’on la mette en équipe avec elle ? alexis tourna la tête et jeta un regard à sa nouvelle coéquipière, qui, bien évidemment, était assise plus loin. Elles s’échangèrent un regard, et la plus vieille jeta le dossier par terre, croisant les bras et haussant le ton, ne se dérangeant pas pour exprimer son mécontentement devant toute la classe. « sauf votre respect, monsieur, j’espère que c’est une blague ? je refuse de travailler avec cette garce. » lança-t-elle, fixant meili d’un air presque hautain. C’était impossible qu’il n’ait jamais remarqué qu’elles ne s’appréciaient pas trop, surtout pas depuis la scène qu’elles lui avaient offert lorsqu’elle l’avait soupçonnée de lui voler des trucs en douce.

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Alors ça, c’était bien la cerise sur le gâteau. Non seulement elle s’était permise de lui répondre – bon, d’accord, la liberté d’expression – mais en plus, elle se permettait de lui répondre de la sorte ? la plus vieille tourna à nouveau la tête vers celle qu’elle pouvait considérer sa seule ‘ennemie’, si seulement on pouvait la qualifier ainsi, et elle haussa un sourcil. Elle entrouvrit la bouche, s’apprêtant à répliquer, mais le professeur la devança et lui annonça le verdict : elle devrait absolument travailler avec elle, ou alors… c’était un zéro. Et merde. Elle n’allait pas se coltiner un zéro juste parce que l’autre l’énervait, quand même. Elle soutint son regard un long moment… avant d’abandonner la guerre d’avance, poussant un long soupir mécontent, marmonnant quelque chose dans le genre de je m’en rappellerai avant de ramasser ses choses et de pousser sa chaise, en attrapant une au passage lorsqu’elle entreprit de se diriger vers l’autre jeune femme. Qu’on lui rappelle pourquoi, déjà, elle n’était pas restée dans son lit ce matin ? Au pire, elle aurait pu tenter d’obtenir les bonnes grâces du professeur histoire de reprendre sa note d’une autre façon, prétextant une dure fièvre ou quelque chose dans le genre. Pas sûre que ça aurait fonctionné, mais au moins, elle ne se serait pas trouvée dans une situation aussi précaire… avec son pire cauchemar. Alors là, elle aurait peut-être pu admettre qu’elle en avait fait un peu trop en l’accusant ainsi, mais il n’en restait pas moins qu’elle n’aimait pas son attitude. Et depuis cet épisode, rien n’avait jamais coulé dans le bon sens, entre les demoiselles, et ce n’était pas la veille de changer. Ou, en tous cas, pas à son avis. Elle laissa retomber ses choses sur le bureau de la plus jeune, la fusillant du regard.

« si tu t’approches trop près de moi ou de mes choses, j’te colle une plainte d’harcèlement aux fesses. » fut son avertissement alors qu’elle se laissait retomber sur sa chaise, préférant ne pas l’observer à partir de maintenant. Ils avaient bien évidemment un moment de consultation, mais alexis avait compris la suite des évènements : en ce qui concernait le reste du boulot, elles devraient probablement devoir passer du temps sup ensemble, à l’extérieur des cours. cette pensée lui mit le moral à plat, mais elle attrapa tout de même le document, croisant les jambes et le feuilletant un peu furieusement. « et j’y passe pas plus d’une heure et demi avec toi, alors tu déconnes pas, c’est du sérieux. » elle l’avait presque grogné, mais c’était sa façon peu agréable de dire ‘on met nos différends à part, on bosse, on termine ça rapidement et on s’en débarrasse’. Ça ne se voulait pas amical, mais au moins, pour les prochaines minutes qui suivaient, elle avait accepté de ne pas faire une scène publique de son mécontentement. Elle ne jurait pas ne pas lui tirer les cheveux lorsqu’elles sortiraient de la classe, cela dit.

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Franchement, pour sa part, elle pouvait bien mener sa vie comme elle l’entendait, mais elle préférait ne pas se préoccuper d’elle normalement. Il était certain qu’alexis n’avait pas sa langue dans sa poche lorsque venait le temps de se défendre, mais autrement, elle n’aimait pas s’attirer les ennuis et n’aimait pas non plus attirer les ennuis aux autres. En fait, pour être totalement honnête… elle détestait savoir qu’elle avait des ennemis, et elle détestait s’entourer d’ondes négatives. Elle ne comprenait tout simplement pas quelle était l’utilité de s’emmerder à causer la merde chez les autres… elle avait bien mieux à faire, non ? mais parfois, on ne pouvait s’en empêcher. Il y avait cette personne qu’on n’aimait pas trop et qu’on ne pouvait s’empêcher d’embêter, au final, juste pour se remonter un peu le moral, parce que la société fonctionnait comme ça, de nos jours : on devait marcher sur les pieds des autres afin de ne pas se faire marcher dessus. Un long soupir lui échappa au surnom qu’elle lui appliqua, mais elle décida également de ne pas répliquer, croisant les bras et la regardant faire. Elle avait encore le choix de décider de tout faire, de la laisser tout faire, ou bien d’être juste et de coopérer… elle choisit la dernière solution, tout de même, se disant que ce n’était pas son genre d’agir ainsi en temps normal.

Sa langue claqua contre son palais et elle se redressa un peu, observant les feuilles qu’on leur avait distribuées et faisant fi de la personne se retrouvant face à elle. Si elle la considérait comme un outil de travail et non comme une personne qu’elle n’aimait pas, tout se passerait bien, ou du moins, elle croyait.

« l’économie dans l’art et le design ? » fit-elle, incertaine elle-même à savoir s’il s’agissait d’une question ou juste d’une réflexion. Elle tenta de s’imaginer ce dont pouvait parler cette étude et tapota son crayon contre la feuille, haussant les épaules. « la mode et son économie au travers des époques. » marmonna-t-elle, notant son idée sur un bout de papier. Elle redressa la tête, oubliant leurs tensions et haussant les épaules, comme si elle lui proposait l’idée. Elles n’avaient pas trente-six choix, de toute façon… alors peu importe ce qu’elles pouvaient bien décider, ça finirait forcément par tourner autour de ce sujet-là.

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Le sourire de la plus jeune l’avait presque surprise, sur le coup. Alors, elle était capable de sourire en sa compagnie ? c’était plutôt difficile de se l’imaginer, mais finalement, l’expression de meili fit apparaître l’esquisse d’un petit sourire sur ses propres lèvres. Elle ne savait pas tellement si c’était par amusement ou si c’était sincère, mais ce devait être un peu des deux. Elle n’était pas méchante, au fond, mais elle se froissait rapidement et avait tendance à prendre les grandes défenses dès le départ. Mais là tout de suite, meili ne ressemblait pas tellement à sa pire ennemie, mais à une pauvre écolière, un peu timide, ce qui était tout le contraire de la brune. Lorsqu’elle leva des yeux paniqués vers elle, cependant, son sourire se dissipa bien rapidement. Comme pour confirmer son doute, elle lui expliqua qu’ils avaient un oral à faire… pour elle, ce n’était pas tellement difficile, mais visiblement, pour la wonsungi, c’était la chose la plus horrible qu’on ait pu lui infliger dans cette classe. Peut-être même pire que d’être mise en équipe avec elle.

« hé… panique-pas. » fit-elle d’abord, haussant un sourcil. Pourquoi c’était si horrible ? Est-ce que les gens de la classe l’embêtaient à ce point-là ? retroussant les lèvres, elle pencha la tête vers elle, puisqu’elle se doutait bien que ça ne devait pas être un sujet qu’elle appréciait aborder. Ou peut-être qu’elle se trompait, mais tout de même, la discrétion n’avait pas de prix… oui, c’était bien elle, et elle le pensait réellement. « pourquoi ça te gêne tellement ? » demanda-t-elle, un peu perplexe. Mais rapidement, elle redressa la tête et replaça ses cheveux, balayant la pièce du regard. Bon, elle n’était pas fan des oraux non plus, mais ça ne la stressait pas, c’était au moins ça. « t’inquiètes pas, je suis une pro des oraux. » fit-elle finalement en haussant une épaule. Ce n’était pas vraiment le cas, en fait – elle ne s’en sortait pas trop mal, mais si ça pouvait la rassurer et ne pas la bloquer dans les travaux, c’était déjà un avancement. Mais à peine avait-elle abordé le sujet qu’elle lui posait déjà une autre question ; « j’ai pas encore de colocataires dans ma chambre, si tu veux, on pourra y bosser. sinon, on ira au café où je bosse, c’est tranquille. » question capitale. Enfin, question… elle lui demandait confirmation, disons. La traîner au café ? mais oui, pourquoi pas… comment pouvait-elle savoir que c’était une grave erreur, après tout ?

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Il n’y avait pas de malice chez alexis lorsqu’elle lui proposait de la rejoindre à tel ou tel endroit pour poursuivre ce projet, mais elle pouvait tout de même comprendre que la plus jeune le voit ainsi. Si c’était pour travailler, elle n’y voyait aucune objection, en réalité. Tant qu’elle s’y mettait, il n’y avait pas de problème. Elles pourraient travailler toutes les deux ensembles, avoir de bons résultats, et ne plus jamais avoir à en parler par la suite. Peut-être même que, grâce à ce projet, elles cesseraient pour de bon, de toujours se chercher l’une et l’autre… sans pourtant dire que meili deviendrait sa grande pote – elle en doutait fortement, elles n’étaient pas du tout du même univers, quand même – elles pouvaient au moins arriver à se respecter un minimum. Peut-être que c’était pour ça, que le professeur les avait mises ensembles, au fond… elle jeta un rapide regard suspect vers le professeur, mais la jeune femme se remit à parler, et elle porta à nouveau son attention vers elle.  Elle croisa les bras lorsqu’elle lui expliqua le problème, tentant de se l’imaginer, mais elle savait qu’elle ne le pouvait pas. alexis n’avait jamais vraiment eut de très mauvaise réputation, et en général, les gens l’aimaient plutôt bien, même si les garçons avaient plutôt tendance à lui faire des sous-entendus salaces que des compliments concernant son QI général…. Hum. Elle haussa une épaule à sa camarade.

« ils oseront pas gâcher notre présentation, ils nous prennent toutes les deux pour les folles. » dit-elle finalement, un sourire amusé aux lèvres. Bon, alexis avait plutôt bonne réputation, c’était vrai, mais lorsqu’on parlait d’alexis et meili toutes les deux, on avait bien tendance à les prendre pour des folles, vu comment elles étaient toujours en train de se piquer. Finalement, elle n’était pas tellement mécontente, d’être mise en équipe avec la wonsungi. Elle avait beau l’énerver en terme général, mais à lui parler comme ça, normalement, elle réalisait qu’elle n’avait rien de méchant, un peu comme elle… avec cette touche un peu enfantine en plus chez la jaune. Elle hocha la tête à sa dernière réponse, et ramassa ses trucs, les classant dans ses bouquins pour ne pas les abîmer et les faisant glisser dans son sac. De toute façon, ce cours-là se terminait dans cinq minutes, et elle n’avait plus de cours avant le lendemain en après-midi. Elle attrapa son portable et lui fit signe.

« ça me va. je suis libre dès la fin du cours, mais tu peux me passer ton numéro, on se textera quand tu seras libre ? » demanda-t-elle, sans la regarder, pas très inquiète de cet échange. Elle ne s’imaginait pas qu’elle allait lui pourrir la vie, et elle était plutôt certaine qu’elle n’utiliserait pas ses informations pour le faire elle non plus. Levant le regard vers elle, elle la questionna des yeux. « sauf si, bien sûr, t’as un trou maintenant, ça m’arrangerait parce qu’une fois rentrée des cours, je suis pas certaine d’avoir la motivation de sortir mes bouquins à nouveau… » elle l’avait dit sur le ton de la rigolade, mais elle espérait sincèrement qu’elle lui dise qu’elle n’avait pas cours tout de suite et qu’elle avait le temps… et à cette heure, en plus, elle savait que yuan travaillait. Ça lui donnerait toujours une motivation visuelle, hm.

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