les notes de piano continuaient de sonner dans mes oreilles. je m’avance, lentement, attiré par ce bruit que j’ai entendu en passant juste devant la yonsei. je n’ai pas l’habitude de venir ici, même si je sais que ce campus universitaire est très bien réputé par la qualité de ses enseignements, cependant c’est le cadet de mes soucis. pourtant, aujourd’hui, en ce jour d’hiver froid, les flocons me tombent sur les cheveux et les notes de musique retentissent en moi. au début, j’avais l’impression de rêver. je ne sais pas ce qu’on pourrait se dire, que je deviens fou sûrement. mais il est pratiquement 16h et la nuit ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. je ferais mieux d’aller au 7eleven et de me rentrer. seulement, je n’y arrive pas. le piano continue de retentir dans mes tympans, de sa voix mélodieuse. mes pas me mènent sans que je ne m’en rende trop compte vers l’intérieur du campus, tout droit vers le bâtiment sejong, le bâtiment de lettres, langues et arts de la scène. je lève la tête alors que les flocons de neige me tombent sur le visage dans un ressenti doux mais glacial. je grelotte et enroule un peu plus mon écharpe bon marché. c’est là que je remarque une fenêtre ouverte au second étage du bâtiment universitaire. la musique vient de là-haut. une nouvelle fois attiré par ce son si joli, je rentre et monte les escaliers. je suis surpris de n’y voir personne et en même temps, je me sens un peu rassuré parce que vu mon allure, on ne m’aurait jamais laissé entrer ici. j’arrive enfin devant la porte, elle est entrouverte. je jette un coup d’œil et aperçois une silhouette féminine jouer du piano. elle est de dos, et ne m’a donc pas vu, autant que moi je ne peux pas voir son visage. alors que je comptais rester écouter derrière la porte, ma maladresse me rattrapa et me fit esquisser une perte d’équilibre contre la porte, l’ouvrant doucement dans un grincement bien audible. je me redresse immédiatement et ne sais plus trop où regarder. « c’était.. sympa. » je pourrais dire autre chose mais à la place je me gratte la tête et fait mine d’observer la pièce.

ce n'était pas surprenant pour une idole, ou les trainees, d'apprendre à jouer d'un instrument pendant les années d'entraînement, certains commençaient même dès le plus jeune âge, talent inné ou non, et les plus talentueux étaient même capables de jouer plusieurs types. un point bonus, dirons-nous, aux yeux des agences, même si cela ne voulait pas certifier le ticket gagnant pour débuter. durant ses quatre années de trainee, jini en avait vu passer des musiciens, avec le rêve d'être idol ou non en tête, ou juste de pouvoir faire connaître sa musique au grand public, comme compositeurs par exemple. ce n'était pas chose facile dans leur société et bon nombre se cassait les dents en chemin. jini se sentait chanceuse d'avoir vu ce rêve se réaliser, et le duo rencontrait son petit succès, ce n'était pas au point des gros groupes de l'industrie musicale coréenne, mais c'était suffisant pour leur permettre de se dire on marque les esprits, même ne serait-ce qu'un peu. leur dernière chanson était sortie en début de mois, et comme toujours lors d'un comeback, les filles courraient partout, elles n'avaient plus de temps pour elle et jini accueillait ses moments de solitudeset de calme avec la plus grande impatience. elle était bien là, ses doigts effleurant les touches du piano, sa voix accompagnant la mélodie qu'elle jouait, dans son monde, sa petite bulle si précieuse. elle aimait son travail, elle était passionnée par ce qu'elle faisait, elle en avait tant rêvé.  mais elle aimait aussi être dans sa bulle ici, avec personne pour lui demander toutes les cinq minutes qu'elle fasse quelque chose, sur ce qu'elle pouvait dire, manger ou pas. cette pression, elle savait que ça venait avec le job, mais parfois c'était étouffant. son moment de sérénité est interrompu quand elle sent un mouvement, concentration qui se détourne du piano pour se poser sur le nouvel arrivant, inconnu au bataillon. fronçant les sourcils, elle regarde le jeune homme avec surprise. « merci, je suppose ? » elle murmure en retour, croisant les bras contre elle. « vous êtes qui ? vous faites parti de l'université ? » que venait-il faire ici ?

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and then my soul saw you and it kind of went, “oh, there you are. i've been looking for you.” ☾ i love you so much more than just to the moon and back. ♡

j’aurais aimé rester dans le couloir, contre la porte, pour continuer à écouter silencieusement le son de l’instrument que j’apprécie le plus au monde. je m’apprêtais même à mimer les notes de musique avec mes doigts libres, comme si c’était eux-mêmes qui se promenaient sur les touches du piano. malheureusement, ma maladresse m’a rattrapé et je perdis l’équilibre soudainement, faisant s’ouvrir doucement la porte. la silhouette féminine se retourne et ses yeux se posent sur moi, qui ait l’air un peu idiot sur le moment. je me tiens droit de nouveau, murmurant un simple c’était sympa avant de balayer la pièce du regard. la vérité dans tout ça, c’est que je me sens tellement gêné d’avoir été pris en flagrant délit que j’ai l’impression d’être un enfant qui vient d’être repéré alors qu’il volait une sucette dans l’épicerie du coin. je reporte mon attention sur la jeune inconnue, au moment où le son de sa voix retentit. une jolie voix, qui plus est. a en juger par son timbre, elle est sûrement chanteuse, et pas simplement débutante. une idole peut-être, un truc du genre. je dois avouer que j’y connais pas grand-chose à ce monde-là. il est sûrement à des années lumières du mien. il n’y a que le piano qui me rattache à tout ça, peut-être le chant aussi. je la vois croiser ses bras, et je me recule légèrement par reflexe. la suite me rendit plutôt méfiant, tout comme elle avait l’air de l’être envers moi. après tout, c’était légitime, je n’avais absolument rien à faire ici. je me racle la gorge sans trop savoir comment répondre. me voilà bien. pourquoi est-ce que j’ai si souvent le don de me foutre dans des situations gênantes ? « euh, pas vraiment. je.. passais par-là. » d’un air bourru, j’ai montré le couloir d’où je venais. « j’écoutais, ça m’avait l’air intéressant.. quand.. la porte s’est ouverte. » j’ai grimacé. bah oui jin ho, bien sûr, la porte s’est ouverte toute seule, sans courant d’air. j’ai détourné mon regard faussement blasé vers le piano sur lequel elle jouait. un piano incroyablement beau. cette université doit avoir les finances pour les instruments de ses salles de musique. puis, j’ai observé un peu plus l’étudiante qui se trouvait en face de moi. il est clair que je fais pâle figure en face, avec mes égratignures sur le visage et mes flocons dans les cheveux. mon style vestimentaire reflète aussi mes difficultés financières flagrantes. alors.. « ça fait bien longtemps, que je n’ai pas vu un piano aussi beau. » je me décale et m’adosse au mur juste à côté de la porte, frottant un peu mes cheveux pour en enlever les quelques flocons qui s’y étaient logés. je meurs d’envie de m’approcher pour voir l’instrument de plus près mais mon côté méfiant n’ose pas, comme un chat sauvage qui ne sait pas trop comment analyser l’autre. et surtout, je me dis que peut-être je pourrais l’effrayer, lui faire peur. après tout, on ne se connait pas. mais sa façon de jouer est magnifique.