Soirée de merde. Elle ne fait que commencer mais déjà je sens que je vais passer un mauvais moment. Je serre les dents et déglutis en voyant les clients débarquer. Des ivrognes qui n’ont rien à foutre là. En les voyant passer le pas de la porte ils pourrissaient l’image du Kurss. On n’était pas un bar de fourre merde qui ne savaient plus où aller dans la vie parce qu’ils se faisaient jeter de partout … Au Kurss c’était une famille … un endroit agréable, intimiste et presque trop privée … Quand on entrait dans la pièce on avait l’impression d’être à la fois chez soi et à la fois chez des amis. C’était agréable tout comme la sensation pouvait surprendre au début. Je souriant aux hommes assis en fasse de moi et accueillait les femmes qui voulaient passer une bonne soirée. J’étais souvent l’hôtesse et je ne passais derrière le bar que lorsque Hee Jae ou Takeru n’étaient pas dispo ou qu’on manquait de personnel. C’était rare de voir le Kurss blinder mais c’était agréable de voir à quel point les gens de la ville avaient vite adopté ce  bar. Surtout les étudiants. Ils se posaient toujours dans les recoins tranquille du bar et bavardaient en buvant jusqu’à pas d’heure. Je les enviais … j’aimerais reprendre mes études mais c’était impossible, les frais d’inscriptions étaient beaucoup trop cher pour moi et j’avais aucun revenu qui me permettrait de vivre … si encore Kan pouvait me laisser vivre au Kurss encore un moment … Et je ne doutais pas, au vu de notre relation, qu’il me laissera ma chambre aussi longtemps que j’en aurais besoin … J’étais soulagée d’être la protégée de Kan, s’il savait lui combien il m’a sauvé la vie … Les gestes que j’ai pu avoir à son égard dans le passé ne valent pas ceux qu’il me fait aujourd’hui. Il m’a sauvé la vie. Et a cette pensé mon regard se lève sur lui, affalée dans un canapé, un bédo aux lèvres ils discutent avec des habitués. Je lui souris, un sourire qu’il me rend en plissant les yeux presque tendrement. On a évolué tous les deux … Et si un jour a pu être distant ou froid avec moi, maintenant ce sont des baisers sur mon front qu’il parsème quand il me voit. Je retourne m’occuper des clients et sort mon téléphone pour la énième fois ce soir … Shin, qu’est-ce que tu fais ? Il m’a dit qu’il passerait ce soir et même s’il est encore tôt j’ai hâte de le voir. J’aime le voir accoudé à ce bar. Il me fixe et me couve du regard. il veille à ce qu’aucun homme ne me parle, ne me drague et il m’embrasse dès qu’il en l’occasion. Tout le monde ici sait que je lui appartiens. Essuyant les verres que me passe Hee Jae je discute un peu avec lui de cet engouement soudain des gens pour le Kurss. Ce qui nous fait plaisir bien entendu, et ça se voit à mon grand sourire. J’envoie un sms rapide à Shin parce que je ne tiens plus, je meurs d’impatience de le voir.  « Bébé viens vite j’ai une surprise pour toi ! » Je souris en coin avant de reporter mon attention sur les clients. Hee Jae prend sa pause, je prends donc le relais avec le bar. « Qu’est-ce que je vous sers ?» lâchais-je d’une voix enjouée sans pour autant lever mes yeux vers le client du bar qui venait de s’asseoir.

Le kurss. Alexis n’y avait jamais été avant, et elle n’avait jamais vraiment considéré l’idée, non plus – elle était plutôt habituée à  ses squattes habituels et c’était bien rare qu’elle se rendait voir des endroits seules, mais cette fois, c’était des amies, qui lui avaient proposé l’endroit. C’était cozy, le personnel était agréable, la nourriture était bonne et les drinks, eux, excellents, selon ce qu’on lui avait dit. Sortir seule ? ce n’était pas tellement son genre, mais avec tout ce qu’il s’était passé, entre elle et yuan, les malheurs de malee, et elle en passait, elle avait besoin de temps pour elle-même. Rencontrer de nouveaux gens, peut-être. Ça aurait pu être rafraichissant, de faire des connaissances et de ne pas se prendre la tête, au moins pour une soirée. Détrompez-vous, alexis adorait écouter ses amis et être présente pour eux, mais parfois, elle avait besoin de décrocher un peu et de faire comme si la vie n’avait jamais été mauvaise, comme si la vie allait bien, qu’elle n’était qu’une étudiante normale, ne pensant qu’à faire la fête et se foutant des conséquences qu’elle subirait au lendemain… ce n’était jamais comme ça, et elle doutait fortement que les autres étudiants vivent également une vie si paradisiaque, mais c’est ce que les documentaires et les films semblaient montrer, lorsqu’on parlait de jeunes adultes de son âge. Elle avait enfilé de beaux vêtements et s’était rendue seule, en taxi, jusqu’au kurss, un peu stressée à l’idée de devoir se mêler aux gens, seule, mais croyant fermement que cette petite soirée entre elle et elle-même lui ferait du bien. Au pire, elle lui ferait réaliser à quel point elle appréciait la compagnie des gens qu’elle n’arrivait plus à fréquenter, à défaut d’avoir un répit… se pinçant les lèvres, elle balaya l’endroit du regard rapidement. Personne qu’elle ne connaissait, ou du moins, elle ne croyait pas connaître qui que ce soit ce soir. elle ne savait pas trop si elle en était soulagée ou déçue, au fond… et pour bien commencer la soirée, elle se dirigea vers le bar. Un petit verre ne lui ferait pas trop de mal et la détendrait, probablement. Elle vint s’y asseoir et fouilla dans son sac à main, tentant de trouver la monnaie qu’elle avait en trop, sans trop savoir encore ce qu’elle allait bien pouvoir commander… mais lorsqu’elle entendit la voix féminine et plutôt familière de bobae, elle redressa la tête, tombant des nues. Il fallait forcément qu’elle tombe sur elle… se pinçant les lèvres une énième fois, elle la fixa un moment en silence, sans savoir quoi lui répondre. Elle n’avait pas réalisé à qui elle s’adressait, visiblement, et alexis ne savait plus trop si elle avait envie de s’enfuir pendant qu’il était encore temps, ou bien de lui tenir tête et de faire comme si de rien n’était. Au fond, elle était désolée, parce qu’elle savait qu’elle gâcherait sa soirée. « je prendrai… donne-moi ta boisson la plus vendeuse. » dit-elle simplement, s’évitant de réfléchir alors qu’elle n’arrivait même pas à faire fonctionner son pauvre cerveau. Elle avait un peu honte de se retrouver face à elle, comme ça… de quoi avait-elle l’air ? d’une stalkeuse ?

Je nettoie les verres que je dispose devant moi ave un fin sourire sur mes lèvres. Quand cette voix me réponds mon visage devient brusquement sérieux et mon geste ce suspend. Pourquoi est-elle ici ? Je relève à peine mon regard vers elle alors qu’une nausée me prend. Putain Bae ne réagit pas comme ca … Ca sert à rien de te rendre malade pour cette fille … Ma soirée est définitivement gâchée. Je crève d’envie de lui dire dégager mais l’éthique professionnelle que je mets un point d’honneur a respecter pour Kan m’en empêche. Tout chez elle m’exaspère. Son visage, son regard de chien battu en permanence. Son calme … trop … apparent. On dirait qu’elle est déprimée H24. Et quoi ? C’est ça qui a séduit Shin alors ? Ca me dégoute. Je crispe mes doigts sur le verre que je lavais et le pause brusquement devant elle. J’aimerais avoir du recul. J’aimerais avoir assez de confiance en moi pour ne plus me sentir dépassé par la situation. J’aimerais pouvoir balancer à Shin ce que j’ai sur le cœur, j’aimerais être capable de le détester … mais j’ai beau essayé de toutes mes forces, je n’y arrive pas. Le détester est bien la dernière chose que je serais capable de faire.  Oh j’ai longtemps cru que je le haïssais de m’avoir laissé tomber comme il l’a fait, je l’ai insulté de tous les noms, je l’ai maudis, je l’ai … putain ouais je lui ai en voulu je crois … mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas contre lui que j’en avais, c’était cette situation, son adoption, ce pays qui était si loin et si près du mien à la fois. C’était … c’était cette famille qui me l’avait arraché … Et c’était ces personnes qu’il avait trouvé pour … combler mon absence. Il m’a remplacé par elle. Il m’a remplacé pour elle alors comment j’étais supposée bien le vivre ? Je m’en fou de savoir que ce n’est qu’une amie … Il l’aime beaucoup plus qu’il ne veut bien me le dire et même si ce n’est pas des sentiments amoureux comme il éprouve pour moi, elle ne reste pas moins une femme importante de sa vie … Et ca fait deux ans que je dois la voir dans la vie de Shin. Son nom sur l’écran de son téléphone. Son prénom qui franchit les lèvres de mon petit ami quand je ne m’y attends pas. C’est de voir son regard sur Alexis … cette façon qu’il a de sourire attendri. Cette façon qu’il a de la couver comme le ferait … un frère ou que sais-je. Je déteste ça. Je déteste tellement ça que j’en suis venu à la haïr cette fille. Elle pourrait être la plus douce et la plus gentille fille de ce monde elle n’en resterait pas moins qu’une connasse à mes yeux. Elle a été là pour l’homme que j’aime quand moi j’étais tenue à l’écart de sa vie. Elle était là, à ma place quand je devais me contenter de vivre ma vie. J’ai trébuché et fait tellement de faux pas sans lui … Sans lui qui trouvait du réconfort auprès d’Alexis … Putain heureusement qu’ils ont pas couché ensemble, je crois que je l’aurais pas supporté … Pleins de fois j’ai eu envie de lui demander mais … Je crois que j’ai peur de la réponse et je préfère me persuader qu’il ne sait rien passé. J’attrape une bouteille de coca avant de la reposer et de sortir une bouteille de Whisky. Celui qui est le plus cher. Je suis une garce ? Si c’est le cas je l’assume. Je lui rempli un verre en silence et lui fait glisser jusqu’à elle. Je n’ai pas envie d’avoir à m’approcher. Je la regarde à peine, parce que chaque fois que mon regard se pose sur elle j’ai cette boule au ventre qui me saisie et j’ai les mains qui tremblent. Bae t’en deviens presque ridicule tu sais. Mais j’y peux quoi moi si cette fille est l’emblème de tous mes échecs avec Shin ? Je me mords la lèvre et renvoi un sms à Shin «  Ne viens plus. » Pas besoin d’explication. Je crois de toute façon qu’il ne serait pas venu. Et cette pensée m’énerve encore plus.  « Bois ton verre et casse toi Alexis. » Lâchais-je brusquement en levant un regard froid vers elle.

C’était évident qu’elle ne l’aimait pas, qu’elle ne l’avait jamais aimée. Et ce mot était même très faible pour expliquer ce que semblait ressentir la jeune femme à son égard. Ce n’était pas qu’un brin de jalousie, ce n’était pas qu’une touche de possessivité… c’était de la haine, pure et dure. Et pourtant, alexis n’arrivait pas à la haïr autant qu’elle la haïssait. Elle aurait pu la détester de tout son cœur, lui pourrir la vie, et si elle en avait envie, elle était même plutôt convaincue qu’elle aurait pu discuter avec son père de cet endroit et qu’il avait suffisamment d’influence pour le faire fermer, juste histoire de lui remettre sur le nez l’attitude qu’elle venait de lui offrir. Mais elle ne le ferait même pas, elle ne vérifierait même pas si c’était possible – parce que ses intentions n’étaient pas du tout là. Alexis attrapa le verre et resserra doucement son emprise dessus, baissant la tête et le fixant alors qu’elle lui demandait de dégager. Aurait-ce été plus facile si alexis était tombée dans ce jeu de haine et avait décidé, elle aussi, de la haïr ainsi ? Peut-être, mais ça n’aurait pas été plus facile pour son ami, à qui elle souhaitait le meilleur des bonheurs. Une pointe de rage vint s’installer au creux de son estomac, et la mâchoire serrée, elle leva la tête vers elle. Ce n’était pas le prix du verre qui la dérangeait, elle en avait bien plus que les moyens. Ce n’était pas non plus la présence de bobae qui la dérangeait. C’était cette attitude, ce combat sans répits qu’elle lui offrait, alors que la jeune femme détestait tellement avoir des ennemis… et de tous les gens de ce monde, il fallait que ce soit la femme de cet homme qu’elle respectait et chérissait plus que tout. ça n’avait rien à voir avec de l’amour, non, c’était loin de ça. mais ne méritait-il pas le meilleur après tout ce qu’il avait vécu ? si ce meilleur était la femme qui se trouvaient à présent devant elle, elle l’avait accepté depuis belle lurette. Mais elle, elle n’acceptait pas sa présence, au point où elle ne pouvait même pas supporter qu’elle pose les pieds dans son lieu de travail. Alexis soupira, porta le verre à ses lèvres et le déposa, un peu brusquement. C’était frustrant, de toujours devoir la confronter ainsi. « je ne compte pas partir maintenant. » répondit-elle enfin, sur le même ton froid que la demoiselle. Pourquoi s’entêter, si elle la haïssait tant ? elle ne savait pas elle-même. Peut-être était-ce une petite vengeance personnelle, au moins juste pour ce soir. elle n’avait aucune idée, ce que c’était, que d’être détestée à ce point-là. Rabaissée, insultée, détestée, et traitée comme une peste alors qu’il n’en était rien. Elle prit une autre gorgée de la boisson, tout en la fixant, attrapant quelques billets dans son porte-monnaie et les posant sur le comptoir. Elle ne savait même pas le prix de la boisson, mais il y en avait certainement trop de toute façon, et elle ne comptait pas les sous. « je suis ici pour passer un bon moment, bobae. je ne renvois pas chez eux tous les clients qui m’énervent… essaie de grandir un peu. » lui avait-elle lancé, cette fois. La dernière chose dont elle avait besoin, c’était de son attitude immature. Et ce n’était qu’un juste retour des choses, qu’elle laisse ses fesses bien posées sur ce siège, pour une fois.

Suis-je immature ? Oui sûrement. Déraisonnable ? Au possible. Je ne devrais pas réagir comme ça, et je me le dit. Je vous le jure, je me le dis à moi-même. Fixant mon reflet, m’insultant de tous les noms. J’essaye, j’ai essayé, un peu, au moins rien qu’un peu de lui faire … de lui faire une place. Ou plutôt non, d’accepter cette place qu’elle avait dans la vie de Shin. Mais je ne m’y résous pas. Comment le pourrais-je hein ? Cette fille était là quand moi je n’y étais pas. Un point c’est tout. Ils ne savent pas, eux, la douleur que ça me cause. Il ne sait pas Shin la douleur que ça fait naitre dans le creux de mon cœur quand je sais qu’il revenait en Corée … qu’il la voyait, qu’il était là … qu’il était avec elle quand moi je crevais d’amour pour lui. Ouais, putain il ne sait pas lui ce que ça me fait de savoir ça … Que cette fille pouvait rire avec lui, le rendre heureux, qu’elle le prenait dans ses bras quand il allait mal et qu’elle lui remontait le moral quand moi je m’efforçais de ne pas l’imaginer mort. Quand j’envoyais sans relâche, encore et encore des lettres, des messages, des mails pour le retrouver … Ils ne savent pas à quel point leur amitié me détruit le cœur. Mon homme est revenu. Il ne m’a jamais oublié. Il m’aime. Il m’aime comme un dingue … et il ferait tout pour moi. Il me l’a dit, à genoux devant moi. Je suis la seule et unique femme qu’il aime et qu’il a jamais aimé … Il me l’a dit … Je suis … cette âme sœur qu’il a toujours voulu retrouver. Et je l’aime cet idiot. Je l’aime de m’aimer à en crever. Mais parce que je l’aime tout autant il y a ces choses que je n’arrive pas à encaisser. Je me déteste moi-même pour toutes ces conneries. Je l’ai retrouvé, il est vivant, il est … à moi. Il a vécut ces deux ans loin de moi, mais il m’est revenu … Alors pourquoi je ne peux pas me contenter de ça ? Hein, pourquoi faut-il que chaque fois que je vois son visage si féminin et si attirant, j’ai le cœur qui saigne ? Peut-être parce que moi j’ai vécut un enfer. Peut-être que si je lui disais tout il comprendrait, il comprendrait pourquoi je l’ai hais si facilement … Elle est là, elle est là et elle reste là. Elle s’impose à moi, petite fille de bourge qui cherche une occupation dans les bas fonds de la ville. Qu’elle idiote. Elle m’agace à se tenir droite devant moi. Elle s’agace à me regarder avec cet air farouche sur le visage. Elle me provoque, elle me remet à ma place. Et dans ma folie je l’entends sous entendre qu’elle ne partira pas non plus de la vie de Shin. Tout serait tellement plus simple sans elle. Qu’elle dégage putain. Qu’elle dégage de sa vie, de la mienne … de la notre. Mais putain. Je suis qu’elle idiote pour croire tromper tout le monde ? Sans elle Shin serait triste, il se sentirait vide … vide mais pas autant que je ne le suis déjà. Comment accepter que l’homme qu’on aime puisse vouloir donner sa vie à d’autre personne alors qu’on aimerait être l’unique … Quand Shin est l’unique amour de ma vie, je dois partager mon trône avec ces autres personnes … C’était lui et moi contre le reste du monde. Maintenant c’est … Lui, les siens, et moi. Moi en dernière vraiment ? Je lève un regard vers Kan avec la folle envie de lui hurler que c’est elle qui cause tant de tourment à mon cœur déjà malmené. Mais ce réconfort ce noie bien vite dans la fumée du bar. Je porte difficilement mon regard vers Alexis en déglutissant. « Et toi ne me cherche pas. » C’est puéril j’en ai conscience. Je ne prends pas son argent. Qu’elle se le garde, à exposer sa richesse pour me rabaisser. Je n’ai pas d’argent mais je ne m’en plains pas. Mon regard est dur quand il se pose sur elle à nouveau et je dois faire un effort monstre pour sourire aux clients qui me passent commande. « Tu peux reprendre ton fric, j’en veux pas. » Je fais une grimace de dégout pour bien lui signifier ce que je pense d’elle et ses jolis billets. Je la provoque. Vraiment, de la pure provocation. Des enfantillages d’adultes aux cœurs lourds remplie de rancœur.

Elle l’énervait, c’était sans aucun doute. Et sa mâchoire se resserrait alors qu’elle lui adressait un regard de dégout – à elle et à ses billets. Alors parce qu’elle n’avait pas envie de lui communiquer le prix, elle tournait la situation ainsi ? c’était de pire en pire, mais elle n’en démordrait pas tout de même. Elle poussa les billets vers elle et resserra ses doigts sur le verre, soupirant d’agacement. « je suis pas une voleuse. » siffla-t-elle, usant de sa patience pour ne pas perdre son sang-froid. Et avec tout ça, c’était à elle qu’elle disait qu’elle la cherchait… elle secoua la tête un peu, baissa le regard vers son verre, et soupira à nouveau. C’était incroyable, qu’elle se retrouve dans une telle situation et, surtout, à un tel âge. Et dans un tel endroit, pour ne pas dire. Elle porta le verre à ses lèvres une fois de plus, souhaitant que ces quelques gorgées d’alcool suffisent à la détendre un peu, puis redressa la tête, le ton plein d’espoir même si elle n’y croyait pas une seconde. « tu ne peux pas juste faire comme si j’existais pas ? » Cette femme ne déposerait jamais les armes, pas même pour deux secondes… le pire, c’était bien qu’elle la comprenait, tout autant qu’elle la détestait pour agir ainsi avec elle. Elle devait être folle pour lui dire amen à toutes les fois et s’entêter à ne pas la détester, mais c’était ainsi et… elle avait beau tenter de la détester autant qu’elle – mais elle n’y arrivait pas, c’était contre ses principes, tout simplement. « juste pour une soirée, ou même juste une heure, une demi seulement si ça t’embête vraiment. fous-nous la paix deux secondes ? je veux juste payer ce verre, c’est pas la fin du monde, bobae. » il n’y avait même pas l’ombre d’une agressivité dans ses mots, et elle espérait vraiment qu’elle comprenne qu’elle était sincère, un jour. Mais elle était plus que têtue, et dès le départ, elle avait compris que c’était combat perdu d’avance. Un sourire vint dessiner le coin de ses lèvres et elle hocha la tête, négativement. Elle avait presque envie de rire, mais elle ne le fit pas, se tenant à la politesse et ne faisant qu’abandonner pour l’instant. Elle se tût et pivota sur son banc, attrapant sa boisson et fixant un point au loin, les jambes croisées, laissant le temps à la jeune femme d’au moins terminer les quelques clients ayant décidé de se ruer sur le bar pour le moment. Peut-être qu’elle finirait par oublier sa présence pour un instant, à l’ignorer, mais comme elle en doutait fortement, fixer un autre point pouvait peut-être aussi la calmer un peu… ou enrager la barmaid un peu moins lorsqu’elle ne lui infligeait pas le supplice qu’était de la regarder, mh. C’était déprimant, tout ça. Mais elle n’avait vraiment autre choix que de patienter et… espérer. Si c’était possible.