Objectif de la journée : trouver une épaule compétente sur laquelle s’appuyer qui pourra l’aider à sortir de sa situation délicate, voire même plutôt compliquée. Sena a encore un mal à digérer les mots qu’elle a reçu par lettre recommandée quelques jours plutôt au dortoir étudiant de l’université, en partie parce qu’elle ne comprend pas la moitié des termes employés par l’avocat de son ancienne maison de disque et l’autre partie parce que le peu qu’elle comprend lui paraître sortir d’un mauvais rêve. La jeune chanteuse ne pensait pas avoir une nouvelle fois à faire avec son ancien label, pas après qu’on l’ait à demi forcé à signer une rupture de contrat anticipée. C’est eux après tout qui ont choisi de se séparer d’elle et non l’inverse, Sena pensait donc qu’en signant leur stupide papier, elle laisserait tout cela derrière elle. Erreur. L’avoir plongé dans une profonde dépression et lui avoir coupé les ailes en plein vol ne semblent pas leur suffire ; les voilà qu’ils lui demandent de l’argent. Argent qu’elle n’a pas bien entendu. La jeune femme a déjà eu du mal à retomber sur ses pieds après avoir été gentiment mis à la porte. Son emploi actuel et sa bourse lui permettent tout juste de finir les mois, mais elle n’a certainement pas les moyens de rembourser ses quatre années de trainee. Et elle est à peu près sûre de ne jamais avoir entendu parler de cela avant, alors pourquoi maintenant ? Presque un an et demi après lui avoir de ne plus reposer les pieds dans la salle d'entraînement ? Tout cela lui paraît obscure et tout à fait injuste. De plus, Sena se sent en position d’infériorité car elle n’a pas les connaissances ni les compétences pour se défendre contre de telles demandes. Alors il lui faut trouver quelqu’un qui les aient et qui acceptent de défendre son cas, ou tout du moins, qui acceptent de l’aider un minimum. Et pour cela, quoi de mieux que de demander aux étudiants en droit ? Ils sont formés pour faire face à ce genre de situations. Enfin, pas dans l’immédiat mais dans un futur proche. Et comme elle ne connaît pas d’avocats ou d’autres personnalités dans le domaine du droit, demander à un étudiant de la section lui paraît être l’option la plus évidente pour le moment. C’est dans cette optique que l’étudiante en arts s’est postée à la sortie d’un amphi, guettant la fin du cours de droit des affaires qui est éminente. Et lorsque les élèves se précipitent hors de la salle de classe, il lui suffit de repérer la bouille qui lui parle le plus, celle qui lui inspire le plus confiance, autant en termes de sympathie qu’en termes de compétences. Et l’élu pointe vite le bout de son nez. Un garçon qui affiche un léger air prétentieux malgré son visage harmonieux lui tape dans l’œil. Cette aura de monsieur sûr de lui et ambitieux mais pas méchant pour autant est celle que cherche Sena. Alors très vite, elle se poste devant lui, d’un air déterminé, le coupant net dans sa marche. Puis elle s’incline légèrement par politesse. « Bonjour. Myung Sena. J’aurais besoin de ton aide, s’il te plait. » elle déclare en se relevant de sa salutation, avant de lui présenter sa main. Son sourire se fait grand presque éclatant, une habitude mais aussi une façon d’amadouer le gars, qui alors peut-être acceptera de lui prêter mains fortes. Tout dans son attitude montre qu’elle a confiance, ses deux pieds fermement plantés au sol, ses yeux francs et déterminés ainsi que son ton assuré. Sena a toujours su jouer de son sourire et de son charisme naturel pour persuader les gens de se rallier à sa cause.

Yeong Bin prenait sérieusement des notes, comme toujours. Il suivait attentivement le cours, même s’il n’en donnait pas l’air en étant au fond de la classe et tapotant la table avec son stylo, l’air de s’ennuyer. Le cours passa vite et le garçon fut étonné que ce soit déjà la fin. Il rangea ses affaires, ne lançant aucun regard à ses camarades qui ne l’intéressaient pas. Pourtant, il sentait les regards sur lui. bien évidemment. Premier de sa promotion, fils d’Im Seok Woo. Il ne passait pas inaperçu. Et son sale caractère non plus. Le sango se leva et quitta la salle. Il sortit son téléphone et pianota un message à sa petite-amie. En relevant la tête de son portable, il fut surpris de découvrir quelqu’un et s’arrêta net. Il avait failli la percuter. C’était quoi son problème, à se mettre dans son chemin ? L’étudiant en droit la détailla de la taille aux pieds, haussa un sourcil à sa présentation. C’était qui, cette fille ? Et elle avait besoin de lui pour quoi ? Puis, stop. Il avait la tête d’un bon samaritain ? Depuis quand ? Yeong Bin afficha un sourire insolent. « Je m’en fous complètement de comment tu t’appelles. » Répondit-il alors qu’elle lui tendait sa main, lui adressant un sourire éclatant. Il baissa les yeux sur sa main tendue et la repoussa gentiment. « Il y a écrit bon samaritain sur mon front ? » Demanda-t-il avant de relever sa main avec son téléphone devant son visage pour s’observer dans la vitre de l’appareil. « Hm, non, rien du tout. » Commenta-t-il avant de ranger son téléphone dans sa poche, reposant son regard sur la demoiselle qui n’avait pas bougé d’un pouce. « Tu abordes souvent les inconnus comme ça ? » Demanda-t-il. Il était prêt à partir mais, cette fille l’intriguait quand même. Elle avait le culot de venir à sa rencontre, comme ça, et lui demander son aide. Pour autant, ce n’était pas parce qu’elle débarquait avec son grand sourire et sa politesse qu’il l’aiderait. Puis quoi encore ? Elle le prenait pour qui ? Elle était bizarre, celle-là.

Si le jeune homme a une tête sympathique, ce n’est clairement pas le cas de sa personnalité qui laisse à désirer. Mais Sena n’est pas le genre à se laisser perturber par ce genre de comportement, d’ailleurs elle n’est pas non plus du genre à juger le caractère des gens, cet étudiant a certainement une bonne raison d’être aussi peu agréable. De toute façon, ce n’est pas ça qui risque de l’arrêter. Et ce n’est pas non plus son air totalement insolent, la fameuse tête à claques, qui va le faire. Alors l’étudiante ne perd pas son sourire quand elle se fait dévisager de la tête aux pieds par les yeux arrogants du garçon. Cela aurait été trop facile de tomber sur un étudiant en droit gentil, patient et également bon dans son domaine. Sena n’a pas spécialement besoin de challenge en plus dans cette épreuve, mais s’il faut convaincre monsieur de bien vouloir l’aide, elle peut faire beaucoup. « Non, pas vraiment. Mais il y a écrit ‘étudiant sérieux et compétent’. » répond-t-elle à la suite de la question rhétorique de l’étudiant. Il n’a pas besoin d’être sympathique, tant qu’il arrive à la sortir de cette situation compliquée. Et la flatterie est souvent un bon moyen d’arriver à ses fins, même si Sena pense ce qu’elle dit, peut-être en ajoute-t-elle une couche pour se mettre le jeune homme dans la poche. Tout comme faire preuve d’audace et d’honnêteté peut être une bonne façon de garder son attention et donc de finir par le convaincre. « Oui, assez souvent. Je ne suis pas quelqu’un de timide. Mais là n’est pas la question. » dit-elle en souriant un peu et en faisant un pas vers l’étudiant pour le piéger un peu. Son but est uniquement de réussir à le faire rester en face d’elle jusqu’à ce qu’elle ait le temps d’arriver à aligner les arguments qui pourraient peser dans la balance. Elle a réellement besoin d’aide, et cet étudiant en droit a l’air d’être le genre de personnage idéal pour lui apporter le soutien juridique dont elle a besoin. « J’ai besoin de ton aide, s’il te plait. » elle répète d' une voix ferme. « Et bien sûr… Si je te le propose, c’est parce que ça peut aussi t’apporter beaucoup d’un point de vue professionnel. ». Premier argument placé. Parce que oui, très certainement que son cas n’est pas le genre de cas sur lequel on a beaucoup l’occasion de travailler lorsqu’on est étudiant. De ce qu’elle a lu, c’est toujours complexe pour un artiste de se protéger ou de se retourner contre son ancienne agence. « J’ai un problème avec mon ancien employeur. ». Elle n’a pas envie de tout dévoiler tout de suite, et surtout pas au milieu d’un couloir rempli de monde. L’étudiante essaie juste de piquer sa curiosité suffisamment pour qu’il accepte d'écouter son histoire détaillée autour d’un café. À partir du moment où le garçon aura accepté de la suivre pour avoir plus de détails, le tour sera joué. « C’est une agence de divertissement influente. » elle annonce, en sortant une de ses vieilles cartes de visite de l’époque. Sena agite le bout de papier entre ses doigts, suffisamment loin pour que le jeune homme ne puisse pas lire les détails mais assez proche pour qu’il puisse identifier l’objet.

Yeong Bin fut surpris de découvrir une jeune femme dans son passage en relevant la tête de son téléphone. Il s’arrêta avant de la percuter alors qu’elle se présentait, lui demandant son aide puis tendant sa main vers lui. Le garçon se moquait bien de connaître son nom et il écarta gentiment sa main. Il n’y avait pas écrit bon samaritain sur son front, vraiment pas. L’étudiant en droit haussa un sourcil. Elle pensait l’avoir avec sa flatterie ? « Ouais, et je n’ai pas besoin de toi pour le savoir. Tu as en face de toi le premier de sa promo. » Indiqua-t-il en enfonçant ses mains dans les poches de son jean, fixant toujours cette Myung Se Na. Elle était culottée et c’était ce qui le faisait rester. Elle lui assura qu’elle était comme ça assez souvent et fit de nouveau un pas vers lui. Yeong Bin la regarda, sourcils légèrement froncés. C’était bien parce qu’elle l’intriguait qu’il restât là, à l’écouter. Il avait d’autres choses à faire que d’aider une inconnue. « Ah bon ? Et c’est quoi ton cas ? » Demanda-t-il en haussant un sourcil. Bien évidemment que ça l’intéressait. Ça pouvait lui donner de l’expérience et surtout, voir d’autres cas que les cas classiques que son cursus présentait. Elle lui annonça finalement avoir un problème avec son ancien employeur. C’était une blague ? C’était ça, son cas qui pouvait lui apporter beaucoup d’un point de vue professionnel ? « Tu te fous de moi ? » Demanda-t-il, agacé. « Tu me fais perdre mon temps. Il y en a plein des comme toi, à avoir des soucis avec leur ancien employeur. » Soupira-t-il en secouant la tête. « Va voir quelqu’un d’autre. Je n’ai pas que ça à faire. » Lâcha-t-il, mécontent de s’être fait arrêter pour si peu. Prêt à partir, détournant le regard, il finit par recentrer son attention sur Se Na. Une agence de divertissement influente ? Là, ça devenait plus intéressant. « Laquelle ? » Demanda-t-il en plissant les yeux, cherchant à lire le nom de l’agence sur la carte qu’elle avait sorti. « Quel est ton problème ? » Questionna-t-il, fortement intéressé par le cas de la jeune femme. Si l’agence pouvait être celle de son père, ça l’arrangeait d’autant plus. S’il pouvait le faire chier en pourrissant son agence, c’était tout bénef pour lui.

En tout cas, ce n’est pas la modestie qui l’étouffe, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais Sena est ravie d’apprendre qu’elle a réussi à pêcher la major de sa promo, rien qu’en repérant sa tête dans une troupe d’étudiants. La chanteuse est plutôt fière de sa trouvaille, c’est un cas aussi vaniteux et aussi doué qu’il lui faut pour défendre son cas. Un arrogant un peu mal aimable, mais têtu qui ne lâchera pas le morceau et qui ne se laissera pas démonter devant la horde d’avocats hargneux de son ancienne agence. Alors malgré l’attitude plus que questionnable, question politesse, du garçon, Sena ne perd jamais un sourire. Peu à peu, elle tente d’attirer la curiosité du futur avocat. Abattant carte après carte, elle sait qu’en dévoilant tout doucement les infos la concernant, elle va finir par se le mettre dans sa poche. La jeune étudiante commence par parler de combien cela serait intéressant pour lui d’un point de vue professionnel. Puis elle énonce dans quel contexte, elle vient l’aborder, une question du droit du travail. Mais cela ne lui suffit pas, pire il semble perdre patience avec elle. Alors elle abat sa dernière carte, et l’ancienne idole évoque le fait que son ancien employeur est une agence de divertissement, un groupe influent. « Je vois que ça t’intéresse tout à coup. » elle sourit en coin, lorsqu’il lui demande laquelle puis elle éloigne le petit bout de carton de lui pour le ranger dans sa poche. Non, elle ne compte pas lui dire tout de suite, pas tant qu’il n’a pas promis de l’aider. « Je te dis l’agence et mon problème, si tu acceptes de m’aider. » elle ajoute finalement, venant coller ses deux mains ensemble devant elle comme pour le supplier d’accepter. C’est plutôt du chantage qu’une supplication, mais tant que cela marche et que Yeongbin accepte, Sena se fiche pas mal des moyens employés. « Je te promets que c’est juteux. Je pense qu’il y a moyen de te faire un nom,… Genre « le requin des maisons de disques véreuses » ou un truc dans le genre, si on réussit à obtenir gain de cause. » elle continue, réfléchissant à un surnom stylé du type qu’elle a déjà entendu dans les séries américaines sur les avocats comme Ally McBeal ou encore Drop Dead Diva. Le genre de truc qui pourrait faire envie à un étudiant en droit carriériste comme le jeune homme. « Alors, c’est un marché conclu ? » demande-t-elle en tendant la main vers lui, elle attend que ce cher Yeongbin aille bien lui serrer pour seller le deal entre eux. Elle n’est pas sûre que le jeune étudiant accepte de se faire embarquer dans une telle histoire sans plus d’informations, mais elle ne veut pas non risquer qu’il refuse une fois les détails donnés.

Yeong Bin était surpris par l’attitude de la jeune femme. Il ne s’était jamais fait aborder de la sorte, c’était bien la première fois. Il la trouvait culottée mais c’était très certainement pour ça qu’il restait là, à l’écouter tout déballer. L’étudiant en droit s’agaça cependant quand elle lui annonça que c’était une question du droit du travail. Cas classique. Et le garçon n’avait pas envie de travailler sur un cas classique. Surtout qu’elle lui avait vendu un peu autrement. Mais quand elle lui annonça finalement que son ancien employeur était une agence de divertissement et une influente, sa curiosité fut piquée à vif. Bien évidemment qu’il avait envie de travailler sur ce dossier. Alors le futur avocat lui demanda le nom de l’agence, ainsi que son problème mais Se Na ne révéla rien, rangeant même le bout de carton dans sa poche. Ça aurait été trop facile. « Tu es en train de me faire du chantage, là ? » Demanda-t-il en arquant un sourcil. « Et ça m’apporterait quoi, concrètement ? » Ajouta-t-il, attendant qu’elle vende un peu plus son cas encore. Et elle le fit. Un sourire arrogant se dessina sur ses lèvres. « On obtiendra gain de cause. » Répliqua-t-il, confiant. Peut-être trop, parce qu’il n’était absolument rien dans le monde du droit pour l’instant. Mais, il avait sa tutrice de stage qui pouvait sûrement l’aider et elle, elle s’était fait un nom. Le garçon baissa les yeux vers la main tendue de la jeune femme et soupira. « Marché conclu. » Dit-il, serrant sa main, signe de leur pacte. Il la lâcha finalement, remettant sa main au fond de sa poche. « Du coup, c’est quoi le problème ? » Demanda-t-il. Maintenant, elle pouvait bien lui en parler. « Tu veux peut-être en discuter ailleurs ? » Ajouta-t-il en regardant les alentours. En plein milieu du couloir, devant l’amphithéâtre de droit, n’était définitivement pas le bon lieu pour parler de ça. « Comme je te rends service, tu me paies un café ? » Dit-il avec un léger sourire qui en agacerait plus d’un.

Du chantage ? Oui et non, ou bien peut-être. Ce n’est pas le genre de Sena de faire du chantage, vraiment pas. Même si elle est capable de beaucoup, elle passe rarement par cette étape pour arriver à ses fins. En règle générale, Sena compte juste beaucoup sur elle, son talent et surtout sur ses efforts pour s’en sortir. Sauf que dans le cas présent, cela lui lance plus qu’improbable qu’elle s’en sorte seule, même tout à fait impossible. Et c’est une question de vie ou de mort pour elle, elle n’a pas les moyens de couvrir les sommes qu’on lui demande et elle a suffisamment de mal à finir ses fins de mois comme ça. Alors quand il pose la question, elle se contente de sourire un peu plus et de secouer la tête comme pour refuser l’idée qu’elle est belle et bien en train de lui faire du chantage. Puis il prend le temps de lui exposer les avantages à ressortir de la gestion de son dossier juridique, car elle comprend bien vite que le jeune homme ne fera rien sans rien, ce qu’elle comprend parfaitement même si ses propres valeurs sont à l’opposé. Au moins, elle est tombée sur un gars qui se battra jusqu’au bout, pas pour elle ou par envie d’aider, non par fierté uniquement, mais tant que Sena finit par obtenir gain de cause, cela lui convient. Finalement, sentant le garçon tout doucement s’intéresser à sa situation, elle lui propose une poignée de main qui les liera le temps d’un combat. Main qu’il accepte, au plus grand bonheur de Sena qui ne peut retenir un petit rire pétillant de soulagement. De sa proche, la jeune chanteuse ressort la carte de visite de son ancienne agence sur laquelle TS Entertainment est inscrit en lettres argentées, avant de la tendre au jeune homme. “Je préférerai qu’on en discute dans un endroit plus discret en effet.” elle dit avant de sortir son téléphone pour regarder l’heure, elle commence le boulot dans deux petites heures, elle a encore un peu de temps devant elle. “Si tu veux. De toute façon, c’est bien la seule chose que j’ai les moyens de te payer, donc…” répond-t-elle en perdant son sourire pour la première fois au profil d’une petite grimace désolée. Plus que le sourire en coin de l’étudiant, c’est le fait d’être dans cette précarité qui la fait changer d’humeur ainsi. Puis elle se met en route sans plus attendre et sans vérifier que le garçon le suit bien. Sena est peut-être trop confiante, mais elle est quasiment sûre de l’avoir dans sa proche à présent. Alors qu’elle consulte une nouvelle fois son smartphone en marchant, elle réalise qu’elle ne connait même pas le nom de son avocat en période d’essai. “En fait, tu t’appelles comment ?” elle demande sans lever un instant les yeux de son écran. La navigation à l’aveugle dans les couloirs de l’université, cela la connaît. “Oh et t’as entendu parler du girl group Blue Dream ?”. Peut-être bien qu’il suit un peu l’actualité kpop, ou juste les infos, et le groupe a fait sa petite notoriété en deux ans.

Yeong Bin ne s’était clairement pas attendu à signer un pacte avec cette fille. Il ne la connaissait ni d’Eve ni d’Adam, elle avait débarqué comme ça, se plantant devant lui avec son grand sourire. Elle avait fini par l’avoir, lui qui n’aidait généralement personne. Surtout pas les inconnus. Encore moins des inconnus aussi bizarres que cette fille. Pourtant, il serra sa main. Il avait accepté de l’aider. L’étudiant en droit la questionna aussitôt sur son problème, ajoutant rapidement qu’elle préférait sûrement en discuter ailleurs. Il fallait dire qu’en plein milieu d’un couloir, ce n’était vraiment pas le lieu idéal. Yeong Bin récupéra la carte qu’elle lui tendit, enfin, et put lire le nom de l’agence. Ah ouais, quand même. Mais ce n’était pas l’agence de son père. Dommage. « Elle est naze cette agence. » Commenta-t-il avant de lui rendre la petite carte, lui proposant ou plutôt exigeant qu’elle lui paie un café pour le service qu’il lui rendait. Yeong Bin tout craché. Cependant, il se pinça les lèvres face à sa réponse, culpabilisant un peu mais n’en dit rien, balayant rapidement ce sentiment un peu inconnu. Pourquoi s’en préoccuperait-il ? L’étudiant acquiesça simplement et la suivit sans rien ajouter. Il n’était pas là pour faire la conversation. Ni pour la connaître. Yeong Bin regarda rapidement son téléphone, vérifiant s’il avait un message de Na Eun. Mais rien… Il fit la moue avant de relever les yeux sur Se Na. « Im Yeong Bin. » Répondit-il avant de froncer les sourcils à sa question. Blue Dream… Le garçon réfléchit. Ce nom lui disait quelque chose mais pourquoi ? Il ne suivait pas spécialement la kpop, ça ne l’intéressait pas plus que ça. « Ça me dit vaguement un truc… J’ai dû voir leur nom dans les actualités. » Dit-il, pensif avant de tilter. « Tu en faisais partie ? » Demanda-t-il, soudainement encore plus intéressé par le problème de la jeune femme. Elle n’aurait pu être qu’une employée lambda dans l’agence mais, c’était encore mieux. Une ancienne idole ? Croustillant.

Naze est un euphémisme aux yeux de Sena. Son ancienne agence est bien plus que simplement naze ; une bande d’arnaqueurs, de monstres manipulateurs et des assoiffés d’argent uniquement. Pas un seul trait humanisme dans les rangs de ce qui fut un jour et longtemps sa seule maison. Quand la jeune femme pense qu’elle leur a servi sa vie sur un plateau d’argent, elle se sent presque malade. « Je ne te le fais pas dire… Mais t’as l’air de t’y connaitre un peu, non ? » demande-t-elle en haussant un sourcil dans sa direction. La TS est une agence plutôt moyenne, loin des noms de celles qui se battent leur place dans le top3, donc Sena est étonnée qu’un simple étudiant en droit la connaisse. Mais soit, cela l’arrange d’autant plus que le garçon connaisse et ne soit pas un fan de cette agence douteuse. Dans sa grande bonté ou plutôt dans son désespoir d’obtenir un peu d’aide tombée du ciel, l’ancienne idole accepte de lui offrir un café mettant tout de suite un point sur les i concernant sa situation financière qui ne lui permettrait pas de payer les services du futur avocat à leurs justes valeurs. Heureusement, cela n’a pas l’air de le faire fuir au plus grand soulagement de Sena. Trouver l’étudiant parfait n’est pas une chose aisée, mais le garder encore moins. Surtout qu’elle avait l’air d’avoir à faire avec une sacrée tête de mule. « Yeongbinnie donc. » sourit-elle en continuant sa marche. Car elle est un peu près convaincue qu’il n’est pas plus vieux qu’elle, malgré son air ronchonnant qui lui donnerait probablement des rides avant l’heure. Finalement, elle s’arrête et relève les pupilles de son téléphone. Pour toute réponse à la question du garçon, Sena lui colle son écran sous les yeux avec une photo des débuts du groupe ou elle apparait au centre. Puis elle laisse son smartphone entre les mains de Yeongbin pour se mettre à fouiller dans son sac. Un article : « Les internautes coréens critiquent vivement les débuts de Sena (Blue Dream) et sa position dans le groupe débutant. ». Deux articles : « Sena de Blue Dream s’exprime sur les menaces qu’elle reçoit lors d’un live, le live supprimé par la TS. ». Trois articles : « Sena (Blue Dream) quitte le groupe suite à une blessure juste avant le premier comeback. ». Tas de papiers qu’elle dépose en souriant dans les mains du garçon en reprenant son petit bébé – son téléphone – mais aussi sa route vers un café qu’elle connait assez bien et qu’elle apprécie. Quelques minutes plus tard, elle incite Yeongbin à la suivre à l’intérieur pour s’installer à une table bien en retrait des autres. « Spoiler : je n’ai jamais été blessée. ».

Yeong Bin connaissait un peu le monde du show-business, son père étant acteur. Il n’avait jamais mis les pieds à son agence mais il l’avait souvent entendu parler à son manager ou des problèmes rencontrés avec sa mère, pensant que son fils n’écoutait pas. Puis, en tant qu’étudiant en droit, les problèmes liés aux agences étaient récurrents à étudier alors, il s’y connaissait un peu, quand même. « Ouais, un peu. Mon père est acteur. » Révéla-t-il en haussant les épaules. Ça ne semblait pas être le genre de fille que ça intéressait de savoir ça. Elle n’allait rien en tirer et n’en profiterait pas, ce n’était pas son style, il en était quasiment certain. D’habitude, Yeong Bin se gardait bien de le dire. Après tout, son ancienne petite-amie était sortie avec lui uniquement pour ça, espérant un jour rencontrer beau papa. Mais le garçon avait mis fin à tous ses espoirs en l’apprenant. Dommage pour elle. Enfin bref. À la suite de cette révélation, l’étudiant lui réclama un café. Elle lui devait bien ça. Ce n’était pas un bon samaritain ni mère Thérèsa. Ce n’était vraiment pas son genre, et pourtant, il était là, à l’aider. Elle ne savait pas l’effort qu’il faisait. Enfin… il fallait dire que c’était quand même sacrément intéressé qu’il avait accepté. Il ne le faisait pas parce qu’il avait la main sur le cœur. Bon, peut-être un peu, quand même. Il n’était pas aussi connard que ça. Mais il l’était assez pour ne pas, finalement, lui dire qu’il payerait lui-même, alors qu’elle venait de mettre les points sur les i concernant sa situation financière. Puis, soudainement, Yeong Bin tourna la tête vers Se Na, le regard froid et assassin. Yeongbinnie ? « Oublie ça de suite. » Lâcha-t-il, peu sympathique. Qu’elle l’appelle encore une fois comme ça et elle pouvait l’oublier. « Redis ça, et je me casse. » Prévint-il la jeune femme, très peu enclin à avoir des surnoms. Surtout des aussi nuls. Sa question lui fit rapidement oublier son outrage, le faisant froncer les sourcils alors qu’il réfléchissait. Puis, ça fit tilt dans sa tête. Myung Se Na. Ce n’était pas une membre de ce fameux girlgroup dont elle lui parlait ? Lui qui pensait avoir affaire à une simple ancienne employée lambda de l’agence, voilà qu’il se retrouvait avec une idole sur les bras. Encore mieux. Son regard se posa sur la photo, l’étudiant un bref instant avant de reconnaître la jeune femme au milieu des autres. Elle lui laissa son smartphone entre les mains et Yeong Bin la regarda d’un air interrogateur quand elle se mit à farfouiller dans son sac. Il se retrouva rapidement avec plein d’articles dans les mains qu’il se mit à feuilleter et lire en diagonale. Elle en avait bavé. Et pas qu’un peu. Se concentrant sur ce qu’il lisait, il laissa Se Na le guide, l’incitant à la suivre à l’intérieur du café. Il s’installa à une table, en retrait, et posa finalement les papiers. « Je m’en doutais. » Dit-il en éparpillant les articles devant lui, son regard fixant celui parlant du live supprimé. « Pourquoi ils ont supprimé le live ? » Demanda-t-il, son regard remontant sur la jeune femme face à lui.