Fireflies.

Tout se mélangeait dans sa pauvre tête. Comment expliquer à une autre personne ce que l’on pensait si on n’arrivait même pas à se l’expliquer à soi-même ? il lui posait des questions qu’elle n’osait pas se poser à elle-même, et la dernière fut comme un coup dans son estomac. Il n’avait jamais cru possible que… voilà. Ça voulait tout dire, en fait. il n’avait jamais cru possible qu’elle ne puisse s’intéresser à lui, ou, du moins, qu’elle puisse avoir ce genre d’intérêts tout particulier pour lui, et c’était exactement là où elle ne voulait – pas – en venir, parce qu’elle détestait devoir tenter d’y réfléchir, mais elle détestait encore plus devoir tenter de l’expliquer. C’était plutôt clair, pour elle, que c’était hors de question de s’engager dans de telles voies, mais la majeure partie des gens ne comprenaient pas son point de vue, surtout pas venant d’une femme. Et surtout pas lorsque, au bout du compte, ce n’était même pas pour avoir des aventures sans lendemain – ça non plus, ça ne l’intéressait pas du tout. elle avait beaucoup trop de respect envers elle-même, envers son image, pour faire ça. Elle baissa la tête et la posa sur son genou, tenant toujours sa jambe contre son corps, se refermant doucement sur elle-même et l’évitant à présent du regard. Franchement, elle ne comprenait pas non plus, c’était aussi simple que ça. Tout ce qu’elle savait, c’était que ça devait s’arrêter maintenant, peu importe ce qu’il en découlait. Même s’il avait été l’homme parfait – que ce soit pour le meilleur coup d’un soir qu’elle puisse vivre ou la porter dans sa robe blanche – elle n’était tout simplement pas prête à faire le grand saut, ou peut-être manquait-elle simplement de maturité… elle ferma les yeux, et une grimace vint changer les traits de son visage.

« qu’est-ce que ça peut changer, de toute façon ? » soupira-t-elle finalement, rouvrant les yeux au bout d’un moment, se forçant à adoucir le regard qu’elle posait sur lui. Elle haussa les épaules et balaya la pièce du regard, cherchant ses mots. Elle doutait que ça ne lui fasse vraiment quelque chose, mais elle ne voulait pas non plus risquer de l’insulter… ou de le repousser. Elle se détestait de penser de la sorte, mais elle n’avait pas envie de faire un trait sur lui, pas entièrement, en tous cas. Triturant son haut, elle retroussa les lèvres, mâchant ses mots plus d’une fois avant de les prononcer. « tu es beau garçon, on ne va pas mentir. » expliqua-t-elle afin d’y mettre un point final, préférant l’expliquer ainsi que de devoir subir – et lui faire subir – toutes ces choses un peu trop profondes qu’elle aurait pu lui dire. La vérité, au fond. Elle attrapa à nouveau la télécommande et fit à nouveau jouer le programme qui ne l’intéressait que peu, figeant toutefois son regard vers la télévision et laissant un court silence passer avant de reprendre la parole. « et puis, j’suis pas sûre que ta copine apprécierait de toute façon. » elle lui avait lancé comme si de rien n’était, mais au fond, elle sentait une pointe de jalousie se former au creux de son ventre dès l’instant ou le mot ‘copine’ s’était échappé de ses lèvres. Ça lui minait un peu le moral, d’imaginer qu’il avait une copine, mais c’était peut-être mieux ainsi, en fait. pourquoi diable s’en préoccupait-elle, de toute façon ? ça ne la concernait pas. pas du tout. « pardon… ça ne me concerne pas. » s’empressa-t-elle d’ajouter, sans toutefois décocher son regard de la télé.

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Il avait caché une grimace à l’entendre le complimenter -pas que ce soit réellement dit comme un compliment, plutôt comme une constatation, mais entendre ces mots qu’il avait entendu relativement souvent pourtant sonnait encore faux à son oreille, mais c’était juste lui, juste sa propre appréciation personnelle qui venait encombrer ses idées. Il figea par contre à ses paroles, son visage refusant de s’animer pour démontrer sa stupéfaction alors qu’elle mentionnait sa copine. Sa copine. Copine ? Il était tellement choqué qu’il ne pouvait même pas lui répondre, pas dans l’immédiat, s’étouffant sur ses mots sans même commencer à les dire alors que son cerveau refusait totalement de gérer cette information. De quoi elle parlait, celle-là ? Il tourna lentement la tête pour la fixer, clignant des yeux lentement comme s’il n’arrivait tout simplement pas à croire ce qu’il venait d’entendre; et c’était le cas ! Il ne savait pas vraiment qui pouvait lui avoir dit un truc pareil, ou si elle avait entendu des rumeurs, mais quoiqu’il en soit, il n’avait pas eut de fille à son bras depuis quoi... 3 ans ? Peut-être plus ? Il ne se souvenait pas vraiment, ses relations étant de courte durée et peu intéressantes de toute manière. Ses épaules retombèrent et il pencha la tête, ne sachant même pas par quoi commencer pour commenter cette absurdité totale qui venait de passer les lèvres de la demoiselle. Avait-elle seulement conscience de ce qu’elle venait de lui jeter à la figure comme si elle parlait de la pluie et du beau temps alors qu’il n’avait même pas conscience d’avoir ne serait-ce qu’un semblant de copine dans sa vie ? Il se demanda vaguement pendant un instant si l’un des wonsun avait eut accès à son compte network et l’avait placé en couple avec une quelconque bimbo qu’il ne connaissait pas d’ève ni d’adam, ou si lui-même s’était gourré alors qu’il était saoûl et s’était malencontreusement placé en couple avec quelqu’un ? Au moins, ce n’était pas un homme, cette fois, s’il l’avait réellement fait... il secoua la tête et prit sur lui de nier les faits qui, de toute évidence, étaient totalement faux et sans fondement. « Pardon ? » Commença-t-il avec une voix assez surprise pour qu’elle se brise au milieu du mot, le laissant bafouiller un léger moment avant qu’il ne se reprenne et arrive à se calmer un peu. Il n’allait pas perdre le contrôle pour si peu. Elle ne l’accusait de rien... enfin... presque de rien.

« Une copine ? Quand ça ? Qui ça ? » Il arqua un sourcil -non, il souleva les deux sourcils assez haut pour que son front ne forme qu’un avec ses paupières- bon, exageration légère, mais tout de même. Son visage exprimait finalement la stupéfaction qui l’avait envahit, avec un peu de retard, mais mieux vaut tard que jamais. Même s’il avait l’air plutôt con de réagir à retardement comme ça. « Je sais pas qui m’a inventé une copine mais remercie-le pour moi, ça fait des années que je n’en ai pas eut ! » Il passa une main dans ses cheveux, effaré, et secoua la tête vivement. Il ne pouvait pas croire qu’elle pense cela. Comme s’il était assez... assez salop pour bécoter une fille derrière le dos de sa petite amie ! Il n’était pas de ce genre. Encore une fois, il pouvait imaginer qu’elle ne pouvait pas être 100% sûre qu’il n’était pas ce genre de gars, mais tout de même... il pinça les lèvres, résistant à l’envie de gonfler des joues, sachant très bien qu’une attitude de gamin dans ce genre de conversation n’avait absolument pas sa place. « Je peux pas... tu crois quoi, que j’irais embrasser une fille dans le dos de ma copine ? » Il grogna en s’enfonçant contre le dossier du canapé, croisant les bras contre son torse, lui jetant un regard noir, même s’il n’avait pas vraiment le coeur à ça. Il ne comprenait tout de même pas pourquoi elle pensait ça, et surtout, que pensait-elle de lui pour faire un truc pareil... bien qu’il n’ait pas été vraiment mieux en effleurant l’idée qu’elle aurait pu repartir avec un autre s’il n’avait pas été là, lors de cette fameuse soirée qui, il devait l’admettre, avait changé beaucoup de chose entre eux.

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Une pierre deux coups, si lui était étonné, elle l’était tout autant vu sa réaction. Il n’avait pas de copine ? alors qui était meili, pour lui ? il y avait d’abord eu cette première rencontre, puis les jours précédents le tremblement de terre, où elle avait porté une attention un peu plus particulière aux deux. Elle avait remarqué, au fil des jours, qu’ils étaient plus que proches l’un de l’autre. Et peut-être aussi la façon qu’il avait de s’adresser à elle. Mais elle avait tout faux. Peut-être qu’il la draguait, tout juste, aussi… elle ne savait plus trop qu’en penser. Elle ne l’avait jamais vu comme ça, mais maintenant qu’il lui disait clairement qu’il n’avait pas eu de petite amie depuis des années, elle se posait des questions. Peut-être que c’était un coureur de jupons, finalement ? elle préférait ne pas le rendre coupable avant le temps, mais cette pensée avait de quoi lui donner la nausée. Elle repoussa une fois de plus ces pensées loin dans sa tête, et se fit attentive alors qu’il la questionnait de façon presque agressive concernant la source de ses idées. Mais c’était plutôt simple, en fait; elle n’avait pas de source. Sa source, c’était ce qu’elle avait vu de ses propres yeux. Elle retroussa les lèvres, affichant une moue un peu boudeuse, et baissa la tête, jouant à présent avec ses cheveux en signe de malaise.

« comme tu dis… comment je peux savoir que tu ne ferais pas ce genre des choses ? c’est presque normal, pour les hommes, de ne pas être fidèle on dirait… » et c’était bien là une des raisons pour lesquelles elle ne voulait pas être en couple ou fréquenter les garçons. Elle soupira et redressa la tête, pinçant les lèvres. Allait-il penser qu’elle était folle, de dire ce genre de trucs, ou bien allait-il comprendre son point de vue ? « mais arrête… j’ai cru que cette fille… mei li… » elle bredouilla presque, secouant la tête et observant le fond de la pièce, détestant le fait de ne pouvoir se déplacer à sa guise. Si elle avait pu, elle se serait levée à l’instant, serait allée dans la cuisine et aurait préparé quelque chose à manger histoire de pouvoir s’échapper dans un coin ou quelque chose comme ça. Mais elle ne pouvait pas vraiment, et elle était prise ici, sur ce canapé, à fixer la chaise roulante à présent avec rien de plus que des remords. Recommencer à zéro et faire en sorte que rien de tout ça ne se passe. Elle était bien, avant, seule avec son attirance pour le garçon, sans rien de plus, sans sous-entendus, sans questions… rien. Elle aimait bien la platitude de sa vie, le néant amoureux qui s’était installé dans son quotidien, tout ça parce que ça l’empêchait de justement devoir s’expliquer avec les gens. Mais tout la poussait vers ça, comme si la vie ne tournait qu’autour de ça – et malheureusement, elle le réalisait, c’était vrai. « enfin, c’est pas grave, désolée. je devrais pas juger les gens comme ça. » elle réfléchit un moment, réalisant qu’il venait de mentionner les baisers dont ils évitaient de parler depuis le début, et elle se demanda l’espace d’une seconde s’il valait mieux clarifier les choses ou non… ou, en fait, la question, c’était plutôt de savoir s’il y avait quoique ce soit à clarifier. N’avaient-ils pas, en réalité, dit tout ce qu’il y avait à dire même si c’était indirect ? peut-être pas tout, en fait.

« si ma tête n’était pas normale, la tienne l’était bien. alors pourquoi tu as accepté, deux fois plutôt qu’une, de m’embrasser ? » la curiosité était un bien vilain défaut, surtout dans ce cas-là. Mais même si elle regrettait déjà de lui avoir posé cette question, elle poursuivit, se mettant les pieds dans les plats au fur et à mesure qu’elle parlait. « c’est parce que tu n’as pas eu de copine depuis trop longtemps ? » elle écarquilla presque les yeux après avoir posé cette dernière question, ses joues se rougissant un peu violemment et la trahissant. Elle tourna la tête vers la télévision, d’autant plus recroquevillée sur elle-même, et fit mine de se concentrer sur le programme. Elle venait carrément d’insinuer qu’il l’avait embrassée parce qu’il était en manque, quoi. Ce n’était ni gratifiant pour elle, ni gratifiant pour lui. « merde, ça me concerne pas tout ça. tu peux ignorer. »

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Il s’était abstint de tout commentaire lorsqu’elle avait insinué que les hommes étaient tous des infidèles -ou presque, mais soyons honnête, c’était tout de même un jugement concernant la majorité de ceux-ci- et pensa brièvement à sa mère qui lui couperait sans aucun doute la tête si elle venait à savoir qu’un jour, il aurait posé la main sur une autre femme que celle avec qui il était officiellement. Mais bien sûr Alexis ne pouvait pas savoir, bien sûr, et même si c’était plutôt insultant d’un certain point de vue, il pouvait comprendre qu’elle avait ce genre d’impression. De ce qu’il avait compris, c’était plutôt commun -son père biologique l’avait fait, d’ailleurs, lui avait une fois raconté sa mère. Mais il n’avait pas été élevé comme ça, et le respect de la femme était quelque chose de grave dans sa famille, surtout qu’il avait été élevé par deux mères et qu’il était le seul homme de la famille. Il ne se considérait pas mieux placé qu’elles, et il n’avait jamais pu réellement avoir une pensé condescendante envers une fille sans se sentir terriblement mal par la suite, allant parfois jusqu’à s’excuser sans que la demoiselle ne comprenne la raison. Bon, ce n’était tout de même pas arrivé souvent, mais il se souvenait de quelques situations, dont il ne parlerait sans doute plus jamais par honte. Et puis Mei Li... comme si Mei Li pouvait être sa copine. C’était ridicule. Et puis... enfin... pas si ridicule que ça peut-être. Il n’avait jamais eut la chance de lui expliquer la situation avec elle, et il se souvenait très bien de ce que les gens disaient sur leur passage, avec tous ces sous-entendus et ces surnoms... mais il n’était pas en couple, et n’avait jamais été en couple avec elle. Ni l’un ni l’autre ne le souhaitait, c’était clair entre eux, mais visiblement pas clair pour les autres, ce qui était quelque peu normal, au fond. Il ne savait pas trop comment le lui dire, maintenant, plutôt confus qu’elle n’ait pas décidé de lui en parler avant de lui jeter comme ça. Encore là, pourquoi le ferait-elle, si elle était persuadée que c’était comme ça. Qu’ils étaient un item. « C’est pas comme ça. Mei et moi... c’est ma meilleure amie. Je ne pourrais jamais la voir comme ça. » Il éclaircit la situation aussi simplement, sans en rajouter des tonnes ou dénigrer sa conclusion certes un peu hâtive, mais néanmoins plausible aux yeux extérieurs.

Il ne savait par contre pas comment répondre alors que la question lui était retournée, chose à laquelle il n’avait jamais vraiment pensé. C’était relativement simple, par contre, mais lui avoué directement qu’il éprouvait un certain intérêt à son égard, c’était manquer de délicatesse, un peu. Il lui était un peu difficile de trouver les bons mots, des mots avec un peu de tact pour une fois. Alors qu’il réfléchissait, pinçant les lèvres et retenant son souffle, il n’eut d’autre choix que de l’expulser bruyamment, complètement soufflé, ses yeux s’ouvrant en grand et sa mâchoire se décrochant pratiquement de son crâne à ses mots, la fixant d’un air éberlué alors que l’insinuation se logeait dans sa tête. Mais qu’est-ce qu’elle disait là, encore... qu’il était en manque ? C’était bien ça, non ? Peu importe comment elle l’avait dit, avec quels mots et de quelle façon, c’était exactement ce que ça voulait dire, et c’était... complètement différent de ce à quoi il aurait pu s’attendre comme raison. Du moins provenant de la bouche d’une fille. Il en était jeté à terre. Il la fixa un long moment sans trop savoir quoi dire, notant ses joues rouges et son embarras apparent, et le coin de ses lèvres se souleva. Un peu, puis beaucoup, et il étouffa un petit rire derrière sa main avant de juste éclater de rire, cachant sa bouche du dos de sa main. Il eut du mal à se calmer, les joues aussi rouges que les siennes désormais mais pour une autre raison, et il haleta légèrement entre deux ricanements, tentant vainement de tasser son hilarité pour être capable de parler. « Je peux pas croire... yah ! » Il rigola un peu plus, passant une main sur ses yeux en secouant la tête, ses yeux brillants d’amusement. C’était tellement surprenant qu’il ne pouvait pas faire autre chose que de trouver ça cocasse et d’en rire. « Comment tu peux dire ça comme ça ? » Il pouffa légèrement encore une fois mais se tint un peu plus sous contrôle cette fois, repoussant ses cheveux vers l’arrière alors que ses éclats de rire avait fait tombé les mèches un peu longues devant ses yeux. « Je t’ai embrassé parce que, on ne va pas mentir, t’es canon. » Il arqua un sourcil malicieux en reprenant sa raison, penchant la tête sur le côté d’un air presque charmeur. « Et puis si c’était “parce que je n’ai pas eut de copine depuis longtemps”, je crois que j’aurais pas autant insisté pour savoir si tu étais sûre de ton coup, j’en aurais plutôt profité à la première occasion, tu crois pas ? »

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Voilà, c’était le comble. Plus il riait, plus elle rougissait, et plus elle avait envie de s’enterrer six pieds sous terre. Oui, bon, elle avait dit ça. Elle l’avait dit, et elle ne l’assumait pas du tout. D’ailleurs, elle ne comprenait absolument pas pourquoi elle l’avait dit – pourquoi elle s’était laissée emporter à ce point. Mais elle l’avait fait, et impossible de reculer, à présent. Mais même si ses joues s’empourpraient à vue d’œil, elle ne put s’empêcher de rigoler un peu, plaquant ses deux mains dans son visage et lâchant une plainte, presque une supplique pour qu’il arrête de se moquer. Au moins, ça avait eu un effet positif; l’atmosphère était visiblement beaucoup moins tendu – ou en tous cas, pour lui, pas trop pour elle – et plutôt que de limite la gronder du regard, il riait. Il était carrément hilare, oui. mais lorsqu’il parla à nouveau – sans parler du soulagement carrément mal placé qu’elle avait ressenti lorsqu’il lui avait expliqué que la jeune femme n’était que sa meilleure amie, mais ça, on l’oubliera – son expression changea du tout au tout, malgré sa volonté à ne pas laisser transparaître ses émotions. Il venait de lui dire qu’elle était canon, comme ça, et il osait se plaindre qu’elle ait insinué – et bien insinué – qu’il était peut-être en manque ? Ouais, bon, il était pas mieux, à ce niveau-là. Elle s’apprêtait à protester lorsqu’il pencha la tête, et l’air qu’il lui adressa fut suffisant pour qu’elle détourne le regard. Elle allait bientôt se remettre à saigner, s’il n’arrêtait pas de faire affluer son sang de bas en haut, là. Le rouge était à peine en train de s’effacer de ses joues qu’il revenait de plus belle, et cette fois, elle aurait espéré pouvoir le camoufler, vraiment, mais c’était limite impossible, et se cacher la tête dans ses bras n’était pas non plus la solution la plus subtile. Elle avait envie de le pousser, de l’attirer, de le gifler et de le supplier d’arrêter, tout ça en même temps. Une tornade d’émotions, ouais. Quelque chose qu’elle ne connaissait pas, qu’elle n’avait jamais vraiment eut la chance de connaître avant – et qu’elle ne savait absolument pas gérer.

« yah… » débuta-t-elle, d’un ton vraiment trop faible pour ce qu’elle avait voulu faire paraître, mais pour être complètement honnête, c’était bien ce qu’elle était. Et lorsqu’il ajouta les derniers mots, elle le fixa un moment dans les yeux, les lèvres entrouvertes, ses mots passant à toute vitesse dans sa tête. Elle craquait, elle était complètement faible face à lui, et elle détestait – haissait, même – se sentir ainsi. Mais les images défilaient elles aussi dans sa tête, et la suite de ses mots se perdit quelque part entre la réalité et le scénario qui se formait dans sa tête. « peut-être que tu aurais dû… » avait-elle marmonné, avant de secouer la tête, jurant mentalement contre elle-même. De pire en pire. Il était une pilule d’ecstasie sur pattes, un effet monstre, et il n’avait pourtant rien dit de bien particulier… il n’avait même rien insinué de très explicite, même pas supposé quoique ce soit, c’était tout simplement sa tête à elle qui lui jouait des tours. « … que tu aurais dû te taire. » fit-elle, lui pinçant la joue, avec un peu plus de force que la première fois. Elle soupira d’agacement, grimaça et le poussa un peu plus gentiment, s’empressant – tant bien que mal – à se redresser. La manœuvre fut un peu difficile, mais elle réussit tout de même à rejoindre sa chaise, et le temps qu’elle prit pour y poser ses fesses fut au moins suffisant pour qu’elle ne sente plus ses joues brûler. Lui brûler le visage en entier, oui, tellement elles s’étaient à nouveau rougies. Franchement, elle n’aurait pas été étonnée de voir que son visage en entier y était passé. « me regarde pas comme ça, okay ? » dit-elle simplement, sans vraiment lui expliquer pourquoi sur le coup, parce qu’elle se voyait très mal lui dire ‘j’ai envie de te frapper’. Il la trouvait déjà un peu culotée d’avoir insinué quelques trucs, elle ne pouvait même pas imaginer ce qu’un homme penserait d’un langage pareil chez une femme, mh. « j’ai faim, viens. » c’était un mensonge, mais à tout prix, elle devait se sortir de cette situation qu’elle ne savait pas gérer. Qu’elle ne saurait probablement jamais gérer, en fait.

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Il avait manqué de repartir dans son hilarité alors qu’elle répliquait plutôt faiblement, se mordant la lèvre inférieur avec ce sourire malicieux qui voulait absolument tout dire, un éclat dans les yeux alors qu’elle se replaçait d’elle-même dans sa chaise roulante, se doutant fortement qu’elle n’avait plus tellement envie de lui demander son aide après ces quelques paroles échangées. Il l’observa sans rien dire, n’hochant la tête que lorsqu’elle lui annonça qu’elle avait faim, coupant le sujet à court alors qu’il commençait tout juste à s’amuser. Il se refusa une moue boudeuse par contre, sachant très bien que ce n’était pas le moment, et haussa une épaule nonchalante, se sentant tout de suite beaucoup plus à son aise en sa présence maintenant que tout était mis au clair et qu’il avait pu avoir un bon rire pour bien se détendre. Ce n’était pas trop difficile d’imaginer ce qui passait par sa tête, les lueurs dans ses yeux ou l’expression de son visage trahissant un peu ce qui se passait dans son crâne, mais bien entendu il ne pouvait pas être certain de bien lire, et il ne pouvait pas savoir exactement, parce que beaucoup de chose pouvait provoquer un air quelconque, mais c’était sensiblement du pareil au même, lorsqu’on regroupait toutes ces choses. Il s’en amusait grandement, mais se garda bien de se moquer, parce qu’il voulait tout de même garder sa tête sur ses épaules et éviter de s’attirer son courroux éternel dans un excès de bonne humeur et de gamineries. Il poussa sa chaise d’une main, la laissant tout de même les diriger vers la cuisine sans trop en ajouter, déjà peu incertain de la direction à prendre pour se retrouver dans cette grande maison aux pièces un peu trop nombreuses. Ses yeux brillèrent de nouveau en entrant dans la pièce cible, cette fois plutôt impressionné alors qu’il se retrouvait face à une cuisine bien aménagée, digne de ces magasines de design intérieur qui faisaient rêver mais qu’on ne pouvait jamais avoir, et ses mains démangeaient déjà d’envie de tout toucher, de tout essayer. Il n’était pas un professionnel, mais il adorait cuisiner, et il était certain qu’il n’aurait jamais de problème à faire ceci dans ce genre d’environnement. Son sourire passa de hilare à joyeux, et il poussa la chaise un peu plus vivement pour se rapprocher des électroménagers flamboyants. Ils paraissaient neufs, et il se demanda un instant s’ils avaient déjà été utilisé. Il avait rarement vu Alexis manger autre chose que ce qui se trouvait au café, ou ramener quelque chose provenant d’un autre restaurant. C’était du gâchis, si cette magnifique cuisine n’était pas utilisée.

Il vit vaguement la demoiselle faire un mouvement vers le comptoir en L, vers la surface la plus éloignée du réfrigérateur, et il supposa qu’elle souhaitait s’y asseoir pour pouvoir l’observer ou quelque chose du genre. Il s’en approcha avec la chaise et, encore une fois sans grand effort, la souleva par la taille pour la poser avec délicatesse sur le comptoir, ses yeux tentant d’éviter à tout prix de se fixer vers ses cuisses découvertes par le t-shirt remontant alors qu’il la soulevait, mais ne pouvait pas vraiment regarder ailleurs sans risquer de heurter sa cuisse blessée contre le comptoir. Il garda tout de même une certaine décence à ce propos et s’assura de laisser le haut retomber pour la couvrir un peu plus avant de la relâcher et de commencer à vaquer à sa nouvelle tâche. Il ne savait pas trop quoi cuisiner, et, comme il se doutait avant d’ouvrir les portes du réfrigérateur, il avait l’embarras du choix pour concocter le plat qu’il désirait. « Tu veux quelque chose en particulier ? » Il songea à quelque chose de pas trop lourd sur l’estomac, puisque la soirée commençait à s’étirer et qu’il ne voulait pas allez dormir avec le ventre trop plein. Ça avait non seulement tendance à rendre le sommeil moins bon, mais en plus, pensa-t-il sombrement, cela faisait engraisser. Et même si cela n’inquiétait pas Alexis -et c’était compréhensible, elle n’avait absolument rien à se reprocher au niveau physique-, il ne pouvait pas se permettre ce genre de chose. Il secoua la tête et sortit quelques légumes en réfléchissant. « Des légumes sautés dans une sauce sucrée, peut-être ? Ou épicée... pas trop par contre c’est mauvais pour l’estomac... avec un peu de riz... » Il se mordilla la lèvre inférieure, soupirant intérieurement. Il n’était pas habitué de cuisiner pour quelqu’un d’autre que lui-même, et avait toujours fait avec l’obstacle de sa peur de prendre du poids pour choisir ses repas. Il ne savait comment jauger un appétit et un régime régulier. « Oh... tu es allergique à quelque chose ? » Il se retourna vers elle d’un air interrogateur, y songeant soudainement.

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elle n’avait pas commenté lorsqu’il l’avait déposée de son propre chef sur le comptoir, même si elle se sentait toujours un peu embarrassée à l’idée qu’il la touche, ou même juste qu’il ne la regarde. Par contre, elle avait bien détourné le regard, fixant le sol, puis les armoires, puis le plafond, comme si toutes ces choses étaient beaucoup plus intéressantes et pertinentes que n’importe quoi d’autre qu’l ait pu dire ou faire. Ce n’était pas vrai, au fond. Elle n’avait pas tellement faim – elle avait certes un creux dans le ventre, ça devait faire plus de vingt-quatre heures qu’elle n’avait rien mangé – mais manger n’était pas vraiment la première chose qu’elle avait envie de faire, en ce moment. Elle avait envie de sortir, bien sûr, et de faire des choses qu’elle n’avait pas fait depuis bien longtemps, mais c’était plutôt impossible pour elle. Dans ce cas, elle avait donc envie d’aller se rouler en boule dans son lit, et de n’en sortir qu’une fois qu’elle serait guérie… mais ça ne fonctionnerait pas comme ça, et elle le savait bien – elle devait reprendre des forces, et ce n’était pas en faisant la grève de faim et de déplacements qu’elle ferait ça. il y avait se reposer, mais il y avait les autres trucs, aussi. Elle soupira et haussa les épaules, reposant finalement son regard vers lui et posant ses mains sur le bord du comptoir, de chaque côté de ses cuisses histoire d’avoir une sorte d’équilibre et de ne pas juste tomber comme une idiote à ses pieds. Elle l’observa faire, plutôt surprise qu’il ne demande ni permission ni ne semble ressentir quelconque gêne à l’idée de fouiller dans le réfrigérateur d’une maison qui lui était encore inconnue… mais elle ne fit pas de commentaire là non plus, parce qu’au fond, même si elle était étonnée, elle s’en fichait bien. Il pouvait bien manger tout ce que le frigo contenait, d’ailleurs, elle ne mangeait jamais ici parce qu’elle n’était jamais à la maison familiale.

« j’suis allergique aux légumes. » dit-elle d’abord, le taquinant un peu pour la forme avant d’hocher la tête négativement. Non, elle n’était allergique à rien – pas à sa connaissance, en tous cas. « à ce que je sache… non, j’ai aucune allergie, alors laisse-toi aller, chef. » elle croisa alors les bras, une fois certaine d’être bien en équilibre évidemment, et pencha la tête un peu pour mieux voir ce qu’il s’apprêtait à préparer. L’appétit venait en mangeant, disaient-on, mais peut-être que le regarder faire à manger serait donc suffisant à lui donner envie d’en prendre une bouchée. Maintenant, elle essayait simplement d’oublier ce qui venait de se passer et de se concentrer sur le présent. Ce n’était pas vraiment chose facile, mais bon. Au moins, son embarras n’était plus la seule chose qui occupait ses pensées et c’était déjà un très bon début, pensa-t-elle. Humectant ses lèvres, elle détourna le regard, observant la grande pièce qui, comme à son habitude, était si propre qu’elle en faisait presque mal aux yeux. Elle n’aimait pas tellement cet endroit, en y réfléchissant – tout ce que cette pièce lui rappelait, c’était toutes les fois où son père avait attendu le moment du dîner pour lui crier dessus, pour telle ou telle raison. Ses doigts tapotèrent nerveusement son bras, et elle reposa son regard vers le plus vieux. Perdue dans ses pensées, elle reprit la parole, sur un tout autre sujet cette fois. « tu sais que, si mon père te voit ici, tu es mort et on ne se verra plus jamais ? » c’était bien vrai, il était capable de l’envoyer en afrique pour qu’elle ne fréquente pas un garçon qui n’était pas de son choix… malheureusement.

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