Un an. Elle est partie un an. J’ai l’impression de l’avoir attendu toute ma vie. J’allais la rejoindre chaque fois que je pouvais. Chaque fois qu’elle avait quelques jours je prenais le premier avions pour la rejoindre. L’argent de papa avait du bon pour le coup … Elle me manquait, à en crever. Elle me manquait plus que je n’étais capable de lui dire. Ca faisait presque six mois qu’elle répondait à peine à mes sms et qu’elle filtrait mes appels. Je sais que j’ai merdé la dernière fois qu’on s’est vu … On s’est engueulé, à cause de mon père, à cause de mon frère,  et je suis parti. Juste comme ça, je suis rentré. J’avais besoin de faire le point, pas sur nous, mais sur moi. Fallait que je sache où j’allais dans ma vie … mais je n’aurais jamais cru que ça nous éloignerait autant … Combien de mail, de sms et de messages est-ce que j’ai pu écrire sans jamais réussir à lui envoyer. Il fallait qu’elle le sache. Il fallait qu’elle comprenne. Je n’étais qu’un con qui était éperdument amoureux d’elle et j’étais dans le flou total … avant de partir je lui ai fais comprendre que je voulais qu’on soit ensemble, qu’on le serait officiellement à son retour mais … depuis six mois c’est à peine si je sais dans quel pays elle se trouve … elle m’échappe, elle me fuit. Je suis entrain de la perdre et j’ai peur … j’ai peur qu’elle est rencontré quelqu’un d’autre. Et si elle débarquait au bras d’un de ces mecs … ? Oh putain. J’ai le cœur qui lâche, jamais je ne me suis sentit aussi nerveux. Le bouquet de fleur sur le siège passager me nargue et je me sens débile de lui avoir acheté des fleurs … Ca fait six mois qu’elle me fuit, et c’est presque un miracle qu’elle m’ait donné son heur, jour et vol d’arrivé … Je suis mort de trouille, j’ai pas dormi de la nuit et ça fait une heure que je suis là, dans ma voiture, arrivé bien trop tôt. J’ai le cœur qui va lâcher. Je ne sais pas quoi faire. Je laisse les fleurs dans la voiture. Ça ferait trop pour une première approche. Je ne sais même pas si elle sera heureuse de me revoir … Bébé, tu seras heureuse de me voir … ? Moi je crève d’envie de te serrer dans mes bras tu sais. Je souffle, nerveux et sors de cette voiture. Son avion va atterrir dans 15 minutes … J’entre dans l’aéroport et me poste à son terminal, devant les portes, tout devant, comme si elle risquait de me rater … Je tire sur mon gilet, nerveux, et plaque à nouveau mes cheveux sur mon front. Elle adore quand j’ai cette coupe. Elle la préfère à mes piques qui me donnent l’air d’avoir 15 ans. Je m’adosse à la colonne derrière moi et croise les jambes. Mes mains se perdent au fin fond de mes poches pour qu’elles arrêtent de trembler. J’inspire doucement et fixe ces portes jusqu’à ce qu’elle s’ouvre sur l’amour de ma vie …

Six mois. Six mois que je redoutais ce moment. Six mois que je faisais tout pour le fuir. Textos, appels,… j’avais toujours une excuse bidon pour les éviter ou les écourter. Entrainement le matin, l’après-midi ou en pleine nuit. Accumulation de fatigue. Spectacle sur spectacle. Tout y passait. En soit, ce n’était pas des mensonges, mais disons que j’étais occupé parce que je le voulais bien. Pourquoi je faisais ca ? Pourquoi je faisais ca à Insu, alors qu’il se démenait ? Qu’il se bougeait le cul pour venir me voir jusqu’en Europe, que ce soit dans n’importe quel pays ? Alors que la plupart des mecs ne lèveraient même pas le petit doigt pour envoyer un bête texto. J’avais l’homme le plus adorable du monde à mes côtés. Il me suivait partout où j’allais. Il était là à chaque specatable les plus important. Toujours au premier rang. On ne pouvait pas le rater, c’était le seul debout à applaudir comme un taré, en criant mon nom. J’étais gêné, mais fière. Ses cris et ses applaudissements me donnaient du courage quand je n’en avais plus. Alors oui, il avait fait des erreurs comme me mentir sur ses aventures d’un soir, me cacher que son père était resté dans le coma des mois entiers avant de décéder. Je ne lui en voulais pas pour tout cela. Il avait fini par rétablir la vérité et à s’excuser. Alors pourquoi me diriez –vous ? Pour la simple et bonne réponse que j’avais peur… peur de ne pas lui suffire, peur de le perdre, peur que ce que j’avais vu il y a six mois s’avère être la vérité. Quand il m’avait tout avoué à propos de son père, de son frère, on s’était disputé et quitté sans un mot. Je m’en étais voulu à en mourir. Au point que j’étais revenu en Corée juste pour lui dire que je ne lui en voulais pas, qu’on s’était brouillé pour des broutilles. Je voulais le serrer dans mes bras et lui dire que j’étais là pour lui, que je m’excusais de ne pas avoir été là quand il en avait le plus besoin, et le plus important, que je l’aimais. Mais, le cœur battant, devant la porte de l’appartement des Parks, prête à l’ouvrir avec le double de mes clefs, ca ne se passa pas comme je l’avais espéré. Une autre femme était là, assise aux côtés de mon meilleur ami. Ce qui m’étonna le plus, n’était pas le fait qu’il avait ramené une femme à l’appart, mais les mots qui lui dit. Je t’aime, je veux que tu restes dans ma vie. Ces mots étaient restés gravé en moi comme au fer rouge ces six derniers mois. Voilà pourquoi j’avais tout fait pour éviter In Su. Je n’étais pas certaine de pouvoir l’accepter. Pas maintenant. Je ne voulais pas craquer devant lui. Je ne voulais pas lui montrer que j’étais faible, que cela pouvait m’atteindre. Une part de moi le haïssait pour être tombé amoureux d’une autre femme pendant mon absence, et une autre part le comprenait, disait que je n’avais que ce que je méritais. Ces deux derniers jours, je ne faisais que tourner en rond comme un lion en cage. La tournée se terminait et il était temps de rentrer, de me séparer de la troupe qui m’avait épaulé et en conséquence, de revoir In Su. Je n’étais toujours pas prête pour cela, mais il fallait bien y passer. Même si je lui en voulais, il me manquait à en crever. Je ne tenais plus sans lui. J’avais craqué et je lui avais envoyé l’heure de mon arrivée à l’aéroport.

Et maintenant, la tête appuyée sur l’appui tête, je me demandais comment réagir avec lui ? Devais-je lui tendre la main ? lui faire un bisou sur la joue ? Le sauter au cou ? Je n’en savais foutrement rien. Je ne savais même pas s’il serait là à m’attendre. Une danseuse de mon groupe, me secoua légèrement pour me faire comprendre qu’il était temps de descendre de l’avion. Je la suivis, l’esprit ailleurs. On récupéra nos bagages et on se sépara au terminal. Beaucoup de personnes venaient rechercher leur famille, leur homme ou leur femme, ceux à qui ils tenaient et qui étaient revenu après un long ou court lapse de temps. Des embrassades, des cris de joies, des accolades se déversaient dans tous les coins de l’aéroport. Je tendis le cou dans tous les sens en espérant trouver celui que j’aimais. Pour mon plus grand bonheur, il se tenait là, contre une colonne. Je sentis l’émotion m’envahir et la boule qui s’était formé au creux de mon ventre s’envoler. J’étais tellement heureuse de le revoir enfin, que tout le reste n’avait plus aucune importance. Sans réfléchir, je laissais tomber ma valise et mes sacs, m’élançant à pas de course, vers mon bien aimé. Je me jetais littéralement à son cou, enroulant mes jambes autour de sa taille, oubliant complètement que l’on n’était pas seul et l’éthique coréenne. La culture occidentale avait peut-être déteint sur moi lors de cette année, mais je m’en fichais bien de ce qu’on pouvait penser de nous à ce moment-là. Je l’embrassais sans aucun ménagement, lui susurrant contre ses lèvres. « Tu m’as manqué, chaton… »

A cet instant précis, il n’y avait plus que In Su qui comptait à mes yeux. Je n’en avais plus rien à foutre qu’il ait pu coucher avec une autre femme ou même en tomber amoureux si ca lui chantait. Je ne voyais que lui. Il m’avait tellement manqué. Je pouvais lui en vouloir autant que je le voulais, il ne lui suffisait qu’un regard, qu’un sourire, qu’une caresse, qu’un baisser…. Toutes choses de lui pouvaient effacer toute tristesse et colère de mon cœur, ne serait-ce que pour un petit moment. Quand je sentis le poteau à travers mon t-shirt, dans mon dos, je repensais un fragment de seconde à notre première fois à cette fête de Seoul. C’était il y a un moment déjà et pourtant, je me souvenais parfaitement comment il m’avait plaqué de la même manière contre la colonne en bois du lit en baldaquin. Ce souvenir réveilla en moi une douce chaleur qui s’attisa avec le baiser que le jeune homme m’offrait. Ces mots me réchauffèrent le cœur comme ils le blessèrent. Je lui avais manqué alors qu’elle était restée à ses côtés. Je me disais que je gardais tout de même la place la plus grande dans sa vie, même si il allait falloir que je me fasse à l’idée de devoir le partager. Je ne pus m’empêcher de sourire à travers les baisers qu’il me donnait. Il était toujours aussi fou de moi et de mon corps qu’auparavant, et même si elle était parvenue à s’immiscer entre nous deux, elle n’avait pas pu me faire partir de son esprit. Je le serrais contre moi, de manière possessive. Ce qui était ridicule vu que personne autour de nous de réclamait mon homme. Cela restait une première. Je n’avais jamais été jalouse de toutes ces femmes qui lui tournaient autour, car je savais que j’étais spécial pour lui, et unique, irremplaçable. Sauf que l’époque avait bien changé et je me rendais compte qu’il était facile de perdre sa place. Mais, il était hors de question que je laisse une inconnue s’immiscer l’air de rien. J’allais lui montrer où était les limites et que c’était moi qui restait prioritaire. « Pardon bébé, je ne partirais plus … » Chuchotais-je mon front contre son front. Je le laissais me mener à mes valises, me blottissant contre lui sous le bras qu’il me couvrait. Quand il me demanda si mon vol c’était bien passé, je ne pus lui avouer que j’avais été nerveuse tout le long, pensant à nos retrouvailles. Je ne me les imaginais pas ainsi. Je les voyais plus … plus mal à l’aise, plus agaçante… mais au fond, je l’aimais tellement que je ne pouvais pas lui en vouloir. « Oui, ca c’est bien passé ! » répondis-je simplement, restant évasive. Mon frère était revenu avec moi, mais je lui avais demandé de ne pas sortir en même temps, pour éviter le mal l’aise avec In Su. Je ne savais même plus si je lui avais dis…Il m’avait rejoint suite à sa rupture, il cherchait à s’évader et l’Europe était un bon intermédiaire. Et puis, comme si on avait appuyé sur un bouton on, je fus toute excitée. « J’ai tellement de choses à te raconter In Su ! » Je sautillais presque en disant ces mots. « J’aurais aimé que ca ne s’arrête jamais … » lâchais-je encore rêveuse. « C’était comme dans un rêve, tu sais ? Ce stress que l’on ressentait avant de monter sur scène, l’adrénaline et la liberté éprouvée sur la scène et enfin, les applaudissements procurent une grande fierté et récompense de ces dures heures entrainement…. » Je me tournais vers le pyo, avec un regard de cocker. « J’aurais tant aimé que tu danses avec moi, bébé …. » Je restais un moment silencieuse avant d’ouvrir le coffre, essayant de casser ce silence interminable. Je savais que c’était moi qui avais coupé les ponts pendant six mois, mais … j’aurais tant voulu qu’il partage tout cela avec moi