what on earth becomes of me

Elle était au fond du couloir la chambre, cette fameuse chambre dans laquelle elle n'avait absolument pas envie d'entrer. Malee avait l'impression que tout s'effondrait autour d'elle, qu'elle se retrouvait dans un état précaire où elle risquait de tout perdre. Et elle était terrifiée. Pourtant elle se contenta de prendre une longue respiration, immobile au milieu du couloir. Et puis elle serra le poing et s'avança. C'était toujours comme ça. Un jour, elle avait décréter qu'elle était forte, solide comme un roc. Et depuis elle ne pouvait plus faire marche arrière. Elle ne pouvait plus se laisser aller. Elle ne pouvait plus rien faire, à part rester debout, droite comme un i et se préparer à tout affronter. Alors elle plaça un pied après l'autre, se dirigeant lentement vers la chambre, le regard fixé sur la porte. Elle avait peur. Elle était terrifiée. Et pourtant comme chaque jour depuis qu'elle avait appris la nouvelle, elle tenta de camoufler ses émotions, fixant un léger sourire sur son visage. Puis elle posa la main sur la poignée. Et ouvrit la porte. Et elle la vit. Elle était là, allongée sur son lit d'hôpital, les yeux fermés. Paisible. On aurait cru qu'elle dormait. Mais ce n'était pas le cas. « Jina… » murmura la thaïlandaise. Elle s'approcha, se pencha et posa délicatement ses lèvres sur le front de son amie. « Dépêche-toi d'ouvrir les yeux Jina, je t'en supplie. Tout le monde t'attend. » Elle s'éloigna de quelques pas, récupéra une chaise et s'assit au chevet de sa camarade, qu'elle ne cessa de fixer. Elle attendait. Elle attendait impatiemment son réveil. Et pas à un seul instant elle n'avait perdu son optimisme. Dans sa tête Jina ne pouvait tout simplement pas mourir.

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C’était Malee qui m’avait prévenue de la mauvaise nouvelle. Je m’étais précipité à l’hôpital sans vraiment me rendre bien compte de la gravité de la situation. Jina était dans le coma. Elle ne m’avait rien dit plus. Je ne connaissais pas les détails. Tout ce que je savais, c’était que j’étais monté sur ma moto sans prendre la peine de finir mon déjeuner. Juste le réflexe de prendre une veste et mon portefeuille et je roulais déjà à plein gaz vers la clinique. Une fois sur place, je déboulais à l’accueil demandant le numéro de chambre de mon meilleur ami. Je n’arrivais toujours pas à y croire : Jina dans le coma. C’était une situation inimaginable. Devant la porte d’entrée, ma main tremblait sur la poignée, hésitant à l’ouvrir pour faire face à la réalité. Apres l’horreur du tremblement de terre il y avait quelques jours, je n’étais pas prêt à cela. Pourtant, il allait falloir que je sois fort, car Jina allait avoir besoin du soutien de ses amis. Je me décidais enfin à pénétrer à l’intérieur de la pièce. Mon regard fut attiré immédiatement par la jeune femme couchée sur le lit d’hôpital, reliée à différents tuyaux, eux-mêmes, reliés à des machines. Je m’approchais doucement d’elle, fébrile. Je montrais rarement mes faiblesses, mais pour le moment, mon monde était entrain de tomber petits à petits en morceau et Jina dans le coma était la chose de trop. Je l’observais sur ses draps blancs. Elle avait l’air si paisible. Le coma ne voulait pas dire la mort comme fatalité, n’est-ce pas ? Je caressais la joue pale de Jina avec la plus grande des douceurs. Le calme m’avait envahi comme si j’étais vidé. Elle avait besoin de nous, on ne pouvait pas se laisser aller, pas maintenant, pas tant qu’elle n’aura pas ouvert les yeux. « Il faut que tu te dépêches de te réveiller, Jin. Tu me manques… » J’attrapais sa main que je serais un peu. Puis, seulement, je me rendis compte que je n’étais pas seul et que Malee se tenait de l’autre cote du lit. Je me saisis du dossier du chaise avant de venir la placer à côté de celle de la jaune. « Salut. » Murmurais-je. Je ne la connaissais que de vue, mais je savais qu’elle et Jina étaient toujours fourrées ensemble. Elle devait être aussi dévastée que moi à l’intérieur. Je m’assis, me penchant un avant pour déposer mes avant-bras sur mes genoux. « Tu peux m’expliquer ce qu’il s’est passé ? » demandais-je sur un ton qui se voulait réconfortant.

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Malee était restée assise, le regard fixé sur son amie, plongée dans ses réflexions. Elle repensait à tout, notamment à Jina. Elle avait tellement de questions à lui poser. De points à éclaircir. Quand elle avait retrouvé sa camarade à l’hôpital, elle s’était rendue compte de tout ce qu’elle ignorait vis-à-vis de la sango. Elle poussa un soupir, ferma les yeux un instant et les rouvrit quand quelqu’un entra dans la pièce, la faisant sursauter au passage. Elle leva les yeux et reconnu facilement Hyojin, le meilleur ami de Jina, qu’elle avait croisé plusieurs fois, sans jamais vraiment lui parler. Elle détourna le regard, lui laissant un semblant d’intimité avec la jeune femme. Pour un peu elle se serait levée pour quitter la pièce. Après tout il avait peut-être envie de se retrouver seul avec sa camarade. Pourtant, quand il prit place à côté d’elle, la thaïlandaise décida de rester sur place. Elle lui adressa un signe de tête, répondant à son salut, puis recommença à regarder Jina. Elle soupira une nouvelle fois. « Accident de voiture, c’est tout ce que je sais. Et elle était pas seule, c’était même pas elle qui conduisait, apparemment… » Elle n’avait pas eu les détails, elle ne les aurait peut-être jamais. Les médecins lui avaient dit, dans un accident comme celui-ci tout se passe beaucoup trop rapidement. Même à son réveil, Jina serait probablement incapable de pouvoir expliquer tout ce qui s’était passé. Malee la regarda. Elle fixa ses yeux sur le visage de son amie, tandis que ses mains se joignaient sur ses cuisses. Et puis elle sourit. Un petit sourire, loin de l’habituel, mais un sourire quand même. « Je suis sûre qu’elle se réveillera bientôt. J’veux dire, c’est Jina, elle est solide, un accident ne peut rien contre elle. Je suis persuadée qu’elle nous enterrera tous, même. » Bon ce n’était peut-être pas la chose la plus intelligente à dire, étant donné la situation, mais la thaïlandaise voulait détendre un peu l’atmosphère. Ne serait-ce qu’un peu. Elle remarquait bien que Hyojin était aussi tendu qu’elle – qui ne l’aurait pas été dans une telle situation ? – mais elle savait également que rester à se morfondre n’était pas la solution. Tournant la tête, sans changer d’expression faciale, elle adressa son léger sourire au gumiho avant de détourner à nouveau son attention, fixant cette fois ses mains très attentivement, comme s’ils contenaient la réponse à tout.

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Les avant-bras en appuis sur mes genoux, j’observais Jina, allongé paisiblement, écoutant le récit de Malee. Je soupirais, bruyamment. « Je lui ai pourtant déjà dis mainte fois d’y aller mollo avec les voitures… » Je savais que mon meilleur ami aimait la vitesse, mais à ce point, ca en devenait dangereux. Elle allait m’entendre quand elle se réveillerait. Je lui confisquerais les clefs de sa voiture et la suivrais à la trace pour qu’elle ne trouve pas à en emprunter une à quelqu’un. Je serais tellement collant qu’elle devra abandonner l’idée de s’approcher d’un véhicule si elle ne veut pas m’avoir sur le dos pour les dix prochaines années à venir. Tssss. J’aurais bien cassé la vitre qui donnait sur le couloir tellement j’étais vénère contre elle d’être dans le coma, contre moi de ne pas avoir pu être là et l’empêcher, contre celui qui conduisait le véhicule. D’ailleurs … « C’était qui qui conduisait ? » Je formulais ma question tout haut, machinalement. Il allait me le payer. Il allait devoir répondre de ses actes, ca c’était certain. Qui pouvait bien être l’empoté qui prenait le volant sans savoir comme l’utiliser ? Je ris doucement, l’étouffant dans mon col de chemise, comme si ca pouvait réveiller Jina de son sommeil profond. Oui. C’était une vraie battante, notre Jina, une guerrière. « Ca c’est certain… si on devait finir dans la tombe avant elle, elle viendrait nous chercher pour le faire elle-même… » Plaisantais-je, un peu triste. Et puis, si Jin les écoutait, elle serait morte de rire, nous poussant déjà vers le cimetière avec une volée de bouteilles d’alcool pour faire la fête et boire jusqu’au bout de la nuit. Quand Malee lui offrit un sourire, il lui répondit de la même manière, continuant la discussion au passage. « Ca va, toi ? » c’était la première fois que j’avais l’occasion de lui parler en tête à tête, sans Jina pour nous tirer dans tous les sens. On était ses deux plus proches amis, et on ne se connaissait que de vue. C’était un comble. Alors pourquoi ne pas faire connaissance, en attendant que Jina se décide à se réveiller ? « Je veux dire, le tremblement de terre, tout ca … » Ok, j’étais plus que nerveux. Je n’étais pas des plus doué pour les relations humaines et je pense que ca se voyait plutôt bien. Je me mis à jouer avec les pans de ma chemise comme je le faisais que je ne savais pas comment occuper mes mains. J’espérais juste qu’elle était d’humeur causante et qu’elle n’allait pas m’offrir un joli vent.

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La question de Hyojin lui provoqua un serrement de cœur. Elle serra les poings, se mordilla la lèvre. Elle aurait voulu ne plus penser qu’à Jina, oublie tout le reste, quand bien même c’était douloureux, elle était persuadée au fond d’elle-même que son amie survivrait. Elle restait pleine d’espoir. Mais elle ne pouvait plus rien pour les morts. Elle détestait ça, la mort. Mais après tout qui l’aimait ? « J’ai demandé aux médecins… » commença-t-elle avant d’ s’interrompre quelques secondes. Oui elle avait demandé aux médecins. Encore et encore jusqu’à ce qu’ils lui répondent. Elle avait appris le nom du conducteur. Et au lieu de la rassurer ça ne l’avait que plus déprimée. Gorge serrée. Elle se força à prendre une intense inspiration, réfrénant les larmes qui menaçaient de couler. Puis elle desserra les poings qui étaient devenus presque blancs. « Il Nam. Kwon Il Nam. Tu vois qui c’est ? » Trois petits mots. Elle aurait pu ajouter trois petits mots. Il est mort. Mais elle n’osait pas. Elle ne voulait plus y penser. Secouant la tête, elle se redressa sur sa chaise, le regard à nouveau tourné vers sa camarade, tandis qu’elle reprenait la parole. Elle essayait avec un manque d’habilité évident, de changer de sujet. Ces derniers temps elle se sentait débordée. Submergée par les problèmes et les sentiments néfastes. Regarde, tout le monde t’attend. Alors pourquoi tu ne te réveilles pas ? lança-t-elle mentalement à la sango, sans pour autant ouvrir la bouche, le  regard fixé sur le visage de Jina. On lui avait souvent dit que les personnes dans le coma pouvaient entendre les paroles qu’on leur adressait. Malee se demanda un instant si c’était vrai. Si Jina pouvait l’entendre. A ce moment-là elle ne se serait certainement pas retenue de la disputer. Comme un enfant qu’on enguirlande. « Ça va, le tremblement de terre a fait beaucoup de dégâts, mais on s’en remet doucement. Et puis je n’ai rien subi de grave, ce sont les gens autour de moi… qui ont le plus subi. » Oh comme elle aurait aimé prendre leurs blessure, leur douleur, les garder pour elle et souffrir à leur place. Pourquoi ne s’était-elle retrouvée qu’avec de petites meurtrissures alors que d’autres s’étaient retrouvés dans un état plus que lamentable ? Elle se posait souvent la question. Un coup de chance sûrement. Mais elle était loin d’en être heureuse. « Et toi ? Tu es un gumiho non ? J’ai entendu dire qu’il y avait eu des soucis dans votre dortoir… » Une histoire d’animaux, même si elle n’avait pas tout compris.

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J’écoutais Malee répondre à ma question avec la plus grande attention, mais je la voyais hésitée. Je l’attendais déjà au pire. Jina était dans le coma, mais ca aurait pu être pire. Elle aurait … elle aurait pu être retrouvé morte… était-ce le cas du conducteur ? Comme pour l’encourager, je déposais une main sur les siennes, lui lançant un regard compatissant. Je voulais lui faire comprendre que le dire à haute voix pouvait peut être l’aider à aller mieux. Elle avait l’air attaché à lui aussi. Mais, si ca lui faisait trop de mal, je n’insisterais pas. Un médecin pouvait tout aussi bien me lâcher l’information. « Kwon Il Nam…. » Répétais-je pensif avant de secouer la tête négativement. « Je ne le connaissais pas, mais il me semble avoir entendu son nom de la bouche de Jina. » sa réaction me conforta dans mon hypothèse… au vue de sa nervosité, j’en déduisais qu’il était bel et bien mort. Je sais que j’avais dit que je ferais payer celui qui avait mis mon meilleur pote dans cet état, mais la peine capitale n’était vraiment pas nécessaire. Tout ce que ca m’apportait n’avait rien avoir avec du soulagement, il ne renforça que mon inquiétude à l’égard de Jina. Le peu que je l’avais croisé avec elle, elle avait l’air de tenir à lui, alors imaginé le choc que ca allait lui faire en apprenant son décès…je préférais ne pas y penser, vraiment. Je reportais mon attention sur la sango endormie, écoutant d’une oreille Malee. Je hochais mécaniquement la tête. « On est dans le même cas toi et moi, on est eu de la chance dans ce grand malheur … » On était indemne. Je ne m’étais ramassé que quelques blessures superficielles, rien de grave. Ce qui m’avait permis de jouer les infirmiers de premier secours. Les médecins débordés déjà sur place n’avait pas craché sur un peu d’aider déjà bien maigre. « Ah … » commencais-je, embarrassé. L’émeute qu’il y avait eu avec les animaux avait sans doute déjà animé les plus folles rumeurs sur le campus. « Oui… comment dire … les animaux se sont affolés le tremblement de terre, ils ont pris peur et ont fui, faisant pas mal de dégâts derrière eux…. » Comment expliquer à quelqu’un qui se trouvait en dehors du dortoir, que l’on possédait une vraie ferme dans une de nos chambres ? On me l’aurait dit que je les aurais moi-même trouvé de fous. Jina savait que je gardais un pingouin que l’on avait trouvé sur le port, près d’un bateau de transport de marchandises, seul et perdu. On rentrait torché d’une soirée, et on avait rien trouvé de mieux que ramener l’animal avec nous. Elle était au courant pour Oti, mais pour le reste des animaux … j’en doutais.

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Au moins ils étaient sains et saufs tous les deux, Jina serait rassurée en se réveillant. Rassurée un court instant en tout cas. Malee se demandait quelle serait la réaction de la sango quand elle découvrirait l’importance des dégâts. Mal probablement. Très mal. La wonsungi ne désirait pas tellement être là quand ça arriverait, elle ne voulait pas être celle qui allait devoir tout lui expliquer. Peut-être qu’elle pourrait compter sur les médecins pour tout raconter. Peut-être. C’était peut-être égoïste, mais la thaïlandaise ne désirait pas vraiment être la porteuse de mauvaises nouvelles, la messagère chargée de raconter tous les drames qui s’était déroulés. Tant de choses avaient eu lieu en si peu de temps… « Et vous les avez retrouvés ? » demanda-t-elle, curieuse. Elle n’imaginait pas ce qui se passerait, si les animaux terrifiés continuaient de se promener dans les rues de Digital City. Même si la thaïlandaise n’en avait pas croisé, ce qu’elle regrettait d’ailleurs. Parce qu’elle aimait bien les animaux à vrai dire, même si elle n’en avait jamais eu chez elle – hormis Sungi, qui n’était pas resté longtemps à son plus grand désespoir. « Mais vous les gardiez dans le dortoir ? C’est bizarre, on m’a toujours dit que les animaux étaient interdits dans les dortoirs… c’est pour ça qu’ils m’ont retiré Sungi d’ailleurs… » Sungi, son petit chaton, qu’elle avait adopté après l’avoir trouvé errant sans but et affamé dans les rues. Elle l’adorait cet animal, même si elle ne l’avait pas gardé bien longtemps. Heureusement qu’il restait chez Minki et qu’ainsi elle pouvait garder un œil sur lui. Mais ce n’était pas la même chose. Au fond, il lui manquait. Son énergie lui manquait. Ses câlins lui manquaient. Même ses bêtises lui manquaient. Ce qui était étonnant, étant donné que même si ça l’amusait au final, elle râlait souvent à cause de ça. « Et tu sais ce qui s’est passé dans les autres dortoirs ? » Oui une autre question, mais elle était curieuse. A vrai dire, elle n’avait pas vraiment eu le temps de se préoccuper pour les autres fraternités. Mais il fallait avouer que ses propres soucis, ses propres responsabilités, et l’enchaînement des événements ne lui laissaient guère le temps de faire quoi que ce soit d’autre. Et pour être tout à fait honnête, elle n’avait pas la tête à ça, n’ayant pas suffisamment le moral pour se soucier de l’état d’inconnus.

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J’étais venu pour rendre visite à mon meilleure porte dans le coma à l’hôpital, qui osait dormir alors qu’on se déplaçait exprès pour la voir. J’avais envie de crier toute ma frustration au monde entier. J’avais envie de la secouer et de lui dire que ce n’était pas le moment de se reposer. Il s’était passé trop de chose là dehors, j’avais besoin d’elle. J’avais besoin qu’elle soit à mes côtés pour surmonter tout ca. Il n’y avait qu’elle pour arriver à me faire boire assez pour que j’aie la tête complètement défoncée le lendemain pour éviter de penser à tous ces problèmes, le temps d’un instant au moins. Non. A la place, je me trouvais aux côtés de Malee, assis devant une Jina inerte et raccrochée à des machines, à parler des animaux se trouvant dans le dortoir des Gumihos. Cette scène était digne d’un rêve ou d’un mirage tellement c’était inimaginable comme situation. Pourtant, c’était avec un naturel que je lui répondis. « On a eu un peu de mal à en retrouver certains, car ils étaient affolés et se sont dispersés, se cachant un peu partout. Le plus dur a calmé était le bœuf, il a fait pas mal de dégâts au dortoir en s’enfuyant. » Une journée comme n’importe quelle autre chez les renards bleus. Je souris quand elle me parlait de la règle du dortoir qui interdisait les animaux de compagnies dans les lieux. « Disons que ce n’était pas vraiment cela qui nous a arrêté… on a d’abord recueilli une petite bête et de fil en aiguille on s’est retrouvé avec un vrai zoo dans une des chambres… oui, ils avaient leur propre chambre… » Enfait, ca m’étonnait moi-même qu’on n’avait pas encore remarqué nos bêtes, vu le raffut qu’ils pouvaient parfois faire. Il arrivait que Oti, mon pingouin pousse des cris stridents dans elle n’avait pas ses sardines toute suite quand elle avait faim, ou quand on lui interdisait de prendre une chaussette de Bok qu’elle voulait. Elle était capricieuse et faisait dicter sa loi alors qu’elle était au moins six fois plus petite que nous. Une vraie femme. « Les autres dortoirs ? » Je pris le temps de réfléchir un instant, un peu surpris par son changement de sujet aussi brusque. « Mmmh, chez les roses, je n’ai de nouvelles que de Sunah qui s’est éraflé les jambes en tombant en moto, elle s’en sortira, juste un peu de repos et de rééducation. Pour le reste… » Je m’étais proposé comme infirmier de premiers secours, n’étant pas blessé et étudiant en médecine urgentiste, j’avais offert mon aide aux gens qui arrivaient au gymnase le jour de la catastrophe. Mais je n’avais pas eu l’occasion de croiser beaucoup de personne des autres dortoirs que je connaissais. « Je n’ai pas vraiment de nouvelle, désole. » Je relevais la tête vers elle. « Et toi ? Est-ce que … » Je n’étais pas le mieux placer pour lui poser ce genre de question et en grande partie parce qu’on se connaissait à peine, mais on disait que parler à des inconnus était plus facile qu’à des proches dans certaines situations. Peut-être que Malee était ce genre de question. « Est-ce que ca va ? Tu a l’air bien préoccupé. »  

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Malee hochait lentement la tête. Elle ne répondait pas, mais écoutait attentivement ce que lui disait le gumiho à ses côtés, fronçant les sourcils en entendant le mot boeuf. Et dire qu'elle-même ne voulait se contenter que d'un chaton... C'était carrément bizarre. Trop étrange pour elle, même. Tellement étrange qu'elle décida de passer à un autre sujet. Elle mentionna les autres dortoirs. N'ayant pas eu le temps de se renseigner, elle se demandait comment ils allaient. Elle savait très bien que certains avaient été plus touchés que d'autres et espérait que les verts n'étaient pas trop atteints. Pour Jina. Quelle serait sa réaction si elle se réveillait et voyait son dortoir effondré ? La thaïlandaise n'osait même pas imaginer, elle connaissait très bien le caractère de son amie et saurait qu'elle exploserait. Elle espérait même ne pas être celle qui devrait tout lui raconter, à son réveil. C'était peut-être une forme de lâcheté, mais surtout un instinct de survie. Autant elle adorait la sango, autant cette dernière avait un caractère particulièrement fort. J'espère que les sangos vont bien, dit-elle alors, exprimant sa pensée. Elle tourna la tête vers Hyojin, quand ce dernier lui demanda comme elle allait, et lui adressa un léger sourire. Pourquoi ne s'étaient-ils jamais parlés auparavant ? C'était étrange. La demoiselle pensait même qu'ils pouvaient bien s'entendre, encore plus en discutant dans une ambiance toute autre. Parce qu'il fallait avouer que la conversation n'était pas particulièrement détendue. Ca va, je suis juste inquiète. A cause du tremblement de terre, de Jina... Hésitation. De Naoji. Elle avait perdu son filleul. Cette simple pensée lui noua la gorge. Jetant soudainement un coup d'oeil à son téléphone, elle reporta ensuite son attention sur son camarade avec une moue désolée. J'espère que ça va pour toi. On se connait peut-être pas, mais t'es le meilleur ami de Jina donc hésite pas si y a besoin. Pour lui secouer les puces entre-autre. Petit rire, même si elle n'avait absolument pas envie de rire, en cette journée et encore moins dans cet endroit. Je vais devoir y aller, mais on se reverra sûrement par ici. Parce qu'elle comptait bien venir voir son amie plusieurs fois par semaine, voire tous les jours si elle pouvait. C'était tout Malee, ça, prête à tout sacrifier pour ses amis. Même elle-même. Elle se leva, récupéra son sac et adressa un sourire à Hyojin, avant de finalement se diriger vers la porte.