a doit faire environ neuf mois que tu as débarqué dans ce pays, tu n'irais pas jusqu'à dire que tu es déçue, mais rien ne se passe comme tu l'imaginais. Toi qui t'imaginais déjà bosser dans ton domaine de prédilection qu'est la musique, tu t'es retrouvée à bosser avec ta tante. C'était censé être provisoire, vendre des fruits et légumes n'a jamais été ton délire mais même après neuf mois, tu n'as encore rien trouvé. Pas faute d'avoir prospecté un peu partout pour faire valoir ta musique mais tu n'as jamais reçu de réponse. Le problème en réalité, ce n'est pas tant que tu n'as pas encore atteint ton objectif mais surtout que tu as beaucoup de mal à subvenir à tes besoins. C'est pour ça que lorsque ce client de la dernière fois t'as proposé de bosser avec lui dans son bar, tu n'as pas hésité. Même si tu ne tiens pas l'alcool, tes cocktails ont toujours fait fureur en Californie. On te surnommait même Miss Cocktail.
Tu as donc rendez-vous en fin d'après-midi pour aller visiter ton futur lieu de travail. Tu as accepté sans hésiter et sans vraiment poser de question. Un boulot en soirée couplé à ton boulot le matin te permettrait de joindre les deux bouts et en même temps pouvoir te faire plaisir de temps en temps. C'est surtout ça, travailler c'est bien, mais avoir du temps pour soi et faire quelque chose de ce temps, c'est encore mieux. Depuis combien de temps tu n'es pas allée en boîte, depuis combien de temps tu n'es pas sortie faire la tournée des bars, depuis combien de temps tu n'as pas mis les pieds dans un noraebang ? Tu te renfermes dans ton petit studio à créer de la musique et à chercher des offres d'emploi. Cela dit, tu n'as jamais été autant créative. Mais parfois tu te demandes pourquoi tu es venue dans ce pays, vraiment. Tu ne profites même pas de ce qui te faisait tant envie, tu n'as presque pas fait de rencontres.
Tu sors donc de ton appartement après avoir passé ton après-midi à dormir. Tu ne sais pas si tu dois commencer le soir-même donc tu as préféré prévoir le coup. Tu t'es mis en tête que tu allais travailler derrière le bar mais en réalité tu ne sais pas du tout ce qu'on va te proposer comme poste. Tu es quand même curieuse. A première vu le gars avait l'air plutôt cool. Est-ce que c'est le patron ? Tu n'en as aucune idée mais il a bien fait son boulot de recruteur en tout cas. Tu prends ta camionnette pour te rendre plus rapidement jusqu'à Digital City. Le Youth Lagoon, tu n'en as jamais entendu parler mais le nom te fait envie. Tu es plutôt du genre à te fier au nom d'un bar avant d'y entrer et jusqu'à présent ton intuition ne t'a presque jamais trompée. Une fois devant le bâtiment où se trouve ce fameux bar, tu ouvres la porte discrètement et regarde un peu partout dans l'espoir de tout de suite tomber sur l'homme de la dernière fois. « Il y a quelqu'un ? Je viens pour le boulot ! »

e Youth Lagoon est vide. Ce n'était pas quelque chose que Seoji pensait dire un jour, mais le business qu'il avait monté quelques mois plus tôt n'était pas aussi florissant qu'il ne l'avait cru. Si tout au début semblait aller pour le mieux, au jour d'aujourd'hui, il ne pouvait pas dire que c'était toujours le cas. Penché contre le cadre de la porte des vestiaires du personnel, le yakuza observait les deux pauvres casiers occupés d'un air mélancolique. Il était un jour ou ces casiers étaient tous pris, et que les petits nouveaux devaient se battre pour avoir une place dans la cour des grands. Mais désormais, l'endroit était désert. Et pourtant, ce n'était pas les soirées qui manquaient, et encore moins l'alcool. Le bar en proposait pour tous les goûts, asiatiques ou français, épicé ou sucré...alors qu'est-ce qui ne marchait pas ? Qu'est-ce qui s'était cassé la gueule entre-temps, pour faire disparaître le semblant de réputation qu'il avait réussi à donner à cet établissement ? Avec un soupir fatigué, il fit demi-tour pour retourner au bureau qu'il avait quitté quelques instants plus tôt, pour visiter l'endroit comme pour la première fois. Il se rappellerait toujours de ce jour, ou il avait posé le pied sur le plancher poussiéreux et endommagé du Youth Lagoon. Cet endroit lui ressemblait tant à vrai dire : bien amoché, mais qui est encore là après toutes ces années. Il ne pensait pas s'y attacher autant et pourtant, songer à devoir dire au-revoir à ce bar lui brisait littéralement le cœur. Sérieusement, c'était grâce à cet établissement qu'il était encore digne d'arpenter les rues de cette ville. Si il n'était pas tombé dessus, il n'aurait certainement aucun job actuellement, et serait dans la rue à essayer de mendier pour une petite pièce. Et pour un yakuza, c'est honteux. Une fois revenu dans son bureau, il jeta un coup d'oeil qui s'entassait un peu partout, et découragé, s'effondra dans son fauteuil, qu'il fit tourner nonchalamment. Si seulement le monde pouvait continuer de tourner de la sorte, songea-t-il, ses mèches rouges vives voletant quelques-fois devant ses yeux. Au moins, il n'aurait pas un instant à lui pour réfléchir sur ce qu'il était devenu, et ce qu'il deviendrait plus tard.

Il ne se rendit pas compte qu'il s'était endormi sur son fauteuil, la tête renversée en arrière. Ce ne fut que lorsqu'une voix féminine brisa le silence et perça au travers de ses ronflements intempestifs qu'il se réveilla soudain, tirant automatiquement sur sa manche pour essuyer la bave qui aurait pu couler au coin de ses lèvres. Ce qui n'était heureusement pas le cas, mais mieux vaut prévenir que guérir. Le japonais se releva sans étouffer un bâillement à s'en décrocher la mâchoire, s'étirant comme un ours polaire après son hibernation. Il entendit bien distinctement les bruits de pas à l'intérieur du bar, et fronça les sourcils, se tournant vers l'horloge pendu au mur pour vérifier l'heure. Normalement, c'était jour de congé pour ses deux pauvres employés. Qui pouvait bien visiter le Youth Lagoon à cette heure-là ? Puis, il se rappela, et se frappa brusquement le front de la paume de sa main en se traitant mentalement de crétin. Bien sûr, il avait oublié qu'il avait réussi à embaucher quelqu'un de particulier pour bosser ici. Il sortit en trombe de son bureau, en espérant que la jeune femme n'allait pas partir en se disant que l'endroit était vide, et arriva essoufflé devant elle, comme si il avait couru un marathon. « Oui, il y a moi, au rapport ! » s'exclama-t-il en éclatant de rire. Parce qu'il repensait au premier travail de la jeune femme,et sincèrement, il n'y avait rien de plus drôle au monde que ce qu'elle faisait pour gagner sa vie. « Alors Martine, tu t'es décidée à venir bosser ici ?» s'enquit-il en lui lançant un clin d’œil espiègle. Les fous rires n'étaient pas terminés avec elle, il en était persuadé. Elle allait peut-être être surprise qu'il ne l'aborde aussi familièrement, comme si ils étaient déjà amis, mais c'était comme ça que Seoji vivait après tout.

u hésites un long moment tout de même avant de mettre les pieds dans ce bar. Que va-t-il t'attendre à l'intérieur ? Et si c'est un endroit mal famé ? Tu ne veux travailler qu'à temps partiel et de façon provisoire car tu as d'autres projets. Mais si le patron insiste pour que tu restes ? Comment faire ? Ce genre d'engagement est un risque à prendre. Tu n'as pas d'autres choix que de travailler plus pour gagner plus. Tes revenus sont vraiment médiocres surtout en hiver. Personne ne sort le matin pour t'acheter tes fruits et légumes quand il fait trop froid, et puis les récoltes ne sont pas toujours au rendez-vous, les conditions climatiques font que ton revenu est plus qu'irrégulier.
Tu respires un bon coup avant de pousser la porte d'entrée. Tu y es, maintenant il est trop tard pour faire demi-tour. Allez, après tout ce n'est qu'un petit boulot, il n'y a pas de raison que les choses se passent mal. Tu n'es pas rassurée mais tu fermes tout de même la porte derrière toi. C'est vide. Au moins tu ne risques pas d'avoir à faire à quelqu'un que tu n'as jamais rencontré. Tu espères tomber directement sur ton recruteur. Alors tu demandes s'il y a quelqu'un tout en précisant que tu es là pour le boulot. Tu attends un petit instant avant que des bruits de pas se fassent entendre un peu plus loin.
Il se présente devant toi, l'homme qui est venu t'acheter des fruits la dernière fois. Ça te rassure dans un sens. Tu ne connais rien de lui, mais un visage plus ou moins familier fait toujours plus plaisir qu'un ou une parfaite inconnue. Il te demande si tu t'es décidée à bosser ici. Enfin, tu devines qu'il s'adresse à toi puisqu'il te regarde et qu'il n'y a personne d'autre ici présent. Mais Martine ? Qu'es-ce que c'est Martine ? Ça se mange ? Tu arques un sourcil mais décides de ne pas relever ce nom qui ne t'évoque rien de plus. « Oui, j'ai décidé d'accepter votre offre. Vous avez bien remarqué que mon autre boulot n'est pas suffisant pour avoir des revenus corrects. » Malgré sa familiarité avec toi, tu ne sais pas si c'est une façon de faire bien à lui ou juste pour te mettre à l'aise, tu préfères garder une certaine distance en le vouvoyant. Tu ne sais pas son âge mais étant donné qu'il va à présent avoir un statut supérieur au tiens, tu opte pour cette option.
Ton regard se pose dans les moindres recoins du bar. C'est un très chouette endroit. Il date surement d'il y a de nombreuses années, mais tu ressens quelque chose qui te met à l'aise, c'est un bon début. « Je vais être honnête, je n'ai aucune idée d'en quoi va consister mon boulot ici. Je suis là pour faire le service au bar j'imagine ? » Tu as obtenu très peu de précision, tu as accepté l'inconnu. Tu es tellement désespérée. Ce qui est certain c'est que tu ne seras pas prête à te prostituer pour de l'argent. Ça c'est une chose claire dans ton esprit. « Vous allez me faire visiter les lieux ? » Ta première impression est bonne, ton inquiétude s'évapore petit à petit. Tu espères vraiment que ce boulot pourra te rapporter un peu plus que ta vente de fruits et légumes. Ta tante devient de plus en plus cinglée, travailler avec elle te devient insupportable. Alors si tu peux même finalement quitter ton job initial pour celui-ci, tu le feras certainement, pourvu que tu sois loin de la folie.

devait lui donner une bien piètre image de lui-même en ce moment-même, avec ses cheveux ébouriffés durant son sommeil, ses paupières encore lourdes de fatigue, et ce sourire crétin sur son visage. Mais un Seoji sans son sourire, ce n'était plus un Seoji, c'est bien connu. Les seules fois ou il daignait ranger ce sourire brillant dans sa poche, ce n'était que lorsqu'il faisait face à un problème sérieux, ou simplement lorsque Kazuya était non loin de lui. Des fois, son esprit fonctionnait comme un radar, et il savait que Kazuya était quelque part dans le coin sans même le voir. C'était juste un sale pressentiment qui lui donnait mal au cœur, un de ces blues qu'on ressent les jours de pluies. Avec des gestes rapides, le yakuza essaye de replacer ses mèches rebelles correctement sur son crâne, sans réussir à les aplatir plus que ça. Ses cheveux pouvaient s'avérer carrément plus rebelle que lui, à certains moments. Il abandonna finalement en constatant que ça ne faisait rien, pour ensuite opter de se gratter les yeux pour essayer de se réveiller. Il n'était pas tard, bien au contraire : la jeune femme était arrivée à une heure respectable de l'après-midi. Seulement, comme c'était un jour de congé, Seoji ne s'attendait pas recevoir du monde. Enfin, il aurait du s'en rappeler, bien sûr, mais dans la pyramide de papiers que constituait désormais son bureau, il avait depuis longtemps abandonné la tâche de ranger et chercher quoi que ce soit dans ce foutoir. Bien sûr, il aurait pu demander à une de ses employées de s'en charger, mais franchement, il n'avait pas le courage de le leur demander. Elles qui travaillent déjà si dur, il n'allait pas en plus leur demander des services de la sorte, en agissant comme le roi d'un royaume ridicule et pas très fréquentable. Il fallait juste qu'il ait la conviction de s'y mettre et ça passerait tout seul, comme un cachet qu'on prend. Une fois ses yeux bien rouges à cause du frottement de ses mains, le japonais fixa la jeune femme devant lui, en essayant de se rappeler son nom. Il l'avait lu sur la feuille qu'elle lui avait donnée, pour les renseignements personnels, mais il n'arrivait plus à s'en rappeler. Tout ce qui restait gravé dans sa mémoire, c'était Martine. Parce que Martine et ses légumes frais, quoi.


Les circonstances de leur rencontre avaient été plus qu'étranges, à vrai dire. Seoji se promenait banalement dans les rues de la ville, ne songeant à rien pour une fois, et avait été hélé par cette jeune femme qui essayait de vendre désespérément ses légumes. Par gentillesse ou pitié, allez savoir lequel de ces deux sentiments gagnaient contre l'autre, il avait décidé de faire une bonne action, et de lui acheter quelques citrons pour les cocktails du bar. Et tandis qu'elle mettait les citrons dans un sac en plastique, il l'avait observé. Ses traits du visage étaient particuliers, mais pas dans le mauvais sens, au contraire. Et elle avait des formes qui n'étaient pas à négliger non plus. Ça lui était venu tout naturellement de soudainement lui demander si elle souhaitait travailler à son bar. Tout comme ça était venu naturellement à la jeune femme de répondre positivement. En prenant du recul par rapport à la situation, le yakuza se sentait coupable. Il l'avait un peu utilisée, en quelque sorte, elle avait besoin d'argent, et elle n'aurait jamais refusée une offre de job, du coup. Son vouvoiement le fit rire une fois de plus. « Tutoie-moi, tu veux bien ? Les autres employées le font, alors pourquoi pas toi. » dit-il en tapotant gentiment son épaule, avant de lui faire signe de le suivre. Il allait d'abord l'emmener dans son bureau pour essayer de retrouver sa foutue fiche, et pouvoir utiliser son nom correctement. Parce que l'appeler Martine devant les clients allait certainement mettre un froid et refroidir quelque peu les ardeurs des clients. La question sur la nature du travail en question le fit hausser un sourcil, et grimacer légèrement. C'était généralement la partie compliquée, ou la plupart des filles prenaient les papiers sur son bureau pour les jeter par terre, avant de partir en style drama-queen. « Pas que le service. En fait, le Youth Lagoon est un club d'hôtesses. C'est-à-dire que les employées...s'amusent en restant civilisées avec les clients, dans le but de les faire consommer le plus possible.» expliqua-t-il avec difficulté, se retrouvant soudainement en nage. Si elle refusait, il allait sérieusement criser, parce que ça serait au moins la 100ème fille qui partirait d'ici. « Je te rassure tout de suite, c'est pas un job de pute.» déclara-t-il directement pour essayer de se sortir du bourbier ou il s'était fourré.

heure était aux formalités. Tu employais un langage non pas soutenu mais tu parlais à ce gars d'une façon plus ou moins formelle. Il allait être ton patron, enfin en tout cas ton supérieur, tu ne savais toujours pas quel était son rôle exactement par ici. Tu savais juste qu'il avait la capacité de te recruter. Mais que pouvait-il faire d'autre ? Tu ignores tout à vrai dire, ce n'est pas quelque chose qui te réjouit. Tu aimes quand les choses sont concrètes, que tu sais où tu vas et dans quoi tu t'embarques. C'était simplement l'argent qui t'avait poussée à répondre positivement avant de connaître toutes les conditions. Mais comme ton contrat n'était pas encore signé, tu avais encore une chance de faire demi-tour. Tu espérais vraiment qu'il n'y ait pas d'entourloupe, c'était une telle opportunité d'avoir un job qui vient à toi plutôt que l'inverse. Travailler au chaud changera grandement de travailler dans le froid et tu pourras enfin faire des rencontres plus nombreuses. C'est une réelle opportunité.
Première réaction de ton recruteur, c'est que tu ne dois pas le vouvoyer. Visiblement, tous les employés le tutoient. Ça ne te dérange pas tant que ça, en Californie, y avait pas tant de formalité. Mais ta tendance à toujours vouloir tout bien faire venait de te ridiculiser. Il devait certainement penser que tu débarquais d'un autre monde à lui avoir parlé comme ça. Il tapota ton épaule. C'était marrant, ça te mis rapidement en confiance. Il y avait vraiment un truc ici qui te mettait à l'aise et c'était vraiment bon signe. Il te fit signe de le suivre, chose que tu fis aussitôt.
L'endroit où il t'emmena était censé être un bureau étant donné l'arrangement de la pièce, si tant est qu'on puisse apercevoir l'arrangement de cette pièce. Il y avait du bordel partout, des papiers jonchaient le sol et le dit bureau. Ça te laissait légèrement perplexe mais ça pouvait te laisser penser qu'il n'y avait vraiment pas à te prendre la tête avec ce mec.
Tu attends encore ta réponse concernant la nature de ton futur boulot. Il serait peut-être tant quand même qu'il t'en parle. Peut-être que, vu l'état du bureau, il avait besoin de toi en tant que secrétaire. Pour le coup, ça t'emballait clairement moins que de servir des verres au bar. Mais soit, un job est un job. Il finit quand même par éclairer ta lanterne. Il n'y avait donc pas que le service. Mais il était quand même présent dans les tâches à effectuer. Il t'annonça donc que c'était un club d'hôtesses. Tu n'étais pas certaines d'avoir totalement compris. Mais rapidement tu réalisas que si. Tu étais donc recrutée pour passer du bon temps avec des clients dans le but de les faire consommer. Mais, tu avais du mal à saisir comment ce mec avait pu penser à te recruter toi, tu avais beau cherché, tu ne voyais pas en quoi tu avais le bon profil. Est-ce que son club a du mal ? Tu pensais sincèrement qu'il était désespéré au point de recruter une fille comme toi. Il tenta de te rassurer comme quoi ce n'était pas un job de pute. A croire qu'il lisait dans tes pensées. « Ah oui, je sais ce qu'est une hôtesse. Mais je comprends pas pourquoi vou... enfin tu m'as choisie moi. Enfin, tu m'as vue ? Soit, je veux bien hein mais va falloir me donner des cours parce qu'à l'heure actuelle je risque plutôt de faire fuir tes clients si tu veux mon avis. » Bon, ça aurait pu être pire quoi. Mais si la formation est comprise alors pourquoi pas. Après tout, ça te permettra peut-être d'être plus féminine que tu ne l'as été jusqu'à présent. Non pas que tu cherches à savoir plaire, tu ne cherches pas à te caser, tu n'as pas le temps pour ça et tu n'en as pas envie. Depuis que ton demi-frère s'est cassé, tu n'as jamais su t'intéresser à qui que ce soit. Ni homme, ni femme. « Et sinon, on est beaucoup d'hôtesses ? » Tu es curieuse de savoir qui va travailler avec toi. Tu espères que ce n'est pas un milieu de pétasses où y a du crêpage de chignon. Pour le coup, tu aurais préféré bosser avec des mecs. Mais tu ne peux pas tout avoir.

e Youth Lagoon n'en avait pas l'air comme ça, mais c'était un établissement respectable et honorable. C'est sûr que dés que le terme de "club d'hôtesses" était lancé dans une discussion, ça jetait tout de suite un froid. Alors beaucoup préféraient en parler comme d'un simple bar, pour éviter les soucis, ou éviter de devoir assumer des passe-temps douteux. Seoji, en retapant cet établissement, n'avait pas, au tout début, l'intention d'en faire un club d'hôtesses. Au départ pour tout dire, il n'avait aucune idée en quoi se transformerait cet ancien taudis. Il avait pensé à des nombreuses choses, comme un restaurant, ou encore une salle de musculation. Puis, il avait lu les détails sur le passé de cet endroit, et sur un coup de tête, un élan de folie soudain, il avait décidé d'en faire un club d'hôtesses, alors que la réputation du Youth Lagoon avait déjà pris un sale coup à cause de ce business sale. Pour lui, ce n'était pas un travail abject, que ce soit pour les passants ou le personnel de l'établissement. C'était un endroit ou les clients pouvaient passer du bon temps, loin de leurs soucis personnels. Il pouvait cependant comprendre que les gens crachent sur son nom, car après tout, les hommes qui passaient ici trompaient généralement leurs femmes. Ils finissaient bien souvent par les quitter en se disant que les hôtesses seraient d'accord pour entretenir une relation avec eux. Combien de fois avait-il du refouler des clients un peu trop entreprenants. D'ailleurs, il n'avait toujours personne pour l'aider dans cette tâche, parce que des fois, ils n'étaient pas seuls, et même pour un yakuza, c'était difficile. Parce qu'il devait d'abord songer à protéger ses employées, et le faire tout en se battant, ce n'était chose aisée. C'était son plus gros problème lorsqu'il était enfant : il se battait très bien, mais il était incapable de surveiller ses arrières et ceux des personnes qu'il devait protéger. Lorsque le japonais combattait, il combattait essentiellement pour lui. C'était peut-être les séquelles de ses années en Chine, à essayer de s'en sortir par lui-même, mais aujourd'hui, il était bien incapable de protéger qui que ce soit tout en se battant. Du moins, selon lui. Il détestait se l'avouer, mais il avait encore à apprendre, et même qu'il avait besoin de prendre de la graine près de ses camarades yakuzas. Se dire qu'il avait besoin de Kazuya, par exemple, était une pensée qui le mettait hors de lui. Lui qui s'était toujours débrouillé sans l'aide de personne, surtout pas lui, maintenant devait s'avouer vaincu. Tout en continuant de fouiller les papiers sur son bureau, Seoji écoutait ce que la jeune femme lui racontait, dans son dos. Son sourire s'élargit lorsqu'elle lui demanda pourquoi il l'avait choisi elle, et sans s'arrêter de feuilleter ses papiers, il reprit la parole. « Oui, je te rassure, je t'ai vu, plus d'une fois même. Et alors ? Tu ne te trouve pas belle peut-être ? » demanda-t-il en mettant finalement la main sur le bon papier, qu'il ressortit du foutoir sur son bureau avec un air triomphant au visage.


Elle n'était pas féminine, ça, n'importe qui aurait pu le dire, rien qu'en la regardant de haut en bas, rapidement. Seoji lui-même n'était pas certain lui-même de la raison qui l'avait poussé à embaucher une femme comme elle. Elle était trop énergique pour ce genre de travail, les clients les préféraient douces et tendres, quelques-fois dominantes, mais ça, c'était rare. Peut-être était-ce bien la pitié qui l'avait décidé à lui demander de rejoindre les rangs du Youth Lagoon. « C'est peut-être bizarre, mais je t'aime bien. T'es pas comme les autres filles, qui pensent à leur maquillage et à leurs copains. Et puis...je ne sais pas ce que c'est de ne pas avoir suffisamment d'argent pour vivre correctement, mais je sais aider ceux qui sont dans le besoin. » lui confia-t-il en souriant toujours. Ses yeux tombèrent sur la feuille de papier entre ses mains, relisant la présentation de la jeune femme. Tout était correct avec elle, si on exceptait bien sûr son manque de féminité et sa voix forte. « Je ne veux pas te faire peur, mais il n'y a actuellement que deux employées ici au Youth Lagoon. Aujourd'hui est leur jour de congé, donc elles ne sont pas là, mais je suis sûr que demain, elles se feront un plaisir de t'expliquer les règles du métier...Minjee, c'est bien ça ?» Il fallait qu'il soit certain de son nom, parce que s'il était actuellement tombé sur le mauvais cv, il allait vraiment être ridicule. Déjà qu'au départ, l'endroit et le boss lui-même n'avaient pas l'air fameux, alors si en plus elle se disait qu'il ne connaissait pas son métier, qu'il n'avait même pas un poil d'initiative, ça risquait de mal se passer entre eux. Le japonais reposa la feuille sur son bureau, et retourna à la porte en faisant signe à la jeune femme de le suivre. Il fallait bien lui faire visiter les locaux tout de même, et ça, c'était la clé de cet établissement. Tout avait été refait à neuf depuis quelques mois, et ça sentait le propre. Seoji comptait principalement sur ça pour convaincre la jeune femme que travailler ici était une bonne idée.

u en savais désormais un peu plus sur la forme du boulot que tu allais devoir effectuer ici. Ce n'est pas tant que ce boulot te paraisse dégradant ou quoi, tu avais bien entendu dire que les hôtesses étaient censées être protégées et que sans leur consentement il ne se passait jamais rien de plus que du flirt quoi. Mais le problème concrètement c'est que tu avais surtout le sentiment d'être le genre de fille à faire fuir les clients plus qu'autre chose et en plus tu ne saurais même pas comment t'y prendre pour satisfaire un client et le forcer à boire. En fait, tu imaginais très bien la scène. Toi dans une tenue affriolante, maquillée comme une voiture volée, dans les bras d'un vieux bien dégueulasse, jusque là tout va bien si on peut dire ça puis vient ta voix et ta façon de parler qui ne collent pas du tout au contexte. Non, ça ne peut pas bien se passer. Tu vas avoir besoin d'une formation ou alors c'est toi qui va consommer toutes les bouteilles et te retrouver à faire de la luge sur les plateaux. Tu doutes que le patron soit okay pour ce genre de pratique.
Pourtant, il semble sûr de lui quant au choix de la recrue. Il t'a vien vue et il semble savoir ce qu'il fait. Il te demande même si par hasard tu ne te trouves pas belle, tu ne réponds pas. Tu n'aimes pas répondre à ce genre de question. Tu n'as jamais réfléchi sur ton potentiel de séduction, ça ne t'intéresse pas. Il poursuivit son discours, tu sentais qu'il faisait tout pour que tu acceptes de travailler avec lui. Il ne semblait, en revanche, pas avoir compris que tu allais de toute manière accepter, tu n'avais pas trop le choix après tout. S'il t'était tombé dessus ce n'était pas du tout le hasard. Peu importe ses intentions, tu as besoin de ce job. Mais tu le laisses parler. Il dit qu'il t'aime bien parce que tu n'es pas comme ces autres filles justement. Ça te fait plaisir qu'on te reconnaisse à ta juste valeur, qu'on ne te reproche pas d'être justement différente de ces autres filles, pourtant tu es bel et bien dans ce pays où les gens sont superficiels au plus haut point. Il dit en plus qu'il veut aider les gens dans le besoin. Tu aurais pu te vexer dans un autre contexte. Mais là, non. « Merci... »
Il enchaîna sur le nombre d'employées. Pour être honnête tu as hésité un moment à t'enfuir tant qu'il était temps. Deux autres employées ? Cela voulait surement dire que l'affaire ne marchait pas bien. Qu'est-ce qui garantissait que tu allais recevoir une paye correcte de façon régulière ? Qui pouvait te l'assurer ? Qui pouvait te garantir que ce mec, sous son sourire charmeur, n'était pas en train de te traîner dans une sale affaire. « Deux employées... Oui je suis bien Min Jee. Sois honnête avec moi, est-ce que j'ai vraiment intérêt à travailler avec toi ? Qu'en est-il du salaire ? » Tu es en droit de demander, après tout, on peut très bien t'avoir fait une offre similaire ailleurs, et tu voudrais comparer les offres pour savoir laquelle est la plus intéressante.
Tu le suis quand même lorsqu'il te fait signe de le suivre pour visiter les lieux. Tu te mets à douter parce que c'est quand même louche cette histoire de deux employées, mais même si c'est un piège, personne ne pourra t'aider à te sortir de là, alors que faire ? Tu es quand même très attirée par les lieux, c'est un endroit qui a un charme fou et dans lequel tu te sens déjà comme chez toi, le patron a quand même l'air sympathique, mais ce n'est peut-être qu'une façade. Comment le savoir ? Si tu ne prends pas de risque tu ne trouveras jamais de boulot. Ça pourrait être pire une fois dans une agence d'entertainment. Même si c'est quelque chose qui arrive souvent aux idoles généralement, tu pourrais très bien être utilisée ou traînée dans un mauvais plan. « En tout cas, sache que j'aime bien les lieux, c'est vraiment sympa. C'est quoi ton nom au fait ? Tu connais le mien, mais il ne me semble pas que tu te sois présenté. »

l n'avait tellement pas l'allure d'un patron, c'est dire. Avec sa tignasse rouge pétante, ses vêtements simples, qui auraient pu être remplacés par un costard-cravate, il ressemblait à tout sauf à un patron. Heureusement que Minjee ne l'ait pas confondu avec un des employés du Youth Lagoon, sinon, ça lui aurait frappé sa fierté directement. Parce qu'il était quand même fier de ce bar, quoi qu'on en dise. Les gens, généralement, étaient surpris lorsqu'il révélait qu'il était propriétaire d'un établissement public. Puis, quand ils apprenaient que c'était cet endroit en particulier, ils avaient tous la même réaction : "Ah, tout s'explique". Ces foutus préjugés qui détruisaient la société. La jeune femme ne répond pas lorsqu'il parle de sa beauté. Cela resterait surement un mystère pour le japonais, du moins jusqu'à ce qu'il ait sa première soirée ivresse avec elle. Parce que c'était en quelque sorte, le baptême des nouveaux employés, de passer une soirée avec le patron à boire jusqu'à ne plus pouvoir se lever sans avoir envie de passer par la case toilettes. Ça pouvait paraître bizarre et déluré, mais c'était comme ça que Seoji fonctionnait. Il voulait avoir confiance en ses employés, et connaitre au moins quelques petites choses de leur vie privée. Si le personnel commençait à se cacher des choses, cet établissement n'allait décidément plus tourner du tout un beau jour, et c'était tout sauf ce que le japonais souhaitait. Un sourire éclaira son visage lorsqu'elle le remercia. Il était sincère avec elle, il l'avait toujours été. Il n'avait aucun profit à gagner en la forçant à travailler aussi, si ce n'est gagner une employée de plus. Il voulait véritablement l'aider.

Forcément, vint la question critique du salaire. Généralement, les gens n'aimaient pas parler paye, à part lorsqu'ils s'apprêtaient à travailler dans un nouvel établissement. Il s'arrêta un bref instant pour se tourner vers elle, et poser ses mains sur ses hanches. « Je vais être franc avec toi, tu ne gagne rien à bosser ici plus qu'ailleurs, tout comme moi je ne gagne rien à t'engager plus qu'une autre. » déclara-t-il en gardant un visage impassible. Il allait vraiment finir par lui faire peur, avec ses paroles. On dirait presque qu'il a envie de la voir partir, désormais, tellement il s'exprime mal. Avec un soupir, il se gratta la nuque, avant de reprendre son chemin. « Quand au salaire, c'est tout à fait respectable, je te l'assure. Du moins, c'est assez pour payer le loyer d'un appartement comme celui que je possède. Après, bien sûr, si jamais un employé a des soucis personnels qui fait qu'il a besoin d'argent, je suis plus qu'enclin à offrir plus. Mais gare à ceux-là si je me rends compte qu'ils m'ont arnaqués, je ne plaisante pas avec l'argent.» Et c'était vrai, son père lui avait appris, à coté du combat et du maniement des armes, à ne pas dédaigner la valeur de l'argent, même si leur famille en possédait énormément. Aujourd'hui, Seoji était plus soigneux qu'avant concernant ses finances, même si ce n'était pas encore parfait. Il y avait tout de même du progrès. Ils firent rapidement le tour de l'établissement, et le yakuza ne manqua bien sûr pas de lui montrer la terrasse ou les employés pouvaient prendre leur pause, pour boire un café tranquille ou fumer. Lorsqu'ils revinrent près du bar, la jeune femme lui demanda son prénom. « Ah, j'ai oublié de me présenter avec tout ça. Yoo Seo Ji, enchanté. » dit-il en lui tendant sa main, un sourire aimable aux lèvres. Alors qu'il mentait sur son identité.

u es quand même un peu inquiète quant à cette proposition d'emploi. Ce n'est pas que tu as une réputation à tenir pour le moment mais si tu dois t'engager dans ce genre de chose, tu voudrais que ça en vaille la peine, au moins niveau salaire. Et puis ta mère t'a toujours appris à faire attention, et comme tu es légèrement parano par moment, tu préfères envisager le pire. Même si tu sais bien que le patron ne te dira pas clairement que c'est un piège, tu lui poses quand même la question de si ça vaut vraiment le coup pour jauger par toi-même à l'écoute de ses paroles. Et sa réponse est franche. Il ne semble pas vraiment vouloir venter les mérites de sa boîte, tu ne sais pas si c'est très professionnel et si tu devrais rester ici, mais bon, tu fais ça pour les sous non pas pour devenir une hôtesse professionnelle. Il t'affirme ensuite que tu n'as pas de soucis à te faire quant au salaire car il est suffisant pour payer un appartement comme le sien. Tu ne sais pas dans quel genre d'appartement il vit mais surement quelque chose de plus sympa que chez toi. Ce qu'il dit ensuite te surprend légèrement. « Tu ne devrais pas dire ce genre de chose. Des personnes malhonnêtes pourraient profiter de toi. Je veux dire... je sais pas, si les gens ont besoin ils t'auraient quand même demandé sans que tu précises que tu es enclin à le faire. Enfin je ne suis pas là pour donner des conseils. »
Tu le suis afin de visiter les lieux dans les moindre recoins, du moins de ce qu'il semble bon de te montrer. Tu as vraiment un bon feeling avec les lieux, tu ne saurais pas expliquer pourquoi mais comme tu marches comme ça et que tu as carrément besoin d'argent, tu n'as pas le choix. Tu lui demandes son nom et il te répond. Yoo Seo Ji. Tu lui souris. « Et bien, Yoo Seo Ji, je pense que je vais accepter la proposition pour ce job. Après tout c'est pas comme si je pouvais m'en passer, il faudra juste me former... Honnêtement, hein, je pense vraiment pas avoir le profil de l'hôtesse parfaite, mais je pense que je peux apprendre rapidement... Je crois... » Tu lui tends la main pour la lui serrer mais, aussitôt tu la ramènes vers toi, hésitante. « Juste une dernière question... Est-ce que ça arrive fréquemment que les clients tentent de nous... toucher ? Enfin... vous savez nous TOUCHER. » Tu lui fais comprendre avec des gestes que tu parles d'attouchement à des endroits intimes. N'ayant jamais rien fait avec un mec - ni une fille d'ailleurs - tu ne voudrais pas te retrouver dans une sale situation comme ça.

eoji n'était pas certain de sa prestation en tant que patron, surtout que c'était la première visite guidée qu'il faisait officiellement pour embaucher. Avec Moeko, il ne faisait que plaisanter au début sur le fait de la voir travailler ici, et puis petit à petit, elle avait commencée à lui rendre des services, comme faire un peu de vaisselle le soir, ou encore l'aider à faire partir les derniers clients lorsqu'il avait besoin de fermer et que certains se montraient récalcitrants. Du coup, c'était un peu comme si Moeko était là depuis le début, à vrai dire. Elle n'avait pas vu le Youth Lagoon naître à proprement parler, mais elle était la première à avoir été embauchée ici. Quoi qu'il ne l'ait pas embauchée à proprement parler, c'est vrai. En même temps, comment convaincre quelqu'un de travailler dans un club d'hôtesses ? C'était mission impossible pour lui comme pour d'autres hommes sur cette terre. Seoji aurait été sans-scrupules, alors l'affaire aurait été dans la poche, il aurait menti pour enjoliver l'affaire et il aurait des employées à la pelle dans cet établissement. Mais la franchise et la vérité avant tout, du moins pour certaines choses, il s'appliquait à montrer aux stagaires qui venaient essayer de travailler chez lui que ce n'était pas le Paradis, loin de là, et que travailler dans une épicerie ou une libraire est de loin mieux que d'être engagée dans un bar peu recommandé. Après, c'était aux employées elles-même de faire leur choix, il ne les obligeaient à rien. Qui plus est, elles étaient libres de partir quand elles le voulaient, il n'allait pas non plus s'accrocher désespérement à elles pour les retenir.

Lorsque Minjee lui parle du fait de se faire arnaquer, Seoji sourit doucement, amusé et conquis. Elle avait raison, et il n'avait pas mal-visé : cette femme était intelligente. Et puis, le fait qu'elle soit déjà concernée à son propos le faisait se sentir bizarre, sans qu'il ne puisse expliquer pourquoi. C'est juste que ça changeait la donne, que les gens s'inquiètent pour lui au lieu que ce soit le contraire qui se passe. « Tes conseils sont bons à prendre, je ne vois pas pour quelle raison je les refuserais. » souffla-t-il gentiment, en tapotant son épaule. Plus il en découvrait sur elle et plus il se demandait si c'était une bonne idée de la laisser travailler ici. Les clients avaient tendance à ne faire qu'une bouchée des femmes comme elles, quel que soit leur QI. Enfin, il allait attendre d'apprendre sa décision avant de trancher et de devoir prendre des choix décisifs. Et lorsqu'elle répond positivement à son speech, Seoji ne peut que se sentir soulagé, et aussi inquiet tout de même. Il allait devoir garder un oeil sur elle plus que toutes les autres employées, car non seulement elle était nouvelle mais elle était aussi différente des autres. Moeko en avait déjà vu des vertes et des pas mûres, elle était difficilement impressionnable. Alors qu'une femme comme Minjee qui n'avait encore rien vu ou presque du monde, il suffisait qu'un de leurs clients glissent une drogue dans son verre et c'était fichu. « C'est génial, vraiment, je suis plus qu'heureux de pouvoir te compter parmi nous à partir d'aujourd'hui. Et ne t'en fais pas pour l'apprentissage, les autres employées se chargeront de ça.» Il s'apprête à lui serrer la main, lorsqu'elle la retire, un éclair d'hésitation passant brièvement sur son visage. Seoji suspend sa main en l'air, un peid dans le vide et l'autre sur le sol. Est-ce que par hasard, elle allait revenir sur sa décision et refuser sa proposition ? Sa question est justifiée, et elle fait adopter une expression pensive au patron, qui passe une main dans sa tignasse rouge avant de répondre. « Eh bien, oui. Pour nos employées, les contacts comme une caresse sur la cuisse, par exemple, sont habituels, et même si elles n'aiment pas ça, elles apprennent à le suppporter et à s'y faire. Et oui, il arrive aussi que nos clients soient audacieux et essaient de poursuivre avec les hôtesses. Mais tu n'as pas à avoir peur de quoi que ce soit, je suis peut-être le patron mais je garde un oeil sur toutes mes employées, que ce soit au travail ou dans la vie de tous les jours. Je peux t'assurer et même te promettre que tant que travailleras pour moi, aucun des salauds qui peuvent venir dans cet établissement ne te touchera de la sorte. » déclara-t-il franchement, ses deux mains posées sur les épaules Minjee, ses yeux rivés aux siens comme pour la convaincre de la véracité de ses propos.