u ne t'étais jamais imaginée passer un entretien d'embauche pour un tel boulot. Si ta mère l'apprenais... Tu n'essayes même pas d'imaginer sa tête. De toute façon, à partir du moment où tu as pris la décision de quitter ton cocon de Californie, ta mère a décidé de ne plus se mêler de ce que tu fais de ta vie. Ce n'est pas qu'elle t'en veut, c'est juste qu'elle veut que tu assumes les conséquences de ton départ et que tu réalises par toi-même la difficulté de la vie. Donc quoiqu'il arrive, ta mère ne saura pas que tu t'apprêtes à accepter de devenir hôtesse dans un club. Ce n'est pas comme si tu voulais en faire ta carrière, ce n'est qu'une question de quelques mois histoire de finaliser tes projets et enfin te lancer dans la recherche d'une agence d'entertainment qui voudra bien de toi et de tes compositions. C'est certain qu'entre ce monde de la musique et le fait de faire la belle auprès de clients  bien pervers dans un club, il y a tout un monde. Et puis, même si tu ne devrais pas te fier aux apparences, le patron te semble sympathique, du moins il n'a pas l'air de considérer ses employées comme de simples bouts de viandes. De toute manière, tu es bien assez grande pour t'enfuir s'il le faut.

Tu as donc fait savoir à Seoji que tu comptes accepter ce boulot. Ça ne sert à rien de réfléchir davantage, il a besoin de toi, tu as besoin d'argent, tout le monde est heureux. Réfléchir sur ce sujet davantage ne changera rien. Ce n'est pas comme quand tu passes un entretien dans une grande boîte et que c'est toi qui est censé être stressée parce que tu ne sais pas si tu vas être prise. Là en gros, tu es prise et il ne reste plus que ton accord, les rôles sont inversés. Lorsque tu confirmes ta volonté de travailler avec lui, le rouquin semble vraiment ravi. Au moins, tu es encore capable de rendre heureux les gens, c'est déjà ça de gagné pour ce jour. Malgré tout, tu ne pouvais pas terminer les négociations comme ça, tu avais encore une question à poser. Une question assez gênante mais que tu étais obligée de poser. C'était assez décisif. Etant donné que tu étais encore vierge, tu ne voulais pas que l'on fasse n'importe quoi de ton corps. Enfin, même si tu n'avais pas été vierge, tu sais que la situation aurait été la même. Tu n'es pas le genre de fille facilement abordable et encore moins touchable. La réponse avait au moins le mérité d'être honnête et claire. Il ne te cache pas le fait qu'il y aura forcément un contact physique assez important et qu'il faudra s'y faire, qu'il ne faut pas croire que toutes les femmes qui travaillent de cette manière aiment se faire toucher par des gros porcs quand il s'agit de gros porcs. Mais il précisa tout de même qu'il gardait toujours un oeil sur ses employés. Ça te rassurait dans un sens, puisqu'il est le patron, mais étant donné sa carrure tu ne savais pas trop s'il était conseillé de se fier à lui. Tu réfléchis un instant et puis tu tends à nouveau ta main vers celle de Seoji pour la lui serrer. Maintenant, c'est fait. « J'accepte. J'espère que tu sauras ouvrir l'oeil alors, et le bon hein. » Tu n'étais pas allée jusqu'à préciser pourquoi tu étais inquiète, tu n'allais pas non plus te confier à un inconnu. Même s'il voulait que vous soyez proche en vous tutoyant, il est à présent ton patron et non pas ton ami. « Quand est-ce que j'aurai l'occasion de rencontrer mes collègues ? Je pense que je me sentirai plus à l'aise une fois que je les aurai rencontrées... »