@Khan Aeri
L’excitation augmentait à chaque pas qu’elle faisait. Le dernier tome de son manga préféré était sorti et elle allait pouvoir l’acheter. En plus c’était une édition collector avec plein de goodies à l’intérieur et surtout, plein de commentaires de l’auteur. Eunae le voulait donc pour parfaire sa collection mais également parce qu’il était réellement précieux. Alors, c’est toute guillerette qu’elle se rendit dans sa boutique geek préférée. Elle savait qu’ici, elle trouverait ce qu’elle cherchait et qu’elle pourrait ainsi ramener le livre chez elle. Elle sautillait presque alors qu’elle se rendait dans le rayon. C’était la seule chose positive dans sa vie ces derniers jours. Cette dernière avait été affreuse récemment. Entre Sangjun dont elle ne comprenait pas le comportement et pour qui ses sentiments ne cessaient de grandir et son envie de l’oublier parce qu’elle n’aurait jamais rien de lui, elle était tiraillée. Il lui avait bien dit qu’elle ne devrait rien attendre de sa part. Elle n’aurait rien. Pourtant, elle l’aimait plus que tout au monde et il ne voyait pas ou alors ne la prenait pas au sérieux. Tout ça parce qu’elle avait été pleurer, complètement torchée dans les bras d’un autre. Mais il s’était attendu à quoi alors qu’il l’avait jeté comme une merde ? Qu’elle aille faire la fête parce qu’elle était contente que ce soit arrivé ? Jamais ! Eunae soupira encore plus en repensant à sa crise de jalousie. Elle n’y croyait pas. Il l’avait suivi et avait ensuite eu le culot de lui reprocher d’être tombée dans les bras d’un autre homme pour s’épancher sur l’état dans lequel il l’avait mis lui. Eunae avait eu envie de le tuer à ce moment-là. Il était d’un égoïsme fou et ne s’en rendait même pas compte. La jeune femme secoua la tête. Aujourd’hui était un bon jour. Elle ne travaillait pas et donc ne le verrait pas mais en plus, elle achèterait son manga. Il n’y avait pas de raison que la journée se passe mal. Pourtant, arrivée devant le rayon, il ne restait qu’un seul exemplaire. Perchée sur ses talons, Eunae leva la main pour l’attraper quand la main d’une autre personne apparut dans son champ de vision. Aussitôt, la baekje se tourna vers la malotru qui voulait lui piquer son ouvrage. « Tu penses que tu fais quoi là ? » Non parce qu’il était à elle et à elle seule.

@Son Eun Ae
La mélodie cognant contre les tympans, tu observais le monde bouger alors que tu restais immobile dans ton coin. Le corps vacillant au rythme du transport, se calant aucunement à celui de ta musique, créant un déséquilibre – peu gênant pour toi. La musique coupait chaque bruit, chaque son. Tu n'entendais pas ce qu'il se disait à côté de toi ; tu ne voulais pas entendre. Les regards vers toi te déstabilisaient bien trop, te rendant bien trop conscience que tu étais là. Que tu respirais. Que ton cœur battait. Chaque battement résonnant plus fort que le précédent alors que tes pupilles croisaient celles des inconnu.e.s autour de toi. Trop conscience de tout, trop consciente de la vie elle-même, tu ne semblais plus savoir où regarder. Le son de ta musique semblait décroître au fur et à mesure des regards, des lèvres qui se mouvaient dans ta direction sans que tu ne comprennes, sans tu ne saches ce qu'il se dise. Tu fis la chose le plus logique qu'il soit : augmenter le volume, détourner le regard, fixer le paysage. Un paysage que tu ne pouvais discerner qu'une fois la grande machine à l'arrêt, redevenant flou la minute suivante, les traits de couleurs se mélangeant dans un tableau étrange. Arrivée à ta destination, tu quittas le wagon sans un regard en arrière, avançant rapidement vers la bâtisse que tu connaissais sans doute un peu trop. Et une fois à l'intérieur, tu coupas la musique – les écouteurs aux oreilles malgré tout. Tu savais où tu devais aller, ce que tu devais chercher, et tu ne perdis pas de temps pour t'y rendre. Sans aucune hésitation, tu levas la main – mais tu la laissais là, perplexe, le mouvement arrêté, les prunelles cherchant, se posant sur la jeune femme à côté de toi. Tu levas les sourcils dans un air perplexe, une question muette sur les lèvres, tournant la tête pour fixer le vide. Tu observas à nouveau la jeune femme, les sourcils levés dans un air perplexe, te désignant du doigt dans une question muette. « Qui ? Moi ? Qu'est-ce que... », tu clignas des paupières, confuse, retirant un écouteur. « Qu'est-ce qu'il se passe ? », l'interrogeas-tu lentement, les iris perturbées, tremblantes. « Je viens chercher le nouveau tome... », que tu articulas, timide. « Est-ce que... enfin. Tu le voulais ? », tu te pinças les lèvres, observant le livre, la jeune femme, l'étagère où il n'y avait que ce simple tome. Tu baissas enfin la main. « Il n'en reste plus qu'un » – merci Sherlock. Tu baissas les épaules, les yeux rivés sur le tome, faible air bougon au visage. T'avais fait tout ce chemin pour rien ? Tu levas un peu les épaules, désignant le tome du visage pour lui dire de le prendre.