Ah ces professeurs avaient vraiment abusé sur sa liste d'ouvrages à lire pour ses prochains examens et devoirs à rendre. La bibliographie tenait sur une page recto-verso, comment allait-elle trouver le temps de lire tout ça ? À la place de ces cours de sport déjà, finalement retrouver ces bonnes vieilles copines les béquilles n'avait pas que de mauvais côtés, comme ne plus pouvoir manger en marchant, ce qui était littéralement tragique. C'était d'ailleurs dans un de ces créneaux qu'elle avait décidé de rendre à la bibliothèque pour récupérer quelques livres, pas beaucoup malheureusement, elle avait pris son sac à dos, mais elle ne pourrait certainement pas en prendre plus vu que ses deux mains étaient prises. Rentrant dans le lieu presque sacré vu le silence qu'il y régnait, quelques chuchotements, mais si ceux-ci persistaient, les élèves se faisaient presque taper sur les doigts par les bibliothécaires et même certains élèves décidément très sérieux. Triste lieu pour Yiming qui adorait discuter, s'exprimer joyeusement. Elle remarqua quelques fissures et quelques endroits inaccessibles pour les étudiants, conséquences du tremblement de terre sans doute. Peu de lieu avait été épargné.

Marchant dans les allées, elle se fit repérer en quelques secondes, le bruit de ces béquilles contre le sol permettait de la repérer à plusieurs mètres. Après une bagarre avec son sac à dos, elle en sortie vainqueur et réussit à sortir sa liste de livres. Se dirigeant vers un rayon qui contenait plusieurs livres intéressant, elle regarda les étagères et remarqua, en grimaçant, que les livres qui l'intéressaient étaient bien entendus ceux qui étaient sur l'étagère la plus haute. Prenant appui contre les étagères derrière elle, elle tenta d'attraper un premier livre grâce à sa béquille mais elle en fit tomber trois d'un coup qui s'écrasèrent lamentablement sur le sol. Grommelant silencieusement, choix qui s'impose après s'être fait incendié du regard par quelques étudiants, elle se baissa avec difficulté et ramassa les livres. Bien entendu, celui qu'elle voulait ne faisait pas partis de ceux qui étaient tombés, c'était trop facile sinon. Les mettant dans les chariots pour les bibliothécaires qui les remettaient en place, elle soupira. Mais elle n'allait pas se laisser abattre à cause de ça, motivée de nouveau. La voilà partie pour un autre rayon, espérant avoir plus de chance. Elle était dans la partie la plus éloignée de l'entrée et donc des bibliothécaires. Passant devant un rayon, elle s'arrêta et rebroussa chemin, semblant reconnaître une tête connue. Mais oui, c'était Minhyun ! Elle tourna la tête des deux côtés, il n'avait pas le moyen de partir. Peut-être qu'elle allait enfin pouvoir lui parler. « MINHYUN ! » cria-t-elle, oubliant totalement qu'elle était dans une bibliothèque. Elle s'approcha aussi vite que ses béquilles le lui permettait et se planta juste devant lui. « Ah bah quand même ! Pour une fois que je te tiens, alors qu'on est dans le même dortoir. Tu pars pas hein ? Je veux juste qu'on parle. » Elle voulait juste savoir si elle avait fait quelque chose de mal pour qu'il l'évite comme ça alors que leurs retrouvailles auraient pu être quelque chose de merveilleux après tant d'années.

Après le tremblement de terre, j'avais été totalement dépassé par les événements. J'étais comme un incompris. Après ce qu'il s'était passé, je n'arrivait plus à penser correctement, je ne comprenais pas, comment tout le monde arrivait à s'en remettre ou comment il arriver à ne pas laisser leur visage trahir leurs pensées. J'étais comme ça, comme un vase en porcelaine ; il en fallait si peu pour briser mon monde.... Je n'avais pas le moral et, non plus la motivation de faire la moindre chose. Aujourd'hui, je me retrouvais à la bibliothèque pour me changer les idées. C'était comme un refuge pour moi, dès que je n'allais pas bien, j'allais ici. Un peu étrange comme pratique, mais cet endroit me rassurait ; le silence y régnait, et il me suffisait d'ouvrir un seul des livres présents ici pour faire fuir tout mes maux et mon anxiété. Je longeais les étagères, toute les unes après les autres, je les parcourais lentement afin de lire précautionneusement ce qui était écrit sur leurs dos. Arrivé au bout de l'étagère, je pouvais chaque fois observer les craquelures des murs engendrées par la secousse. Il me suffisait de tourner la tête pour voir les dommages causés par celle-ci. Une partie de la bibliothèque était devenue inaccessible car elle avait était trop abîmée pour pouvoir y circuler ; les fondations avaient été terriblement fragilisées.

Je soupirais pour la énième fois avant de continuer mon parcours qui semblait avoir perdu son objectif de vue. En effet, je constatais que ne faisais que marcher étrangement dans toute la bibliothèque sans vraiment prêter attention à ma direction. La déprime ? Un grand mot dénudé de sens pour moi. Ce sentiment ne pouvait pas être inconnu pour moi, cependant l'usage qu'on en fait paraît tellement pathétique à la réalité pas vrai ? Broyer du noir, se remettre en question, si seulement ce n'était que ça.... Je n'étais nullement entrain de déprimer bien que j'arborais un visage peu enjoué. Je ne souriais pas c'est tout. Ce n'était pas une raison pour penser que je déprimais, j'étais probablement perdu dans mes pensées. Si bien que, je m'étais cogné à une autre personne. Celle-ci poussa un hurlement de surprise qui m'avait fait quitter mes songes. J'aurai pensé que cela attirerait l'attention des autres, mais il semblait qu'il y avait plus bruyant que nous. En effet de là ou je me tenais j'entendais des cognements au sol de façon régulières. Je les entendis soudainement s'accélérer ainsi que leur niveau sonore partir en crescendo.

J'allais m'éloigner afin de retrouver le calme et le silence, cependant j'entendis quelqu'un vociférer mon nom. Instinctivement, comme n'importe quel humain qui entendrait son prénom, je me retournais en direction de la source de la voix. C'est là que je vis Yiming en béquille, celle-ci commença à se précipiter vers moi. A ce moment là, mon rythme cardiaque partit en vrille ; pourquoi était-elle ici ? Elle se planta devant moi me suppliant de ne pas m'enfuir. Effectivement, c'était la première pensée qui m'était arrivée à l'esprit. Je tournais les talons dans sa direction avant de grimacer. -Tu veux me parler de quoi? Y a-t-il une raison qui m'oblige à rester ? Je la regardais impassiblement ;Je préférais qu'elle me détestait car j'étais froid avec celle, plutôt qu'elle soit au courant de ma véritable nature. Je soupirais, dans un faux agacement tout en feintant de ne pas la reconnaître. En effet, son visage m'était parfaitement familier ; bien que nous avions été séparés pendant dix ans, comment pouvais-je oublier une amie aussi précieuse ? Pourquoi étais-je devenu ainsi ? Pourquoi fallait-il que je sombre dans la démence ? Pardon songeais-je. Je me sentais terriblement coupable envers elle.

La première fois qu'elle avait revu Minhyun, elle avait tellement surprise, mais heureuse aussi. Ils étaient très proches lorsqu'ils étaient enfants, quand Yiming était encore avec ses parents biologiques. Quelle ne fut pas sa surprise en constatant à quel point le jeune homme avec énormément changé. Il l'avait reconnu, elle le savait, mais depuis ce jour, il l'avait fuit, refusant de lui parler, de lui répondre. Il était devenu un as du camouflage et de la fuite et elle ne le voyait que très rarement alors qu'ils étaient dans la même fraternité. Franchement ça la rendait triste qu'il agisse ainsi, avait-elle fait quelque chose de mal ? Pourtant ils ne s'étaient pas revus depuis presque 10 ans, qu'avait-elle pu faire ? Elle comprenait qu'avec autant de temps qui s'était écoulée, leur relation n'était plus ce qu'elle était, mais Yiming ne demandait qu'à reprendre contact comme avant, qu'à renouer avec lui, mais ce n'était pas son cas apparemment. Et ça la blessait, ça l'énervait aussi un peu. Qu'il ne veuille pas s'expliquer comme ça, qu'il fuit toute conversation, toute rencontre. Elle comprenait maintenant ce que son frère avait ressenti quand elle l'avait fuit pendant plusieurs semaines après l'avoir surpris avec une fille dans sa chambre. Voilà pourquoi quand elle l'avait vu, elle n'avait pas pu s'empêcher de tenter de nouveau.

Bon crier son nom dans une bibliothèque n'était peut-être pas une bonne idée, vu que le silence devait y régner, mais qu'importe. La coréenne avait vite avancé vers son ancien ami, le suppliant de ne pas s'enfuir, pas encore, pas cette fois. Il daigna se tourner vers elle, mais elle voyait bien qu'il n'avait clairement pas envie de lui parler. Quelle importance, il était face à elle et elle comptait le garder un moment. Son ton froid la blessa un peu plus, tout comme son expression distanciée et agacée. « Bien sur qu'il y en a une, si tu arrêtais un peu de me fuir dès que je m'approche, j'aurais peut-être pu te le dire depuis bien longtemps. » dit-elle, moue aux lèvres. S'appuyant légèrement contre une étagère pour se stabiliser, elle reprit. « D'ailleurs, pourquoi est-ce que tu me fuis comme ça ? Je ne sais pas, mais si tu n'avais pas envie que l'on reparle comme avant, que l'on soit aussi proche, qu'on rattrape le temps perdu, tu n'avais qu'à me le dire. » Elle le fixa avant de demander. « Tu te souviens de moi, hein ? Quand on avait 8 ans, on était tout le temps ensemble, on étaient vraiment proches. » Elle savait qu'il se souvenait, sinon pourquoi il fuirait comme ça ? « Alors, je veux juste savoir pourquoi, si je t'ai fais quelque chose qui t'as blessé, eh bien, dis le moi, je suis désolée si c'est le cas. Mais tu ne m'as pas laissé le temps de t'adresser la parole avant aujourd'hui, alors je ne sais pas ce que j'ai pu faire pour que tu décide de m'ignorer comme ça alors qu'on se retrouve après plus de 10 ans. » Enfin elle pouvait vider son sac. « Je vais pas te lâcher comme ça, sache le. » Elle aurait croisé les bras pour montrer sa détermination si elle savait que ça n'allait pas la faire tomber à la renverse.

J'avais changé. Je n'étais plus le même. Alors revoir quelqu'un que je connaissais par le passé me brisait le cœur. J'avais envie de fondre en larme, de m'excuser, de dire à quel point elle m'avait manqué ; mais je ne pouvais pas me le permettre. Le Min Hyun qu'elle connaissait était désormais un fantôme du passé. Dix ans, c'est énorme, et c'est suffisant pour que les personnes changent. Yiming était parfaitement la même ; du moins de ce que je percevais : elle était toujours aussi souriante, vive, adorable. Je l'appréciais énormément par le passé, alors que j'avais douze ans, encore dans un âge innocent, loin de connaître les vérités de ce monde. Maintenant j'avais sombré peu à peu dans la folie, le noir. Il ne fallait surtout pas qu'elle m'approche, qu'on se perde de vue, que l'on se déteste pourquoi pas. Cela était peut-être mieux que de côtoyer un fou. Je savais, que si je m’attachais à elle, elle n'allait pas ma lâcher, et là serait de danger. Et si je pétais un câble ? Et si je devenais violent et que je ne pouvais pas me contrôler ? Non. Je ne voulais pas que cela se produise. Il fallait que je m'éloigne d'elle d'un moyen ou d'un autre. J'affrontais à nouveau son regard quand celle-ci reprit la parole. La moue aux lèvres, elle continuait à ressasser le passé, à faire resurgir mes regrets, mes plaies encore béantes.

« Rattraper le temps perdu » Plus elle parlait, plus j'avais l'impression de rompre sous le poids des souvenirs que j'avais essayé d'oublier. C'est vrai, lorsque j'étais plus jeune j'étais toujours là pour les autres, je souriais, j'étais sociable, mais trop gentil. Était-ce vraiment un défaut ? Oui car il nourrissait l’égoïsme, l'opportunisme des autres. J'étais idiot, et probablement trop naïf. Et ironiquement, maintenant je suis "trop" méfiant. Je serrais les dents, fermais les poings. Je ne voulais plus rien entendre, je ne voulais plus qu'elle parle de ce Min Hyun ; de celui qui s'est cassé, de celui qui s'est brisé. - Il y a dix ans, on était des gamins. Je ne vois pas pourquoi tu t'attaches tant au passé. Dix ans, ça suffit pour que les gens changent... Énormément. Je la regardais froidement sans aucune affection ou chaleur dans le regard. Je voulais vraiment mettre les choses au clair avec elle, même si ça devait me faire autant mal. -Tu vois bien, je ne suis plus le même qu'il y a dix ans, je suis même une personne détestable.... Alors ... ne perds pas ton temps à t'attacher à une amitié si …vaine. Mon cœur se serrait, et je n'arrivais plus à trouver la suite de mes mots, je ne trouvais plus la force de la blesser ou de la repousser. Elle qui était toujours si gentille... Quel triste destin fût notre rencontre.

Leurs souvenirs n'avaient donc plus aucune importance pour lui ? Yiming ne comprenait vraiment pas comment on pouvait effacer le passé de la sorte. Elle n'en était pas capable, elle se souvenait de toutes les personnes qu'elle avaient rencontré, surtout celles avec qui elle avait tissé des liens forts durant son enfance. Malheureusement elle avait perdu le contact avec beaucoup de ses amis après le décès de ses parents, l'orphelinat l'avait changé d'école, elle n'était plus dans le même quartier. Mais qu'importe, la coréenne n'avait jamais oublié Minhyun. Elle se souvenait du garçon souriant et désormais, il était froid et distant avec elle sans qu'elle ne sache pourquoi. Ça lui faisait vraiment du mal de voir qu'il pouvait tourner la page de cette façon, cela n'avait même pas l'air de le toucher. Aucune émotion, rien, juste cette sensation qu'elle dérangeait, qu'elle n'avait plus sa place à côté de lui malgré tous les bons moments quand ils étaient enfants. Le pire c'est que malgré tout, elle ne pouvait pas renoncer et elle ne voulait pas le détester d'agir de la sorte, il y avait forcément une raison valable. Mais pourquoi ne lui expliquait-il pas ? Il n'était vraiment pas décidé à lui parler, néanmoins il rajouta que ses dix dernières années avaient suffis pour le faire changer et qu'elle devrait arrêter de s'accrocher autant. Elle n'était pas d'accord. « Le passé c'est important Minhyun. Je suis vraiment de voir que tu as changé de cette façon, moi je suis toujours la même malgré ce qui s'est passé. » Il l'avait connu à l'orphelinat, après la mort de ses parents et son adoption leur avait fait rompre contact car ils n'étaient plus dans le même quartier. Son regard si froid lui fit monter les larmes aux yeux, l'incompréhension et la tristesse d'être rejetée par un ami qui avait beaucoup compté pour elle allait avoir raison d'elle. Elle ne voulait pas pleurer, elle n'était plus une enfant, mais elle ne pouvait vraiment pas retenir ses émotions, ce qu'elle ressentait. Voilà pourquoi elle souriait, qu'elle montrait toujours quand elle était heureuse, même si ça pourrait semblait exagérer, c'était dans sa nature. Quand elle était triste c'était pareil, elle ne pouvait pas arrêter les larmes trop longtemps. Yiming avait baissé la tête pour ne plus faire face à son regard, mais elle redressa la tête en l'entendant de nouveau. « Tu aurais beau être méchant avec moi … je ne partirais pas comme ça. Je m'en fiche de savoir que tu as changé. Je m'en fiche que tu pense que mon amitié puisse être vaine... tu restera toujours mon ami. » Une larme roula sur une de ses joues, mais elle l'essuya pour éviter aux autres de vouloir couler à sa suite. « Je ne sais pas ce qui s'est passé pendant ces dix ans pour toi, mais moi la seule chose que je voulais te dire, c'était que si tu avais besoin, je serais là pour toi. » Oui même après ce qu'il venait de lui dire, Yiming restait accrochée. Elle était ce genre de personne, qu'importe si la personne en face la rejette, elle ne pouvait pas renoncer. Minhyun comptait beaucoup pour elle à l'époque et ça n'avait pas changé à l'instant où elle l'avait vu.

Des regrets. C'était la seule chose qui m'avait était permis de conserver de ses longues dix dernières années. Des regrets sur mes actes passés, mes choix et tant d'autres choses. J'avais décidé de sceller cette mémoire, de me renfermer et de l'oublier car celle-ci ne renfermait qu'une seule et unique chose : La faiblesse. Celle d'un enfant innocent qui ne savait rien du monde, qui n'avait conscience de l'univers que l'on lui cachait. Il n'avait pas peur car il ne comprenait rien. Et maintenant encore, j'étais devant quelque chose que je ne pouvais comprendre ; elle. Pourquoi ne voulait-elle pas lâcher l'affaire, me détester ? Étais-je quelqu’un de si important pour elle, quelqu'un qui avait un jour compté pour elle ? Non, je n'avais jamais eu un ami pareil, ils en avaient tous après moi, personne n'avait été bon avec moi. Ni même mes parents. Rien. Malgré ce qui s'est passé ?... Mes sourcils se haussèrent. Je me rappelais alors du triste passé de Yiming. Ses parents décédèrent tôt, voire trop tôt. Je ne pouvais m'empêcher d'adopter une expression maussade. Ma première erreur. Celle-ci fût d'éprouver de l’intérêt à son égard. Pourquoi avais-je relevé ce détail dans ses dires ? Je ne voulais pas montrer mes sentiments, car j'avais encore peur, ou plutôt j'avais toujours peur. D'elle, des autres, du monde mais aussi de moi. Ils en avaient tous après moi. Tous. Et je ne pouvais pas lui accorder ma confiance, si je le faisais j'allais encore souffrir, de montrer à quel point je suis devenu faible, que je n'étais plus le Minhyun d'il y a dix ans. J'avais bien trop changé. « Même si... tu ne pars pas, je ne faiblirais pas. Tu ne tiendrais pas face au poids des années. J'ai bien trop changé pour que tu puisses toujours me considérer comme un ami. Bien trop. » Ma deuxième erreur fût celle-ci. Elle fut de montrer une brèche dans l'armure que j'avais forgé. De montrer que j'avais perdu mon courage ainsi que toute ma confiance. Sa tête se baissa, avant de se relever vivement et de laisser paraître une larme. Celle-ci l'essuya rapidement tout en retenant le flot de continuer à couler. Une sensation désagréable mais familière me prit. Où avais-je déjà vécu cela ? Je vis alors ce jeune garçon, l'enfant que j'étais hurler sur sa mère. La faire pleurer, regretter toutes ses actions passées. En avais-je fait trop ? N'aurais-je pas du hurler ainsi ? Ne savais-je que faire pleurer ? Il semblerai que oui. Je n'étais bon qu'à ça. A faire couler les larmes, à faire sonner le tonnerre. « Besoin de toi.... ? J'en ai pas besoin. J'en aurai jamais besoin. Il aurait fallu être là pendant ces dix années ! Si j'avais eu besoin d'aide ça aurait bien était à ce moment là !  A CE MOMENT LA. » Je frappais le mur jusqu'à en avoir mal. Ce fût l'erreur fatale; Hausser la voix, rompre l’illusion, se laisser envahir par l'émotion. Je semblais tellement pathétique. Je n'avais plus ce masque, plus celui du Minhyun impassible, froid et sans émotion. Maintenant c'était moi. Un idiot qui faiblissait dans les sanglots. Mon souffle devenait irrégulier, mon regard se remplissait d'émotion. Une larme perla, puis lentement coula le long de ma joue avant de finir sa course au sol. Et ce ne fût pas le seule. J'avais hurlé, je m'étais encore laissé aller. Pourquoi avais-je crié contre elle ? Elle n'y était pour rien, même si elle était là, elle n'aurait rien changé. Personne n'aurait put m'aider. J'étais encore une fois là comme un idiot à m'époumoner pour un rien. Je soupirais douloureusement, essuyait mes larmes tout en essayant de reprendre mon sang-froid. J'étais en colère contre moi-même, j'en serrais le poing. A un tel point que j'avais oublié où je me trouvais et avec qui j'étais.

HR:

La jeune femme avait longuement regretté que Minhyun et elle aient coupé les ponts après son adoption. Elle avait voulu un bon nombre de fois retournée le voir, dans leur ancienne école, à sa maison, mais elle n'avait jamais osé. Elle ne comprenait pas ce que voulait dire le garçon. Comment le passé ne pouvait-il pas être important ? C'est ce qui nous forge, nous fait grandir, on apprend des erreurs du passé. Elle lui rappela qu'elle n'avait pas grandement changé malgré la mort de ses parents. Elle se demanda s'il s'en souvenait d'ailleurs, vu qu'il semblait avoir fait une croix sur son passé, sur elle, sur ce qu'elle lui avait confié quand ils étaient enfants. Qu'est-ce qu'ils avaient pu parler à l'époque. Elle le regarda, accrochée à ses béquilles, alors qu'il tentait de lui expliquer que rien de ce qu'elle ferait ne pourrait le faire changer d'avis. Il ne parlera pas, il ne voulait pas qu'elle soit son amie car il avait trop changé. Mais s'il pensait qu'elle s'arrêterait là, c'est qu'il ne la connaissait plus aussi bien et c'était normal, on change tous un peu avec l'âge, mais pas à ce point, pas en se refermant, ce n'était pas la bonne solution. Elle ne voulait pas le voir exploser un jour. Elle était têtue elle aussi, mais elle commençait à être blessée par tout ce qu'il lui disait. Elle n'était pas ce genre de personne à contenir ses émotions et ses sentiments. « Ne décide pas à ma place. Tu ne peux pas savoir si je tiendrais le coup face à toutes ces années et de toute façon, ce n'est pas à toi de dire si je serais assez forte ou non. Je suis toujours forte pour mes amis, toujours présente. L'amitié ne disparaît pas comme ça. » Elle n'avait pas pu retenir une larme de rouler sur ses joues. Ça la touchait beaucoup. De le voir la rejeter comme ça et surtout de le sentir aussi mal. Car il ne pouvait qu'aller mal pour rejeter une amie, non ? Même s'il ne la considérait plus comme une amie, ils l'avaient été, ils ne pouvaient pas ne pas s'en souvenir. Essuyant rapidement sa joue, elle le fixa, toujours déterminée. Elle lui rappela une dernière fois qu'elle serait toujours là pour lui en cas de besoin. L'écoutant, elle le regarda avant de sursauter violemment lorsqu'il haussa considérablement la voix, se retenant contre une étagère pour ne pas tomber. Elle ne bougea pas alors qu'il frappait le mur avant de fondre en larmes. Elle fixa sa main qui était bien amochée avant de le regarder. Prudemment, elle s'avança vers lui avec ses béquilles avant de les laisser tomber pour le prendre dans ses bras. Il n'avait pas intérêt à tomber sinon elle tombait avec lui et s'il bougeait, elle serait pendue à son cou. Le serrant fort contre elle, elle ne put s'empêcher de pleurer aussi. Elle ne supportait pas de voir les autres pleurer devant elle, surtout quand c'était des personnes auxquelles elles tenaient autant. « Minhyun … je suis désolée. » arriva-t-elle à dire à son oreille entre deux sanglots. Yiming resta collée contre lui un bon moment, tentant de calmer les sanglots du jeune homme, mais aussi les siens. Elle ne savait pas si on pouvait les voir, mais qu'importe. Elle tourna la tête, heureusement qu'il était plus grand, sinon elle lui aurait donné un coup de tête dans le menton avant de récupérer la main avec laquelle il avait frappé le mur. Ses phalanges saignaient un peu. « Il faudrait désinfecter … il ne faut pas que ça s'infecte. » Elle récupéra un mouchoir dans sa poche, se retenant à lui pour ne pas tomber à cloche pieds et le posa sur sa main avant de lever la tête. « Je suis désolée de ne pas avoir été là pour toi pendant ces dix ans Minhyun. Mais je te promet d'être là maintenant. » Elle se tut un instant avant de reprendre la tête baissée. « Tu m'as manqué. » Elle était sincère. Elle finit par relever la tête ? « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » demanda-t-elle, sans être trop sûre qu'il veuille bien répondre. En tout cas, elle comptait plus le lâcher.

Les larmes coulèrent une à une sur mes joues, mes yeux était désormais pleins de rougeurs, je sanglotais, et mon esprit devenait trouble. Le « regret » était la seule chose qui faisait surface, je souffrais toujours en silence, je me cachais derrière mon regard et mon allure froide et voici le résultat. J'avais atteint le point de rupture ; j'avais tout extériorisé, j'étais sorti de mon mutisme bien trop long, je voulais tout détruire, tout ce qui était autour de moi. Ma première victime fut le mur, je le frappa avec le poing à maintes reprise jusqu'à qu'il arbore l'irascible écarlate. J'avais mal, je souffrais, je pleurais. J'aurai du m'arrêter bien plus tôt, pourtant la douleur, qui désormais remontait jusqu’à mon épaule fragilisé à cause de ma chute m'avait pas stoppé. Pourquoi étais-je dans cet état ? Moi qui était toujours si calme impassible, que s'était-il passé ? Soudain, alors que j'avais le regard noir, empli de colère et de souffrance, je sentis une pression contre moi. Une douche chaleur se fit sentir le long de mon corps allant jusqu'à mon cou. Je vis alors Yiming, elle aussi le regard rempli d'émotions mais aussi de larmes. Elle avait lâché ses béquilles et désormais se retrouvait appuyé contre moi, celle-ci en profita pour serrer dans ses bras. D'une part pour ne pas tomber, mais peut être aussi dans l'espoir de me réconforter, celle-ci porta son visage jusqu'à mon oreille afin de me murmurer doucement je suis désolée. « Tu n'y peux rien, c'est ma faute » disais-je fébrilement. La Wonsungi tourna sa tête vers ma main tremblotante et blessée avant de déposer un mouchoir dessus, cela n'atténuait pas vraiment la douleur, mais l'effet placebo y était. La jeune femme leva sa tête, me fixant avant de prendre parole, de dire ce qu'elle avait sur le cœur ; que je lui avait manqué. Moi aussi j'avais vraiment envie de lui faire comprendre que mes pensées étaient réciproque, mais je n'arrivais pas à le dire, c'était tellement dur pour moi de m'ouvrir à quelqu'un, même pour une amie qui était aussi proche de moi par le passé. Il fallait désormais que je songe à des explications ; en effet après avoir vu un tel accès de colère, il fallait se rendre à l'évidence je n'étais pas sain d'esprit. Alors qu'elle avait déjà calmé ses sanglots, et repris contrôle de ses émotions, ce n'était pas mon cas. Je continuais à agir comme un gamin et était dans l'impossibilité de stopper les larmes dans l'immédiat. J'étais trop émotif, sensible, instable pour pouvoir me calmer bien que je m'efforçais de réguler mon souffle. Je baissais ma tête afin d'être face à face à Yiming « Je... » cependant, dès lors que nos yeux se croisèrent, l'affront de son regard m'avait fait à nouveau repousser ma déclaration. A l'aide de mon autre main encore intacte je poussais la demoiselle afin que la tête de celle-ci se pose contre ma clavicule. D'une part j'étais intimidé par son regard mais aussi j'étais embarrassé par la situation et je ne voulais pas qu'elle le perçoit ; en effet je détestais les contacts physiques cependant je ne pouvais pas la repousser, dans la situation actuelle j'étais son seul appui et sans moi elle tombait. « Je... Enfin... » C'était si dur que ça de mentir et lui trouver une excuse bidon ? Malgré la simplicité du geste, je m'étais retrouvé dans une impasse. D'une part je voulais être honnête avec elle, d'une autre j'avais bien évidemment peur d'affronter son jugement. J'inspirais profondément, tentait de me calmer, de ralentir ma respiration en dépit de mon état actuel. « C'est une longue histoire... Celle de la déchéance d'un homme qui à succombé à la folie. Tu es sûre de vouloir l'écouter ? » Mes sanglots calmés, ma peine attisée, j'adoptais à nouveau ce timbre de voix ; régulier, dénudé d'émotion et si froid. Mon regard lui même, ayant fini de se noyer dans ses larmes avait fini par perdre toute sa chaleur. Bien que je paraissais à nouveau insensible, ce n'était que d'apparence, j'avais changé mon avis et avait décidé de faire un effort pour Yiming, afin peut être de retrouver une amie si précieuse. Au fond, je voulais moi aussi retrouver mon regard chaleureux, ma voix joyeuse, mon expression souriante. Malheureusement cela appartenait au passé. « Par contre... Tu es sûre de vouloir rester dans cette position ? » Disais-je légèrement gêné.

Il avait fallu qu'ils se mettent à pleurer tous les deux pour que le contact soit enfin repris, que ce mur qui les séparaient commence, enfin, peu à peu à se briser. Elle n'avait pas pu supporter de le voir pleurer sans rien faire, sans réagir, sans tenter de le consoler. Il y avait trop de souvenirs entre eux pour qu'elle reste impassible et d'ailleurs elle ne restait jamais impassible devant le malheur et la tristesse d'autrui, même si elle ne connaissait absolument pas la personne. Lâchant ses béquilles, la jeune femme s'était collée contre Minhyun et avait passé ses bras autour de sa taille, d'une part pour lui montrer qu'elle était là pour lui, qu'elle voulait le consoler, le rassurer, mais de l'autre pour ne pas s'écraser lamentablement par terre. Elle avait hâte de quitter de nouveau ses foutues béquilles pour pouvoir aller et venir librement. Restant contre lui, elle se contenta de le serrer doucement contre elle avant de finalement s'excuser. Il avait été en colère, contre elle, qu'elle n'ait pas été là pendant ces dix ans et elle voulait s'excuser pour ça. Elle ne savait pas si elle aurait vraiment pu faire quelque chose, après tout, avec ces déménagements, elle n'avait pas décidé ça de son plein gré. Mais qu'importe. L'entendre dire que c'était de sa faute à lui, lui fit mal au cœur. Elle secoua la tête avant de souffler.  « Chut, ne te blâme pas. » Yiming tourna la tête et remarqua sa main blessé. Attrapant un mouchoir dans sa poche, elle vient simplement le déposer doucement sur sa main, tapotant un peu, ce n'était pas très utile, mais elle ne savait pas quoi faire d'autre. Inspirant et expirant doucement calmer ses larmes, elle releva la tête pour regarder son ami d'enfance. Elle avait besoin de libérer tout ce qu'elle avait sur le cœur. S'excusant de nouveau, elle exprima surtout le sentiment de manque qu'elle avait ressenti. Oui car il lui avait manqué, beaucoup. La coréenne n'avait aucun soucis pour exprimer ce qu'elle ressentait, quand elle savait ce qu'elle ressentait, elle mettait immédiatement des mots dessus et les partageait avec la personne concernée. Elle savait que tout le monde n'était pas pareil. Minhyun n'était pas ou plutôt, n'était plus comme elle. Le fixant, elle le laissa faire quand il décala sa tête. La posant contre lui, la jeune femme resta silencieuse, attendant simplement qu'il arrive à exprimer quelque chose. Attendant de voir s'il avait finalement envie de lui parler. Inconsciemment elle resserra son emprise sur lui, elle ne voulait pas le voir partir une fois ses sanglots apaisés. Quand il reprit la parole, elle fut un peu surprise du ton qu'il avait, calme, posé, un peu froid, comme toute à l'heure avant qu'il ne craque. Mais néanmoins il y avait quelque chose de différent, il ne semblait plus la repousser. Analysant ce qu'il lui avait dit, elle ne comprit pas pourquoi il parlait de folie et de déchéance. Elle hocha doucement la tête.  « J'ai tout mon temps Minhyun et je t'ai dit que je serais là pour toi et je suis prête à tout entendre. » Elle n'allait pas fuir elle non plus, quoi qu'il lui raconte. Réalisant dans quelle position ils étaient, elle baissa la tête avant de rougir légèrement.  « Pardon. Ne bouge pas s'il te plaît. » Essuyant une dernière fois ses larmes, elle s'accrocha encore à lui, à moitié penchée et réussit par un tour incroyable à récupérer ses béquilles. Se redressant, elle put de nouveau tenir sans son aide.  « On ferait mieux de sortir, non ? Je crois qu'on a fait assez de bruit pour la journée. » En effet, quelques regards étaient encore fixés sur eux. La coréenne, accompagné de Minhyun prit la direction de la sortie avant de descendre petit à petit les marches pour ne pas dégringoler. Heureusement qu'il y avait un banc juste à côté, elle commençait à avoir mal aux jambes et aux bras. S'asseyant elle le regarda et s'approcha un peu de lui dès qu'il fut assis pour l'écouter. Elle était prête à rester autant de temps qu'il le faudra, pour lui.

Une fois que la coréenne récupéra ses béquilles, elle lâcha son emprise puisqu'elle pouvait désormais tenir debout sans aide. « Mmmh oui. » Disais-je suite à sa proposition. Les regards étaient rivés sur nous, et implicitement on nous faisait comprendre qu'il valait mieux qu'on sorte d'ici. Sortant du bâtiment, Yiming aperçu un banc sur lequel elle s'asseya, je l'imita et me pose en gardant une certaine marge entre elle et moi. Les secondes passèrent, et je demeurais silencieux. Allais-je la décevoir ? Les secondes qui défilaient semblaient une éternité pour moi, de savoir si il était mieux qu'elle le sache ou non, de savoir si elle allait ensuite me rejeter ou non. Suite à de nombreuses expérience, je savais qu'il valait mieux ne rien dire, de mentir de se mentir à soi. Mais était-elle différente des autres ? Son jugement serait-il un tout autre ? Je joignais mes deux mains, croisa mes doigts et les posaient sur mes genoux. Je prenais une large inspiration tout en réfléchissant à un moyen d'aborder le sujet, devais-je être honnête, ou lui donner une vérité édulcorée ? Je regardais alors droit devant moi, évitant alors le contact visuel avec elle. « Pendant ces dix ans, je suis tombé malade. Très malade. » Je resserrais mes poings, soupirais inlassablement avant de nouveau retourner dans mon mutisme pendant quelques instants. J'avais désormais lancé le sujet, de devait aller jusqu'au bout même si j'allais sûrement le regretter. « A la place de souffrir, d'avoir de la fièvre, de tousser, cette maladie marchait différemment. Elle m'a volé ma confiance, ma gentillesse, mon sourire. Elle m'a interdit d'être chaleureux, d'être heureux, d'aimer. Elle m'a enseigné comment détester, haïr, anéantir, détruire. » Avais-je dit clairement sans pour autant adopter une expression ou un timbre dramatique. Je ne cherchais pas la compassion, je ne faisais que raconter les faits. Néanmoins, j'avais peur, et ma voix se montrait hésitante. Je ne voulais pas être jugé, perdre une nouvelle fois qu'elle qu'un d'important que je venais à peine de retrouver, et pourtant cela semblait inévitable. Je fouillais dans mes poches, avant de saisir une boite qui se trouvait à l’intérieur. C'était une boite de neuroleptiques où il était marqué A utiliser notamment dans le traitement de certaines affections psychiatriques telle que la schizophrénie, les troubles bipolaires. Effet tranquillisants, anti-délirants et contre la désorganisation des pensées et je la tendis à la demoiselle afin d’illustrer mes propos avant de continuer « Ce qui ne va pas c'est pas mon corps, il n'a nullement été blessé, ce qui ne va pas, c'est ma tête ; mon esprit. Il a été réduit en pièces, au point que j'ai perdu mon identité et mon humanité. Je suis devenu fou. » En effet, devons nous considérer comme humain une personne qui a déjà songé à tuer ? Qui a des pulsions qui ne peut parfois contrôler ? Qui a pensé au suicide, mais aussi au meurtre. C'est horrible pas vrai ? Heureusement jusqu'à aujourd'hui mes médicaments m'avaient toujours sauvé des mauvaises passes. « Tu sais, quand je raconte cette histoire, il y a différents types de réaction. Certains me détestent, m'insulte pour ce que je suis, car je suis fou et dangereux. D'autres sont rassurés, car ils se rendent compte qu'il y a toujours pire dans la vie que soi, certains ont pitié de moi, me rabaissent et adoptent un semblant de compassion. Enfin, les derniers sont heureux car je leur ai dit la vérité. » Je tournais ma tête vers elle, et mimais un sourire; je n'avais plus de pression. J'étais libéré d'un poids que j'avais sur le cœur, et j'avais fait le plus difficile. « Et toi Yang Yiming, comment réagiras-tu ? » La peur commençait à prendre de l'ampleur, à me donner des frissons. Le sentiment d'être rejeté, trahi par quelqu'un à qui l'on avait donné sa précieuse confiance, en effet ma maladie m'avait bien appris une chose ; qu'il ne faut jamais la donner. Et la jeune coréenne restait l'une des rares personnes à qui j'avais donné ma confiance par le passé qui ne connaissait pas encore la vérité.