Leurs sanglots enfin séchés, la jeune femme avait proposé à Minhyun d'aller discuter dehors. Vu les regards qu'on leur lançait, il semblerait qu'ils se sont plutôt bien fait remarquer et que leurs présences ne soient plus souhaitées. Ayant récupéré ses béquilles, la jeune femme prit la direction de la sortie de la bibliothèque, son ancien ami sur les talons.  Une fois dehors, elle repéra un banc et s'y assit directement, elle commençait à avoir à la jambe qui la soutenait et aux mains. Le regardant, elle remarqué qu'il restait à distance raisonnable et bien qu'elle s'était rapprochée, elle finit par respecter cette distance tout en attendant patiemment qu'il s'exprime. Enfin. Depuis le temps qu'elle voulait qu'il lui parle. Elle attendait désespérément ce moment depuis qu'ils s'étaient revus à la fraternité. Elle ne s'était jamais tenue aussi près de lui depuis un bon moment. Il avait l'air tendu, anxieux, elle avait peur qu'il ne finisse par finalement fuir sans rien lui dire. Elle savait qu'il pouvait trouver le courage et la force de lui parler, elle croyait vraiment en lui. Après quelques minutes de silence, il prit enfin la parole et la jeune femme se promit de rester silencieuse jusqu'à ce qu'il ait fini. Malade ? Elle faillit rompre sa promesse, mais se retient. Oh ça l'inquiétait beaucoup d'entendre ça. Il finit par expliquer, c'était une maladie différente de laquelle elle s'attendait, elle ne comprenait pas vraiment d'ailleurs. Quelle maladie pouvait vous enlevez votre joie de vivre, votre gentillesse ? Elle resta muette, se retenant de poser toutes les questions qui lui traversaient l'esprit. Intriguée par le petit flacon qu'il venait de sortir de sa poche, elle le récupéra quand il lui tendit avant de lire les informations écrites sur l'étiquette. Des médicaments pour des troubles psychiques comme la schizophrénie ou les troubles bipolaires. Le regard fixé sur les inscriptions, elle écouta Minhyun qui tentait de lui expliquer, pour que petit à peu, les rouages de son esprit s'enclenchent et comprennent. Devenu fou, c'était comme ça qu'il résumait sa situation, son état mental. Son esprit était malade et non son corps comme elle l'avait imaginé au départ quand il lui avait parlé d'une maladie. Elle leva les yeux vers lui quand il mentionna les diverses réactions qu'ont eu son entourage lorsqu'il leur a raconté la vérité, lui demandant à elle, quelle serait la sienne. Le fixant, elle resta muette quelques secondes, le regard inexpressif.  « Ne me range pas dans une case s'il te plaît. » murmura-t-elle avant de reprendre.  « Je suis contente que tu t'es enfin ouvert à moi, que tu m'as enfin dit la vérité après tout ce temps. » Elle regarda les médicaments un moment avant de prendre sa main et de mettre la boite contre sa paume.  « Je ne veux plus que tu détestes, que tu haïsses, que tu détruises. Je veux que tu refasse confiance, en moi, aux autres, que tu retrouve ta gentillesse naturelle là où elle s'est perdue et surtout … je veux revoir ton sourire. Je ferais tout pour t'aider, je te le promet, je ne te laisserais pas tomber. » Elle lui sourit doucement.  « Je ne veux pas penser que tu sois dangereux, ni fou d'ailleurs. On va tout faire pour que tu ailles mieux, être bien entouré t'aidera j'en suis sûre. » La coréenne avait une question sur le bout des lèvres, mais après quelques secondes de réflexion, elle se décida à la lui poser.  « Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu tombe dans cette maladie ? Il a bien du y avoir quelque chose, non ? »

Ayant enfin pris mon courage à deux mains, j'avais pris l'initiative de tout raconter à mon ancienne amie ; enfin pas vraiment la totalité de l'histoire, mais plutôt ce qui était nécessaire. Une fois l'aveu fait, il ne me restait qu'un sentiment inlassable de peur et d'angoisse. Mon teint blêmissait, et mon regard hésitant ne cessait de fuir le contact visuel avec mon interlocutrice. Le silence s'installa pour un bref instant, avant qu'elle ne décide de le briser. A peine eu-je perçu sa voix que je pensais déjà à être rejeté, voir fuit par la jeune femme. Néanmoins, l’inverse se produisit. Sous l'effet de la surprise, et suite à ses propos je demeurais silencieux, ébahi par la réaction et le propos de celle-ci. Mes craintes se dissipèrent peu à peu, et je pouvais à nouveau retrouver mon calme. « Tu es toujours restée aussi gentille... » disais-je mélancoliquement tout en esquissant un sourire avant de reprendre « Je ne pense pas que je redeviendrai un jour ainsi... » Je retournais mon regard inexpressif vers Yiming avant de continuer « Je suis fou, je suis dangereux, et je n'irai probablement jamais mieux. Ce que j'ai est incurable. J'ai suffisamment lutté pour le savoir » Cependant, bien qu'elle ait probablement des espoirs vains, elle a réussi une chose ; à apaiser mon esprit, ma peur d'être rejeté. Elle m'avait accepté, et voulait désormais me consoler, elle avait toujours cette bienveillance sans limite ; comme il y a dix ans. « Je pense que tu n'as pas compris la gravité du problème. Je n'ai pas un simple trouble de la personnalité ou de la bipolarité tout court. C'est bien plus problématique, et bien plus difficile à contrôler ; en bref je suis imprévisible. » Je me mordais la lèvre inférieure, réfléchissant lentement à la suite de mon explication. « Je suis atteint d'une psychose ; la paranoïa. Du jour au lendemain mon esprit arrive à me faire croire que mon meilleur ami est mon pire ennemi. De plus combiné avec de la bipolarité, ça donne un savant mélange. Tu vois ou je veux en venir? » J'essayais désespérément de lui faire comprendre qu'il ne fallait pas qu'elle se fasse de faux espoirs. Qu'elle comprenne que ma cause est vaine. « Du jour au lendemain je pourrais croire que tu es nuisible pour moi et je pourrais alors adopter un tout autre comportement voir devenir violent, et si mes médicaments ne font pas effet, je ne pourrais pas me contrôler, et ça je souhaiterai que ça n'arrive jamais.» La jeune femme m'avait alors posé une question, qui visiblement lui tenait à cœur. Comment en étais-je arrivé à là ? « Mes pa-... » Je me coupais dans mon élan, repensant alors aux parents de Yiming, eux étaient morts, et elle en avait beaucoup souffert, étais-je en position de moi, reporter la faute de mon état mental sur les miens ? Ils n'avaient pas vraiment fait grand chose, c'était juste probablement encore un tour de ma paranoïaque de croire qu'ils étaient les responsables. « J'ai toujours été émotionnel, sensible, naïf, c'est un caractère prédisposé ; après il suffit d'un peu de malchance, d'un simple événement choquant. Ça suffit pour mettre l'engrenage en route. » La tristesse se lisait sur mon visage trahissant alors mon expression grave et sérieuse. Devais-je désormais regretter de m'être confié à la demoiselle ? Car désormais, je pense qu'il ne sera plus possible de la fuir comme avant.

Elle était vraiment heureuse qu'il ait réussit enfin à s'exprimer face à elle, après tant de fuites, tant de moments où elle se faisait ignorer. Savoir qu'il était malade, fou et dangereux étaient ses mots, mais elle ne le pensait pas ainsi. Elle ne voulait pas le cataloguer avec sa façon de se voir lui-même. Yiming voulait le voir, le percevoir à sa façon. On lui disait souvent qu'elle était gentille, mais elle ne savait jamais trop quoi dire après ça, elle était juste comme ça. Et lui semblait s'être résigné à rester comme il est actuellement, ne s'attendant à aucun changement. La coréenne baissa la tête en l'entendant, il n'était plus motivé à faire des efforts, mais elle, elle l'était. Lui prenant la main, elle le regarda. « Eh bien moi, je ne te catalogue pas comme fou, ni comme dangereux, je m'en fiche. Je suis sûre qu'en étant confronté à de bonnes personnes, petit à petit, tu arrivera à te voir différemment et peut-être à changer un peu, en bien. Tu es une bonne personne là dessous. » Néanmoins, selon lui, elle semblait ne pas avoir compris à quel point il était mal en point, que cela pouvait être grave. Et dangereux pour elle aussi. Lui expliquant un peu mieux la psychose dont il est atteint, il rajouta que sans ses médicaments il pouvait perdre le contrôle et être violent face à elle, ce qu'il ne souhaitait pour rien au monde. La jeune femme attrapa doucement son menton entre ses doigts et lui fit relever la tête pour qu'il la regarde. Un sourire doux étira ses lèvres alors qu'elle tenta de le rassurer. « J'ai compris où tu veux en venir oui. Mais moi … j'ai confiance en toi. J'agirais toujours bien avec toi, je veux faire en sorte que ton esprit comprenne petit à petit qu'aucune menace nous entoure. Je suis vraiment prête à t'aider Minhyun. Je n'ai pas peur de toi et quoi qu'il arrive, je ne t'en voudrais pas, je te le promet. » Elle comptait rester avec lui, l'accompagner autant de temps qu'il le faudra. Et un jour, ils pourront tous les deux sourire de nouveau ensemble, parler comme avant, elle en était sûre. Il ne fallait jamais perdre espoir. « Je ferais en sorte que tu prenne bien tes médicaments, j'te surveillerais. » dit-elle, moue aux lèvres avant de lâcher son menton et de lui sourire de nouveau. Finalement elle se décida à lui demander ce qui avait déclenché la maladie. Il avait commencé à lui répondre, mais il se stoppa. Ses pa- ? Parents ? Pourquoi n'avait-il pas continué ? Elle ne voulait pas le pousser un peu plus alors elle ne préféra pas relever. Néanmoins elle eut du mal à ne pas être curieuse sur cet événement choquant. « Je n'ai pas envie de te forcer la main Minhyun, mais de quel événement choquant parles-tu ? » Elle souffla doucement avant de reprendre. « Tu sais que j'ai les même traits de caractère que toi, sensible, naïve, émotionnelle, ne dis pas que tu étais prédisposé. C'est tombé sur toi, mais je suis sûre qu'un jour tu t'en sortira. » Elle en était intimement convaincu. Elle ne voulait pas le voir rester comme ça, aussi mal. Non vraiment, ça lui faisait mal au cœur.

La jeune femme y croyait dur comme fer. Que je pouvais guérir, aller mieux, réapprendre à sourire, à profiter de la vie. Au fond, bien que je niais tout ce qu'elle disait, cela me faisait du bien, de voir quelqu'un qui me traite ainsi, qui voit encore une lueur d'espoir là où d'autres l'ont ignoré. J'étais vraiment heureux de m'être confié à la demoiselle, et encore plus après avoir vu sa réaction. Je ne m'étais pas fait rejeté, loin de là elle était prête à m'aider. Néanmoins, elle n'avait toujours pas compris le danger que je pouvais représenter, l'ampleur de ma maladie. Elle était bien trop gentille, peut être un peu trop naïve comme elle venait de le dire. J'avais l'impression à cet instant de voir mon reflet, mon ancien moi. Je trouvais cela fou qu'un jour j'étais ainsi. Que par le passé je voyais le bien en tout le monde, qu'il n'y avait même pas une once de haine dans mes pensées. Désormais je doutais de tout, remettait en cause même la confiance que je donnais à mes proches. Ça me fait mal... Un instant après, elle releva mon menton pendant que je l'évitais du regard. Le contact physique peu attendu, légèrement surprenant me fit lever les yeux dans sa direction. Elle tentait de me rassurer, et lorsqu'elle disait vouloir me surveiller, j'esquissais un sourire, amusé par l'enjouement atypique de la jeune femme. « Cyamémazine, loxapine, benzodiazépine, akathisie, miansérine, tu retiens ? C'est tout ce qu'il me faut. Toujours motivé madame l'infirmière ? » La moue aux lèvres, j'imitais son expression faciale avant de continuer. « Je suis assez grand pour m'en occuper, et je suis suffisamment mature pour avoir accepté ma condition » J'avais la chance d'avoir pris conscience de mon état mental. Imaginez si j'avais perçu cela comme un complot ? Un mensonge ? Quel serait mon quotidien actuellement ? Totalement instable, sans médicaments, interné dans un hôpital peut être ? Persuadé d'être tout à fait normal et que le mal découle des autres. Ma souffrance, ironiquement était en quelque sorte une bénédiction. Une "chance" de pouvoir savoir que j'étais fou. « Tu n'as pas besoin d'éprouver autant de compassion à ma santé, je le vis comme je le peux. Je n'ai pas besoin d'un médecin à domicile, ou d'une amie pour me sécher les larmes. Je me suis toujours débrouillé seul, alors ça peut demeurer ainsi. » Borné. Autant que la demoiselle, je savais aussi l'être. Après tout les efforts qu'elle avait fait, j'avais encore le culot de lui demander de laisser tomber et de m'abandonner alors que moi même je commençais à nouveau à m'attacher à celle-ci. Alors pourquoi ? Car je continuais à avoir peur, à être craintif de m'attacher à nouveau. La peur d'être délaissé, abandonné, trahi ne pouvait disparaître. J'avais des limites, ou plutôt je me les imposais car n'importe qui, même ton ami le plus proche peut te mentir, te poignarder dans le dos.

Alors que inconsciemment, je baissais peu à peu ma garde et ma méfiance vis à vis de mon ancienne amie, le dérapage fût imminent. A peine la première syllabe fût-elle prononcé, que mon élan se stoppa et mon corps se paralysa. Je m'étais bien trop ouvert, et même si elle avait gagné une partie de ma confiance, je ne pouvais pas lui parler de ce détail. « Rien oublie » Disais froidement. Ma voix fût sèche et stoppa net la jeune femme. Regrettant mon action impulsive, je reprenais doucement « Je n'ai pas envie d'en parler.... J'en ai assez dit pour aujourd'hui tu ne penses pas ? » Je me levais alors du banc, effaçant mon expression morose avant de poursuivre « Viens, je te raccompagne au dortoir » Sans m'en rendre compte, je m'imposais, sans imaginer une seule fois que Yiming n'avait peut être pas envie de partir, ou d'aller autre part. Nous n'avions plus vraiment la possibilité de retourner à la bibliothèque aujourd'hui, donc je n'avais plus rien de prévu. Alors j'allais passer le reste de ma journée au dortoir à lire.

Yiming ne voulait pas être défaitiste par rapport à l'état de santé mental de Minhyun, qu'importe si lui s'était déjà résignée, elle voulait l'aider et elle serait là pour lui en toutes circonstances. Elle était vraiment heureuse qu'il se soit enfin confiée à elle. Enfin elle savait, enfin il arrêterait de l'ignorer, de la fuir dès qu'elle approchait. Des réponses c'est tout ce qu'elle voulait, des explications. Maintenant qu'elle y pensait, cela devait vraiment être dur pour lui de lui avoir dit, de passer à travers ce blocage de ne faire confiance en personne. Lui confier tout ça avait du lui coûter, mais justement, elle était fière de lui. Fière qu'il ait pu le faire. Elle avait d'autres questions, mais elle préféra les laisser dans un coin de sa tête, il en avait déjà beaucoup dit. Le regardant dans les yeux pour tenter de le rassurer, elle rajouta qu'elle allait le surveiller pour qu'il prenne correctement ses médicaments. En entendant les noms des médicaments, elle le fixa muette, avant de sourire. « J'ai retenu que la majorité se finissait en -ine, c'est déjà bien, non ? Je serais quand même ton infirmière attitrée, je viendrais te voir tous les jours. » dit-elle en hochant la tête. Elle était déterminée à l'idée qu'importe ce qu'il lui dise. Elle n'allait pas le laisser seul, même s'il ne voulait pas d'aide, quitte à être juste une petite conscience sur son épaule, pour les coups durs. Elle espérait vraiment qu'il ait compris qu'il pouvait compter sur elle, Yiming était prête à le lui répéter chaque jours s'il le fallait, pour qu'il n'oublie pas et surtout pour qu'il ne croit pas le contraire. Le fixant elle faillit lui taper sur la tête. La coréenne croisa les bras avant de répondre. « Yah. T'as déjà oublié ce que je t'ai dit ? J'ai dit que je serais toujours avec toi, on va changer tes habitudes, tu ne sera plus tout seul. » dit-elle, moue aux lèvres avant de reprendre. « Je suis capable de te le répéter cent fois par jour, mais ma porte sera toujours ouverte pour toi et t'aura aucune excuse vu qu'on habite dans le même dortoir ! »  Voilà, c'était même pratique, elle avait juste à sortir de sa chambre et à filer dans la sienne quelques mètres plus loin. Elle avait bien compris qu'il avait peur, peur de ce qu'il pourrait lui faire, de ce que son esprit malade pourrait lui faire croire sur elle. Mais aussi qu'elle puisse trahir sa confiance, mais Yiming comptait tout faire pour lui faire  comprendre que rien de tout ça n'arriverait. Alors qu'il allait mentionner un autre détail, il se stoppa et bien que curieuse, la coréenne ne le força pas à continuer, même si elle avait vraiment envie de savoir. Ça faisait déjà pas mal de révélations en peu de temps. Sa voix froide la peina un peu, mais ce n'est pas pour autant qu'elle allait abandonner. Il lui avait crié dessus toute à l'heure et elle n'avait pas fuit. Elle hocha la tête en lui souriant. « Oui ne t'inquiète pas, je comprend. Et puis j'ai eu beaucoup de réponses à mes questions, je suis contente qu'on ait brisé ce mur entre nous. » Le suivant des yeux alors qu'il se relevait, elle suivit le mouvement. Inconsciemment la jeune femme lui attrapa le bras pour marcher à côté de lui. Elle avait toujours été tactile, oubliant que Minhyun ne l'était plus. « Allons y ! J'ai plein de lectures en retard à rattraper. » dit-elle, râlant un peu avant de lui faire un grand sourire alors qu'elle marchait à ses côtés. Qu'il s'attende à la voir régulièrement dans sa chambre, elle n'allait plus hésiter à s'y rendre.

Yiming avait toujours cette lueur d'espoir là où, moi j'abandonnais. Elle ne voulait pas se résigner, elle pensait de tout son cœur que mon état pouvait s'améliorer. J'avais essayé une dernière fois de la repousser, mais celle-ci ne se laissa pas abattre, et alla même jusqu'à me dire qu'elle allait me voir tout les jours. C'était presque flippant, mais en même temps rassurant, peut être que, si l'on établissait un lien de confiance fort, peut être que ma personnalité paranoïaque n'allait pas changer ma perception des choses avec elle. Mais cela restait dangereux, avec mes colocataires c'était différent, on ne parlait que pour le minimum, on échangeait parfois, mais il n'y avait eu aucune opportunité à créer une illusion ou une fausse interprétation. Néanmoins, une fois le cercle d'amis atteint, là le danger se pointait, et ma personnalité imprévisible pouvait se dévoiler. « Merci. » J'étais reconnaissant envers la Wonsungi, jamais je ne pourrais suffisamment exprimer ma gratitude, celle de croire en moi, là où d'autres et moi-même avons perdu foi. Bien que effrayé par l'idée qu'elle s'était rapproché de moi et par conséquent du danger que je représentais, j'étais heureux d'avoir un pilier sur lequel je pouvais m'appuyer. Puis finalement vint l'instant d'erreur, je dépassais les bornes, évoqua alors le détail de trop. Je coupais alors mon souffle, blêmissait de peur qu'elle en avait trop entendu. Heureusement, elle renonça rapidement à sa curiosité une fois que j'avais repris une voix moins chaleureuse. J'avais eu peur qu'elle apprenne pour cela, qu'elle se sente mal, qu'elle ressente encore plus de compassion. Mais aussi j'avais peur pour moi, je détestais évoquer le sujet, même avec mes propres parents ; artisans de la douleur. C'était une plaie béante qui ne cicatriserai jamais, qui aura beau être soignée par toute l'affection du monde, elle restera ouvert. C'est celle qui a brisé mon cœur, mon esprit tel des pièces de puzzle. J'avais beau essayer de recoller les morceaux, cette douleur demeurait, et je m'étais à force que le temps s'écoule enfouir ce souvenir loin dans ma mémoire, en espérant qu'il ne me ferait plus autant mal et pourtant.... Il était toujours là. Voyant que j'avais totalement refroidi l'atmosphère, je me relevais du banc, avant de proposer à Yiming de la raccompagner. La pauvre, était en béquille, et par ma faute n'avait pas pût acheter ses livres. L'après-midi était loin d'être achevée, mais je ne trouvais pas d'autres occupations mis à part celle de lire. La jeune femme, enjouée m'attrapa le bras ; je me retenais alors de grimacer, où de la repousser. Détestant depuis mon adolescence les contacts physiques, naturellement je restais distant avec mon entourage, néanmoins je ne repoussais pas mon amie d'enfance ; celle-ci, pensais-je devait être heureuse d'avoir pût éclaircir le brouillard autour de moi, alors j'allais lui accorder cet instant de plaisir. « Mmmmh moi aussi je dois lire » Disais-je en continuant d'avancer, adaptant alors mon pas à celui de Yiming.

HRP: