just tell me everything's alright

Aidan ? Non, ça ne lui disait rien. Mais après tout il y avait beaucoup de monde qu’elle ne connaissait dans l’université, quand bien même elle était particulièrement sociable. Alors elle haussa les épaules. De toute manière le sujet reviendrait probablement par la suite. Ou alors la thaïlandaise allait laisser couler et attendre que son amie en parle d’elle-même. Même si la connaissant, elle attendrait probablement un long moment. Voire, ne dira jamais la vérité. Peut-être. Malee poussa un infime sourire suite aux questions de la sango. « Tu veux vraiment tout savoir ? Ça va être long tu sais. Et je doute que les médecins me laissent rester autant de temps. » Petite pause. Elle réfléchissait. Pouvait-elle vraiment lui dire ou était-ce trop tôt ? Elle n’en avait aucune idée. Elle était perdue. Totalement perdue. Il se passait trop de choses, elle ne savait plus où donner de la tête, son cerveau n’arrivait pas à tout analyser. Alors comment pourrait-elle dévoiler ce qui s’était passé à Jina ? « De toute manière tu remarqueras sûrement en sortant d’ici. » Ce qui était probable. Certes la ville s’était reconstruite, mais il y avait tout de même des signes du drame qui s’était déroulé juste un mois avant. Moins d’un mois même. Le temps était passé beaucoup trop vite. Malee se demanda un instant où étaient passés toutes les minutes, tous ces jours, ces semaines. Elle avait l’impression que l’événement datait de la vieille. Qu’avait-elle fait depuis ? Rien. Elle devait bien l’avouer. Elle n’avait rien fait, si ce n’était probablement les choses les plus inutiles qu’elle n’avait jamais fait. Mais entre l’enterrement d’Ilnam et celui de Naoji… Oui, elle n’avait pas passé tout son temps à ne rien faire après tout. « Tu as loupé le tremblement de terre, c’est tout. » Rien de grave. Non, rien. Le drame en lui-même n’était pas si dérangeant que ça, pour la miss. Ce qui lui posait problème était plutôt ce qui s’était passé ensuite. Ce qu’il avait causé.

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Oui elle aurait dû se dire. Néanmoins Malee préférait ça… c’était peut-être égoïste, mais ainsi, elle avait une bonne manière de détourner le sujet, ne risquant pas de le ramener à elle-même. La thaïlandaise n’avait jamais aimé parler d’elle. Elle ne se considérait pas comme importante, comparée aux autres. Mais quand elle vit la manière dont Jina triturait son plâtre, elle regretta presque d’avoir ouvert la bouche. Elle pencha la tête, serrant un peu plus ses jambes contre elle. « Eh oh ça va aller d’accord ? Arrête de t’inquiéter. Ça s’est passé le lendemain de ton accident. Ça fait presque un mois, tout commence à redevenir à la normale, tu n’as pas à t’inquiéter d’accord ? » Bon si elle avait été à sa place, elle se serait probablement fait un sang d’encre. Mais c’était dans sa manière d’être. Et à vrai dire, elle s’inquiétait encore parfois. Il lui arrivait de rêver du tremblement de terre. De se revoir presque impuissante alors que tout s’effondrait. Elle se voyait bloquée sous les décombres, à hurler, alors que ses amis étaient blessés devant ses yeux. La scène ne s’était absolument pas déroulée de cette manière. Et pourtant c’était ce qu’elle voyait dans ses cauchemars. Et ça la hantait. « Et je sais que tu te poses la question mais… les sangos vont bien te fais pas de soucis pour ça. Tout du moins aux dernières nouvelles et je doute qu’il se soit passé quoi que ce soit depuis ! » Elle hocha la tête. Bien sûr qu’il ne s’était rien passé entre-temps. En fait ils avaient eu suffisamment d’événements pour toute l’année probablement. Voire plus. Tout le siècle. « Mais je suis sûre que tes camarades t’expliqueront mieux que moi. Tu veux que je passe à ton dortoir pour leur dire que tu es autorisée de visites maintenant ? » Ça lui ferait probablement du bien de voir les siens, qu’ils lui expliquent, lui racontent, qu’elle puisse voir que tout allait effectivement bien. Peut-être que ça lui remonterait un peu le moral.  

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Malgré la réponse de Jina, Malee prévoyait tout de même de passer au dortoir des sangos, pour leur annoncer la bonne nouvelle. Elle ne voulait pas que son amie se retrouve seule et elle savait très bien qu’elle ne pourrait pas rester tout le temps ici. Quand  bien même elle aurait apprécié le faire. Alors elle hocha la tête, faisant mine d’accepter, mais elle ne comptait pas écouter son amie. La petite rebelle. « Je suis allée où ? » demanda-t-elle, clignant des yeux. De quoi la sango parlait-elle ? Malee, dont la tête restait concentré sur le sujet de discussion précédent et des verts, se demanda si c’était bien de ça dont parlait Jina. Mais c’était peu probable. Il fallait avouer que pour le coup la thaïlandaise était un peu larguée. Néanmoins elle eut soudain un autre sujet de préoccupation. Elle déplia ses jambes, posa ses pieds au sol et se releva bien vite quand la miss commença à changer de position, faisant mine de se redresser elle aussi. « Mais qu’est-ce que tu fais ? Arrête, tu risques de te blesser. » Elle posa ses mains sur les épaules de Jina, l’empêchant de continuer et de finir de se lever. Fixant la porte du coin de l’oeil, la Kathaleeya se demandait ce que faisaient les médecins, et s’ils n’allaient pas tarder à jeter un coup d’œil ici. Parce qu’il fallait avouer qu’ils seraient probablement mieux placés que la jeune femme pour maintenant la sango. On obéit aux figures d’autorité la plupart du temps. Bon d’accord, Jina n’était pas une personne comme les autres après tout. Et puis elle tourna la tête vers son amie quand cette dernière reprit la parole. Malee était-elle si transparente ? Non, elle savait bien que non. Ça faisait tant d’années qu’elle mentait et dissimulait, si elle n’était pas capable de masquer ses émotions, elle aurait été découverte il y a un moment. Elle poussa un soupir, relâcha sa camarade et retourna s’asseoir, posant le bout de ses fesses sur le fauteuil. « Franchement je vois pas trop quoi cracher Jina. J’étais sous pression ces derniers jours, avec le tremblement de terre, toi dans le coma et les autres drames… J’ai été virée de mon job aussi. Je suis au chômage depuis quelques semaines. » Sourire triste. Elle se demandait bien ce qu’elle allait pouvoir faire par rapport à ça d’ailleurs. Sa bourse et ses économies lui permettaient de survivre, mais ça ne durerait pas éternellement.  

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« Mais qu’est-ce que tu fais encore ? » Malee s’était à nouveau levée tandis que Jina reprenait sa position assise. Elle avait essayé de se lever. Intérieurement, la thaïlandaise enrageait presque. Mais pourquoi elle faisait ça ? Certes à sa place, elle se serait probablement sentie énormément frustrée, néanmoins elle serait sûrement restée sage. Pour guérir et pouvoir être plus efficace. Etant donné que dans l’état actuel des choses, et même si elle arrivait à se lever, elle ne servirait à rien. C’était cruel, mais vrai. « Jina, je sais que c’est dur, mais ça sert à rien de forcer comme ça… Reste sage, attends de guérir, et ensuite fais ce que tu as à faire. Mais dans ton état actuel même si tu arrives à te lever, ça changerait rien. » Petite pause. Ce qu’elle allait dire n’était certes pas très sympathique, ni facile à entendre, mais elle voulait marquer la sango pour qu’elle arrête ses bêtises. « Et tu veux vraiment que les gens te voient comme ça ? » Oui, elle se doutait bien que son amie ne voulait pas ça. Elle était trop forte pour supporter d’être vue dans une telle position. Malee retourna s’asseoir sur le lit de son amie et lui posa une main sur l’épaule. Une main plus légère que la précédente. Une main qui n’était pas là pour la retenir, mais pour la réconforter. Et elle lui adressa un sourire. Un petit sourire, un sourire doux, sucré, qu’on aurait presque envie de manger. Parce qu’elle ne voulait pas que son amie lui en veuille. Elle voulait que la verte se calme, qu’elle guérisse et qu’ensuite elle reprenne sa petite vie. « Je vais le dire une bonne fois pour toute et tu vas l’imprimer dans ta tête. Tu n’y es pour rien. Ce n’est pas de ta faute. Et même si tu avais été debout, tout serait quand même arrivé. Peut-être même pire, peut-être que tu aurais été blessée par le tremblement de terre. Voire pire. Alors arrête de culpabiliser et attends. Que tu le veuille ou non j’irai voir les sango tout à l’heure. J’espère qu’eux au moins arriveront à te donner une claque suffisante pour que t’arrêtes tes bêtises ! » Parce qu’aussi patiente qu’elle pouvait être, elle ne savait pas si elle serait à la hauteur pour calmer sa camarade. Elle ne savait pas si elle était dans un état moral suffisant pour réussir à calmer qui que ce soit d’ailleurs.

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Malee vit son amie se donner un coup de plâtre sur la jambe. Et elle ne réagit pas. Elle avait l’impression que quelqu’un venait de lui arracher le cœur pour ensuite s’en servir comme cible pour lancer des fléchettes. Comment est-ce qu’elle pouvait dire ça ? Comment pouvait-elle se permettre de laisser ce venin sortir de sa bouche ? Malee se releva. Elle aurait voulu fuir le plus loin possible de son amie. Comme si elle se retrouvait face à un chien enragé qu’il fallait mieux éviter. La sango venait de venir à bout de la patience de la wonsungi. « Combien de fois il faut que j’te le dise ? T’aurais rien pu faire. Rien. Tu penses que t’aurais pu arrêter la voiture par la pensée ? Empêcher le sol de trembler par la force de tes bras ? Redresser les bâtiments en leur donnant un coup de pied ? » Petite pause. Elle n’en pouvait plus. Elle avait envie de partir. Vite. Tout ça était un poids beaucoup trop dur à porter pour ses épaules. Elle était forte. D’habitude. Mais le monde l’avait détruite. Pauvre petite chose, née trop tôt dans un univers trop impitoyable pour elle. Et pourtant elle tentait quand même. Elle essayait. Elle était persévérante. Elle ne pouvait pas abandonner comme ça, tout d’un coup. Pas avant d’être venue au bout de sa pensée. « Non, t’aurais rien pu faire Jina. Rien du tout. Rien n’est de ta faute. Arrête de penser ça et ouvre les yeux : le monde ne tourne pas autour de toi. » Des paroles dures. Trop dures pour elle. Elle n’était pas comme ça habituellement. Elle ne se reconnaissait plus. A croire que le monde l’avait usé. Les drames étaient venus à bout de son être. Elle se sentait brisée. Et sa personnalité s’était adaptée. Souvent, elle essayait de faire comme si de rien n’était. Mais parfois elle relâchait un peu trop son masque. Comme ce jour-là. Oh comme elle aurait aimé que Jina ne la voit jamais comme ça… « T’as survécu parce que c’est comme ça. T’es tombée dans le coma parce que c’est comme ça. Il est mort parce que c’est comme ça. C’est tout. Y a ni questions à se poser ni culpabilité à avoir. Si on t’avait laissé le choix de mourir à sa place, tu l’aurais fait ? » Elle n’attendit même pas une réponse. Elle se dirigeait vers la porte, sans cesser de parler. Un pas. Deux pas. « En fait non, ne réponds pas. Je veux pas savoir. » Trois pas. Un quatrième. Et elle finit par arriver à la porte, qu’elle ouvrit afin d’interpeler un médecin. Elle se retourna pas. Elle ne regarda pas son amie. Elle n’en pouvait plus. Elle se sentait mourir. « Guéris vite. » Deux mots lancés en l’air, destinés aux oreilles de la miss sur son lit d’hôpital. Et puis Malee partit. Sans se retourner. Ça lui déchirait le cœur, lui déchirait l’âme même. Mais elle ne pouvait plus. Elle ne supportait plus. Elle étouffait dans cette chambre. Elle serait peut-être morte d’asphyxie si elle était restée. N’ayant aucune autre échappatoire possible, la thaïlandaise décida de se rendre à l’endroit qui la permettait le plus de respirer. En boîte. Elle avait besoin de danser. De bouger. D’oublier. Tout oublier.