why don't we break the rules ?

Qui disait cours disait forcément tenue intello' oblige. Mon Nah, ce matin-même, avant de quitter l'hôpital, ou elle avait passée plusieurs jours, à attendre un quelconque événement de se produire, seule dans son lit blanc, s'était acharnée devant son miroir pour essayer de ressembler le plus à une jeune fille travailleuse et intelligente. Autant dire que le résultat était plutôt étrange, et si il lui avait beaucoup plus ce matin, elle regrettait désormais son choix en voyant les tenues tout à fait banales des autres élèves, qui la regardaient bizarrement. En même temps, elle devait ressembler à une sacrée touriste, elle la petite blonde fragile qui ne venait qu'une fois l'an en cours, et encore. Son voisin s'installa en lui souriant gentiment, et Mon Nah lui rendit aussitôt son sourire. Un simple sourire comme celui-là avait le don de re-booster son énergie pour la journée entière. Elle sortit son bloc-notes, sa trousse, et ajusta ses grosses lunettes carrées sur le haut de son nez, pour être sûr d'y voir clair, avant d'ouvrir le capuchon de son stylo pour écrire. Autant dire qu'une demi-heure plus tard, Mon Nah était dépassée par la situation. Autour d'elle, l'encre coulait sur les feuilles à la vitesse de voitures de courses lancées à fond sur un circuit, et même le professeur était obligé de changer sa craie plusieurs fois de suite durant la même heure, tant il écrivait au tableau. Et Mon Nah était là au milieu des élèves, les bras ballants, le capuchon de son stylo entre ses lèvres, l'air hagard et béat.

Oui, elle avait l'air bête, mais sincèrement, elle n'y comprenait plus rien. Mais après avoir ratée tous les cours depuis le début de l'année, elle ne devait pas s'attendre à comprendre quoi que ce soit. Mais elle s'était dit qu'il y avait peut-être une chance de se rattraper. Malheureusement, c'était loin d'être le cas. Désespérée, elle reboucha son stylo, une moue boudeuse et enfantine au visage, avant de poser sa tête sur ses bras, son menton reposant sur le dos de ses mains, ses grands yeux noisettes observant les élèves autour d'elle.  C'était là une tâche bien plus passionnante que celle de devoir prendre des notes comme un robot, songea Mon Nah, souriant légèrement en voyant deux filles caresser leurs propres cheveux en se vantant de la douceur de ces derniers. Il y avait quelque chose de jouissif et peut-être glauque aux yeux des autres gens, que de regarder ces personnes qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam interagir entre elles. Mon Nah aimait voir la vie normale, et parfois, en regardant quelques-unes de ses unnies, qui réussissaient dans la vie, elle s'imaginait à leur place. Elle se projetait plus loin dans le futur, et se créait sa propre projection privée de sa vie dans quelques années, de ce qu'elle aurait pu et du être. Sa tête roula sur ses bras distraitement quelques instants, des secondes suffisantes pour faire froncer les sourcils à son voisin, avant qu'elle ne remarque une figure familière parmi cette foule d'inconnus. C'était Malee, Mon Nah la reconnaissait tout de suite. Aussitôt, elle plongea la main dans son sac pour prendre son téléphone portable, et envoyer un sms à la jeune femme.

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Aucune motivation. Ces derniers temps, Malee n'avait aucune motivation à aller en cours. Bien au contraire. Elle avait déjà séché plusieurs fois ce mois-ci. Un peu trop peut-être. Mais elle n'avait pas la tête à travailler. Oh bien sûr elle continuait à sourire, à faire comme si tout allait bien. Elle allait même jusqu'à faire semblant de réviser, parfois. Pour ne pas inquiéter les autres. Mais à l'intérieur de son cœur, c'était Bagdad. Trop de sujets à songer, trop de problèmes, trop d'inquiétude, trop de souffrance. Elle avait l'impression d'exploser. Mais elle restait stoïque. Du moins en apparence. Elle ne savait juste pas quand elle allait craquer, néanmoins elle se doutait que ça n'allait pas tarder. Et pourtant elle continuait à mener son petit bout de vie. Elle se leva ce matin-là, alla dans la salle de bain, se prépara, prit son petit-déjeuner, comme un automate tous sourires, qui saluait tous les wonsungis qu'elle croisait, discutant même avec certains d'entre eux. Mais au fond elle ne souriait pas. Au fond elle avait juste envie de retourner dans son lit et de s'enterrer sous sa couette. Ce qu'elle ne fit bien évidemment pas. Au lieu de ça elle alla à l'université, marchant jusque là-bas lentement, comme pour éloigner le plus possible le moment où elle y arriverait enfin. Elle n'avait pas envie d'aller en cours. Mais là encore, ce qu'elle voulait ne comptait pas, et elle se retrouva assise à l'intérieur d'un amphi, à écouter un professeur qui en temps normal l'aurait intéressé, mais qui à ce moment précis lui semblait la personne la plus ennuyante du monde. Elle prenait des notes par réflexe, les paroles pénétrant son cerveau et y disparaissant bien vite, tandis qu'elles coulaient sur le papier. Malee ne retenait rien. Elle écoutait sans écouter. Elle suivait sans suivre. Elle était tellement dans la lune, que quand son portable vibra contre sa cuisse, elle ne put retenir un sursaut, avant de cligner les yeux d'un air perdu. Néanmoins elle se reprit bien vite et sorti l’appareil de sa poche pour aller lire le message. Qui venait de Monnah. La thaïlandaise se permit un léger sourire, tandis qu'elle ouvrait puis lisait le sms. Elle tourna la tête, chercha un instant du regard et finit par apercevoir son amie, à qui elle adressa un léger signe de la main, tout en ignorant le regard désapprobateur de son voisin. De toute manière ils étaient en amphi, la miss savait très bien qu'elle ne craignait rien. Puis elle reprit place et répondit au message, avant d'attendre quelques secondes, puis d'en envoyer un deuxième. Tu rêves pas juste de filer d'ici toi ? Pour Malee c'était le cas. Oh que oui, ça l'était, et elle ne pouvait absolument pas le nier. Elle aurait tout donné pour pouvoir s'enfuir de la salle et aller... Où exactement ? Elle-même n'en avait aucune idée. Ailleurs. Loin. Le plus loin possible. Courir dans n'importe quelle direction et attendre d'être à bout de souffle et les membres trop fatigués pour continuer, afin de s'arrêter et de s'écrouler au sol. Epuisée mais heureuse. S'apprêtant à faire une petite sieste, à passer une vraie nuit comme elle n'en vivait plus depuis quelques temps. Les cauchemars, la tristesse, les sorties tard la nuit, elle voulait tout oublier, tout évacuer, et pouvoir enfin se reposer. Mais au fond elle savait qu'elle ne ferait rien, qu'elle resterait là, que rien n'allait changer. Comme d'habitude. Mais elle espérait... au fond elle continuait d'espérer que la réponse de son amie soit positive. Malee avait envie de partir, de sécher le reste de la journée. Mais elle ne voulait pas le faire seule. Elle avait envie de s'évader. Mais elle ne voulait pas le faire seule. Alors oui, ce n'était peut-être pas une bonne idée, mais elle se disait que tant qu'à louper la journée de cours, elle aimerait bien la passer avec Monnah à la place. Peut-être qu'avec une présence aussi amicale que sa camarade à ses côtés, la thaïlandaise arriverait à passer un bon moment.

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S'échapper de son quotidien rythmé par les allers-retours entre l'hôpital et son agence de mannequinat, c'était une belle intention. Mais maintenant que Mon Nah essayait vainement de déchiffrer les hiéroglyphes qu'écrivait le professeur sur le tableau devant elle, elle se demandait si c'était vraiment la meilleure solution. En même temps, il était un peu tard pour reculer : elle avait promis à son manager d'aller en cours correctement et de bien se tenir jusqu'à la fin des cours. Tout du moins, du cours, car la petite blonde ne se sentait déjà plus le courage d'aller aux cours suivants. Elle qui était venue pleine d'énergie, elle repartirait certainement avec une légère migraine et une envie de se rouler en boule dans son lit pour dormir. Peut-être que quelques piqûres à l'hôpital était une punition moins sérieuse que celle que l'on infligeait chaque jour aux élèves de cette université et du monde entier, celle de devoir aller en cours aussi tôt le matin et repartir tard le soir. Tête-en-l'air comme à son habitude, elle joua avec son stylo, en le faisant glisser entre ses doigts, et bien sûr, elle le fit tomber sur la jeune femme devant elle, qui se retourna avec un air courroucé au visage. Mon Nah se répandit en excuses en récupérant son stylo, et se permit de sourire une fois la jeune femme retournée de nouveau. Même des distractions aussi ridicules que celles-ci la faisaient rire, désormais. En même temps, dans ce cours qui devait être un cours de mathématiques quelconque, un rien était suffisant pour s'amuser. D'ailleurs, pourquoi avoir des cours de mathématiques lorsque la filière choisie est arts du spectacle ? Soudainement prise d'un doute, Mon Nah fouilla son sac à la recherche de son agenda, pour vérifier son emploi du temps. Non, elle ne s'était pas trompée, elle avait bien cours dans cet amphi à cette heure-là. Les sourcils froncés, elle reposa son menton dans la paume de sa main, dessinant des gribouillis sans noms sur la page de son cahier affreusement blanche et vierge. Peut-être qu'elle avait mal choisie ses études, en fin de compte. Peut-être qu'elle aurait du suivre les conseils de ses parents, abandonner l'idée de faire des études, et simplement se consacrer à son métier de mannequin. Mon Nah avait dit à ses parents qu'elle arrêterait ses études lorsque son état empirerait, pour faire de son mieux aux photoshoots avant que sa maladie ne l'empêche de bouger définitivement. Ses parents payaient tout de même pour son traitement médical, et même si ils ne s'occupaient pas d'elle comme il l'aurait fallu, la petite blonde les respectaient beaucoup. Ils avaient tous les deux percés dans le monde du mannequinat, et c'était grâce à eux qu'aujourd'hui, sa tête était affichée sur des pubs de parfums ou de vêtements. Elle leur devait beaucoup, et elle essayait de leur rendre la monnaie de la pièce, en travaillant dur, autant dans ses études que dans son métier. Mais aujourd'hui, suivre ce cours était vraiment trop lui demander. Quoi qu'elle fasse, même en se concentrant très fort, elle n'arrivait pas à comprendre les formules qui s'affichaient au tableau. Et elle refusait de copier bêtement, comme plusieurs autres, quelque chose qu'elle ne comprendrait pas même en le relisant ce soir. Lorsque ses yeux noisettes se reposèrent sur Malee, ce fut pour voir que cette dernière avait tournée la tête dans sa direction. Mon Nah répondit timidement à son signe de la main par un sourire. Elle n'osait pas déranger ses voisins, contrairement à Malee. Son téléphone vibra à nouveau, et elle le récupéra dans sa trousse, pour lire les nouveaux messages qu'elle venait tout juste de recevoir, et y répondre. Noooon, je suis complètement perdue, tu comprends quelque chose aux nombres imaginaires, toi ? :o. Elle envoya derrière un autre message, répondant à la question de Malee de fuir ce cours. Mon Nah voulait bien, sincèrement, mais elle avait peur de se faire gronder si jamais le professeur les voyaient bouger. Elle était trouillarde, et ce n'était pas d'hier, ça. Malee aurait juste besoin de la pousser un petit peu au bout de ses limites, de lui demander de frôler la crise cardiaque en sortant d'un cours en plein milieu de l'heure, sans raison valable, car Mon Nah serait incapable de le faire d'elle-même.

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Malee était incapable de continuer à suivre le cours. La fatigue qu’elle avait accumulée ces derniers jours se faisait enfin ressortir, de sortes qu’elle se sentait incapable de se concentrer plus longtemps. Oh bien sûr, après avoir envoyé les messages à son amie, elle avait tenté de reprendre la prise en note, mais s’était bien vite arrêtée. Copier comme un robot, elle savait bien évidemment faire, c’était presque nécessaire quand on faisait des études, étant donné qu’il était difficile de suivre un cours aussi rapide tout en essayant de comprendre en parallèle. Mais habituellement elle avait moins de mal. Habituellement les paroles de ses professeurs entraient dans son cerveau, s’y imprégnaient et y restaient. Cette fois ils ne prenaient même pas la peine d’entrer, ils lui passaient tout simplement au-dessus de la tête. Et elle se sentait totalement incapable de faire des efforts pour capter les phrases et les retranscrire ensuite sur sa feuille. Si bien que quand elle reçut un nouveau sms, elle abandonna son stylo avec grand plaisir pour ressortir son téléphone. Elle lut le premier message et poussa un infime soupir. A vrai dire elle ne savait même pas qu’ils étudiaient les nombres imaginaires. Alors comment aurait-elle pu comprendre ? Elle s’apprêta à répondre quand un nouveau message arriva. Elle effaça donc ce qu’elle avait écrit pour lire les nouveaux mots de son amie. Elle aurait pu être déçue. Triste. Enervée. A la place elle n’était que blasée. Elle haussa les épaules. Tant pis. Tant pis pour Mon Nah. Parce que Malee avait changé d’avis. Elle ne comptait de toute manière pas rester, que sa camarade vienne avec elle ou pas. De toute manière, à quoi bon s’acharner alors qu’elle n’arrivait même pas à écouter ce que disait le professeur ? Alors noter relevait de la mission impossible. Et c’était totalement inutile d’assister à un cours dans ce cas-là. Autant retourner chez elle. Ou aller ailleurs. Peu importe où. Ailleurs. Le plus loin possible de cet endroit de malheur. On est en amphi de toute manière, le prof va pas s’occuper de 600 élèves… Moi je sors, j’y arrive plus. Tu peux venir ou rester. :) Et puis elle rangea discrètement ses affaires, lançant des regards autour d’elle. De toute manière tout le monde s’en fichait. Elle ne partageait le même cursus que d’à peine une petite partie de ceux présents. Et le reste ne la connaissant pas, ne se souciait pas d’elle. Surtout qu’elle n’était pas la seule à bouger, certains se levant juste pour aller parler à leur pote ou aller aux toilettes. Le bonheur des amphis. Le professeur, tout devant, faisait son cours aux personnes attentives. Pour le reste, il n’en avait bien sûr rien à faire. Alors elle se leva. Par chance, elle s’était trouvée une place au bout d’une rangée, pas très loin de la porte. Elle n’eut à déranger qu’une personne afin de passer. Mais elle était dans la rangée. Elle tourna la tête, regarda Mon Nah, haussa les sourcils. Et puis elle se dirigea sur la pointe des pieds en direction de la porte. Le professeur, trop occupé à noter sur le tableau, ne faisait même pas attention à elle. Il ne l’avait même pas vu. Et dans tous les cas, elle aurait douté qu’il n’aille lui demander des comptes. A quoi bon de toute manière ? Le secondaire était fini, elle était une adulte, elle n’avait pas à être traitée comme une enfant. Elle assistait aux cours ou n’y allait pas, au final, ce n’était que son problème. Une fois dans le couloir, elle ferma doucement la porte derrière elle et inspira profondément, les yeux fermés. Puis elle sortit une nouvelle fois son téléphone. Tu viens ou pas ? Je te jure que tout ce qu’on pourra faire sera bien plus intéressant que ce cour… et puis ça fait longtemps qu’on a pas fait de sortie juste toutes les deux ! Oui ça faisait longtemps. La thaïlandaise était le genre de personnes à toujours s’inquiéter pour ses proches – et même pour des personnes lambda parfois – mais ces derniers temps, même si elle le faisait toujours, elle les voyait beaucoup moins. Parce qu’elle avait peur qu’ils se rendent compte de quelque chose. Elle craignait qu’ils ne lui posent des questions. Ou pire, qu’ils s’inquiètent pour elle. Elle détestait que les gens ressentent ça vis-à-vis d’elle. Ça ne la faisait que se sentir plus mal. S’asseyant par terre à côté de la porte, elle ferma à nouveau les yeux et attendit, la tête baissée, dans une position de repos total. Elle n’en pouvait plus. Petit-à-petit, elle commençait à s’approcher de ses limites. Et elle savait que tôt ou tard elle finirait par les dépasser. Elle espérait juste qu’aucun de ses proches ne serait là pour y assister. C’était peut-être une de ses plus grandes peurs.

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Mon Nah ne s'était jamais enfuie d'un cours à proprement parler, la seule fois ou elle était ressortie alors qu'un cours avait commencé, c'était uniquement parce qu'elle s'était rendue compte qu'elle s'était trompée de salle. Mais fuir intentionnellement un cours, non vraiment, ça ne lui était jamais arrivé. Ce qui expliquait pourquoi elle hésitait tant à suivre son amie et partir avec elle. Parce que d'accord, elle ne suivait pas du tout le cours et ne comprenait rien au charabia qui coulait de la bouche du professeur, mais ce n'était tout de même pas une raison pour lui manquer de respect de la sorte en n'assistant pas à son cours. Si il y avait une chose que la petite blonde détestait, c'était manquer de respect à quelqu'un. Et là, en l’occurrence, elle avait la désagréable impression que c'était le cas. Alors oui, peut-être qu'il y avait trop d'élèves dans l'amphi pour que le professeur s'acharne tout particulièrement sur elles, mais tout de même. L'école était comme ça, soit ennuyante soit passionnante, et quoi qu'on en dise, il fallait tout de même y aller, ce n'est pas comme si de nos jours, les jeunes pouvaient avoir le loisir de rester chez leurs parents à longueur de journée en jouant à des jeux vidéos, et en faisant des rpgs. Je m'endors, ça devient grave....ヽ( ¯ิ﹃ ¯ิヽ). Et c'était vrai, ses paupières devenaient de plus en plus lourdes au fil des minutes qui passaient. Encore heureux que le cours actuel ne dure qu'une heure, parce que Mon Nah n'aurait jamais survécu à deux voire trois heures de plus. Elle relut son message en se mordant nerveusement les lèvres, ses pieds tapotant dans un rythme régulier le sol. Son voisin ne cessait de lui jeter des coups d'oeil contrariés pour lui faire comprendre qu'elle le dérangeait, mais pour une fois, Mon Nah ignora le fait de déranger quelqu'un d'autre. Parce que Malee rangeait actuellement ses affaires, et se préparait à partir. La petite blonde avait peut-être bien intentionnellement changée de sujet pour distraire Malee, et ainsi la faire changer d'avis, mais visiblement, ce ne serait pas aussi facile que ça. Mon Nah frappa doucement son front de la paume de sa main, en se traitant mentalement d'idiote. Malee n'avait jamais été le genre de femme à se faire si facilement influencer. Mon Nah la regarda se tourner dans sa direction, et hausser ses sourcils, comme pour lui demander silencieusement si elle venait. Mon Nah se retrouva incapable de répondre, ses doigts crispés sur son téléphone. Malee sortit de l'amphi en quelques minutes, sans que le professeur ne la gronde ou ne s'occupe personnellement d'elle. Alors, finalement, après la réception du deuxième message de son amie et après avoir renvoyée le sien, J'arrive, attends-moi 。・°°・(＞_＜)・°°・。 , Mon Nah décida enfin de ranger ses affaires, le plus rapidement possible. Une fois ses affaires rangées, elle sortit de l'amphi le dos voûté, comme pour essayer de s'enfuir plus discrètement. Heureusement qu'elle se trouvait en bout de rangée, sinon elle aurait du demander à ses voisins de se lever, et là par contre, ça l'aurait vraiment troublée. Elle manqua de frapper Malee avec la porte de l'amphi : la jeune femme se trouvait juste à coté de cette dernière. Mon Nah manqua de s'écrier au malheur en s’apercevant qu'avec un peu plus d'élan, elle aurait offert un aller gratuit à l'hôpital à son amie, mais ses mots s'étouffèrent dans sa gorge lorsque ses yeux tombèrent sur la position de Malee. La tête baissée, assise de la sorte, elle avait l'air fatiguée et à bout. L'inquiétude se peignit aussitôt sur le visage de Mon Nah, qui s'accroupit devant elle pour poser les mains sur les genoux repliés de son ami, la tête penchée de coté pour essayer de voir le visage de cette dernière. « Malee ? Quelque chose ne va pas ? »

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Elle était fatiguée. Telle fatiguée. Ces nuits étaient courtes. Peut-être sortait-elle trop. Peut-être devrait-elle arrêter de rentre si tard. Mais elle faisait tout pour retarder le moment de se coucher. Elle s’épuisée pour s’endormir directement une fois la tête posée sur l’oreiller. Parce que quand elle se retrouvait allongée sur son lit, à attendre que le sommeil vienne, ses démons la rattrapaient. Son cerveau s’enclenchait. Et elle pensait. Elle pensait trop. Elle pouvait passer des heures sur son lit, à observer le mur et à réfléchir. Des images apparaissaient sur sa rétine, elle revoyait le jour du tremblement de terre, l’état lamentable du dortoir, elle revoyait Moeko coincée sous les décombres, elle ressentait à nouveau de tout son cœur comme si c’était réellement en train d’arriver. Et ça l’empêchait de fermer les yeux. C’est au petit matin, épuisée, qu’elle arrivait enfin à abaisser définitivement ses paupières pour la nuit. Mais le lendemain la torture reprenait. Au point qu’elle avait peur de sa chambre, de son lit, de dormir. Elle en était terrifiée. Alors elle compensait en sortant, en rentrant tard. Et pour faire taire la frayeur, elle se couchait et s’endormait directement. C’était plus simple. Mais elle savait que ce rythme était beaucoup trop dur et qu’elle n’allait pas tenir longtemps. Et pourtant elle n’arrivait plus à s’en défaire. Comme un cercle vicieux dans lequel elle s’était embourbée. Et le pire étant qu’elle n’essayait même pas de se débattre pour remonter à la surface. Elle se laissait couler. Plongée dans ses pensées, elle ne sentit pas son portable, elle n’entendit pas la porte s’ouvrir à côté d’elle. Elle ne se rendit compte de ce qui se passait que quand Monnah s’accroupit devant elle pour prendre la parole. Malee secoua alors la tête, lui offrant un grand sourire. « Rien t’inquiète pas, je suis juste un peu fatiguée. » Elle tendit les bras vers son amie et l’attira vers elle, l’entraînant dans une longue étreinte. Puis elle la relâcha et lui fit un bisou sur le front. Et elle sourit à nouveau. Pour la rassurer. Elle se doutait que ses cernes, qu’elle avait tout de même camouflés en partie, n’aidaient pas. Néanmoins elle faisait un effort pour paraître plus joyeuse. « T’es venue finalement ! Je suis contente. Et désolée de t'avoir poussée à sécher... » Oui, en un sens, si elle avait réfléchi un peu plus… Malee n’était pas du genre impulsif, au contraire. Et pourtant elle l’avait été sur ce coup-là. Un peu trop même. Probablement qu’elle allait le regretter plus tard. Mais elle ne voulait pas être seule. C’était une pensée particulièrement égoïste, elle le savait très bien, pourtant elle n’arrivait pas à penser autrement. Et elle allait le regretter amèrement, elle en était particulièrement consciente. Surtout que ce n’était pas son genre d’être comme ça. Mais parfois elle voulait être une autre. Plus égocentrique. Qui pense plus à son bonheur. Qui souffre moins. Si elle avait pu, elle aurait probablement changé. Sauf qu’elle ne pouvait pas. Parce qu’elle savait qu’elle n’y arriverait pas. Elle savait qu’il y avait des chances pour elle de blesser les autres en agissant ainsi et elle ne voulait certainement pas que ça arrive. Ouais, au fond il y aurait toujours une parcelle de sa personnalité qui penserait aux autres avant de penser à elle-même. Et le pire était que même si elle avait des moments de faiblesse, au final elle arrivait toujours à se satisfaire de cette situation. Elle arrivait à être heureuse en voyant la joie des autres. Ça lui suffisait. Quelle stupidité. Poussant un infime soupir, alors qu’elle se préparait à se redresser, Malee finit par lever sa carcasse, reprenant une position debout. La brusquerie du mouvement lui fit tourner la tête deux secondes, mais elle reprit bien vite contenance. Et elle s’étira, tout en étouffant un bâillement dans sa main. Et puis elle adressa un clin d’œil à son amie, un nouveau sourire aux lèvres. Mais plus petit celui-là. Plus espiègle. Voir Monnah lui avait remonté le moral. Elle arrivait à se concentrer sur autre chose. Et ça lui faisait énormément de bien. « Alors on s’amuse ma belle ? On va où on veut, j’te laisse le choix ! Par contre faudra peut-être faire un arrêt aux toilettes. » Histoire de se rafraîchir un peu le visage et de refaire ensuite une petite retouche maquillage. Oui elle était déprimée, mais non elle ne pouvait pas se laisser aller physiquement. Impossible. Impensable.

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Mon Nah était ce que l'on pouvait de nos jours appeler une véritable éponge à sentiments. Plus scientifiquement parlant, elle ressentait tant d'empathie envers les autres que leur douleur était la sienne, et il lui était plus qu'aisé de deviner lorsqu'un tel ou un tel n'était pas dans son assiette. Cela pouvait être un don comme un poison : si pouvoir réconforter les autres étaient quelque chose de positif, devoir supporter leurs propres sentiments négatifs et tous les combiner en elle-même, alors qu'elle avait déjà bien de soucis, c'était déjà moins drôle. Mais elle ne décidait pas lorsque ce petit cadeau s'activait en elle, donc elle se contentait de suivre le rythme, en essayant de ne pas se perdre dans toutes ces émotions. Elle s'en voulait de ne pas avoir compris plus tôt que Malee n'allait pas bien. Elle aurait du comprendre que quelque chose clochait à la pâleur de son visage, aux traits fatigués de son visage, à ses mouvements plus lents que la normale. Déjà, des hypothèses naissaient dans son esprit : elle était peut-être seulement fatiguée, qui sait, elle avait peut-être passée une nuit blanche ? Oui mais à cause de quoi, d'un petit ami infidèle, de problèmes de digestion, de quelque chose d'encore plus sérieux que tout ça ? Mon Nah ne pouvait pas réellement comprendre les motifs de la fatigue de la jeune femme, après tout, elle ne savait pas grand-chose de sa vie. Elles se voyaient souvent, mais il y avait toujours quelque chose qui les empêchaient de se confier pleinement l'une à l'autre. Lorsque Malee s'adressa à elle avec un sourire, Mon Nah était loin d'être convaincue par ses mots, mais elle laissa couler, parce qu'elle savait que c'était plus gênant d'essayer d'insister sur le sujet. La surprise se peignit sur son visage lorsque la jeune femme l'attira contre elle pour la serrer un instant dans ses bras, et une fois le choc passé, la petite blonde resserra ses bras autour d'elle, les sourcils froncés. Quelque chose n'allait décidément pas avec Malee, et c'était suffisamment grave pour qu'elle ait besoin d'attention. Non pas que Malee ne lui faisait jamais de câlins, mais pas comme ça. C'était presque dramatique, la façon dont elle l'enserrait. « Alors repose-toi ? Tu devrais commencer par éviter de sortir tout le temps si tu est épuisée, ça ne te fera que du mal. » osa remarquer Mon Nah, en la lâchant et en se reculant, suffisamment pour voir le visage de son amie. Des cernes incroyables creusaient ses yeux, et même le maquillage ne suffisait pas à les dissimuler. C'était officiel, la petite blonde était inquiète pour elle. Mais elle continuait à sourire malgré tout, et Mon Nah commençait bien ce genre de sourires : c'était les mêmes qu'elle utilisait pour rassurer les gens autour d'elle lorsqu'elle semblait ne pas aller bien, sur le point de s'effondrer. Mon Nah aurait aimée dire à Malee de ne pas faire ça, de ne pas faire comme si tout allait bien avec elle, mais elle se retrouva incapable de dire de tels mots. Elle faisait exactement la même chose, alors de quel droit interdirait-elle Malee de sourire comme elle le faisait ? Mon Nah secoua la tête de gauche à droite lorsque Malee s'excusa de l'avoir poussée à sécher, en souriant de toutes ses dents. « De toute façon, je crois bien que je ne comprendrais jamais rien aux nombres imaginaires. » plaisanta-t-elle en tirant un peu de la langue, les yeux rieurs. A croire que les mathématiques n'étaient pas bien accueillis dans la famille des Mo : son jumeau avait toujours été un cancre dans cette matière, et leurs propres parents avaient eu du mal à se débarrasser de cette matière. C'était une matière tellement sadique en même temps, sincèrement. Elle joignit ses mains à celle de son amie pour lui rappeler qu'elle était là avec elle en voyant son regard se voiler quelque peu, comme si elle réfléchissait aux conséquences de son acte. « Et puis, je préfère cent fois être avec toi qu'en cours. » C'était vrai, Mon Nah aurait volontiers donné sa vie dés maintenant pour pouvoir passer plus de temps avec ses proches, aider ceux qui étaient dans le besoin, et se consacrer pleinement au mannequinat. Parce qu'avec sa décision de vouloir reprendre les cours, son emploi du temps était plus chargé que jamais, et elle n'avait décidément jamais le temps de rien. Un soupir las passa la barrière de ses lèvres closes depuis quelques secondes à peine, tandis que ses yeux se rivaient sur ses converses. Elle ne serait jamais capable d'accomplir tout ce qu'elle souhaitait accomplir avant de partir, malheureusement. Finalement, Malee se releva, et Mon Nah suivit le mouvement, en ajustant son sac à dos sur son épaule. En faisant cela, elle n'aperçut pas le léger étourdissement de son amie, qui porta la main à sa tête pour reprendre ses sens. Le temps qu'elle reporte son attention sur la jeune femme, cette dernière se portait déjà mieux. Son clin d'oeil la rassura quelque peu, et la fit sourire à nouveau. Etre avec Malee était toujours la promesse d'une nouvelle aventure plus excitante que les autres. A sa question, la petite blonde posa un doigt sur son menton pour réfléchir, ses yeux rivés au plafond et sa bouche grande ouverte, au point ou elle aurait pu gober une mouche qu'elle ne s'en serait même pas aperçu. Ou aller, c'était une question qu'elle ne se posait jamais en temps normal, comme elle ne sortait jamais de l'hôpital ou de l'agence de mannequinat. « Franchement ? Je n'en sais rien. Je sais, emmène-moi quelque part ou je ne suis jamais allée! » s'écria-t-elle en s'accrochant au bras de son amie, en sautillant sur place, déjà toute excitée. Sa journée n'allait pas être aussi ennuyante qu'elle le croyait, en fin de compte.

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Malee aimait les câlins. Tout le temps. A toute heure du jour et de la nuit. Elle aimait sentir la présence réconfortante des gens autour d'elle. Elle aimait sentir qu'elle n'était pas totalement seule. Même si au fond elle était plus solitaire que jamais, au moins à l'extérieur elle pouvait partager la chaleur des autres. Oui, elle aimait les marques d'affection, ça soignait quelque peu son coeur. Chaque Elle se sentait toujours mieux après ça. Suite à ça, elle releva la tête vers Monnah qui reprenait la parole, lui partageant un conseil. Oui elle devait se reposer. Mais elle n'y arrivait pas. Elle n'y arrivait plus. Alors elle haussa les épaules, une mine désolée plaquée sur le visage. « J'ai avancé dans un drama hier, j'ai pas vu le temps passé, c'est à deux heures du matin que je me suis rendue compte qu'il était temps d'aller au lit... » Les mensonges lui venait naturellement maintenant. Elle se dégoutait elle-même quand elle était dans ce cas-là. Habituellement elle limitait un maximum la casse, préférant ne pas répondre et changer de sujet plutôt que de mentir. Et elle savait. Elle savait qu'elle aurait pu se confier à son amie, qu'elle aurait pu tout lui raconter. Mais elle n'y arrivait pas. Elle n'y arrivait tout simplement pas. Comme tout le temps, comme avec tout le monde. Même avec Hara, elle devait se faire violence pour ne rien lui cacher. Et elle n'y arrivait pas toujours, elle ne lui disait pas tout. La dissimulation était devenue comme une deuxième nature chez elle, un masque, une cape dans laquelle elle s'emmitouflait. Mais pourquoi ? De quoi se cachait-elle ? De la déception peut-être. Elle avait peur de décevoir les gens. Peut qu'ils ne l'acceptent pas telle qu'elle était. Peur qu'ils la rejettent. Le rejet, c'était quelque chose qu'elle n'aimait pas, quelque chose qu'elle détestait même. Une de ses pires frayeurs. Peut-être au même niveau que sa phobie de l'orage même. La honte et la déception de ses parents, quand ils avaient découvert son homosexualité, avaient été suffisantes pour la dégoûter à jamais. Et la terrifier également. Elle ne voulait plus jamais que ça arrive. Mais voilà, elle savait qu'elle pouvait compter sur certaines personnes. Car elle n'était pas seule. Il y avait Monnah, notamment, qui lui disait des mots adorables, faisant sourire Malee. Oui elle l'aimait bien. Elle l'aimait beaucoup même. Elle aussi, elle préférait rester avec son amie blondinette qu'en cours. Tous les deux se relevèrent ensuite, avant que la plus jeune ne s'accroche au bras de l'aînée. « Quelque part où tu n'es jamais allée ? Hmm... » A vrai dire elle ne savait pas vraiment dans quels endroits la miss n'était jamais allée. Surtout qu'elle ne sortait pas tant que ça au final - enfin, elle visitait souvent les mêmes endroits. Même dans ses balades, elle finissait toujours par suivre le même chemin. Ah la routine, cette routine qui finissait toujours par devenir désagréable, au bout d'un moment...  « J'ai bien envie de prendre l'air... j'te proposerais presque d'aller au parc... mais il fait un peu trop froid, il vaut mieux éviter. Hmmmm, peut-être...   » Petite réflexion, pendant laquelle elle chercha un autre endroit où aller. Il y en avait trop, qui lui venaient en tête au final. Mais peu de suffisamment agréable pour pouvoir les partager avec son amie. Enfin, suffisamment hors du commun surtout. Elle voulait s'amuser, passer un bon moment, mais il fallait avouer qu'elle voulait principalement que Monnah passe un bon moment. S'il était arrivé pas mal de choses dans la vie de Malee, elle savait très bien qu'il en était aussi pour sa camarade. Quoiqu'au fond, la blonde ne se confiait pas plus à la wonsungi, que cette dernière le faisait vis-à-vis de la gumiho. Et pourtant elles étaient proches, et pourtant elles s'adoraient. Etrange n'est-ce pas ? Et pourtant elles avaient fini par s'installer dans cette petite routine entre elles, par s'y habituer. Mais il y a des choses pour lesquelles il ne vaut mieux pas s'habituer... Et c'est à ce moment-là que la thaïlandaise eut une idée. Quel était le meilleur endroit pour se détendre ? Le spa bien évidemment. « Sinon j'ai eu un bon pour un massage pour noël et je l'ai toujours pas utilisé, tu veux qu'on en profite pour aller au spa ? Bon par contre c'est pour une seule personne... sinon on peut toujours se promener ! » Elle tourna la tête vers son amie, attendant son approbation – ou son refus qui sait ? Et puis les deux prirent la direction de la sortie, Malee faisant néanmoins un crochet en direction des toilettes, pour sa fameuse retouche maquillage. Enfin une retouche maquillage accompagnée d'un peu de rafraîchissement, en se passant une bonne rasade d'eau sur le visage. Elle en avait bien besoin. Ça allait la réveiller en tout cas.

why don't we break the rules ?

Malee, tu m'inquiète, tu me fais peur, qu'est-ce qu'il t'arrive, ressaisis-toi je t'en prie. Des mots qui se criaient au fond du cœur de Mon Nah, mais que sa bouche refusait à laisser passer. Elle n'allait faire que rendre Malee encore plus mal qu'elle ne l'était déjà en lui disant qu'elle ne la reconnaissait plus, qu'elle changeait. Ce n'était surement pas comme ça que son amie allait retrouver la pêche et aller mieux. Mais que pouvait bien faire Mon Nah ? Elle pouvait être là pour elle, la câliner jour et nuit si elle le voulait, lui envoyer des messages de soutien avec des smileys adorables et encourageants. Mais c'est tout, qui qu'elle soit, la petite blonde restait humaine, et il y avait des choses qu'elle n'était pas capable de comprendre au premier regard, sans avoir besoin d'explications. Elle n'était pas devin, même si elle passait à la télé, elle n'avait rien du Mentalist, elle ne pouvait pas savoir ce qui n'allait pas chez quelqu'un simplement en observant ses réactions faciales. C'était mission impossible pour quelqu'un de normalement constitué qui n'avait jamais fait des recherches dans ce domaine-là. Et puis pourquoi l'aurait-elle fait, elle n'avait pas envie d'entamer une carrière de psychologue. Malheureusement, elle ne sentit pas le mensonge de Malee, qui essayait de sauver sa peau en lui racontant des bobards : Mon Nah était plus crédule que n'importe qui sur cette terre, peut-être même plus que son frère, et elle croyait tout ce qui se disait. Qu'on lui dise que les fantômes et les démons existent et elle pourrait se reconvertir en nonne pour sauver les gens autour d'elle du surnaturel et de ses effets néfastes. « Tu crois que c'est une bonne raison, unnie ?! » s'exclama Mon Nah en posant ses petits poings sur ses hanches, l'air choqué. Arriver à se mettre dans un état juste pour terminer un drama, c'est du grand art, vraiment. Mon Nah ne comprenait pas comment les gens pouvaient se rendre malades à en crever simplement pour quelque chose de fictif et de surréaliste. Cette histoire fut cependant rapidement étouffée dans l'oeuf par leur conversation sur l'endroit ou elles devraient se rendre ensembles pour passer un bon moment. Enfin, Mon Nah savait qu'elle passerait toujours un bon moment avec Malee ou qu'elles aillent, mais elle voulait qu'aujourd'hui soit mémorable, allez savoir pourquoi. Peut-être parce que son amie n'allait pas bien, alors elle voulait que cette dernière se lâche et se fatigue jusqu'à s'écrouler de sommeil à la fin de la journée. Mon Nah acquiesça silencieusement tandis que Malee continuait à parler, les yeux brillants de détermination. Ce serait donc sa mission de la journée, parvenir à faire dormir Malee. « Hm, quoi ? Ah oui oui, le spa, ce sera parfait ! » affirma-t-elle énergiquement en revenant dans la conversation juste à temps. Quelques minutes de plus et elle avait raté l'endroit ou Malee voulait l'emmener, et elle savait qu'il n'y avait rien de plus désagréable que de parler dans le vide, pour ne rien dire. Et ce n'était pas du tout le sentiment qu'elle voulait que son unnie ressente, surtout dans son état. Elle suivit Malee jusqu'aux toilettes, et se rua aussitôt sur le chauffage brûlant pour y poser ses petites mains, et pousser un soupir de bien-être lorsque la chaleur se répandit dans ses doigts légèrement froids. Rien qu'un petit coup de vent était suffisant pour la rendre malade, ces derniers temps. Son médecin lui avait dit que c'était normal, que son système immunitaire s'affaiblissait considérablement à cause de la maladie, et qu'un jour viendra ou elle serait obligée de rester 24/24h à l'hôpital. Elle comptait bien en profiter avant. Curieuse de voir comment Malee se maquillait, car elle ne le faisait jamais, la petite blonde se glissa à coté d'elle, pour examiner son reflet dans le miroir. Son doigt toucha la joue rebondie de la jeune femme, et un gloussement enfantin sortit de sa bouche. « Tu est belle, Malee. Tu devrais mettre moins de maquillage, je trouve. » déclara-t-elle d'un air sérieux, en optant pour la voix la plus sincère qu'elle possédait. Et c'est vrai : Malee était une jeune femme magnifique, aussi forte que charmante. Mon Nah était toujours impressionnée de la voir jour après jour, parce qu'elle restait aussi belle que la veille. Même dans l'état dans lequel elle était aujourd'hui, elle restait belle, tristement belle.

i don't wanna go to school

« Comment ça « hm quoi ? » ? Encore dans la lune ma petite Monnah ? » demanda Malee en plaisantant, retrouvant en façade son caractère habituel. Parfois la thaïlandaise ne se reconnaissait pas. Elle avait l’impression de ne plus se connaître. Même quand elle agissait normalement, comme avant, elle avait l’impression de n’être qu’un robot. Un robot à moitié cassé, qui agissait par saccade. Le genre de robot qu’on jette à la déchetterie, celui que plus personne ne voulait. Parce que qui voulait encore d’elle ? Qui voudrait encore d’elle si elle dévoilait son vrai visage ? Si elle montrait à tout le monde à quel point elle était malheureuse ? Si elle leur expliquait ses cauchemars dans lesquels elle revivait le tremblement de terre, dans lesquels elle voyait ses amis mourir sans rien faire. Dans lesquels, parfois, elle s’imaginait elle-même décéder. Parfois même elle rêvait de suicide. C’était tentant. La facilité. Mais elle n’avait pas cédé. Pas encore du moins. Et elle était partagée, espérant d’un côté que ça n’arrive jamais, de l’autre d’en finir enfin. Le plus rapidement possible. Elle n’en pouvait plus de cette souffrance. Elle voulait être libre. Enfin libre. Mais tout ce qu’elle pouvait faire pour le moment, c’était fuir. Le plus loin possible. Faire une virée, une escapade au spa. Oui ça l’aiderait peut-être. Peut-être. Néanmoins pour le moment elle se contenta de se rendre aux toilettes. Tandis qu’elle se passait un peu d’eau sur le visage pour se rafraîchir, elle capta du coin de l’œil le mouvement de Monnah, qui s’était précipitée sur le chauffage. Malee s’essuya avec un mouchoir et puis procéda à sa petite retouche maquillage, alors que son amie revenait vers elle. « Tu trouves ? Je sais pas… Je me sens plus belle comme ça. J’adore le maquillage. C’est ma mère qui m’a appris à m’en mettre, en plus. » Sujet sensible oui. C’était sa mère qui lui avait tout appris. Se maquiller. Mettre des robes. Marcher avec des talons. Tous les trucs les plus féminins. Elle l’avait transformé en cette chose, qui effectuait ces mouvements par réflexe plus que par réelle volonté. Parce qu’elle était une fille, alors elle devait se comporter comme une fille. Et se maquiller. Voilà tout. Le lavage de cerveau spécial Kathaleeya. « Et toi alors ? T’as froid ? Pourquoi t’es directement allée vers le chauffage ? » Faisant une pause, le mascara en l’air, Malee observa un instant Monnah, le sourcil arqué. Attendant. Attendant une réponse. Oui elle s’inquiétait soudainement. Elle ne savait pas pourquoi. Mais elle se sentait mieux comme ça. La thaïlandaise était faite pour s’inquiéter pour les autres. Elle ne servait qu’à ça. Elle ne vivait qu’au travers des gens qui l’entouraient. Détournant la tête, elle finit de s’étaler du maquillage sur la figure. Façon pot de peinture effectivement. Et puis elle écarta son visage du miroir et elle observa le résultat, fronçant légèrement les sourcils, analysant son reflet. Oui tout était bon, tout était parfait. Tout du moins elle espérait que ça l’était suffisamment pour pouvoir se montrer comme ça en public. Malee retint un léger soupir de soulagement. Comme une diva, comme une actrice, elle était entrée dans son rôle en même temps qu’elle s’était remise du fond de teint, du crayon, du mascara. Oui elle était dans son personnage maintenant. Alors elle sourit. Elle sourit à son amie. Un sourire naturel, habituel, mais destiné uniquement à la rassurer. Pour qu’elle cesse de se faire du souci. Qu’elle passe à autre chose. Que la thaïlandaise n’ait pas à éprouver de culpabilité s’effrayer plus de son état mental. Ou physique d’ailleurs. Voire peut-être un mélange des deux, étant donné que la Kathaleeya en était au point de se détruire totalement à cause de son mal-être.
Elles sortirent alors des toilettes, la thaïlandaise entrelaçant ses doigts à ceux de sa camarade, alors qu’elle la guidait vers l’extérieur. Direction le spa. Oh comme elles allaient passer un bon moment. Peut-être. Malee l’espérait en tout cas. « T’es déjà allée au spa ? » lui demanda-t-elle par curiosité. Elle, jamais. Elle n’avait pas les moyens de s’accorder un tel plaisir, alors elle se contentait généralement de baver sur les massages et autres soins corporels. Ah qu’elle était dure la vie, quand on était presque sans le sou. Et surtout quand on économisait l’argent qu’on avait, gardant un maximum pour les coups les plus durs.