T'avais cette envie de t'évader. Non. C'était plus que ça : un besoin. Un besoin vital, important. Tu rêvais d'évasion, de liberté. Tu rêvais d'un ailleurs dont tu ne saurais même pas dessiner les contours. Mais t'en rêvais. Peut-être rêvais-tu tout simplement de ta terre natale, de ta ville, de ton école. Tout s'était toujours bien passé là-bas. Tu avais connu des chutes mais tu t'étais relevée. Tu avais connu des questions mais tu avais cherché les réponses. Tu avais connu des gens rudes mais tu avais fini par les ignorer. Ici, tout semblait plus compliqué et plus délicat. Parfois t'imaginais tes journées sans Ga Young et les autres, et tu te disais que ce serait paisible, finalement. Puis tu te rendais compte à quel point tu te sentirais seule, aussi. Avant que Ga Young vienne tu t'étais laissée noyer par la solitude, te baignant totalement dans la danse classique pour trouver un sens à tes journées. Tu tentais de te convaincre que leur présence était positive même si une petite voix te disait dans le fond que ce n'était pas le cas. Tu ne voulais pas l'entendre, cette voix. Parce qu'elle avait souvent trop raison et ça t'agaçait. Tu serais mieux sans eux, qu'elle te disait. Mais la peur venait te tordre l'estomac – la peur d'être seule, et ignorée. C'était sans doute pire que d'avoir ce genre d'attention... non ? Arrivant sur le toit, tu inspiras longuement, un sourire venant progressivement lever le coin de tes lèvres. C'était étrange, cette peur de la solitude que tu avais alors que tu courais presque pour venir te réfugier ici et être seule. Sans attendre, tu enfilas tes demi-pointes noires, ton sac tombant au sol dans un bruit sourd. Trop impatience, tu t'élanças sans réfléchir, tournant sur toi-même – heureusement que tu prenais de vieux chaussons pour venir ici, et tu finis gracieusement par un petit saut, redressant le visage dans un sourire contenté. Ca faisait tellement de bien de danser, songeas-tu, contemplant un instant le ciel. Avant de reprendre, t'élançant dans l'autre sens de la même façon que tu venais de le faire.

Keeho venait régulièrement sur le toit de ce bâtiment depuis que Nayoung l’avait quitté. C’était son refuge, loin de tout, quand il voulait se retrouver seul. En ce moment, il en avait besoin. La fille qu’il aimait avait fini par découvrir ses travers, lui posant un ultimatum. Le koryo avait été incapable d’arrêter, pourtant il avait tenté, mais c’était trop dur de stopper nette cette addiction qu’il avait. Alors, elle avait choisi de partir. Sûrement se disait-elle qu’il ne l’aimait pas assez. Ce n’était pas le cas, pourtant, il l’avait aimé comme un dingue et l’aimait toujours, d’ailleurs. Keeho soupira, portant son joint, qu’il avait roulé tantôt, à ses lèvres pour tirer dessus. Il recracha la fumée, regardant un instant le sol plus bas sous ses pieds. Parfois, l’idée de simplement sauter et disparaître lui effleurait l’esprit. Au moins, il ne causerait plus de problèmes à personne. Mais il pensait à Changmin, à Rin, à ces quelques personnes qui tenaient à lui et auxquels il tenait énormément. Keeho soupira de nouveau avant de sursauter en entendant un bruit sourd. Il ne s’attendait pas à ce que quelqu’un vienne à son tour ici. Le garçon se tourna légèrement, se penchant sur le côté pour voir qui venait d’arriver. Caché par un gros bloc en béton, la demoiselle n’avait absolument pas constaté sa présence. L’étudiant la regarda en silence, observant ses pas de danse et le sourire contenté qu’elle arborait. Elle continua sans le voir et Keeho resta telle une statue durant quelques longues secondes avant de se décaler sur le rebord pour faire face à la danseuse qui lui tournait le dos pour le moment. « C’est la première fois que tu viens. » Annonça-t-il, posant son regard sur elle, tandis qu’un léger sourire en coin prit doucement possession de ses lèvres. Peut-être qu'un peu de compagnie, finalement, lui ferait du bien. Il n'en savait trop rien mais sa présence ne le dérangeait pas. Peut-être parce qu'il était fasciné par ses pas de danse.

Tu semblais tout oublier le temps de quelques pas. Tu n'entendais plus la voix de Gayoung et des autres qui t'ordonnaient à gauche et à droite, ou qui se moquait de ta passion pour la danse. Pire parfois elle prenait la discipline de haut et ça t'irritait mais tu ne disais rien. Jamais. C'était étrange comme la peur te faisait faire n'importe quoi. Tu restais à ses côtés, et aux côtés des autres, pour ne pas te retrouver seule. Le temps que tu avais passé ici sans personne avait été la période la plus longue mais aussi la plus troublante. Tu avais été perdue, et totalement déstabilisée. Tu ne voulais pas être seule – tu avais compris que tu n'étais pas faite pour ça et tu préférais subir le pire plutôt que d'être toute seule encore. Ridicule non ? Pourtant tu vivais de bons moments avec eux, aussi. Tu n'étais pas toujours le cœur des moqueries ou des ordres. Tu n'étais pas toujours le sujet de conversation. Tu avais ri avec eux. Tu avais profité de nombreuses choses avec eux. Au début. Et tu restais sur ces souvenirs, pensant encore à ces instants pour espérer justifier le fait que tout ira mieux, un jour. Pour espérer qu'un jour tout s'arrêtera, que ça les fatiguera et qu'ils ne recommenceront plus. En attendant tu t'octroyais des pauses de cette façon, allant danser et te libérer. Allant vivre à nouveau. Tu n'étais pas sur le toit du monde mais la vue était splendide et dégagée. Tu te sentais seule – mais tu ne l'étais pas. Sursautant quelque peu, tu te tournas vers la voix, les pupilles scrutant le jeune homme devant toi. Tu bougeas un peu le visage, le sourire discret. « Je vais ailleurs d'habitude », confirmas-tu. Mais tous les toits étaient les mêmes : ils offraient une belle vue, un horizon simple et poétique et une tranquillité sans limite. « D'habitude je suis là-bas », ton doigt pointa un autre toit un peu plus loin. « Je te dérange pas j'espère ? », demandas-tu, les prunelles retournant vers lui. « Je peux m'en aller sinon », tu désignas tes chaussons et l'espace. Même si tu ne faisais pas de bruit, tu supposais que ça pouvait tout de même déranger. « Je m'appelle Miho, enchantée », tu souris, te courbant poliment face à lui. Tu gardas le silence un instant, le regardant simplement. « Tu faisais quoi ? », demandas-tu, curieuse, tentant d'observer le coin d'où il était venu. « Tu es là depuis longtemps ? J'avais pas remarqué qu'il y avait quelqu'un. T'étais drôlement bien caché », et tu ris faiblement.

Keeho appréciait réellement être seul ces derniers temps. Temps qu’il prenait pour réfléchir et penser à la vie. Qu’allait-il bien pouvoir faire de sa vie ? Lui qui n’était qu’un putain d’addict à la drogue. Il était incapable de décrocher, même par amour. Il ne savait pas ce qu’il voulait faire après ses études et même si ces dernières lui plaisaient réellement… Il n’était qu’un incapable, un bon à rien, à ses yeux et sûrement aux yeux des autres aussi. Le jeune homme souffla la fumée de son joint, un soupir franchissant ses lèvres par la suite. Vraiment, qu’allait-il faire de sa vie ? C’était une question qu’il se posait tous les jours, maintenant, et dont il ne trouvait pas la réponse, pour le moment. Soudain, un bruit se fit entendre, le faisant sursauter. Il ne s’attendait pas à ce que quelqu’un vienne. Le garçon se pencha légèrement, observant la demoiselle qui venait d’arriver. Il l’observa en silence, se décalant un peu pour ne pas se tordre le cou. Le koryo esquissa un sourire en la voyant danser, admirant ses pas de danse. Il finit par prendre la parole, un sourire amusé étirant ses lèvres en la voyant sursauter. Ce n’était qu’à charge de revanche. « Et tu vas où ? » Demanda-t-il aussitôt, regardant finalement dans la direction qu’elle lui indiquait. « Hm, je vois. » Dit-il, n’ajoutant rien de plus. « Non, du tout. » La rassura-t-il avec un sourire, secouant négativement la tête quand elle lui dit qu’elle pouvait s’en aller. « Reste. » Demanda-t-il, comme une supplication, comme s’il avait vraiment besoin d’elle et qu’elle soit là. Sa compagnie ne le dérangeait pas, étrangement, il appréciait. En tout cas, pour l’instant. « Keeho, enchanté aussi... » Répondit-il. Un sourire en coin se dessina sur ses lèvres, tandis qu’il baissait légèrement la tête. Elle ne devrait pas être enchantée de le rencontrer. Il n’apportait rien de bon. A sa question, il releva la tête, un peu surpris. « Euh, je fumais. » Révéla-t-il, montrant le joint qu’il tenait dans sa main. Pas de mensonges, la simple vérité. Le koryo, de nouveau, esquissa un sourire en l’entendant rire. Un rire faible mais doux. « Un petit moment, ouais. » Dit-il en descendant du rebord sur lequel il était assis depuis le début. « Bah, j’étais juste derrière ce gros bloc de béton, là. » Dit-il en lui indiquant du menton. « Et pourquoi t’es venue ici, du coup ? » Demanda-t-il. Simple curiosité. Elle ne le dérangeait vraiment pas. « Ça t’arrive souvent de danser sur les toits ? » Ajouta-t-il, s’appuyant contre le rebord tout en portant son joint à ses lèvres, soufflant la fumée à l’opposé de Miho.

Tu voulais oublier. Gayoung et les autres. Tu voulais juste danser. Mettre tes chaussons et te sentir libre. Tu ne voulais plus penser, plus réfléchir. Tu ne voulais plus subir, non plus. Paradoxalement, tu savais que tu pouvais y mettre fin. En théorie. En pratique tu te le refusais. Tu ne voulais pas être seule, toi qui avais toujours été entourée. C'était un peu triste, dans le fond. Et pourtant tu ne voulais pas grand chose dans la vie. Juste être libre. Mais sans doute qu'à l'heure actuelle c'était trop demandé. Alors tu te contentais des petits moments de liberté que tu t'accordais ici, là-bas. Ces petits moments de liberté où tu dansais sur les toits, observant le monde. « Je vais où ? Là-bas », tu clignas des paupières, perplexe, pas certaine d'avoir compris la question, le doigt désignant un toit. « Tu es sûr ? », tu penchas un peu le visage, le sourire fin, ne souhaitant pas perturber son moment de répit. « Je reste alors », que tu articulas doucement dans une esquisse contentée. Esquisse qui grandit un peu plus à l'entente de son prénom, le visage se penchant par politesse. « Fumais ? », tu haussas les sourcils, l'étincelle curieuse dans les pupilles suivant chacun de ses mouvements. Un son dans la gorge, tu bougeas le visage. Tu l'observais un instant, le visage quelque peu penché avant de sourire. Tu ne jugeais pas, tu observais simplement. « C'est pour ça que je t'ai pas vu », tu pointas le bloc dont il parlait. « Pour danser », tu désignas tes chaussons dans un sourire. « Quelques fois oui. Même plus que ça. J'aime la sensation que ça procure. Un peu comme si je me sentais un peu plus libre ? Comme si on pouvait observer le monde d'en-haut », tout en dansant sur une mélodie muette. Les gestes gracieux et lents alors que tout allait si vite en bas. Comme si tu flottais sur un nuage, ton propre temps en pause alors que les heures filaient pour les autres. « Et toi ? Ca t'arrive souvent de venir fumer sur les toits ? », demandas-tu dans un rire léger, en te calant au rebord, te penchant un peu pour regarder en bas. Tu supposais qu'on lui disait souvent que ce n'était pas bien alors t'allais pas le dire. Puis c'était pas vraiment ta place de le faire. « Tout le monde paraît si... petit petit », minuscule, sinon. « Ca te dérange pas si je danse alors ? », l'interrogeas-tu, presque timidement, dans une esquisse discrète. « Tu danses aussi ? Ou tu chantes ? Tu lis, peut-être ? », venait-il ici uniquement pour fumer ? Tu le fixas alors, les pupilles contemplant longuement son visage avant de sourire.

Keeho aimait la tranquillité des toits. Personne pour venir le déranger. Enfin, c’était ce qu’il croyait… Quand il entendit un bruit sourd, le garçon sursauta presque, surpris. Qui était donc là et venait perturber son petit coin de calme ? Le danseur se décala de derrière le gros bloc de béton, observant la jeune femme qui venait d’arriver. Il la regarda, silencieusement, attentivement, avant de signaler sa présence. L’étudiant descendit du rebord, s’appuyant toujours dessus. Un sourire en coin se dessina lentement sur ses lèvres. Non, elle ne le dérangeait pas. Etrangement. Peut-être parce qu’il avait été fasciné par ses pas de danse… « Oui, je suis sûr. » Assura-t-il, son sourire s’agrandissait quand elle affirma rester. Oui, qu’elle reste. Un peu de compagnie, nouvelle, ne lui ferait pas de mal. Keeho se présenta, répondant à son geste de la tête avant de l’informer de ce qu’il faisait. Oui, il fumait et il savait parfaitement que ce n’était pas bien. Il la remercia silencieusement de ne pas commenter alors qu’il lui montrait le joint qu’il tenait entre ses doigts. Il acquiesça simplement, lèvres pincées, avant de lui indiquer pourquoi elle ne l’avait pas vu. Pas qu’il se cachait intentionnellement mais la vue était meilleure là-bas. « C’est pour ça, oui. » Dit-il avant de la questionner sur sa venue sur ce toit. Mais elle ne comprit pas sa question, le faisant doucement sourire. « Ouais, j’ai vu. Mais pourquoi sur ce toit-là ? L’autre n’est pas libre ? » Demanda-t-il. « Prends pas mal ma question, hein, tu ne me déranges vraiment pas. » Ajouta-t-il aussitôt pour qu’elle ne se méprenne pas. Il continua de lui poser des questions, se demandant bien pourquoi elle venait fouler le sol crasseux d’un toit plutôt que le plancher propre d’un studio de danse. « Hm, je comprends. C’est la sensation que j’ai aussi. » Répondit-il en jetant un coup d’œil derrière lui. Il avait la sensation d’être au-dessus de tout et que rien ne pouvait l’atteindre. « Ouais, régulièrement. J’ai la paix comme ça. » Dit-il, honnête, se moquant bien de passer pour un asocial. Ce n’était pas vraiment le cas, d’ailleurs, sauf ces derniers temps depuis sa rupture. Keeho l’observa faire, se tournant lui aussi vers le rebord pour regarder en bas. « Minuscule, même. » Souffla-t-il avant de relever la tête et poser son regard sur elle. Si ça le dérangeait ? Absolument pas. Le toit ne lui appartenait pas, en plus, donc elle faisait bien ce qu’elle voulait… « Tu sais, le toit ne m’appartient pas. Tu fais ce que tu veux. » Dit-il. « Ça ne me dérange pas. » Confirma-t-il, un léger sourire prenant possession de ses lèvres. Elle n’avait vraiment pas à se préoccuper de lui. Devant sa curiosité, un léger rire s’échappa de ses lèvres. « Je suis pas très fan de la lecture. Et je chante pas très bien. Enfin, je suis pas mauvais. Je casse pas les oreilles, quoi. » Dit-il avant de terminer son joint et l’écraser sur le rebord. « Et ouais, je danse. » Répondit-il finalement, s’approchant de son sac pour y glisser le joint terminé qu’il jetterait plus tard. Il revint près de Miho. « Mais pas de classique. C’est pas mon truc. » Dit-il. A vrai dire, il n’avait jamais essayé de sa vie. Peut-être qu’il avait l’idiot préjugé que c’était pour les filles. « Ça fait longtemps que tu danses ? » Demanda-t-il, s’accoudant au rebord pour la regarder plus aisément.

T'étais seule quand tu dansais, mais c'était différent. C'était ton choix. On ne te plongeait pas dans la solitude volontairement, tu y allais. Pour être libre. Pour te retrouver, te détendre, te ressourcer. Tu venais sur les toits pour profiter de cette liberté. Tu faisais ce que tu voulais parce que tu le voulais. Soulagée de pouvoir rester, tu offris une esquisse discrète à sa confirmation, l'esprit léger. Loin de toi l'idée de le déranger alors qu'il fumait, d'après ses dires. Tu ne dis rien, gardant le silence, te contentant de l'observer et d'observer le paysage. Ca ne te regardait pas de toute façon, pas vrai ? « Je regarderais la prochaine fois », annonças-tu dans un rire discret, imaginant déjà que tu allais le croiser à nouveau sur ce même toit. Ou un autre, peut-être. Ca te faisait de la compagnie et même si l'idée d'être seule pour danser te plaisait, tu appréciais un peu plus l'image de discuter avec quelqu'un. « Peut-être, je ne sais pas. Celui-ci était plus près quand je suis revenue de mon cours », admis-tu dans un rire avant de lever les épaules, mimant l'innocence. Tu t'étais arrêtée au plus près pour pouvoir danser au plus tôt. « Je l'ai pas mal pris mais c'est gentil », tu souris, appréciant qu'il le précise, c'était gentil. Tu avais compris que tu ne le dérangeais pas et que tu pouvais rester. L'index pointé vers lui, les sourcils faiblement levé, un large sourire vint illuminer tes lèvres alors qu'il confirmait tes propos. « N'est-ce pas ? », que tu dis naturellement... en japonais, sans t'en rendre compte. Tu bougeas le visage ensuite. « C'est mieux pour être tranquille, les toits. Tu n'aimes pas être avec les gens ? », tu pointas les élèves et autres personnes qui passaient en bas et qui ressemblaient à des fourmis. Tu lui jetas un regard, le sourcil levé, avant de sourire. « Oui voilà, tout minus », ça marchait aussi. Tu lui demandas alors si tu pouvais danser, tu ne voulais pas déranger sa tranquillité. « Je sais mais tu étais là avant », précisas-tu dans une fine esquisse, attendant qu'il réponde à tes questions. Tu ris discrètement à celles-ci, le nez plissé sous l'amusement. « T'es dans la moyenne pour le chant », dis-tu d'un rapide mouvement de la main, avant que ton regard ne s'illumine et qu'un large sourire ne vienne se poser sur ta bouche, suivant ses mouvements, prête à ouvrir les lèvres et.. « Oh », lâchas-tu, les épaules soudainement basses. Tu mimas un petit air bougon, les lèvres en avant. Tu avais presque cru qu'il allait te dire qu'il dansait du classique, lui aussi. Mais non. « J'en fais depuis que j'ai six ans. J'avais regardé des compétitions avec ma maman à la télé et ça m'a donné envie alors mes parents m'ont inscrite à des cours et j'ai pas arrêté depuis », te remis-tu rapidement de ta petite déception pour parler de ta passion, un sourire doux aux lèvres et le regard pétillant. « Et toi ? Tu danses depuis longtemps ? Tu danses un genre en particulier ? », le questionnas-tu ensuite, bien trop curieuse, toute ton attention sur lui. « Tu ne veux pas apprendre la danse classique ? C'est plus facile qu'on le pense », t'essayais de vendre la chose. « Je peux t'apprendre des pas simples si tu veux », proposas-tu, enthousiaste, les prunelles brillantes et le sourire bien trop joyeux.

Keeho esquissa un sourire. Elle pouvait regarder si elle le voulait, peut-être qu’il serait là, ou pas. Ou peut-être assis à un autre endroit, pour la surprendre. Qui sait ! Le koryo la questionna sur sa venue sur ce toit-là et non l’autre, celui qu’elle avait l’habitude de rejoindre. « Ah je vois. Tu étais si pressée que ça de venir danser ? » Demanda-t-il avec un sourire, comprenant cette passion dévorante. Il avait la même. Heureusement, elle ne prit pas mal ses mots. Sa franchise était blessante, il le savait. L’étudiant la regarda se pencher, finissant par l’imiter et approuver ses paroles. Oui, être ici, au-dessus de tous, ça donnait l’impression d’être libre, de ne pas être enchaîné. Il oubliait ses tracas, ses problèmes. Ça lui permettait de se vider la tête. Parfois. Ou il réfléchissait trop, bien trop, se demandant ce qu’il fichait sur cette planète. En l’entendant dire des mots, incompréhensibles pour lui, il fronça les sourcils puis esquissa un sourire à sa question. Ce n’était pas qu’il n’aimait pas les gens… Non, il les aimait bien, il avait des amis, des gens qui comptaient beaucoup pour lui. Juste, qu’en ce moment, il préférait être seul. Seul avec sa peine, sa douleur. Seul avec son cœur brisé. « Hm, je ne dirais pas ça. Je t’aurais dit de dégager, sinon. Juste… En ce moment, j’aime bien être tranquille. » Révéla-t-il, levant les yeux vers Miho avant de se pincer les lèvres en réalisant son langage. Boarf, qu’importe. Elle ne semblait pas le juger le moins du monde ni être spécialement dérangée par son vocabulaire. Puis, de toute manière… Qu’est-ce qu’il en avait à faire ? Pas grand-chose. Le koryo se redressa pour s’appuyer contre le rebord, regardant dans la direction de la jeune femme. Il lui confirma de nouveau qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Le toit n’était pas à lui, il n’avait pas vraiment son mot à dire. « C’est pas pour autant que j’ai mon mot à dire, tu sais. » Dit-il en lui souriant. Se retenait-elle de faire certaines choses à cause des autres ? Sûrement. Finalement, il répondit à toutes ses questions, amusé par la curiosité de la demoiselle. « Ouais c’est ça, dans la moyenne. Et toi ? T’es plutôt une casserole ou un rossignol ? » Demanda-t-il avant d’expliquer qu’il dansait lui aussi mais que la danse classique, ben, c’était clairement pas son truc. Il était bien ouvert sur beaucoup de choses mais ça… Pas vraiment. Il vit bien la déception dans la réaction de Miho et il se pinça les lèvres. Il la questionna à son tour et l’étincelle de la passion revint dans son regard. « Ah ouais, ça fait un bail ! » Commenta-t-il. « Euh, ouais, ça fait un moment aussi. Depuis 10 ans, un peu plus. Plutôt hip-hop. Et mes parents m’ont inscrit pour canaliser mon énergie. Sans vouloir m’inscrire à un sport violent, genre, la boxe. » Répondit-il, sûrement pour lui éviter de baigner dedans. Mais, malheureusement, ça n'avait pas fonctionné... Il haussa les sourcils, surpris par sa question. « Apprendre… la… danse classique ? Mais faut pas être souple, pour ça ? Parce que, tu vois, c’est clairement pas mon point fort ! » Répliqua-t-il avec un rire léger. Ouais, vraiment, la souplesse, c’était pas son truc. Il l’était, quand même, mais pas autant que les danseuses étoiles. « Mais, ouais, ok, pourquoi. » Lança-t-il en haussant les épaules, se décollant du rebord. « Par contre, t’oublies de suite, ça, les chaussons. J’en porterais jamais. » Dit-il en montrant du menton les chaussons. Il prit place au milieu du toit, se tournant vers Miho. « On commence par quoi, madame la professeure ? » Demanda-t-il, commençant par s’étirer un peu. « En fait. T’as parlé en quoi tout à l’heure ? C’était pas du coréen… » Fit-il, curieux.

« Exactement », que tu dis pour confirmer, secouant le visage avec le sourire pour appuyer tes syllabes. Tu t'étais empressée vers le premier toit sur ton chemin, impatiente de pouvoir danser librement à nouveau. Comme trop pressée de connaître à nouveau cette sensation, cette impression de flotter. Cette sensation de pouvoir enfin respirer sans ficelles retenant tes membres. Le seul endroit où tu appréciais être seule, c'était ici, ou là-bas. Sur les toits. Une petite pause dont tu avais besoin. « Hmm je comprends. Ca fait du bien d'être seul face à soi », comme se regarder dans le miroir tout en détournant discrètement le regard. Juste éviter le monde, les questions, les réponses. Juste être avec soi-même pendant quelques minutes, quelques heures. C'était une façon de se conforter et réconforter. Une manière de s'apaiser, aussi. C'était pour ça que toi aussi, tu venais sur les toits et ça ne voulait pas dire que tu n'aimais pas les gens, non plus. Au contraire, tu adorais les gens et être entourée. Tu fronças un peu les sourcils à ses mots, te pinçant finement les lèvres. Pour toi, il avait tout de même son mot à dire s'il le voulait. S'il n'avait pas envie que tu sois là, il pouvait le dire. En plus il était là avant. Premier arrivé, deuxième puni – quelque chose du genre. « Je crois que je suis plutôt du côté de la casserole », admis-tu dans un rire, les phalanges couvrant à peine le bruit. T'étais plus douée en danse qu'en chant. Tu te débrouillais mais t'étais loin de recevoir un prix pour ta voix magique. Et tu préférais danser de toute façon. Tu hochas le visage, confirmant que oui, ça faisait un moment et tu espérais pouvoir encore danser pendant tout aussi longtemps. « C'est cool la boxe, mais la danse c'est mieux », tu parlais objectivement (pas du tout). « Ca fait longtemps aussi que tu danses ! Tu pourras me montrer ? », c'était pas du tout ton genre, en soit. Mais tu voulais voir et peut-être apprendre deux ou trois trucs. « Oui ! », répondis-tu, le regard brillant, les pupilles fixées sur lui. « La souplesse, ça s'apprend. C'est comme tout. Puis je vais pas t'apprendre le grand écart tout de suite », soulignas-tu, l'index levé, la frimousse amusée. Le sourire large, tu sautillas quelque peu, satisfaite. Un regard vers tes chaussons et tu fis la moue. « En soit t'as raison c'est pas hyper confortable. Et si quelqu'un te dit un jour le contraire, c'est pas la vérité vraie », tu secouas le visage de gauche à droite, l'esquisse fine. « J'ai fait ça ? », murmuras-tu, surprise, avant de rire. « C'était du japonais. Je viens d'Osaka, je suis arrivée ici il y a trois ans », expliquas-tu doucement, réfléchissant par quoi commencer, le corps se mouvant faiblement. « On va commencer par les positions de base. Celles qui reviennent le plus souvent », l'informas-tu, ton corps prenant directement la première position, l'incitant à en faire de même. « Tu pourras m'apprendre quelques pas de hip hop aussi ? », le questionnas-tu, le contemplant, le sourire fin et enjoué. « Tu veux en faire ton métier ? La danse »

Keeho ne savait pas si ça lui faisait réellement du bien d’être seul face à lui-même. Il ruminait, beaucoup, ne trouvant rien de bien à se dire. Pourquoi Nayoung l’avait quitté ? Parce qu’il était un incapable. Pourtant, elle avait cru en lui. Elle avait espéré qu’il arrête mais… Il n’avait pas réussi. Minable. Voilà ce qu’il était, tout simplement. Le koryo ne répondit rien à la jeune femme, lui adressant simplement un sourire aux lèvres pincées. Que pouvait-il bien lui dire de toute façon ? Qu’il n’était qu’un moins que rien ? Un bon à rien ? Il n’était pas le seul à le penser, sa mère la première. Et Miho finirait par le penser aussi. Le garçon la questionna finalement sur sa voix. Lui n’était pas mauvais chanteur, il se débrouillait et ne cassait pas les oreilles. Un rire franchit les lèvres du garçon. « J’aurais pourtant cru le contraire. » Répondit-il, la regardant avec un petit sourire en coin. Ils finirent par échanger sur leur passion commune. « Tu as déjà essayé la boxe pour être si catégorique ? » Demanda-t-il, amusé, avant d’hausser les sourcils, surpris par sa demande. « Euh, ouais, bien sûr, si tu veux. » Dit-il, pas le moins du monde gêné. Il avait l’habitude, avec les battles de danse qu’il faisait dans la rue. « J’espère bien que tu vas pas commencer avec le grand écart ! » S’exclama-t-il, les yeux écarquillés. Rien que d’y penser, il avait mal pour son entrejambe. « Vu la gueule que ça a… ça m’étonne pas que ça soit pas confortable. » Répliqua-t-il avec une grimace. « Et t’arrives à danser avec ces machins ? » Demanda-t-il, impressionné que ça soit le cas. « Ouais, t’as fait ça. » Dit-il avec un petit rire et un sourire en coin. « Ah ouais, ok. Et c’est sympa, Osaka ? » La questionna-t-il avant de lui demander par quoi il commençait. Il hocha simplement la tête à sa réponse, la suivant et se positionnant à ses côtés. « Comme ça ? » Demanda-t-il, ayant un regard pour ses pieds avant de lever la tête pour la regarder elle. Il se trouvait ridicule dans cette position mais, personne ne pouvait le voir à part Miho. « Grave, ouais ! » Dit-il avec enthousiasme avant de se renfermer un peu à sa question car c’était une question qui le tracassait beaucoup. Il ne savait pas ce qu’il voulait faire. « Je sais pas. » Répondit-il, honnête. « J’ai aucune idée de ce que je veux faire plus tard, aucune idée de comment sera mon avenir. Je sais même pas à quoi vont me servir mes études de maths. » Dit-il. « Et toi ? » Lui retourna-t-il sa question. « Tu fais des études ? » Ajouta-t-il, curieux à son sujet.