Malgré le froid mordant de l'hiver et les jolis flocons qui tombent du ciel comme du coton, la gamine plus têtue que jamais avait décidé que sa fierté était plus importante que tout le reste. Jusqu'au dernier elle les vendrait ! jusqu'au dernier petit biscuit de Noël dans son panier elle les distribuerait à tous les passants plus pressés que jamais de rejoindre un endroit chaud pour passer la nuit. Tout de rouge vêtue ! aussi adorable que ridicule dans son petit costume de Noël ! elle avait passé une nuit entière à l'imaginer, le confectionner et le coudre de ses petits doigts de fée. Alors pourquoi ça ne fonctionnait pas ? Pourquoi personne ne s'arrêtait, ne l'écoutait, ni même ne lui adressait le moindre petit sourire en dédommagement de tous ses efforts accumulés ? Il n'y a plus de magie de Noël et à cause de tout ça, elle serait dernière au classement des ventes de biscuits demain au lycée ! impossible... surtout pas après la tirade qu'elle leur avait fait à la cantine en début de semaine comme quoi elle allait tous les atomiser et leur faire mordre la poussière, ah toujours là quand il s'agit de parler mais dès qu'il s'agit de réfléchir, là il n'y a plus personne ! Il faut donc prendre une grande inspiration et se rencentrer sur ses priorités... on a l'esprit shonen ou on n'a pas l'esprit shonen ?! Elle acquiesce pour elle-même, plus déterminée que jamais à prouver sa valeur au travers de ses efforts. « Bonsoir ! excusez-moi » de sa voix pleine d'espoir qui s'empresse de trouver les mots justes (ou les mots tout court en fait) « des biscuits ou un sort ? » A l'élégante silhouette qui s'approche, elle offre un ravissant sourire et ne peut s'empêcher de penser comme ses longs cheveux blonds sont incroyablement beaux. De sa main tendue vers l'inconnue, un sachet joliment dressé de quelques biscuits de Noël adressés avec bon cœur.

Toute histoire laisse entendre les quatre mots suivants : il était une fois. Une approche qu'on pourrait croire des plus charmante pour aborder un court récit digne d'un conte de fées. Une fable pour émerveiller l'imaginaire des enfants. Pourtant, si nous rencontrons la raison de la haine qui noircit le coeur de cette blonde tout changera. Dès les premiers flocons, la première brise hivernale et des décorations de Noël. Valentina se laisse revêtir par une parure verdâtre. Loin de son portrait enchanteur qui vient détourner les regards des plus curieux. Sa mine boudeuse se cache sous son masque du personnage festif ''The Grinch''. Le goût d'un venin amer envers Noël la rend misérable. Une personne méconnaissable dont le comportement devient facilement grossier, impoli, négatif. Rien de bien attrayant pour ceux ne la connaissant aucunement. Reflétant même l'image répugnante de l'Américaine typique. Ce n'est pas pour elle. Sa ne le sera peut-être jamais. Elle garde en elle une rancune depuis la perte de ses parents. Oubliant même la positivité qu'il pourrait y avoir à célébrer de nouveau. Entendre les chants, ouvrir des cadeaux ou même s'asseoir autour d'une table. Cependant, il est plus simple de tasser le désire d'avancer à ce moment de l'année. Cette journée aurait pu être autrement. Avoir une allure bien différente de ce qu'elle était après entreprendre. Le mal du pays disparaissait peu à peu. Laissant l'acceptation prendre place en elle. Malgré les différences et ce qui l'entoure. Elle se retient pour laisser les vulgarités salir la chair rosée de ses lippes. À sa gauche, un couple parlait de leurs projets. À la droite, une fille explique partir en voyage cette année. Soufflant d'épuisement causé par les échanges. V ferme les yeux un bref instant. Ses dents s'apparente de sa lèvre du bas. L'attirant doucement vers l'intérieur de sa bouche. Mordillant pour se punir intérieurement de l'envie de demander qu'ils se taisent. La personne en assise en face d'elle tourne la tête en la regardant. Curieuse de savoir la réponse qui va venir à cette question futile. Embêter par ce questionnement perturbant. Valentina se lève d'un bon en prenant son sac à main. Glissant la ganse de celui-ci contre son épaule. Quittant le comité. Croyant à une fuite réussite. Une inconnue se présente revêtue d'un costume. S'arrêtant sans chercher à la contourner. Elle se fige. Son sourire crispé. Son arche sourcilière se redressant vers le haut. Pointa du doigt le sachet, V ouvrit la bouche incertaine du comportement à avoir.  Heu... Bonsoir... Un biscuit ou un sort ?  Les mots lui sonnent faux. L'accent s'entremêle dans son dialecte erroné. Est-ce une tradition ? Comme l'Halloween ? Le bout de ses doigts effleure le tissu du paquet. Ne comprenant pas. Merde pourquoi une gamine habiller comme si elle travaillait au village du père Noël est devant elle. Surtout ... Pourquoi la regarde-t-elle avec une admiration ou un regard aussi brillant. Peut-elle juste lui prendre le biscuit et le lancer au loin ? Comme si on lance un jouet à un chien ? Si, oui... V partirait à courir rapidement.

Parce qu'elle comprend que ses bras ont longtemps fait d'attendre que la blonde prenne les biscuits, Ruby cesse de les lui agiter sous le nez non sans une moue un brin boudeuse et déçue. « Tout à fait ! c'est une tradition dans mon lycée. Tous ceux qui ont passé l'examen national doivent aider à collecter des fonds et moi ben » elle hausse les épaules et ses lèvres s'étendent en un drôle de sourire malicieux - comme si ce n'était pas assez évident comme ça « je vends des cookies. » Toutefois elle n'est pas certaine que c'était bien là la question de la plus âgée. Elle ne saurait trop le dire avec ses phrases courtes et saccadées, probablement le résultat d'une maîtrise imprécise de son coréen. Qu'à cela ne tienne ! la lycéenne était tout à fait capable de s'adapter à son interlocutrice. « Mais ce ne sont pas n'importe quels cookies ! ceux-là sont vraiment délicieux. » L'anglais vient soutenir le débit de son coréen peut-être un peu trop technique. « Mais tout ça n'a rien à voir avec Halloween. » Clarifie-t-elle en secouant la tête, comme si ses intentions avaient été mal comprises. « Vous ne trouvez pas que la phrase est amusante ? J'avais simplement envie de la reprendre moi aussi. » Ce que c'était compliqué de la suivre parfois ; ses schémas de pensées semblaient n'avoir rien de conventionnel à y regarder de plus près. Qu'à cela ne tienne ! elle avait oublié de préciser quelque chose d'important. « Ne vous inquiétez pas, je ne vous lancerai aucun sort si vous n'aimez pas les cookies, c'est promis. » Chuchote-t-elle dans le creux de sa main pour la mettre dans la confidence. Tout le monde aime les cookies de toute façon.

Les yeux fixant le cadeau gentiment offert ne quittèrent pas l’emballage. Ce n’était pas d’une grande surprise d’apercevoir les traits de son visage se transformer sous un dégoût intérieur. Il aurait bien fallu rester au lit et non sortir les deux pieds de sous les draps. Ce n’est pas sa journée. En fait, le simple bruit d’un commencement d’une mélodie festive lui laissait un goût plus qu’amer. Une sensation même de mépris pour ceux affichant un large sourire tendre sur leurs lèvres bien étirées. Oui, il est assez évident que l’offrande de Noël que ce personnage lui tend pourrait partir au loin. Un mouvement bien lent  à la dramaturge ou un coup vif pour le propulser est plus que tentant. Toutefois, V reste droit. Le mieux qu’elle peut sans créer un malaise devant les gens qui les entourent. La voix lui frappe. La gorge nouée sous une tradition qui lui échappe. Ce n’est pas la sienne. On n’offre pas ce genre de cadeau normalement. « Vous avez vraiment de drôles de traditions dans ton lycée. » Les mots lui échappent. Sa franchise lui causera des soucis. Son arche sourcilière se hausse et un rire maladroit sort d’entre ses lippes. « Ho… Alors, combien est-il ? » Elle vend cette pâtisserie ? Une pensée éclaire son esprit. Une levée de fonds ? Surement ! L’échange qui se transforme dans un dialecte plus compréhensible semble bien amuser l’Américaine. L’énergie que cette petite poupée de porcelaine émet est un mélange d’attirance et épuisement. Un peu trop dynamique pour ce moment de journée. « Amusante ? Chez moi, nous avons des œufs pour lancer sur les maisons lorsqu’on dit cette phrase. » Avalant sa salive. Valentina se détend peu à peu. Ses épaules s’abaissent. Étouffant un rire remplis de sarcasme. « C’est mignon ! Avec ton costume, je ne penserais pas à une vilaine sorcière, mais un lutin. Donne-moi ton plus laid… Je ne suis pas une grande amatrice de Noël… » En toute franchise. V serait déjà parti loin de cette gamine. Sauf qu’elle ne supporterait pas de blesser l’orgueil d’une ado.