laisse-moi prendre mon envol

Quand Moeko reprit la parole, Malee ouvrit les yeux. Elle leva légèrement la tête. Et c’est là qu’elle vit les larmes. Alors elle se redressa. Elle récupéra sa tasse, but une nouvelle gorgée, puis encore une autre. Elle écouta sa camarade d’une oreille attentive, sans intervenir. Bien évidemment elle n’y comprenait rien. Qu’avaient fait tous ces gens ? Et pourquoi était-ce à cause d’eux qu’elle avait mal à ce point ? Elle hocha pourtant la tête, puis recommença à boire son breuvage. Et finalement elle se tourna vers la japonaise. Elle lui sourit légèrement. Un sourire encourageant. Le type de sourire qui demande à l’autre de tout lui dire, de se lâcher. Malee avait l’impression de pouvoir voler. Pour une fois les soucis des autres, au lieu de s’intégrer aux siens, glissaient sur sa peau. Elle avait l’impression de pouvoir tout écouter, tout entendre, sans rien ressentir, juste un espèce d’engourdissement. Encore un peu, encore un peu du liquide qui coula le long de sa gorge. Et puis elle regarda à nouveau Moeko. Et elle se leva. Et elle tendit la main vers elle, comme pour l’inviter. Mais c’était bien le cas. « Tu viens ? Ce serait dommage de rester enfermées ici alors qu’il y a la plage à deux pas. Ça fait tellement du bien de voir la plage. » Et tout en parlant elle tourna son regard vers la mer, vers le sable qui s’étalaient sous ses yeux. Et puis elle reporta son attention vers sa camarade. « Et c’est plus agréable de parler là-bas qu’ici ! Même si c’est pas vraiment un temps à se baigner, ce sera probablement plus agréable que d’être ici. » Oui elle voulait sortir, prendre l’air, respirer. Elle n’était pas partie pour s’enfermer, mais pour accéder enfin à une certaine forme de liberté. Qu’elle espérait commencer à trouver en ce lieu.

laisse-moi prendre mon envol

Dépravée, alcoolisée, soucieuse d'exister, peut-être même droguée. C'est sûrement ce que moeko montrait lorsqu'elle sortait en ce moment, c'est sûrement ce que les autres voyait quand on la croisait dans la rue. Que voyait ses amies, que pensaient-ils d'elle. Ils ont sûrement pitié, ma pauvre, sûrement pitié. Et les larmes coulent sur ses jouent, comme de l'acide, elles brûlent sa peau pâle et ses joues creusées. Creusées par la fatigue, par l'alcool, par la culpabilité, par sa drogue : l'anxiété. Elle se transforme en un fantôme la belle, elle perd pied mais elle aimerait tellement savoir réenclencher le processus. Celui de la guérison. Moeko plonge corps et âme dans le travaille pour oublier les études, elle plonge dans la nuit pour oublier les problèmes, elle veut remonter le temps et veut retourner à Tokyo. Et quand elle se décide à essuyer ses joues, elle à déjà bu un peu entre temps. Le liquide la réchauffe un peu, les épices surtout. Ça lui rappelle son enfance, c'est doux, ça au moins. Moeko elle voit son sourire à malee, à envie de lui sourire aussi, de prendre le courage qu'elle lui offre, de réussir à se lever, guérir, sourire. Elle tourne à nouveau le visage vers la mer. Pathétique elle est, elle voulait aider malee et la voilà qui fait pitié dans un café. L'écume s'abat avec violence sur la plage et elle se sent maltraitée. Elle aimerais se purger, s'y réfugier, s'y perdre, s'y plonger. Mais malee elle, elle abandonne pas et elle tend la main, alors moeko tourne à nouveau la tête vers elle, et elle réussis à sourire. Alors elle glisse sa main dans celle de son amie, elle glisse ses doigts entre les siens. De sa main libre elle finis sa tasse et finis par se lever. Elle prend son sac, et après avoir regarder malee, cherchant du courage, elle lâche à nouveau sa main, la dépasse et va payer. Elle paye parce que c'est sa façon à elle de dire d'une manière ou d'une autre moi aussi j'vais t'aider, moi aussi j'peux t'écouter, moi aussi j'suis la, j'suis pas un poids. Puis elle se retourne, la japonaise, et regarde malee avec douceur. Elle à plus de larmes sur ses joues, et elle tend sa main ce coup-ci. Et quand la thaïlandaise l'accepte, elle sors de la elle aussi, et le vent ça lui fait du bien, ça la soulage. Comme si il transporte ses soucis, elle va un peu mieux. Elles marchent sur la plage et moeko à une envie folle d'enlever ses chaussures pour sentir le sable. Mais le sable et froide t son corps aussi.

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Malee voit sa camarade aller payer. Elle aurait aimé refusé, la rattraper pour qu’elle n’achète pas ce café qu’elle n’avait pas consommé. Mais la thaïlandaise se retint, constatant que ce n’était pas le moment, que son amie refuserait de l’écouter. Alors elle attendit. Elle attendit sagement, sans rien dire, et quand Moeko revint et tendit le bras, Malee attrapa cette main. Et elles sortirent dans l’air frai, et elles savourèrent le vent sur leur peau. Rien de mieux que ce petit vent qui vient de la mer pour se sentir bien. Sans cesser de marcher, la Kathaleeya ferma les yeux un instant. Jusqu’à ce qu’elles avancèrent sur le sable. Elle essaya un instant, de marcher, mais ses talons s’enfonçant la dérangeant fortement, elle finit par s’arrêter. De sa main libre, sans lâcher celle de sa camarade, elle retira sa première chose. Puis la deuxième. Elle les tint par la lanière, avant de se remettre en marche, non sans avoir auparavant lancé un regard en coin à sa camarade. Parle-moi. Parle-moi je t’écouterai, dis-moi tout, lâche ton cœur. Il faut que tu laisses tout sortir pour pouvoir être heureuse. Elle a envie de lui dire ça, de le lui hurler, mais elle se retint. Elle tourna la tête en direction de la mer. Elle la contempla, cette mer. Elle l’admira. Elle aurait aimé s’y baigner, s’y plonger, enfoncé sa tête entre les vagues, nager jusqu’à en perdre haleine, faire la planche la figure tournée vers le ciel. Et s’échapper. S’échapper de ce monde. Tout le reste paraît plus petit, moins important, quand on est ainsi plongés dans ce liquide froid mais agréable, qui s’étend à perte de vue. « Elle est belle, la mer, » dit-elle. Un sujet inutile, loin de ce qu’elle aurait voulu prononcer. Elle brisait le silence pour dire ça. Mais elle s’en fichait. Ce n’était pas grave. Et elle espérait que c’était le cas pour Moeko aussi. « Je crois que j’aimerai bien habiter dans un endroit comme ça plus tard. C’est tellement apaisant. » Elle aurait bien aimé y mener une vie de famille. Mais elle sait que pour elle la vie de famille, ce n’était pas vraiment possible. Même si elle se sent mieux maintenant. Même si elle se sent plus prête que jamais à assumer ce qu’elle est, ce qu’elle a caché être presque toute sa vie. Et d’un coup elle s’arrête, entraînant Moeko avec elle. Elle s’arrête et elle continue à admirer l’étendue d’eau. Rien d’autre. Juste regarder.

laisse-moi prendre mon envol

L'écume joue devant nous, elle engloutis le sable et recrache un peu de la mer, parfois ici et la elle recrache les déchets humains, nos merdes, notre faute si la planète pleure. elle pleure tout autant que Moeko, voir plus. Peut-on juger sa peine à la peine du monde ? Elle ferme les yeux la japonaise et s'avance sur la plage après que son amie ai enlevée ses chaussures. Elle soupire doucement, parce que le bruit du vent, le bruit de la mer, son souffle et son odeur, tout ça, ça apaise les coeur en peine. Et quand elle s'arrête malee, la japonaise la regarde et lui sourit. oui... c'est vrai que c'est apaisant. dit-elle en un murmure, avant de se laisser glisser sur le sol, s'asseyant dans le sable. Ses yeux se perdent dans l'étendue d'eau et peut-être une minute, une demi heure ou une heure passent sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Le temps se fige et pourtant il continue d'avancer ici. Je crois que j'aime trop la ville pour venir habiter ici... le top, se serait une ville pas trop loin de la mer... ni de la montagne. Pas trop loin de tout un léger rire s'échappa de ses lèvres après qu'elle ai finis de parler, et elle tourna le visage vers Malee, lui sourit. profite de ton voyage. Si tu as besoin de quoi que ce soit, t'hésites pas d'accord? Elle s'approcha d'elle et embrassa sa joue avec douceur. C'est à elle de profiter maintenant, et la japonaise le sait. son tour viendra ou elle soufflera. Plus tard, aujourd'hui elle doit s'occuper du dortoir, des gens, soutenir son président.

laisse-moi prendre mon envol

Quand Moeko s'assit par terre, Malee ne tarda pas à l'imiter. Les paupières fermés, elle savoura le contact du vent sur sa peau, cessant d'observer pour écouter. Ecouter et profiter. Le temps passa, quelques discussions également, quelques paroles mais elles passèrent la majeure partie de ce temps-là à profiter du calme et du doux bruits des vagues s'échouant sur la plage. Les mains plongées dans le sable tiède, Malee se délectait de ce contact. Se ressourcer, c'était pour ça qu'elle était partie. Changer d'air. En profiter pour se reconstruire. Devenir meilleure peut-être. Une autre. Forger petit-à-petit celle qu'elle avait toujours voulu être, celle qu'elle avait perdu de vue ces dernières semaines. Cet être qui lui manquait. Et puis la japonaise reprit la parole. Elle s'approcha de la thaïlandaise, lui embrassa la joue, et cette dernière passa ses bras autour de son amie, enfouissant un instant sa tête dans l'épaule de sa camarade. Merci, merci beaucoup. Un court silence, avant de reprendre. Pour être venue, pour être là, pour tout ce que tu fais. Merci. Et puis elle s'écarta et elle lui sourit. Un sourire doux, un sourire rassurant, un sourire qui voulait dire : attends-moi, je reviens vite, et je t'aiderai. Puis elle se leva et les deux jeunes femmes quittèrent la plage côte-à-côte, Malee profitant de retourner sur la terre ferme pour remettre ses chaussures. Tu arriveras à rentrer hein ? Bon retour, prends soin de toi. Et veille à ce que les autres singes ne fassent pas trop de bêtises. Petit rire. Oh des bêtises, ça, c'était sûr qu'ils allaient en faire. Ils en faisaient toujours, cette petite bande de macaques turbulents. Mais c'était pour ça aussi qu'elle les aimait, la thaïlandaise. Elle attendit un instant avec sa camarade, et puis elle la laissa partir, lui adressant un dernier signe de la main. Elle espérait de tout coeur que tout irait bien, elle espérait de tout coeur que son amie ne se détruise pas plus qu'elle semblait l'être.