Cela fait si longtemps qu'elle devait ranger son studio, cependant c'est maintenant qu'elle s'y prend. Il est presque minuit et elle vient de rentrer chez elle après ce bref et sans doute dernier rendez-vous avec Moeko. Heureusement pour lui, son voisin n'est pas là. Heureusement pour elle aussi d'ailleurs. Areum n'est pas prête à craquer devant lui une seconde fois. Pas sûr qu'elle craque, mais juste dans le doute, comme ça, dans le doute. La jeune femme retire sa veste en cuir et la balance sur le canapé avant de s'attacher les cheveux. Elle allume une cigarette, celles à la menthe, comme d'habitude. Elle a besoin de celle-là, depuis un moment déjà. Rapidement, ses pas la conduisent près de la fenêtre du salon. Elle ne veut pas que l'appartement sente la cigarette. Ce qui est stupide parce que son colocataire fume sans doute aussi. C'est comme ça, c'est tout. Au bout de quelques minutes, la jeune femme se dirige vers le canapé, attrape sa veste en cuir et la pose sur le porte manteau. Les bras à présent croisés, Areum fixe le sol avant de finalement sortir son portable de la poche de son pantalon. Elle compose rapidement le numéro de Min Hyun, sur coup de tête. Parce que c'est vrai, c'est vrai, elle n'était pas là. C'est vrai, ils ne se sont pas vu après cet incident. C'est vrai et c'est le seul point où Moeko avait raison ;


Areum - Allô Min Hyun, ... C'est moi Areum. S'il te plait, ne t'énerve pas, je sais que ça fait longtemps... Est-ce que tu pourrais passer, j'ai besoin de te voir maintenant... Si tu reçois ce message, ne me rappelle pas, contente toi de venir s'il te plait...


Elle range son téléphone au bout d'une minute et puis se remet à ranger. La jeune femme a oublié de ferme la porte à clé, elle est d'ailleurs légèrement ouverte. Mais elle ne s'en rend pas compte. Elle inspire profondément avant de passer un coup d'aspirateur. Puis quelques minutes plus tard, elle se retrouve dans sa chambre à trier. Elle en a besoin ; besoin de se débarrasser de certaines choses. Trier, simplement, c'est ce qui la calme dans un sens. Elle se dirige alors dans la cuisine sans vraiment faire attention à ce qu'il se passe autour. Et puis la musique n'aide pas de toutes façon.

Il était tard aujourd'hui encore une fois. J'étais resté dans ma chambre à encore une fois passer ma journée à dormir, et à penser....a rien. Mon épaule était encore douloureuse, et pourtant, il y avait bien plus grave que moi. Tout était allé tellement vite ces derniers jours... Le séisme, l'effondrement du dortoir... La mort de Naoji... Tellement de choses. Tellement de maux. Au fond, bien que je paraissais froid et égoïste, j'étais de loin l'un des plus émotifs. Je souffrais en silence, et pour une fois que c'était pas de la déprime. C'était de la réelle souffrance. Je me sentais coupable, comme si j'aurais pût faire quelque chose pour changer les événements. Je me torturais l'esprit sur ça. Mes yeux se fermèrent, fatigués encore une fois après avoir vidés leurs larmes. Allait-ce un jour partir ? Allais-je cesser de m'en vouloir ? Était-ce des remords ou de la culpabilité ? Le sommeil m’emporta me laissant alors quelques instants de répit. C'est là, que j'entendis mon portable sonner, mais je ne décrochais pas. Je n'étais nullement en état de répondre au téléphone, surtout si il s'agissait d'un wonsungi. J'entendis alors le répondeur ; contre toute attente, c'était la voix d'Areum. Je ne l'avait pas entendue depuis si longtemps elle aussi.... Pourquoi n'était-elle pas venue nous voir ? Savait-elle pour Naoji ? J'étais perdu. J'avais tant de question à lui poser, et elle avait besoin de moi visiblement, quelque chose avait du lui arriver. Mais actuellement, je n'étais pas en état de la voir, je n'avais pas envie qu'elle me voit ainsi. Qu'allais-je faire ?

Après quelques minutes de réflexion, j'enfilais alors ma veste, mis ma capuche sur la tête et tentais tant bien que mal de cacher mes yeux gonflés. Alors j'enlevais mes lentilles et mis exceptionnellement une paire de lunettes. Je ne sors jamais avec celle-ci, mais c'était le meilleur moyen que j'avais pour ne pas voir que j'avais pleuré. Après plusieurs minutes, j'arrivais alors à l'appartement de Areum où je vis la porte ouverte. Était-elle folle ? Un voleur pourrait entrer par là, c'est dangereux ; il était plus de minuit. J'entendis alors de la musique parvenir de la pièce. Je pénétra lentement à l'intérieur tout en refermant la porte derrière moi.

« A-Areum...? »

Je ne l'avais pas vu depuis tellement de temps.... Que pouvais-je lui dire ? Ou plutôt de quoi devais-je lui parler en premier ?