Je me fais chier. Genre VRAIMENT. J’ai la jambe immobilisée et le poignet dans un bandage qui me gratte furieusement. Autant dire que je suis limitée sur ce que je peux faire. Est-ce que c’est de ma faute si j’en deviens désagréable avec les infirmières ?  J’ai des séances de Kiné à faire et c’est à peine si on m’autorise à me mettre debout. Je râle, je proteste mais rien n’y fait. Même Hyo Jin prends son rôle de futur médecin à cœur, et j’ai beau lui faire mes sourires de séductrices j’échoue lamentablement. Je me suis mise à la lecture, tellement que j’en peux plus d’avoir à tourner ses pages. Je tente donc de dessiner mais j’ai rapidement des crampes. Je regarde la télé mais je fais une overdose de ses émissions de télé réalité et de ses films nase qui passent sur les deux seules chaines que l’hôpital capte. Autant dire que je tourne vite en rond. Alors oui, je me fais chier ! Et tout le monde est tellement occupé avec la reconstruction des bâtiments que les visites sont espacées. Je ne leur en veux pas, je les envie. J’aimerais tellement pouvoir les aider, être dehors et faire mon boulot. Au lieu de ça je suis clouée à ce lit. Ô frustration, ô rage, ô désespoir. Je zappe de chaine en chaine en espérant trouver un quelconque intérêt à cette foutu télé. Je n’ai même pas le droit de mettre du vernis. Quel affront. Soudain je vois la porte s’ouvrir et un visage familier apparaitre. Je pousse un cri de joie en voyant mon flic préféré entrer dans ma chambre. Je suis tellement contente de voir quelqu’un que je n’ai pas la foi de me moquer de lui. «  Mon chevalier ! » répliquais-je en me redressant sur mon lit. « Vous sauvez ma vie rien que par votre présence ! » Quand il me tend un sac de bouffe, de vraie bouffe je veux dire, je m’en saisie rapidement les yeux brillants. J’agite soudain mes doigts en direction de la porte « Oh putain ferme la porte à clé ! Je suis sûre que l’infirmière en chef va débarquer et me piquer mon sac ! » Je secoue la tête avec une moue boudeuse et croque dans un donuts en serrant le sachet contre moi «  Elle me fait bouffer du toffu s’il te plait ! » Postillonnais-je partout d’un air offusqué. Je ferme les yeux et pousse un gémissement de plaisir en sentant le sucre fondre sur ma langue. « Ca ch’est la vie ! Merci oppa ! » Je lui offris un grand sourire en mâchonnant mon donuts et change radicalement d’attitude en le menaçant soudainement avec mon beignet  « Yah !! C’est toi qui m’a dessiné ce truc dégueulasse ?! » je rabats le draps du lit pour lui montrer ma jambe et son attelle. Je le fixe d’un air sévère, air totalement ruiné par ce bout de beignet à la commissure de ma lèvre. J’ai faim de bonnes choses et ça se voit.

Je me remplie les veines de cholestérol avec ses conneries mais bordel qu’est-ce que c’est bon !  L’hôpital interdit la nourriture extérieure, seulement parce qu’en cas d’intoxication alimentaire ils savent si le problème vient de chez eux ou non. Mais quitte à mourir d’une intoxication au sucre, autant le faire bien. Hypnotisé par le contenue de la poche, je farfouille dedans à la recherche du meilleur met possible. Voyons ce que je peux engloutir un peu plus pour reprendre un peu de poids je trouve finalement un petit hamburger que je fixe le regard brillant. Un … burger. Mon dieu, je m’empresse de retirer le papier qui l’entoure et inspire ce parfum délicieux de steak, de gras et de sauce à dix milles calories. Je suis une fille, ça devrait être inscrit dans mes gênes cette calculette qui m’empêche de manger gras mais entre nous ... j’ai été élevé par des hommes et je dis fuck à la logique des filles. Ce sachet que Franklin m’a ramené est le saint graal pour moi, et c’est bien avec ça que je me rends compte que le jeune homme me connait bien. Je souris amusée avant de le voir me dessiner cette horreur sur la jambe. De la où je suis on dirait un dessin … d’épileptique en pleine crise. Bon sang c’est quoi cet ovale bizarre et … « Ce truc dégueulasse est un portrait de toi je te rappelle ! C'est de l'art, c'est du mouvement artistique l'Incontinence je te rappelle ! » J’ouvre la bouche mi surprise mi offusqué et lui envoi un coussin qui traine sur la tête « Yah ! bad boy des bac à sable ! » je pointe son dessin du doigt «  Ca … c’est moi ?! Tu rigoles c’est quoi ce gros machin sous l’œil et puis d’abord c’est quoi ce regard que tu m’as fait ! Je regard à droite et à gauche en même temps ! » Je lui rends toute fois ma jambe, parce qu’au fond de moi ce dessin me fait rire « Même Faust dessine mieux toi ! » Ajoutais-je avec une moue moqueuse. Mais je ne fais pas trop la maligne parce qu’il serait capable de me reprendre mon sac de survie. Je mords dans mon burger en le regardant ce massacre censé me ressembler. « Jai pas des sourcils aussi droit yah ! » Je me penche vers lui en levant mes sourcils pour bien lui montrer. « Tu vois ! »

Je le fixe surement avec un air de chameau blasé. Non mais, il vient de ruiner 23 ans de construction de self-estime. J’avais finis par accepter mon corps et mon visage, mais avec des sourcils et mon regard fuyant fallait que je recommence tout à zéro ! Je râle, je râle mais je dois avouer que ce dessin va me faire éclater de rire chaque fois que je vais le voir. Ca aurait au moins le mérite de rythmer mes journées. Je me fais terriblement chier. Je ne peux pas obliger mes amis à passer tout le temps, tous les jours. Et j’ai déjà beaucoup de chances d’avoir de la visite … mais j’ai vraiment hâte de sortir d’ici. C’est dur de rester dans un hôpital, j’imagine toujours les pires choses surtout la nuit. Je suis sûre que le lieux est hantée … non mais c’est pas normal d’avoir des bruits aussi … bizarre dans les couloirs quand tout est calme ! Je laisse Francky se mettre à l’aise tout en lui disant «  Non mais c’est franchement dégueu ce que tu m’as fait ! C’est dingue ça ! » tout comme le fait que je sois déjà entrain de prendre en photo son œuvre d’art pour la porte sur mon GNS  amusée. Je suis une fille, je râle et je suis contradictoire. C’est bien pour ça qu’on nous aime. J’ai beau le taquiner à propos de ce dessin raté, il n’en reste pas moins qu’il me plait. « Du grand art à l’état pur ! » ricanais-je en pianotant sur mon téléphone. Zieutant par-dessus l’écran en direction de Franklin je lui répondis «  Franchement pas grand-chose. Je me fais surtout chier et je déteste les séances de kiné. Ils doivent me prendre pour Robocop. J’ai la jambe explosé et il voudrait que je lui fasse le grand écart après un triple salto arrière. » Râlais-je, boudeuse  « Ils sont fou crois moi ! » Et pour le coup c’était le cas. Le kiné me mettait une pression de dingue et j’avais du mal à lui donner ce qu’il voulait. Ca faisait à peine trois semaines que l’accident c’était produit et il voulait déjà me voir courir comme Bolt. J’avais du mal à supporter sa pression mais comme à mon habitude je faisais semblant de tout prendre à la légère. « Y a même pas la wifi … » grimaçais-je d’un air dépité « Et je ne capte que deux chaines sur cette foutue télé ! » annonçais-je en me pinçant l’arrête du nez d’un air dramatique. J’aurais du faire du théâtre. « Et toi ça va mon tout beau ? » Lui demandais-je en m’étirant avant de reboutonner  mon pyjama que je ne pouvais plus voir en peinture. « Pas trop de boulot depuis le tremblement de terre ? Et je ne sais pas vraiment quand je sors, ils m’ont dit d’ici 15 jours »