Alors que je venais de me confier à lui, que je venais de dire ces mots qui ne s’était jamais dit, que j’avais gardé pour moi pendant cinq longues années, sans jamais qu’ils puissent sortir, sans que jamais personne ne les entende. J’avais été sincère, lui avouant ce que j’avais sur le cœur. Et voilà qu’il me répond sèchement, me jetant à la gueule ce que je ne voudrais jamais entendre. Je restais muette quelques instants, un peu sous le choc de ce qu’il venait de me balancer. Avant ou après ? « Après… » C’était sorti tout seul, d’une voix presque inaudible, comme si j’avais besoin de le dire tout haut, mais que j’avais peur qu’il ne m’entende. Quelque chose qui semble nous arriver ? Oui sans doute. Je ne savais même plus comment on en était arrivé la d’ailleurs. C’était parti d’un défi, puis c’était devenu presque naturel. Ensemble ? J’avais envie de dire oui et pourtant, je n’en étais pas certaine. Il se comportait comme un parfait petit ami avec moi. On allait au cinéma, au restaurant, faire du shopping juste tous les deux, comme un vrai petit couple. Il m’avait volé ma première fois il y a deux ans de cela. Nous n’avions plus couché ensemble jusqu’il y a peu. Depuis, on était devenu encore plus proche que nous l’étions. Inconsciemment, nous avions besoin de nous toucher. Une main sur la cuisse ou sur la hanche, une caresse sur le bras, deux mains enlacées, un bisou dans le cou, sur le front, dans les cheveux, des câlins innocents. Ces petits gestes du quotidien étaient de plus en plus nombreux et pourtant, je ne pouvais pas affirmer que nous étions ensemble. Pourquoi ? parce qu’insu ne me l’avait pas confirmé. Il ne m’avait jamais dit une seule fois un je t’aime. Et j’avais peur de lui dire à lui que moi je l’aimais, car je savais que ca le ferait flipper. J’avais l’impression qu’il ne savait plus comment faire depuis Jinhee, et j’avais peur qu’il me fuit s’il l’apprenait. Je ne voulais pas perdre ce que nous avions maintenant. « oui, ca nous arrive, mais non, on est pas ensemble… » Si il en aimait une autre et que je servais de bouche trou ? J’en restais sans voix. Comment il pouvait dire ca, alors qu’il ne connaissait rien à notre histoire, à son histoire ? Je ne pouvais pas dire qu’il aimait quelqu’un autre. Il y avait bien mon amie avec qui il flirtait. Ils se cherchaient tous les deux. Pourtant, je ne m’inquiétais pas, me disant qu’elle était comme toutes ces filles avec lesquelles il jouait. Plus tard, je saurais que j’aurais dû me méfier. Son petit chien ? Comment ca son petit chien ? « Le reste ne te regardes pas ! » J’avais dis ca froidement. Je ne voyais pas pourquoi je lui répondais après tout. Je ne lui devais rien. On avait eu un passé en commun, mais à présent, nous avions pris des chemins différents et nous étions devenue d’autres personnes. Notre route se recroisait, mais pour combien de temps ? Aussi bien que tout se terminerait quand nous quitterions cette chambre. « Pourquoi son petit toutou ? Je n’ai jamais été son petit toutou… » On aurait dit une petite gamine qui essayait de se convaincre du contraire. Je n’étais pas son toutou. C’était vrai qu’il m’emmenait à ses soirées à Séoul, mais j’aimais ça. Je le faisais parce que j’en avais envie, pas parce qu’il me disait de le faire. Quand je le relance sur les vêtements, je me mets à les chercher avec lui, le me disant qu’il a sans doute mal regardé. Nulle part. Ils n’étaient nulle part. « Qu’est ce qu’on a bien pu en faire bon sang ? » Je pestais intérieurement, je me sentais vraiment pas à l’aise nue sous mon drap en face de Ji Ho. Autrefois, j’aurais rêvé qu’il me prenne dans ses bras, se pressant l’un contre l’autre, nos corps nu. J’aurais aimé qu’il connaisse mon intimité mieux que personne, mais ce n’était plus le cas, bien que nous venions de coucher ensemble. Je soupire, hochant la tête quand il me dit que nous devons jouer Adam et Eve encore un petit moment. Je viens m’assoir maladroitement de l’autre coté du lit. Je lui jetais quelques coups d’œil, le détaillant. Je devais avouer qu’il était plus canon que ce qu’il était à l’époque. Sa carrure était mieux sculptée. Sans doute devait-il mieux s’occuper de lui. Je le regardais s’allonger, lorgnant sur ses lèvres que j’avais autrefois embrassées, dévorer, n’avoir que pour moi seule. Un sentiment de nostalgie m’envahit pensant à ces moments que nous avions passés seul tous les deux. On s’était embrassé, touché, mais nous n’avions jamais été plus loin. C’était le cas aujourd’hui et on ne s’en souvenait même pas. Je souris pour moi-même en pensant à l’ironie de la situation. Je reportais mon attention sur lui quand il me parlait. Je hochais la tête. « Oui, attendons la femme de chambre.. » En espérant qu’elle ne tarderait pas trop. Je ris doucement, involontairement quand il me sortit que je m’étais amélioré. Devais-je lui rappeler qu’il n’avait pas de quoi comparer ? Quoi qu’il en fût, la taquinerie, j’étais plus à l’aise avec ce genre de discussion. Je me rapprochais de lui, tirant sur mon drap pour l’amener près de moi, je m’assis en tailleur. « Toi aussi, beau parleur…Alors dis-moi, toi non plus tu n’as pas l’air d’avoir quelque chose de sérieux dans ta vie en ce moment… » Moi et ma franchise… j’aurais dû me taire. Voilà que pendant une minute, je me sentais à l’aise et il fallait que je lâche la première chose qui me passe par la tête. Je fais un signe de la main devant la figure comme pour chasser une mouche. « Non, non, non … oublies ca, dis-moi plutôt ce que tu deviens maintenant… » Ce n’était pas vraiment le moment propice pour demander cela, mais on avait du temps à tuer, et je ne savais pas quoi dire pour briser le silence qui pouvait s’installer à n’importe quel moment. Une atmosphère pesante veut dire nervosité et quand je suis nerveuse, je fais n’importe quoi. Mieux valait pour moi que cela n’arrive pas.