ootd — Descendant du taxi en n’omettant surtout pas de prendre avec elle le carton qu’elle avait préparé soigneusement la veille et la raison principale de sa venue dans le quartier, Myeongwol décida, comme à chaque fois, de s’arrêter au petit café du trottoir d’en face. Une habitude qu’elle avait prise, même lorsqu’il ne s’agissait pas, cette fois, de se rendre à ses consultations. Rien qu’en repensant à la date de son prochain rendez-vous, elle en avait des frissons dans le dos ; il lui fallait encore trouver une parade pour s’y soustraire. Inutile et chronophage, c’était toujours les mêmes échanges à quelques mots près – une source d’angoisse plus qu’une thérapie. Calant la boîte dans le creux de sa hanche en bloquant de l’autre d’une main ferme, elle savoure les premières gorgées de son jus d’orange fraichement pressé sous ses yeux et pousse la porte de son épaule sans remarquer la personne de l’autre côté. Client potentiel ou simple passant curieux qui souhaitait simplement lire la carte placardée, le jus ne l’épargne pas. Pour autant, son attention est tournée vers la boîte qu’elle tient plus que l’inconnu ou ses propres vêtements. Elle tente de limiter les dégâts en tapotant avec les serviettes qui lui ont tantôt été données avec sa boisson. Ce n’est qu’en relevant la tête, les yeux, qu’elle aperçut les dégâts sur lui. L’inquiétude étire ses traits, se mordillant la lèvre inférieure, elle balbutia un « je suis vraiment désolée ». Le dernier mouchoir qu’elle tenait était trempé de jus lui aussi. Heureusement, l’employé du compteur accourt et tend de nouveaux tissus avant de se diriger vers la réserve, certainement pour nettoyer le sol. La demoiselle lui tend les serviettes, que pouvait-elle faire pour l’aider ? Elle se sentait terriblement gauche. « Nous pouvons aller déposer vos vêtements au pressing le plus proche… ? », c'était la première solution qui lui venait à l'esprit, oubliant un instant que cela s'imposait également à elle.

— Son sourire satisfait ne quitte pas ses lèvres devant la vue des spectateurs. Encore aujourd’hui, sa voix angélique a attiré la curiosité. Certains habitués, en majorité des femmes, se sont une nouvelle fois déplacés pour le voir jouer, le héros masqué. Des paris sont parfois lancés dans des groupes d’adolescents dotés de leur mauvaise langue : cachent-ils la beauté ou une laideur suprême derrière son masque ? Dans tous les cas, il est préférable de garder son anonymat. Il ne voudrait pas créer des émeutes et en être le responsable. Finir en prison, au même titre que son père, n’a rien de glorieux si ce n’est pour sa réputation de rappeur en berne, à ce jour. Il ne désespère pas de parvenir à ses objectifs dans un futur plus ou moins proche, mais pour l’instant, le jeune étudiant est victime du froid. Les températures basses et une technique vocale qu’il doit continuer à travailler ont quelque peu raison de ses cordes vocales. Alors, il descend l’allée pour rejoindre un café en bas de celle-ci, proche du métro. Un petit expresso n’est pas de refus pour cet arrogant qui continue de chantonner, fier comme un coq.

Malheureusement, la fierté d’un homme n’est pas éternelle. Les femmes sont particulièrement douées pour y mettre un terme… Alors qu’il tente de se faire une place dans le commerce, Guwon ne fait pas attention à la jeune femme qui le quitte, les bras bien chargés. C’est ainsi qu’un drame se produit : un liquide orange bien sucré se renverse sur lui. Un mouvement de recul finement exécuté évite de créer une avalanche de jus d’orange. Au pire des cas, le maître-nageur aurait pu montrer son excellente apnée. Mais pour l’instant, il doit essuyer les conséquences d’un geste maladroit. “ Arf. “ Au moins, sa performance était déjà terminée… Il soupire, un peu contrarié quand il récupère les serviettes tendues. “ Je suis peut-être un petit peu dérangé… Mais je ne m’imagine pas circuler en métro, quasiment tout nu. “ Du Guwon tout craché. Un peu brut de décoffrage mais jamais méchant. Il voit bien le malaise. “ C’est pas grave. Y a bien pire dans la vie… “ Il remercie l’employé même si les serviettes ne sont pas suffisantes pour nettoyer les dégâts. “ Vous avez de la chance. J’aurais été plus sévère si on était en été… Je n’aurais pas aimé être chassé par les guêpes diabétiques. L’appel du sucre, ça aurait été la panique ici. “ Et comme d’habitude, le Guwon est amical sans savoir si elle aurait référence d’un nerd. “ Sacha s’est fait chasser par des Dardargnans dans les premiers épisodes de Pokémon et depuis… “

ootd — Sa maladresse la contrarie, davantage lorsqu’elle n’en est pas la seule et unique victime – mais le destin en a voulu différemment et les voilà soudainement assortis. La réaction du jeune homme, qui aurait pu légitimement se plaindre et hausser le ton, ne soulage et n’allège en rien sa culpabilité bien qu’elle lâche un rire, nerveux, à cheval avec le dépit. « Je n’y avais pas pensé », prendre les transports en commun ne lui avait pas même effleuré l’esprit, haler un taxi était la seule option qu’elle avait envisagée. Il aurait été accusé d’atteinte à la pudeur, voire exhibitionniste, et elle complice, très mauvaise idée. « Mais je ne voudrais pas que pour autant, la fraicheur des températures finisse par vous accabler ». Il faisait bon certes, mais jamais trempé ainsi. Le retrouver, par hasard, au détour d’un des nombreux couloirs de l’hôpital ne l’enchantait guère, il manquait plus que d’un rhume, cela finisse par dégénérer et devenir une bronchite ou autres.

Le regard perdu de la jeune femme ne faisait que confirmer le soupçon de l’étranger, elle n’avait absolument pas la référence ; du moins ses connaissances limitées ne lui permettaient de comprendre sa phrase que par déduction. Hormis le nom du dresseur et de son acolyte jaune, les créatures récurrentes associés n’étaient que des images très vagues dans son esprit. « hmm mh » fait-elle en grimaçant, n’essayant absolument pas feindre de savoir. Au vue du caractère du jeune homme, il n’allait pas s’attarder sur ce moment de solitude qu’il avait à cet instant. « Alors vous avez le choix, si bien évidemment, vous n’avez aucune contrainte urgente dans l’heure… » commença-t-elle après avoir tourné sa poignée en sa direction, histoire de voir l’heure affichée par sa montre « Nous pouvons nous rendre au centre commercial à l’intersection chercher des vêtements propres d’abord, ou bien allez au pressing le plus proche ». Elle n’était pas particulièrement pressée, ce n’était pas le poids du carton qu’elle tenait qu’il allait faire basculer la balance de ses préférences.

— Une mauvaise surprise l’attend devant ce café. Lui qui cherchait à s’hydrater, la boisson n’atterrit pas dans son estomac mais plus sur ses vêtements. Il est contrarié par cette maladresse mais ne compte pas s’énerver contre cette jeune femme pour autant. Il n’a pas d’impératif et au final, il se permet de plaisanter afin de détendre l’atmosphère. Pas de vêtement chic ou hors de prix sur lui, pas un rencard en attente… Non, son seul programme est de prendre le métro pour rentrer chez lui. Il relativise, s’imaginant presque nu dans une rame devant des gens qui n’ont rien demandé. Et honnêtement, il y a pire dans la vie. Il y a pire que voir un Guwon dénudé ? Oh, ce double-sens n’est pas souligné par l’inconnu. Elle n’a peut-être pas remarqué compte tenu des circonstances dans lesquelles ils se rencontrent et dialoguent. Le drame aurait pu se produire avec une boisson chaude ou en plein été. Toutes ces hypothèses n’auraient pas enchanté le garçon, surtout si des Pokémon en forme de guêpe se décident à s’élancer dans une course poursuite. Oh non, ça éveille des souvenirs d’enfance et un certain traumatisme en particulier. Malheureusement, il ne peut pas s’aventurer dans ce débat car son interlocutrice ne semble pas avoir la référence. Mais quel âge a-t-elle ? Dans quel monde elle vit pour ne pas connaître Pokémon ? C’est une fan de Digimon ? Guwon ne peut pas se permettre de la juger mais c’est une petite pointe de déception ici… Il l’observe la jeune femme avant d’être étonné par sa proposition. Il hésite. “ Je ne sais pas trop… Vous avez peut-être quelque chose d’important à faire ? Avec ce gros carton que vous portez ? “ Il s’éloigne légèrement d’elle pour regarder son reflet dans la vitrine. “ Ah oui… Je ne pensais pas que c’était aussi dramatique. “ Il glisse sa main dans ses cheveux. “ Je devrais peut-être mettre de l’eau ? Ça va coller, non ? “