~If the neighbors call the cops, call the sheriff, call the swat ! We don't stop, we keep rocking while they're knocking on our door. And you screaming! Give it to me baby ! Give it to me motherfucker !!~ 

Après avoir passé tout le trajet à chanter du Bruno Mars je fini par couper la musique en pleine chanson pour me concentrer. Il est déjà  minuit passé et je ne suis toujours pas garé. Putain de ville de merde. Ils sont sérieusement obligés de mettre tous les parkings payant ? Comme si on payait déjà pas assez d’impôts comme ça. Mais soit. J'ai plutôt intérêt à trouver une place rapidement si je ne veux pas passer la soirée dehors.

Dix fois que je fais le tour du quartier et c'est seulement maintenant que je trouve une place pas très loin de la boite de nuit. Les yeux rivés sur les rétroviseurs je me gare comme je peux lorsque j'entends comme un bruit de fracas. Nom de dieu me dites pas que j'ai touché un poteau. Ça fait même pas un an que j'ai cette bagnole. Lunettes de soleil sur le nez, je sors de mon Audi pour vérifier l'emplacement de ma voiture. Si j'ai réussi à ne pas toucher la voiture juste devant moi, un  vélo derrière la mienne, est carrément par terre.  Je retire mes lunettes un instant pour vérifier que ma voiture n'a rien.  Je fais de même pour le vélo mais ne cherche même pas à le ramasser. Son propriétaire ira se faire foutre. Ça sera une bonne leçon. J'ai failli sacrifier l'arrière de ma voiture juste pour un vélo de gonzesse. 


Juste le temps de faire la queue et me voilà dans la discothèque qui bat déjà son plein. Bien entendu une majorité de filles s'y trouve à l'intérieur. Pas étonnant quand on sait que tous les serveurs sont des hommes plus ou moins bien foutus, et qu'en général les filles ne payent pas l'entrée. Soit. Je vais peut-être pouvoir trouver la perle rare ici...Même si je n'y crois pas une seule seconde. De toute manière je ne suis pas venu pour ça. Aussitôt arrivé, je me dirige donc vers le bar pour commander un Mojito. Le barman me lance un sourire suspect. Putain c'est un gay. Je réponds par un rictus, qui se veut plein de dégoût puis je m'empresse de me retourner après avoir posé quelques billets sur la table. J'en profite pour balayer les gens du regard et m'attarder sur deux ou trois paires de fesses qui bougent sur le rythme de la musique. Putain qu'est-ce que les Coréennes sont plates nom de Dieu. Y a rien a mater...

Heureusement que Zian était là. Qu’est-ce que Saera aurait fait sans la femme de sa vie, celle qui l’empêchait de sombrer dans l’ennui pendant les vacances. Des vacances passées hors de la route, c’était inhabituel pour la miss. Alors bien évidemment elle avait du mal. Et elle passait la majeure partie de son temps sans savoir quoi faire, à flâner, à râler parce qu’elle s’ennuyait. Et donc elle pouvait compter sur sa meilleure amie pour égayer un peu ses journées. Comme ce soir-là où, après une courte réflexion, elles avaient décidé de se tenter par le Ladies Paradise. C’était la première fois que la Go y mettait les pieds alors bien évidement elle comptait en profiter le plus possible. Et regarder les jolis garçons. Grimpant sur son vélo, tandis que Zian montait sur le porte-bagage, les deux ne tardèrent pas longtemps à arriver à la boîte. Saera posa son vélo quelque part, se rappelant au dernier moment de l’attacher, avant d’entrer dans le bâtiment bras dessus bras dessous avec sa meilleure amie, après avoir attendu un instant. Elles dansèrent un moment, Saera s’agitant dans tous les sens, avant de crier aux oreilles de sa camarade puis de se frayer un chemin jusqu’au bar, bien évidemment suivi par Zian. Elles commandèrent chacune leur boisson et se posèrent là-bas, la demoiselle essayant de reprendre son souffle. C’est qu’elle aimait bien danser. Et chanter aussi. Ou plutôt crier dans un cas comme celui-ci. Mais bien évidemment elle ne pouvait pas se permettre de sortir sans s’autoriser au moins un petit verre. Un petit verre qui se transformait généralement en plusieurs autres grands, mais inutile de s’attarder sur ce détail. Entre le night club de l’autre fois, la fête de la veille, la Go savait très bien qu’elle abusait un peu des sorties, mais au moins elle s’amusait comme une folle et avait de quoi s’occuper toute la nuit. « Eh, j’ai entendu des rumeurs comme quoi les employés retirent parfois le haut… est-ce que tu crois que c’est vr- » Et la voilà qui se retourne et s’interrompt en plein milieu de sa phrase quand elle remarque que ce n’est pas à Zian qu’elle parle, mais à un jeune homme, dont le visage lui dit tout de suite quelque chose. « Oh excusez-moi, c’est pas à vous que je m’adressais ! Je pense pas que… » Petite pause. Froncement de sourcils. Mais où était donc passée sa meilleure amie ? Toujours à disparaître celle-là. Mais Saera était tout de même assez mal placée pour se plaindre étant donné que ça lui arrivait également de partir sans prévenir puis de revenir comme une fleur. « Enfin désolée, si ça se trouve ça t’intéresse et… » Il valait mieux qu’elle s’arrête là avant de faire plus que sous-entendre que son interlocuteur était peut-être gay. Après tout que faisait-il dans un club réputé pour ses employés exclusivement masculins et qui avaient tendance à laisser tomber la chemise ? Levant la tête vers lui, elle se mordilla l’intérieur de la lèvre. Elle le reconnaissait en plus. Elle l’avait vu jouer au foot une fois. Elle avait adoré, observant comme une bonne petite groupie. Et elle avait en quelques sortes flashé, sans penser un seul instant qu’il puisse être attiré par les hommes…

Cela faisait une éternité que je n'étais pas allé en boîte. Entraînements sur entraînements, combats sur combats ; j'avais réellement besoin de me détendre. C'était d'ailleurs la première fois que je venais au Ladies Paradise. Quand j'ai proposé à mes potes de venir ils ont tous catégoriquement refusé. J'ai pas trop compris pourquoi, le Ladies Paradise était réputé pour y faire un entrer 80% de filles et peut-être 20% de garçons pas vrai ? Il y avait de quoi trouver son bonheur. Du coup, plutôt que de me résigner à rester chez moi tel un casanier, j'ai préféré y aller. Puis qui ne risque rien n'a rien. Au moins ça me fera une sortie. Seul, certes, mais peut-être que je pourrais rencontrer du monde là-bas. Si cette discothèque est si connue c'est pas pour rien. 

Espérant apercevoir un visage familier parmi tout ce beau monde, je sens quelqu'un me taper doucement le dos. Je me retourne et me retrouve face au barman qui me donne le cocktail que j'ai commandé, un sourire dégueulasse toujours aux lèvres. Putain...Plus gay que ça tu meurs. Je lui fais un signe de tête en guise de remerciement puis porte la boisson à mes lèvres lorsque j'entends quelqu'un qui commence à me parler. 

J'arque un sourcil et me décale légèrement en remarquant que la personne près de moi est une jeune fille. Elle fait déjà de la drague ou quoi ? Non pas possible vu ce qu'elle me raconte. Heureusement que j'ai une bonne ouïe parce que je n'entends que deux mots sur trois à cause de la musique. Je rêve où elle me prend pour un gay là ? « Excuse-moi mais....t'es qui ? » Je lui lance avec mépris avant de boire une nouvelle gorgée de Mojito. C'est quoi cette nouvelle tactique de drague. Elle veut prêcher le faux pour avoir le vrai c 'est ça ? Quelle idiote. Je lui jette un sale regard en la détaillant de bas en haut. Je sais même pas quel âge lui donner. Ça, ça doit encore être une fille qui s'est pas fait sauter depuis belle lurette. Ou qui s'est pas fait sauter tout court je dirais même.  « Puis qu'est-ce que ça peut te faire que je sois attiré par les hommes, les femmes, ou même les chiens ? On se connaît ? Non. » j'ajoute avant de me tourner un peu pour ne plus avoir affaire à cette fille sortie de nulle part. A peine dix minutes que je suis ici et on me prend déjà pour un gay. C'est le blond de mes cheveux qui fait ça ou quoi ?

Je me retourne instinctivement pour vérifier que la jeune femme à son attention ailleurs mais c'est raté. Putain mais c'est qui cette fille ? Je sais même pas si elle me dit quelque chose ou pas. Mais son regard devient lourd. Je sais pas ce qu'elle attend. Peut-être que si physiquement elle me plaisait j'aurai pu tenter quelque chose et engager la conversation mais pour le moment, on était dans une boîte de nuit et on n'y voyait quasiment rien. Pour le moment cette fille me faisait simplement penser à une gosse de 16 ans pas encore totalement développée.

Elle était sur le cul. En quelque sorte. Même si physiquement elle était debout. Mais il fallait avouer qu’elle était particulièrement étonnée de le revoir. Encore plus dans un endroit réputé pour les filles et les gays. Mais elle s’en était doutée. Elle était maudite elle le savait. A chaque fois qu’elle avait un coup de cœur pour un gars, soit il n’était pas intéressé, soit en couple, soit le cœur de toute manière déjà pris, soit… gay. Bon d’accord ça n’était pas encore arrivé. Mais il y avait un début à tout. Elle baissa la tête, regardant son verre, buvant une nouvelle gorgée, tandis que le jeune homme prenait la parole. Redressa le visage, elle le regarda et sourit. « Go Sae Ra ! » Oui elle n’était pas suffisamment fine pour interpréter correctement son ton. Ni pour l’analyser même, étant donné le bruit de la musique. Mais ce qui suivait était nettement plus obscur. Ne captant que des brides, qui lui firent froncés les sourcils, elle se contenta de le regarder. Bouche clouée. Pour une fois. Il était attiré par les chiens ? Carrément bizarre ça. Bon ça existait mais… non, elle avait beau adoré les animaux et s’être promis d’épouser son chat quand elle était plus jeune, elle trouvait ça tout de même assez… sale ? Peut-être était-ce le mot qui convenait le plus effectivement. Perdue dans ses pensées, imaginant de manière particulièrement dérangeante le jeune homme en train de draguer un chien, elle n’avait pas remarqué la manière dont elle le regardait. Et encore moins qu’il s’était à nouveau tourné vers elle. Et qu’il devait la trouver très bizarre. C’est quand le barman posa brusquement un verre sur la table que Saera sursauta. Elle regarda l’homme, qui s’éloignait vers d’autres clients, puis fronça à nouveau les sourcils. Elle fixa ensuite son regard sur le fameux footballer – quoiqu’elle n’était même pas sûre qu’il en soit vraiment un étant donné qu’elle l’avait cherché dans les différents clubs de foot de la fraternité, sans succès. Elle s’approcha de lui, une mine de conspiratrice sur le visage. « Oh, je crois que tu lui plais ! Peut-être qu’il fait partie des employés qui enlèvent leur haut. » Et ce fut là. A ce moment précis qu’une pensée vint s’imposer dans sa tête et qu’elle cligna légèrement des yeux. Comment avait-elle fait pour ne pas y réfléchir plus tôt ? « Mais peut-être que j’te dérange dans ta drague ? Je veux pas le faire fuir et briser tes plans… » Petite mine coupable même si elle ne l’était pas tant que ça au final. Saera n’était pas une personne mauvaise, évidemment qu’elle s’en voudrait de lui gâcher sa soirée, mais au fond elle espérait bien avoir fait fuir le barman. Pas qu’elle ne se fasse des idées pour autant. Elle savait de toute manière que c’était une cause perdue d’avance. C’était peut-être pour ça qu’elle ne draguait pas, qu’elle ne faisait pas d’effort pour ça. Parce qu’elle savait que ça n’aboutirait à rien. Avalant encore un peu de sa boisson, elle leva finalement la tête vers son interlocuteur, un petit sourire désolé sur le visage.

« Go Sae Ra.... » je répétais doucement. Ce nom ne me disait strictement rien. Qu'est-ce qu'elle était idiote, elle aussi. Je l'envoyais presque chier en lui demandait qui elle était et la seule chose qu'elle trouvait me répondre c'était son prénom. Soit elle se foutait clairement de ma gueule, soit elle a vraiment un soucis. J'optais pour la première réponse. Et comme si ça ne suffisait pas la voilà qui m'enchainait de nouveau sur ses histoires de mecs. Pourquoi tenait-elle tant que ça à savoir si oui ou non j'étais gay ?  A la croire on aurait dit que j'étais rentré dans la pire boite qui soit. Certes le Ladies Paradise était connu pour accueillir pleins de jeunes femmes, c'était donc mon but d'y aller pour me détendre, et pourquoi pas faire de nouvelles rencontres. Ceci-dit j'aurai tout aussi bien plu participer à un énième gala de charité organisé par tous les lobbys du gouvernement. Sauf que j'en avais ma claque de ce genre de soirée. Moi, ce que je voulais, c'était m'amuser dans une boite normale, avec des gens normaux. Mais apparemment il fallait croire que j'étais tombé sur la fille la plus louche que je connaisse dans une discothèque qui me laissait perplexe quant à sa fréquentation.  Et si c'était réellement une boite pour gay ou lesbiennes ? Non pas possible. Je m'en serai rendu compte depuis le début. Puis cette idiote continuerai pas de me parler si elle penchait vers l'autre bord.

« Ok miss...Il faut que je te le dise en quelle langue ? Je suis pas gay ok ? Je sais pas pourquoi tu t'es mis ça en tête mais je ne le suis pas alors viens pas m'emmerder avec tes questions » lui lançais-je, incertain quant au fait qu'elle ait bien tout entendu. J'avais beau avoir une voix grave qui portait, ce n'était pas sûr qu'elle est tout entendu. Je bu une nouvelle gorgée de mon cocktail. Cette fameuse Saera était définitivement bizarre. Elle avait pas d'amis ou quoi ? Pourquoi c'est forcément sur moi que ça devait tomber ? Si encore elle m'avait appelé pour qu'on vienne danser, au moins j'aurai compris le message et je l'aurai sans doute accompagné, mais non. Elle venait taper la discut' pour savoir si oui ou non je comptais me faire le barman. Elle avait sérieusement un problème. Elle me faisait même presque pitié. C'est comme si elle était venue par défaut. Un peu comme moi presque. Mais elle s'était pire parce qu'en plus elle n'avait aucune tact et aucune retenue. «On est censés se connaître ? » tentais-je tout de même. A vrai dire, je sais que cette boîte était souvent fréquentée par des étudiants, notamment ceux de Yonsei, alors autant demandé. Dans tous les cas, quelle que soit la réponse, son visage ne me disait rien. Je voyais des hommes à longueur de journées, si j'avais aperçu quelques femmes je pense que je m'en serai souvenu. Surtout elle. Elle était plutôt banale, mais ne ressemblait en aucun cas aux coréennes pédantes qui passait sous deux ou trois coups de bistouris pour sembler encore plus moches qu'elles l'étaient déjà.

Je déposais mon verre sur le comptoir puis sorti de nouveaux quelques billets avant de faire un petit signe au barman. Cette fille me faisait définitivement pitié. « Je te paye un coup ? ». Au moins là, elle pouvait sentir que non, je n'étais pas gay putain. Surtout si je faisais l'effort de lui payer un coup.

Quand il prétendit être gay, Saera lui adressa un petit coup d’œil, avant de hocher la tête et de baisser la tête, fixant son verre. Elle se sentait comme un enfant qui vient de se faire réprimander par un adulte. Surtout il lui semblait bien plus grand que ce qu’elle avait cru au tout début, la première fois qu’elle l’avait vu. Mais ce n’était pas pour ça qu’elle se faisait toute petite, non, elle n’avait pas vraiment pour habitude de se laisser intimidée facilement, ses parents n’ayant jamais constitué de véritables figures d’autorité, elle avait plutôt tendance à agir avec naturel et spontanéité, même quand on la sermonnait. Néanmoins en ce moment précis, c’était totalement différent. Parce qu’elle ne voulait pas qu’il la haïsse. Non elle ne le voulait vraiment pas. Pourtant elle leva la tête vers lui quand il lui adressa de nouveau la parole. « Oui… » commença-t-elle, hésitante. « Enfin pas vraiment. Je me rappelle de t’avoir déjà vu sur le terrain de foot, j’y suis souvent comme j’adore ce sport et que je fais partie de l’équipe de cheerleader. Et voilà j’me souviens de toi parce que… » Elle parlait, parlait, parlait, et pourtant elle s’était arrêtée en plein milieu de sa phrase en constatant qu’elle n’avait peut-être pas suffisamment haussé le ton. Est-ce qu’il l’avait entendue ? Est-ce qu’il la trouvait cruche maintenant ? Elle prit une gorgée de sa boisson, se rapprocha légèrement du jeune homme et se mit sur la pointe des pieds pour être sûre qu’il allait l’entendre cette fois-ci. « Je t’ai vu joué au foot une fois. Et comme à force je connais les visages de tous les membres des différentes équipes, mais pas la tienne, ça m’a marquée… tu jouais bien… mais t’es jamais revenu. » Elle lui adressa un petit sourire, avant de reprendre sa place initiale, légèrement troublée par ce rapprochement. Saera elle avait l’habitude des contacts, de jouer le pot de colle avec ses amis, de les accrocher comme un véritable panda. Inha en faisait les frais. Seungho également, souvent. Mais avec lui c’était différent. Parce qu’il n’était pas son ami. Parce qu’elle ne le voyait pas du tout comme un ami potentiel. Elle finit sa boisson au même moment que lui et le regard, clignant des yeux, surprise, quand il lui proposa de lui en payer un. Sérieusement ? Il était sérieux ? Vraiment vraiment vraiment ? Elle posa son verre sur le comptoir, à côté de celui du jeune homme et lui adressa un grand sourire. « Vraiment ? C’est super gentil ! Merci ! Et, euh, désolée pour tout à l’heure, je pensais que t’allais me détester pour… tout ça. » Petite grimace. Non, décidément, elle ne voulait pas que ça arrive. Et elle espérait que cette proposition signifiait, effectivement, qu’il ne la haïssait pas. Qu’il ne la trouvait pas ridicule, immature, stupide. Elle commanda une vodka coca et se rendit alors compte que Zian serait probablement jalouse de voir sa meilleure amie boire sans elle. Mais tant pis. Elle avait qu’à être là. La miss sortit pourtant son portable, envoyant un sms à sa camarade, avant de lever la tête vers son interlocuteur. « Je suis venue avec une amie, je l’ai perdue, » dit-elle en guise d’explication, sans se douter qu’il pouvait n’en avoir absolument rien à faire. Mais pour elle c’était important. Parce qu’après tout c’était à Zian que reviendrait la charge de s’occuper d’elle si elle abusait un peu trop de l’alcool.

 Alors comme ça madame me connaissait ? Ok c'était flippant. Elle m'avait vu sur un terrain de foot ? Encore plus flippant. S'il y avait bien un endroit où je n'avais jamais mis les pieds c'était bien le terrain de foot... Ou peut-être juste deux ou trois fois en 5 ans juste pour aller voir des amis. Rien de plus. Mais apparemment, elle, elle m'avait vu. Certes j'avais une tête qu'on oubliait pas. Peut-être à cause de mes traits occidentaux pourtant inexistants. Bref elle m'avait vu jouer au foot c'était une chose. Mais de là à ce qu'elle me dise que j'y jouais bien et qu'en plus elle me prenne pour un joueur de l' équipe... Là elle se trompait. Je riais nerveusement, un peu amusé par la situation. ... Je suis pas du tout footballeur et j'en ai jamais vraiment fait. Mais je suppose que je suis... Simplement doué pour le sport ? lui dis je l'air un peu vantard avant de commander un mojito pour la jeune fille. En fait je suis dans le club de boxe. Enfin... J'en suis le président même si j'y vais jamais. Mais du coup... T'es dans quelle Fraternité ? Quoi que... Vu ton look d'hippie tu dois sûrement être une anticonformiste qui préfère rejoindre les étudiants normaux qui n'ont pas de Frat... Je me trompe ? lui demandai-je confiant. En fait je n'étais même pas sûr qu'elle m'entende très bien mais voilà un moment que je parlais un peu plus fort depuis que j'avais fait sa rencontre. Décidément les boîtes c'était pas pour moi. Mais puisque nous y étions autant en profiter. Et ta pote t'as lâchement abandonné alors tu t'es entichée d'un mec que tu pensais connaître alias moi ? Va la retrouver sinon, elle est comment physiquement ?  lui dis-je en déposant un billet sur le comptoir pour régler la boisson de la jeune femme. Bon même si Saera n'était pas un canon de beauté elle était quand même pas mal mignonne. Un peu perchée mais pas mal franchement. Si jamais elle s'avère être sympa peut-être que je l'inviterai à danser. Enfin sur de la techno ça va être un peu compliqué.    

« Oh, de la boxe… » Légère déception dans sa voix, masquée par la musique. Le football c’était mieux, la boxe c’était trop… violent. Voilà. Elle qui n’aimait pas donner de coups, ni voir les autres s’en prendre, elle s’imaginait mal à un combat. Néanmoins elle chassa bien vite cette pensée de son esprit, quand il continuait à parler, adoptant une expression scandalisée. « J’ai peut-être l’air d’une hippie mais c’est pas contradictoire avec le fait d’appartenir à une fraternité ! Et d’ailleurs la mienne, c’est la meilleure, » ajouta-t-elle en hochant la tête avec assurance, sans même se rendre compte qu’elle n’avait pas totalement répondu à la question du jeune homme. Ah quand elle se laissait entraîner par ses émotions… Et puis il fallait avouer qu’elle aimait beaucoup les wonsungis, même si tout le monde devait dire la même chose de son groupe. Elle les adorait ces petits chenapans. Levant la tête vers son interlocuteur, elle le regarda un instant. « Je te dérange ? » Mais elle, elle voulait rester oui. Même si elle ne le connaissait pas vraiment. Même si son rêve venait de s’effondrer. Malgré tout ça, il avait quand même les cheveux blonds. Et rien que pour ça, elle lui donnait un bon point. Et puis elle le trouvait plutôt beau – même s’il ne fallait pas trop se fier à ses goûts en matière d’homme, ayant généralement pour habitude d’aimer le type plutôt « looser », ces gars fragiles comme des poupées. Deuxième bon point. Même si le jeune homme n’avait absolument pas l’air d’être fragile comme une poupée, ce qui était plutôt dommage en soi. « Elle est brune, les cheveux jusqu’aux épaules, les yeux marrons, les traits chinois et elle porte une robe… noire. » Froncement de sourcils, pendant qu’elle réfléchissait. Puis elle grimaça et leva une nouvelle fois les yeux sur le jeune homme. « Mais je doute que ça t’aide hein ? Elle a toujours l’habitude de disparaître comme ça. Et puis elle revient une heure après, complétement bourrée. » Et Saera cachait le fait qu’à ce moment-là, elle aussi avait trop bu pour s’occuper de son amie, et qu’elles finissaient par danser comme des folles en plein milieu de la piste, à crier et bondir dans tous les sens, alors que le sol tanguait déjà beaucoup trop. Et puis y avait l’éternel moment bisou. C’était ça une soirée parmi les meilleures amies Zian et Saera. Impossible de suivre leur rythme, elles seules en avait le secret. Sur la pointe des pieds, la Go essayait de regarder par-dessus la foule, analysant les visages. Elle fixait tout particulièrement du côté des toilettes, se doutant que c’était un des principaux lieux pour la jeune à moitié chinoise.

  Apparemment la demoiselle ne semblait pas très enthousiaste à l'entente du mot boxe. Ce n'est pas ça qui allait m'abattre. A force j'avais l'habitude d'entendre que la boxe n'était qu'un sport violent joué par des brutes patati patata. En attendant c'était ce sport qu'on appelait le "noble art"  et ce n'était pas pour rien. Mais soit. Si elle préférait le foot je n'allais pas lui en vouloir. C'était toujours mieux de taper dans un ballon que dans la tête de quelqu'un pas vrai ? En attendant moi j'enchainais les combats et surtout les médailles.

Alors comme ça elle appartenait bien à une fraté. La meilleure selon elle. Je ricanais un moment. La meilleure ? Non je crois pas, si tu étais chez les Pyo je pense que je le saurai...  lui répondis-je avant de porter mon verre à mes lèvres. Définitivement elle n'avait pas une tête à aller dans une Frat. Ou alors elle était vraiment encore plus bizarre que ce que je pensais. .. T'as pas une tête de Sango... Et je te vois mal côtoyer Takuya... Mais je dirai quand même Wonsungi... ajoutai-je en esquissant un sourire. ça va si t'es jaune... Apparemment ce sont les seuls supportables... Enfin je dis ça... J'en sais rien pour le peu de fois où je suis à la fac de toute façon...

C'était à croire que la jeune fille m'ecoutait à peine. Et vas-y qu'elle me décrivait sa pote. Mais j'en avais rien faire de sa pote moi... Si elle l'avait perdu ce n'était pas mon soucis. Sinon tu fais quoi dans la vie ? Excuse moi mais t'as franchement une tête à écumer les bars de Hongdae et à jouer je ne sais quel instrument sur une musique d'hippie. Je parie que t'es fan de Yoko Hono. lui dis-je sans vraiment faire attention à ce que je disais . A vrai dire même si je tenais bien l'alcool j'avais tendance a être un peu plus difficile à supporter quand je buvais. Puis j'osais dire ce que je n'aurai pas prononcé en temps normal de peur de faire du mal à quelqu'un.   bon tu veux prendre l'air ? J'ai besoin d'une clope...
 

« T’as quoi contre Yoko Ono ? » qu’elle demanda, indignée, en levant la tête vers le géant qui se tenait à ses côtés. « Et j’écume pas les bars, le seul endroit où je chante c’est le café de mes parents ! » Elle aurait eu l’impression de trahir ses géniteurs si elle se vendait ailleurs. Et puis elle aimait beaucoup jouer là-bas, l’ambiance chaleureuse convenait parfaitement à sa guitare. Et ça instaurait une atmosphère encore plus agréable, qui plaisait beaucoup aux clients d’après ce qu’ils lui disaient. « Sinon je suis en informatique et toi ? » demanda-t-elle par curiosité. Encore un qui allait être choqué d’apprendre les études qu’elle faisait. Tout le monde l’était, même ceux qui la connaissaient bien – encore plus ceux qui la connaissaient bien. Et même si son choix avait des raisons d’apparaître comme étrange aux yeux des autres, elle avait tendance à trouver ça plutôt normal elle. Parce que si elle était partie dans cette filière, c’était par soif d’apprendre, de découvrir de nouvelles choses, d’expérimenter. Et de se familiariser avec une notion qui jusqu’alors lui était totalement inconnue. Quand il lui proposa d’aller prendre l’air elle hocha vivement la tête. Elle but plusieurs gorgées de sa boisson, se dépêcha même de la finir, buvant beaucoup plus rapidement que ce qu’elle aurait dû. Et puis elle le suivit dehors. Elle se posta non loin de l’entrée, yeux fermés, sourire aux lèvres, savourant le vent sur sa peau. Le monde tanguait légèrement autour d’elle et un mal de crâne commençait à pointer le bout de son nez. Saera se trouvait dans l’état de transition entre la normalité et être pompette, le moment où elle avait quelques effets de l’alcool, mais tous ceux qui étaient négatifs. Comme mal à la tête. Et des difficultés pour marcher droit. Mais elle n’avait pas encore assez bu pour pouvoir rire de tout, tituber, et faire n’importe quoi. Elle se tourna vers son camarade et le regarda un instant en clignant des yeux, la tête légèrement penchée sur le côté, curieuse. « Mais qu’est-ce que tu fais dans une boîte pour filles alors ? Tu viens souvent ici ? » Oui il fallait bien qu’elle se décide à lui poser la question un de ces jours. S’il n’était pas gay, quel était pour lui l’intérêt de se pointer dans un établissement connu pour ses serveurs qui laissaient tomber la chemise rapidement ? C’était fortement étrange.