Ce que j'avais contre Yoko Ono ? Strictement rien. J'avais juste eu envie de la comparer à une femme pouvant être nuisible. Car Saera semblait être typiquement le genre de personne emmerdante et collante. Ce n'est pas que ça pouvait me déplaire en soi mais toute chose avait ses limites. Ok c'est vrai que depuis que nous avions commencé à discuter je me faisais un malin plaisir pour la taquiner mais d'un côté n'était-ce pas elle qui était venue comme une fleur pour me poser des questions sur mon orientation sexuelle alors que je ne la connaissais ni d'Eve ni d'Adam ?

La voilà qui se remettait à raconter sa vie. Ok je crois qu'en effet elle aime pas le surnom hippie. Pourtant je l'imaginais bien moi , dans les champs, vêtue d'une robe à fleurs en train de gambader dans un champ de marguerites. Pour peu ça ne m'aurait même pas étonné qu'elle songe à rentrer dans la boîte pieds nus. Oh tes parents tiennent un café ? C'est plutôt cool... Mais je dois t'avouer que t'imaginer chanter me fait légèrement peur...Quoi que... Tu me donneras l'adresse du café. Si jamais un jour je passe par là je viendrais mettre quelques pièces dans ton chapeau répondis-je en lui adressant un clin d'oeil. Après tout. Peut-être que je pourrais gratter des cafés gratuit pendant que mes oreilles essayeraient de ne pas saigner. Puis si ça se trouve sa voix était plutôt bonne. En fait j'en savais trop rien. C'était juste que cette fille semblait être une pile électrique et donc je l'imaginais mal pouvoir rester concentrée, seule devant un public.

Finissant  mon verre d'une traite, je m'etouffai presque en entendant les études que Saera faisait. Informatique ? Mais... Elle devrait être contre l'informatique ! Je suis certain que cette fille avait cinq poubelles différentes chez elle et qu'elle votait le parti écologique. Enfin... Encore fallait-il qu'elle puisse voter. Je ne sais même pas quel âge cette fille avait. Tu fais vraiment informatique ? Tu comptes faire quoi après ? Pirater le compte de Bob l'Eponge?  demandai-je, me moquant gentiment d'elle. Définitivement elle n'avait pas la tête à faire informatique. Mais bon je n'avais peut-être pas une tête à être en Master de Sciences Po après tout.

Une fois dehors, je m'adossai à un mur et allumai une clope avant d'en proposer une à Saera. C'était dans mon habitude : je proposais toujours une cigarette à mon interlocuteur,juste histoire de pas paraître égoïste.

Et voilà qu'elle remettait ça sur le tapis. Elle était chiante. Je soupirai et levai les yeux au ciel. Qu'est-ce que ça peut te foutre si je suis venu ici plutôt qu'à un autre endroit ? C'est pas super loin et puis on me l'avait conseillé. En plus je connais quelques personnes dans les serveurs malheur. Elle allait encore penser à quelque chose de pas net. Enfin je veux dire y en a un qui est dans ma fraternité J'essayai de me rattraper comme je pouvais. Je n'avais pas spécialement envie qu'elle me prenne pour un gay car j'étais tout sauf ça. Et toi alors ? Tu fais quoi ici ? Si ton but c'était de choper un serveur figure toi que je n'en suis pas un  dis-je avant de tirer sur ma cigarette puis de jeter les cendres au sol. Tiens.... C'est pas ta pote là bas dis-je en pointant discrètement avec ma cigarette, une fille assise sur le caniveau a côté d'un homme. Robe noire... Cheveux bruns... c'est bien ce que t'as dis non ?    
 

Saera secoua, d’un secouement de tête, la cigarette que lui présentait son camarade. Puis elle lui posa une question. Et fronça les sourcils, surprise, devant la réaction du jeune homme. « Rien rien je me posais la question c’est tout, » s’empressa-t-elle de répondre, avant d’écouter ce qu’il avait d’autre à lui dire. Elle rigola légèrement quand il précisa qu’un des serveurs se trouvait dans sa fraternité. Et quand il reprit la parole, pour lui poser cette fois une question, elle leva les mains, la mine choquée. « Mais non je suis pas venue pour choper un serveur ! » Avant d’ajouter, comme une plaisanterie « quoique ton ami est beau ? » Grand sourire, plein de cette innocence qu’elle savait si bien y ajouter. Quand on la regardait, quand on prenait en compte son attitude de gamine, ses paroles enfantines, il était légitime de la prendre pour une petite fille pure et innocente. Pure, elle l’était. Innocente, moins. Toujours mue par une effroyable curiosité, elle avait tendance à se renseigner sur un peu tout ce qui l’intriguait. Si bien que, si peu maline qu’elle était, elle arrivait néanmoins à comprendre les sous-entendus. « Mais avec Zian on est venues ici parce qu’on s’ennuyait. Et qu’on était jamais venues. ‘Puis on en a beaucoup entendu parler aussi. » Elle gardait sous silence le fait que sa première pensée, quand Zian lui avait proposé le Ladies Paradise, était de pouvoir regarder de jolis garçons. Elle avait beau être vierge, elle savait néanmoins profiter des belles vues. Quand le jeune homme lui montra une fille assise non loin, pensant avoir trouvé Zian, Saera ouvrit de grands yeux. Elle fronça les sourcils, se décala pour mieux voir. Et puis elle poussa un petit cri. « MAIS OUI C’EST ELLE. » Et elle partit en courant vers sa meilleure amie, pour s’accroupir à ses côtés, repoussant l’homme qui se trouvait aux côtés de la jeune femme et qui avait manifestement l’intention de la ramener dans son lit. « Elle est avec moi, » qu’elle dit, la Go, en pointant le menton en l’air dans un air de défi, tandis qu’elle prenait Zian dans ses bras. Cette dernière, complètement bourrée, passa ses bras autour du cou de sa camarade et l’embrassa avant d’éclater de rire. C’était leur habitude, ça, de se transformer en serial kisseuse quand elles avaient trop bu. Ou disons que normalement c’était l’habitude de Saera. Qu’elle avait vite transmise à sa meilleure amie, sa principale victime. Regardant le type partir en ronchonnant, la wonsungi se releva ensuite pour rejoindre en courant Yeol. « Merci ! » qu’elle lui dit en souriant, avant d’ajouter : « Dis dis dis, tu me donnes ton numéro de téléphone ? J’pourrai te donner l’adresse du café. » Grand sourire toujours, dans une tentative pour l’amadouer.