J'avais bossé comme un dingue pour pouvoir m'offrir cette petite excursion. Mon désir de voir des Gloria, des Alex, des King Julian et ce genre de chose s'était traduit par des heures supplémentaire au kebab, si bien que j'avais l'impression que l'odeur de friture s'accrochait à ma peau comme la puanteur au derrière d'un phacochère ! Mais voilà. Wan Min, dix-neuf ans, premier coréen à adopter le mode de vie des Pygmentés. J'avais tout d'un vrai black bordel, pour un peu, je me ferais presque kiffer ! Mes tétons frétillaient chaleureusement à l'air libre, se tendant vers le soleil pour se dorer la pilule. Soudain dérangé par une herbe longue que mes belles gambettes nues caressaient, je passais ma main dans mon pagne fait de feuilles de baobab pour me frotter la fesse droite. Le seul problème avec un soleil aussi présent, omniprésent, présenté et représenté, c'est qu'il faisait une chaleur insupportable. Ma peau transpirait de tous ses pores, si bien que mes tous beaux tattoos commençaient à s'en aller. Bah ouais, figurez-vous que pour aller avec ma tenue, j'avais shippé un marqueur dans mon sac pour dessiner sur mes avants-bras quelques motifs. Le rendu était actuellement dégueulasse mais je m'en moquais et ne cessais d'adresser des sourires béats et un peu concons à mon partenaire de route. « T'en as pas marre de marcher ? Tu crois pas qu'on pourrait faire une pause ? Ca fait au moins deux heures là ! » Je me décalai de quelques pas vers la droite pour masquer le grillage par lequel nous étions entrés qui se trouvait juste à l'ombre d'un baobab sur le côté, à quelques mètres. Sans attendre sa réponse, je me laissai choir au sol dans un BOOM sonore et laissai les casseroles et autres ustensiles de cuisine tinter entre eux au moment où je retirai mon sac. Après l'avoir ouvert, j'attrapai le paquet de petits écoliers et en fourrai un dans ma bouche à l'aide de la paume de ma main. C'était bon de découvrir sa vraie nature, de se sentir renoi, de laisser sa kekette respirer l'air libre de la savane. C'est d'ailleurs pour ce dernier point que j'ai retiré mon pagne, et que je l'ai attaché sur ma tête pour m'en faire une casquette. 

Je baissais les yeux sur la chose blottie entre mes cuisses, la tapotai gentiment en la cajolant face aux mots de mon aîné, puis me permis de juger ce dernier en arquant un sourcil. « Par des bestioles, tu veux parler des Alex, des tigres, des babouins, des ours, des Gloria, des .. » Dépassé par mon compte et n'ayant plus assez de doigts pour énumérer chacune des bêtes que nous serions susceptibles -ou non- de croiser durant notre séjour (il)légal, je me stoppai et esquissai un rictus rudement fier. « T'inquiète, j'ai du sang de black qui coule en moi depuis que je suis arrivé, laisse moi trouver une lance et je te fais du steak d'antilope ! » Je n'étais ni arrogant, ni trop audacieux, ni qu'importe d'autre, j'étais juste très croyant envers mes capacités ainsi tatoué et nu tel le kirikou bridé. Je croisai les bras sous ma tête en me laissant retomber en arrière, satisfait de faire un arrêt après ses laborieux vingt-cinq mètres qui nous séparaient de la dernière pause. Je m'attardai sur la reprise de mon souffle perdu, abaissant ma casquette-cache-kiki en visière pour me protéger du soleil. « Sophie ? C'est ta petite amie ? Ah.. Oui, l'autre. Oui, d'accord, mais je veux, j'exige et j'ordonne qu'elle nous signe un autographe avant qu'on rentre ! » Je voulais bien croire qu'il s'agissait d'une girafe mais pour être une star ainsi mondialement reconnue, des autographes, elle a appris à en signer, je vous le dis moi ! Puis, In Su serait juste trop fier s'il me voyait à l'instant tel l'Indiana Jones des savanes. Je sortis mon portable et formai un « V » avec mes doigts en prenant un selfie et m'empressai de l'enregistrer dans mes fichiers. Après, je me souviens pas trop de tout. Juste d'une ombre ENORME attaquant violemment mon portable à coups de boulottages intensifs, d'une téléportation rapide, et me voilà sur Jun, les jambes autour de sa taille, les bras sur ses yeux et la tête dans son cou près de son oreille. « HIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !! Y'a une sauterelle sur mon portable !!! » Lequel résidait actuellement au sol face à une proie démesurément grosse pour un six-pattuaire.  

Mes dents rongeaient frénétiquement l'épaule de mon comparse dans un bruit de claquement tandis que je resserrais mes bras autour de ses yeux, mes jambes contre sa taille. Jun venait de se transformer en bouclier humain, du moins au début. Désormais qu'il refusait d'esquisser le moindre pas vers la bestiole -et ça n'est pas faute d'avoir tenté de le talonner comme une fidèle monture, mais tu n'avances pas du tout cannabis-, il n'est pas improbable comme de juste que mézingue ai tenté le coup du karatéka. L'étouffement mortel des bras glissés autour de son cou en simulant la peur de la chose qui avait bondit plus loin d'un saut gracile continuer sa petite vie avec sa femme et ses enfants. Mais comme je ne suis jamais qu'une âme charitable et un peu trop aimante et qu'il m'avait tendu le dos comme refuge -à moins que je ne lui ai laissé le choix, je ne sais plus, je me suis penché sur son crâne que j'ai furieusement embrassé quelques instants. « mouak ! mouak ! mouak ! T'es trop mon sauveur, SMACK ! » Les deux pieds au sol cette fois-ci, je réajustais ma "casquette" en m'étirant et avançai vers l'inconnu. De l'herbe à perte de vue, des rochers par-ci par là, franchement rien d'alarmant ! Qui aurait pu croire que dans ce joli décors de carte postale pouvaient lézarder les plus grands félins comme Simba et son harem ? Crédibilité 0 les mecs ! « Pas de soucis ! Je t'attends moi, mais t'es super lent comme gars, c'est presque choquant ! » La vérité c'est que j'étais un moulin à paroles incessant. Incapable de m'arrêter, surexcité, et puis, moi aussi je voulais découvrir l'aventure qui allait commencer au prochain pas. Je m'arrêtai, respirai, et face aux hautes herbes, me sentis soudainement très Frodon Sacquet. « Aller Samsagace, t'avances ou bien ? »