For the love of a princess

« J'serai ton chevalier servant à vie... »

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T'as pas l'droit de m'appeler comme ça, en larmes et en crise, comment veux-tu que je sois serein, si à longeur de journée je m'inquiète pour toi? Comment veux-tu que je vive dans le bonheur en sachant que toi tu es si malheureuse?

Aucun respect de limite de vitesse, plus d'intelligence pour mesurer le niveau de danger, regard fixé droit devant, le coeur qui bat trop vite sans acalmie, il roule sans regarder autour de lui et bien fou qu'il soit, aujourd'hui il sera chanceux de ne pas mourir par stupidité. C'est la peur au ventre qui le guide, cette peur qui ne le quitte plus depuis trois mois, cette peur guidée vers et par Seong Hee, sa soeur, son sang.  

Il arrive enfin devant cette maison... Il gare sa voiture tel un bourrin, et en sort, les jambes lourdes, une boule empêchant un flot régulier de passage d'air dans sa gorge. Le brun a peur de ce qu'il va voir. Une bonne gorgée de courage aspirée, le voilà qui entre dans la demeure. « SEONG HEE?» Trop de pièces, trop de chambres dans cette baraque, il n'aime pas ça. Il avance dans le flou avant de finalement percevoir de petits bruits comparables à ceux de sanglots étouffés. Il entre dans la pièce et voit sa soeur recroquevillée sur elle-même entrain de pleurer. Il n'aime pas ça, cette vision le brise tout entier. Sa soeur ne devrait jamais ressentir ce genre d'émotion, elle est trop pure pour souffrir. « Seong Hee ma belle...» Il s'avance vers elle, et s'assoit à ses côtés avant de la blottir contre lui. « Calme-toi s'il te plait, dis-moi ce qu'il y a...» A l'aide de sa main il essuie alors les larmes qui lacèrent le si joli visage de la brune, Makoto ne supporte vraiment pas de la voir comme ça. « Calme-toi...»

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Un trou béant au fond de son coeur, et une douleur vive à la tête. Voilà comme Seong Hee aurait pu qualifier son quotidien depuis le tremblement de terre. Il y avait dit des côtes cassées aussi, et la peur. Mais c'était vite passé. Ses souvenirs, en revanche, n'étaient pas revenus.

Elle avait reçu la visite de son notaire dans la matinée, juste après que le médecin de sa mère soit partie. Il ignorait tout de sa situation, et lui avait parlé de la maison qu'elle partageait avec son fiancé avant qu'il ne quitte la Corée. Sebastian était intervenu, expliquant à la jeune-fille de quelle maison il s'agissait. Elle s'était sentie idiote. Le notaire avait parlé de la vendre, qu'elle avait une décision à prendre, mais au moment où elle s'était apprêtée à signer le papier, Sebastian était intervenu en lui demandant si elle ne voulait pas d'abord voir la maison. Elle n'avait aucune raison d'aller voir, mais elle avait quand même accepté. Aussitôt avait-elle franchi le seuil qu'elle avait été submergée par une vague d'émotions qu'elle ne comprenait pas. C'était là tout le problème de son amnésie : elle ressentait, mais ignorait le pourquoi. Au fil des couloirs, elle s'était sentie de plus en plus mal, jusqu'à ce qu'elle tombe sur une photo. Elle. Un homme. Un petit chien. Une photo de fiançailles somme toute. Et elle ne se souvenait pas. Les larmes se mirent à ruisseler sur ses joues sans qu'elle sache quoi y faire. Elle s'était alors réfugier dans une chambre, sans savoir que c'était la sienne, serrant contre elle un oreiller. Les minutes étaient passées, sans qu'elle parvienne à se calmer. Petit à petit, les sanglots s'étaient intensifié, et sa respiration était de nouveau sifflante. Elle avait mal aux côtes, mal à la tête, mal au coeur. Si bien qu'elle avait été contrainte d'appeler à l'aide. Son frère. L'une des seules personnes dont elle parvenait à être proche sans s'en vouloir. L'un des seuls à ne pas la forcer à se souvenir. Plus encore, la personne en laquelle elle avait le plus confiance, celui dont les bras lui conféraient tout le courage du monde.

Elle ne l'avait pas entendu rentrer dans la maison, pas plus que dans la pièce. Elle n'avait pris conscience de sa présence que lorsqu'il s'était assis à côté d'elle et qu'il l'avait serrée dans ses bras. « Makoto ... » Parler la faisait souffrir, comme si elle manquait d'air. Attrapant le haut de son frère entre ses doigts, elle se blottit contre lui, tentant de calmer ses sanglots « Je suis désolée » Au fond de sa poitrine, elle sentait son coeur s'emballer « Je n'y arrive pas, je suis tellement désolée ... » elle se sentait plus idiote que jamais, chouinant, souffrant, sans trouver de remède à ses maux.

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Voir Seong Hee dans cet état affole Makoto. Lui qui n’est pas bon avec les mots, lui qui ne sait s’exprimer doit absolument trouver quelque chose de réconfortant à dire pour soulager sa sœur. Elle paraît si paniquée que le japonais commence à ressentir la même émotion. Le professeur blottit sa sœur bien contre lui afin de garder un maintien stable, afin qu’elle se sente en sécurité et que sa présence adoucisse Seong Hee. L’une de ses mains se loge sur son dos afin de le caresser tendrement. « Ne t’excuse pas ma belle.. » Un petit baiser sur la joue mouillée de la belle, la main libre qui essuie quelques-unes de ses larmes. « Tu te souviendras en temps voulu, ne te forces pas. » Son étreinte se fait un peu plus forte. Elle n’aurait pas dû revenir ici, pas maintenant. Elle est encore trop fragile à son goût. Makoto s’en veut, il devrait s’occuper plus de Seong Hee, sentir quand elle va mal et ne pas simplement rappliquer lorsqu’elle le quémande. Il s’est décidé, à veiller sur elle encore plus qu’à l’accoutumée. « Ne pleure pas ma belle, ne pleure pas… »

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Ses bras sont un sanctuaire dans lequel la danseuse s'abandonne. Sanglot après sanglot, elle sent son âme se déchirer, hurler à la mort, supplier pour une remise de peine. Elle donnerait tout pour se souvenir, ne serait-ce qu'un peu. Pour ne pas avoir à demander le prénom des gens qui lui parlent et la connaissent, pour ne pas avoir à regarder des photos sans comprendre ce qu'elle y fait, pourquoi elle sourit, pourquoi elle pleure. « Je n'en peux plus Makoto, je n'en peux plus ... » Elle était fatiguée, épuisée, meurtrie. Elle se sentait si bête, tellement impuissante, comme si l'on avait coulé une chape de béton sur sa mémoire. Au fond d'elle-même, Seong Hee sentait ses souvenirs s'agiter, supplier de remonter et voir la lumière, mais elle avait beau marteler la surface lisse et froid du béton, elle n'y parvenait pas. « Je voudrais tellement y arriver tu sais Makoto ... Mettre un nom sur les visages, une raison sur les émotions ... Pourquoi n'y ai-je pas droit ? Pourquoi ... me refuse-ton cela ?! » Elle hoquetait entre chaque phrase, tenant Dieu pour responsable. Car qui d'autre pouvait l'être ? Elle l'ignorait. Alors oui, Dieu semblait une réponse acceptable. La seule qui ait du sens, à ses yeux en tout cas.

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Comment le japonais peut-il répondre aux questions que posent sa soeur? Il n'est qu'un simple homme, dévasté par la chute profonde que subit sa soeur. Un homme capable de rien malgré le fait qu'il possède une grande intelligence. Intelligence qui s'évapore à la vitesse d'un éclair foudroyant alors qu'il voit son trésor s’effriter. Seong Hee pleure et Makoto ne peut stopper le flux incessant et salé qui émane des yeux de la belle. Que faire alors qu'il n'a réponse à rien? Comment aider lorsque nous vient aucune solution? « Je... Seong Hee, ça reviendra, j'en suis sûr, ne désespère pas... je t'en prie... » Désarmé, le voilà maintenant qui implore la pitié d'on ne sait qui. Il n'est pas croyant alors il ne sait même pas à qui se référer pour ce genre de requête. Dans sa tête, il prie, n'importe qui, de redonner sa mémoire à sa soeur. « On... On devrait faire un voyage, non? S'éloigner un peu, pour que tu te sentes soulagée... Peut-être... Peut-être que ça ira mieux? » Sa tête se baisse, son regard fuit, il perd peu à peu sa fierté. A quoi peut-elle lui servir en ce moment? Elle est incapable de raviver la mémoire de sa soeur après tout. « Je suis désolé Seong Hee... Je... suis pas très utile. »

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La danseuse se sentait tellement ridicule. Et tellement désolée surtout. Elle s'en voulait de mettre son frère, sa chaire, son sang dans une telle situation. Mais elle avait besoin de lui plus que de quiconque. On lui avait expliqué qu'ils ne s'étaient retrouvé que depuis peu, mais jamais elle n'aurait envisagé dépasser cette épreuve du destin sans Makoto. Seong Hee essuya maladroitement les larmes qui ravageaient ses joues pâles, tentant de limiter le flot qui s'écouler de ses yeux aux iris foncés " Pour aller où ... ? " Partir oui, aller loin si possible. Mais quelle terre était approprié à ses maux ? Où pourrait-elle se relever, ne serait-ce qu'un instant, sans que la vie ne la mette à nouveau à genoux ? " Je veux aller loin ... " murmura-t-elle en perdant son regard dans le vague. Tout était possible de toute manière, sa mère ne lui refuserait rien. Elle était aux petits soin avec sa fille, alors qu'elle n'était pas dans une situation plus enviable. Mais pour le moment, Seong Hee se voyait être égoïste, et prendre des vacances loin de la douleur.

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C'est trop pour lui. Pourquoi s'acharne-t-on sur sa famille et plus spécialement sur Seong Hee? Qu'a-t-elle fait pour mériter tout cela? Makoto ne connaît pas tout le passé de sa soeur et même avant qu'elle n'ait perdu la mémoire, il n'aurait pas exigé d'elle qu'elle lui raconte tout si elle ne le désirait pas. Cependant, même en ne sachant pas tout de l'histoire de sa petite soeur, Makoto ne peut croire qu'elle ait fait quelque chose d'horrible qui mérite punition. De ce fait, il ne peut comprendre pourquoi il lui arrive autant de malheur. Et il ne peut se résoudre à admettre qu'il est impuissant à chaque fois contre cette douleur. Il évoque à sa soeur une possibilité de voyager. Tant pis s'il doit se mettre en congé pendant la période de cours, rien n'est plus important à ses yeux que le bonheur de sa soeur, et si pour cela, il doit arrêter d'enseigner, il le fera. « N'importe où, on peut aller n'importe où. » Toujours Seong Hee dans ses bras, il prend soin d'elle comme une porcelaine fragile et joue délicatement avec l'une de ses mèches de cheveux. Il sourit légèrement, alors qu'il contemple lui aussi le vague, le vide. « Loin c'est bien, c'est un très bel endroit. On y va quand tu veux soeurette. » Et ce n'est pas des paroles en l'air. Si elle le souhaite, ils peuvent même partir maintenant.