Get Out

«Get out 'Cause I don't know what you're thinking about Something says leave Just leave 'Cause I don't like you looking at me I don't want you here I don't want you near 'Cause your face just gives me the fear » ► ARCHIVE GET OUT

Encore une journée semblable à toutes les autres. Pas envie de se lever, pas envie d'aller travailler, pas envie de parler, de manger, de vivre. La redondance de sa vie n'en était pas moins déprimante. Lee Gon s'était pourtant bien repris en mains depuis l'accident, recommençant à travailler et reprenant une vie saine et active. Ça n'était pas facile tous les jours, bien évidemment, mais il se mettait finalement à penser qu'une vie normale serait possible. Non pas qu'il serait heureux ou épanoui, mais il continuerait de vivre. Il aurait Haneul à ses côtés et aurait au moins le rôle d'être un bon père pour elle, et c'était déjà pas mal. Suffisant pour le pousser à se lever tous les matins et affronter le visage qu'il voyait devant le miroir tous les jours, ce visage rempli de culpabilité, de haine et d'horreur. La journée de cours se déroula rapidement, trop rapidement pour le professeur qui avait bien du mal à supporter ce changement radical de vie. Alors qu'il était passé à la salle des professeurs pour échanger quelques paroles toutes faites avec ses collègues et récupérer quelques dossiers afin de terminer sa journée, une furie pénétra dans la salle pour se jeter sur lui.


Pris de cours, le jeune professeur ne le reconnut pas tout de suite. Il se prit un coup de poing en plein dans la mâchoire et sentit immédiatement l'adrénaline électrifier son sang, le laissant à court de respiration. Son dos heurta douloureusement le mur, s'y faisant plaquer sans aucune délicatesse par l'ombre imposante. Gon fixa son regard empli de haine. Aoki Makoto. Le voir ici, maintenant, après tant d'années, laissa le jeune prof à court de mots, la surprise se lisant à peine dans ses yeux morts, livides. Les paroles que l'homme prononça ne le fit même pas ciller. Son regard était mort, plus rien ne vivait chez Gon, si bien que ce jour où Byeol s'éteignit, lui aussi perdit la vie. Gon se posait souvent ces questions. Pourquoi était-il en vie ? Pourquoi respirait-il ? Jamais il n'avait trouvé réponse à ces questions. Il venait à peine de la trouver, cette raison. C'était Haneul, sa propre fille. Mais ça n'était pas le bon moment pour songer à cela ; Gon fronça les sourcils, se détachant de l'emprise de l'homme, reprenant difficilement son souffle tandis qu'un filet de sang s'échappait de sa bouche. Autour d'eux, les collègues s'agitaient. Une idiote avait crié, et maintenant, un silence malsain les entourait. Le professeur de math fit signe à Makoto de le suivre, silencieux, haineux. Cet idiot devait au moins comprendre qu'il n'avait pas envie de régler ses comptes en public...


Les deux hommes marchèrent ainsi un moment, sortant du bâtiment pour arrivant derrière la façade, à l'abri de regards curieux. Le professeur inspira alors longuement avant d'attraper brusquement l'homme, le jetant à terre et s'apprêtant à lui foutre un coup de poing en pleine figure. A la place de quoi son poing s'écrasa contre le bitume, juste à côté de la tête de Makoto. Le professeur sentit ses cartilages craquer douloureusement et une nouvelle montée d'adrénaline le parcourut. La tête baissée, il s'enquit finalement, violemment. « Pourquoi t'es revenu ? Pourquoi t'es venu me voir ? J'ai tout sauf envie de voir ta sale gueule de con me traiter de meurtrier ! Dégage. »


Gon n'avait jamais autant détesté Makoto que ce que ce dernier ressentait pour lui. Cette haine étant décuplée maintenant qu'il avait appris la mort de Byeol augmentait alors ce malaise qu'il ressentait. Et maintenant qu'il s'était souvenu de son existence, Gon se mettait à penser que Byeol n'aurait jamais dû le connaître, jamais dû le suivre. Il ne l'avait jamais mérité. Elle aurait mieux fait d'être restée auprès de Makoto, car de cette façon, elle serait au moins encore en vie aujourd'hui. Se mordant la lèvre inférieure, le professeur craqua à cette pensée, son expression devenue douloureuse, désespérée. « Je ne l'ai..pas..tuée.. » murmura-t-il difficilement, comme s'il ne le croyait pas lui même. Mais son remord faussait ses dires. Il se sentait horriblement coupable de ne pas avoir été là à temps. Et ce désespoir était remonté en vague maintenant qu'il venait de se ramasser tout ce que Makoto avait dit en pleine face.