Tenue - Les cours s'étaient terminés un peu plus tôt, laissant une horde d'étudiants sortirent des amphithéâtres pour regagner leur dortoir ou trainer dans les jardins de l'établissement. Yijin en profita pour s'éclipser en douce, longeant les murs avant d'atteindre sa chambre. Une fois à l'intérieur, elle y déposa son sac de cours, ses crayons puis embarqua son appareil photo numérique dernier cri avec lequel, elle comptait prendre une centaine de photos aujourd'hui. Si ce n'était pas plus. Ce n'était plus ni moins un passe temps pour alimenter son blog sur le net et ainsi se créer une vie hors du temps, des préjugés, des autres dont le regard insistant la gêner. Heureusement, aidée de son plus fidèle allié, Théodore, sa paire de lunette noire aux grands carreaux, elle y trouvait là le parfait déguisement ou attirail de combat pour survivre en extérieur. Faute d'un temps meilleur, elle se contenterait des quelques ayons du soleil qui réussissait encore à percer dans les nuages. Ce n'était tout de même pas trop demander d'avoir trois heures de soleil contant, trente degrés minimum, avec une végétation resplendissante... Oui en hiver ! Tout était possible, enfin si elle se déplaçait dans un autre hémisphère.

Elle enfila une paire de chaussures plus confortables avant de finalement sortir de son espace vitale, signe d'une bulle de protection grandeur nature, pour trouver quelques clichés à prendre. Elle ne mit pas bien longtemps avant d'atteindre la porte qui donnait sur l'extérieur, saluant quelques élèves aux passages, sans s'attarder ni parler d'ailleurs. Elle finit par prendre l'air extérieur dont le souffle frais, venait se perdre sur la peau de son visage. Brrr tant pis pour les conditions météorologiques qui pourraient être meilleurs, elle trouverait bien quelques merveilles à prendre. Son appareil photo était d'ailleurs muni d'une lanière qu'elle positionna autour de son cou afin de le garder quoiqu'il advienne. Alors qu'elle marchait tout en observant le monde qui l'entourant par la petite lunette de son appareil, elle finit par cliquer en rafale sur le paysage, avant de tourner ses pieds de quatre vingt dix degrés et observer là un étudiant. Il avait l'air d'être le genre d'homme hyper populaire, ceux qui faisaient craquer la moitié des filles de l'université, en ayant ce charisme indescriptibles, ces expressions quelque peu froide qui attisaient les curiosité, sa curiosité. Elle commença à prendre quelques clichés à son insu, souriant d'avance de ces trouvailles qui seraient surement de bons souvenirs à conserver sur son ordinateur.

Quand l'inspiration rencontre grognon ✩

Min Hyun & Yi Jin

Tenue - Enfin la libération, la fin des cours était enfin arrivée. J'étais dans cet état non parce-que je n'avais plus à travailler pour la journée mais plutôt que je ne sentais plus la pression des étudiants aux alentours. J'appréciais la solitude, bien plus qu'être confiné avec de purs inconnus pendant plusieurs heures et qui tentent de sympathiser dans le vice de manipuler; d'avoir en ami la tête de la promo pas vrai ? Si seulement ils savaient ce qui se cachait derrière mon expression froide et mes résultats ; tant de fausseté. Alors que je sortais du bâtiment de la faculté de science, à nouveaux les regards se posaient sur moi, mais différemment des étudiants de médecines, eux ne faisaient que « mater » comme on dit. Sous mes airs de charmeurs, de premier de la classe, je n'ai vraiment rien d’exceptionnellement je vous l'assure, pourtant l'erreur humaine pousse à croire les plus grands idioties possibles. « Vraiment une tête d'intello », « il a sauté une classe ? » « Il est mignon tu trouves pas ? ». Ils déduisent tant de choses en se basant uniquement sur l'apparence ; mais allez savoir, moi aussi je suis comme ça. Je prenais une large respiration, détendais mes muscles, fermais les yeux afin de sentir le vent froid caresser mon visage. Un moment pourtant si insignifiant qui me permettait de me calmer, de réduire mon anxiété permanente.

Une silhouette plus que suspecte fit irruption dans mon champ de vision. Celle-ci équipée d'un appareil photo prenait visiblement des clichés, mais de quoi ? Et là je réalisais ; j'étais au milieu de son objectif ! Pourquoi me prenait-elle en photo ? P-Pourquoi ?! Je songeais à toute les possibilités les plus rationnelles cependant aucune ne correspondait vraiment à la situation. Elle semblait être plus jeune que moi et n'avait en rien la carrure d'une espionne du fbi ou toute autre farfelue idée qui me serait venue à l'esprit. Cependant, bien que j'avais réussi à me convaincre qu'elle n'était pas mal intentionnée, je ne pouvais m'empêcher de me demander ce qu'elle comptait faire avec, oui parfois les apparences sont trompeuses. Il fallait que je vérifie mes soupçons pour commencer, quitté à paraître idiot à la fin. Lentement, je m'avançais vers elle de façon à qu'elle ne se rende pas compte de mon intention. Finalement, une fois arrivé à quelques mètres d'elle j’accélérai le pas afin de me retrouver face à elle sans qu'elle ne puisse fuir. D'un mouvement rapide je lui arracha son appareil de ses mains, comme celui-ci avait sa sangle autour de son cou je me penchais légèrement vers sa tête avant de regarder les dernières prises. Effectivement il s'agissait bel et bien de moi. Sérieusement c'était une psychopathe ? « Mmmh dis-moi, tu comptes faire quoi avec ça ? » Disais-je spontanément. Je la regardais, dubitatif attendant une bonne justification de sa part.

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Tenue - La luminosité était propice à la prise de vue sous différents angles, qu'elle trierait par la suite une fois rentrée à son dortoir. Un rayon de soleil dissimula sans mal la silhouette qui se rapprochait dangereusement de sa position et lorsqu'elle vit enfin une ombre suspecte, il était trop tard pour s'échapper loin de la scène du crime. Sans s'y attendre, son appareil photo lui fut arraché des mains, la laissant en panique. Ses pieds bougeaient à intervalle régulier, laissant son regard glisser de droite à gauche sans trouver de point de repère fixe qui l'aiderait à se modérer. Le stress ne faisait que monter surtout lorsque cet étranger vint se positionner proche d'elle afin d'observer les photographies qu'elle venait tout juste de prendre, de lui. "Trop ... trop près." A peine ces quelques mots prononcés, qu'elle déglutit de façon bruyante tout en fermant les yeux en les plissant fortement pour être certaine que sa vision ne laissait place qu'à un lieu sombre dénué de forme, de vie. Ses mains s'étaient plaquées spontanément sur ses hanches, ne bougeant pas d'un millimètre, crispées au possible. Si elle en avait eu l'occasion, à cet instant précis, elle serait jetée dans un terrier de lièvre pour disparaître loin de ce monde.

Pourtant, il était clair qu'elle ne réussirait pas sans y laisser son bien le plus cher, sa lunette sur le monde extérieure. Et ca, il n'en était pas question, même si son coeur battait à une vitesse trop rapide, ne demandant qu'à s'extirper de sa cage thoracique, même si ses mains devenaient moite à mesure que le temps s'écoulaient. Aussi, elle prit son courage à deux mains et positionna ses dernières sur l'appareil photos. Elles tremblotaient déjà d'être à proximité d'un autre. Elle finit toutefois par ouvrir les yeux et à les poser sur celui qui observaient ses images. Il s'avérait véritablement trop près. Le haut de son corps, visage, cou, épaules, se reculèrent pour maintenir une distance raisonnable. L'air entra plus fortement dans ses poumons par une inspiration et une expiration poussée pour la détendre avant de finalement tenter une réponse. "Je vais les trier, les conserver et ensuite les ajouter à ma collection de photographies prises à la volées, dans une lumière magnifique. Tu sais que ta mâchoire ressemble beaucoup celle du professeur de dessin. Elle est bien délimitée. Ca provient de ta mère ou de ton père ? D'ailleurs je me suis toujours demandée comment les os décidaient de se placer parce qu'à la base on débute tous dans une bulle. Tu imagines, une bulle et puis ca donne ça." Sa main droite lâcha l'appareil pour lui faire signe en montant de haut en bas dans sa direction, qu'elle parlait de son physique. Les questions existentielles étaient bien faites pour être posées mais son univers était un petit peu trop étrange pour le commun des mortels. Son inspiration lui avait permis de tenir aussi longtemps. Imaginez donc combien de phrases de ce genre, elle serait en mesure de dire, si à chaque bouffée d'air, elle reprenait le fils de son histoire. "Tu peux me rendre mon précieux ?" Sa petite bouille l'observait de ses yeux brillants, tant qu'elle espérait retrouver son appareil et avec lui ajouter quelques centimètres de plus entre eux.

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Tenue - La jeune fille avait réagi de façon plutôt étrange face à mon intervention. Dans un premier temps, elle semblait surprise voir effrayé par ma présence, comme si, je venais de briser la bulle dans laquelle elle s'était enfermée, ses yeux reflétaient la peur, l'appréhension ; ce qui était curieux étant donné qu'elle avait pleinement conscience de ce qu'elle venait de commettre. Depuis quand on photographie de pur inconnus comme ça ? Une photo ça va, ça arrive, mais plusieurs bien ciblées sur ma personne était bien trop louche. Nos visages, inconsciemment s'étaient rapprochés l'un de l'autre afin que je puisse voir le contenu de son appareil. Sa respiration s'accéléra, son timbre de voix devenait confus, ses muscles se crispèrent. Elle avait quoi cette fille ? Peu à peu je comprenais alors l'origine de l'embarra de la jeune fille; je rougissais avant de finalement décaler mon visage dans le sens opposé au sien. Bien qu'elle paraissait innocente, je n'allais pas lui rendre son bien aussi facilement, qu'allait elle faire avec ses photos ? Finalement, elle décida de me répondre, du moins à sa façon.

D'une inspiration elle déversa nombre d’inepties avant de répondre à ma question. « De qui je tiens ma mâchoire ? Va savoir, je ne sais pas de qui je tiens puisque je ne les ai jamais connus. » Disais-je froidement avec une pointe d'agressivité. Oui, elle ne pouvait pas le savoir, mais elle s'était mise dans une mauvaise posture dès le début ; entre me prendre en photo avant d'évoquer certaines choses sensibles. Il était sûr qu'on allait bien s'entendre pas vrai ?  « Tu es étudiante en photographie, ou t'es un stalker ? Même si, entre les deux y a pas grande différence ; c'est juste l'interprétation. » Lui disais-je froidement alors que celle-ci me regardait tout en faisait les gros yeux. Ma respiration tentait de rester calme comme je l'avais fait depuis le début, cependant celle-ci commençait à accélérer, mes mains à devenir moites et mon cœur commençait à battre bien trop fort. L'illusion que je donnais depuis avant commençais à s’effondrer, je regardais alors ma montre, voyant qu'il était 16h passés. Moment où, l'effet de mes neuroleptiques commençait à diminuer, et cela se faisait facilement sentir. Je perdais mon sang froid, ma lucidité, et je commençais à nouveau à avoir des troubles psychotiques. Je savais alors que je manquais de temps avant de perdre mon calme. Je saisissais alors son appareil photo retira la carte mémoire avant de finalement lâcher prise et m'éloigner de quelques centimètres afin qu'elle soit à nouveau à l'aise. « Voilà ton précieux » Disais-je avant de lui montrer la carte mémoire que j'avais retiré précédemment « Je te prends ça, peut importe la raison, on ne prend pas des photos sans l'autorisation des personnes dessus compris ? » Je parlais vite afin de ne pas perdre de temps. Une fois le message enregistré, je rangeais la carte dans la poche de ma veste ainsi que mes mains dont leur tremblement commençait à devenir trop voyant. « Je suis étudiant en médecine, retrouve moi quand tu veux, je supprime le contenu et je te le rendrais dès qu'on se reverra. » Je pointais le bâtiment duquel j’étais sorti il y a quelque instant tout en prenant une grande inspiration. « Quelque chose à rajouter, ou je peux m'en aller ? » Mes talons étaient déjà prêts à faire demi-tour afin de fuir l'étrange photographe.

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